Ecrit le 7 octobre 2009
Arrêtez vos conneries
« En soutenant l’investissement public et privé et en aidant les ménages, la relance est en marche. Lancée le 4 décembre par le président de la République, elle s’appuie sur plus de 1 000 projets d’investissement répartis sur l’ensemble du territoire. Autant d’opérations qui sont génératrices d’emplois et qui créent les conditions d’une reprise économique rapide et durable » ca c’est ce que dit le gouvernement dans une campagne de communication sur les succès de « la relance ».
Mais, à la base, la succès-story chante une autre chanson. En ce mois de septembre, ça va très mal. Lors d’une conférence de presse, le 30 septembre, la CFDT a fait le point sur la situation de certaines entreprises :
Il y a une reprise du travail chez Team Plastiques, au point d’embaucher jusqu’Ã 4 salariés de l’entreprise Acco et 1 de l’entreprise SDI. Mais c’est bien le seul cas positif qu’on puisse citer. Partout ailleurs c’est la chute brutale des carnets de commande.
Novembal, ACCO, EMCG
Chez Novembal, par exemple, au cours du comité d’entreprise du 29 septembre, la direction annonce que les prévisions sont très mauvaises et que « le chômage partiel ne suffira sans doute pas ». L’entreprise a les moyens de production, mais plus de commandes.
Chez EMCG (1), la charge de travail a baissé brutalement avant les congés et l’entreprise n’a décroché aucun marché public. Des salariés ont démissionné pour se mettre à leur compte (rêve irréaliste !). Les dirigeants annoncent aux salariés restants qu’ils seront privés de boulot le mois prochain (donc pas payés). Un bon truc pour les inciter à partir ! Question : l’entreprise a-t-elle fait une demande de chômage partiel ? [voir ci-dessous]
La situation de l’immobilier ne va pas améliorer la situation : le nombre de mises en chantier de logements en France, au cours de la période juin-août 2009 est en baisse de 31,2 % par rapport à la même période de 2008.
Chez ACCO, malgré le savoir-faire des salariés et les démarches commerciales offensives du patron, la situation est catastrophique depuis juin. Les salariés ont pris tous les congés possibles, ils vont encore au boulot mais s’occupent à entretenir l’atelier. « Rien qui rapporte à l’entreprise » nous a dit un salarié. « Sur quatre robots, un seul travaille et encore à mi-temps ».
ABRF, pébéco
Les ABRF ont réduit le rythme de fabrication. Ils mettent en RTT des ouvriers et prennent des intérimaires. A la FMGC les salariés faisaient, en juin, le travail prévu pour octobre. Chez Kuhn-Huard, les investissements prévus cet été ont été stoppés. L’entreprise fait des économies ...
A la fonderie pébéco, la chute des carnets de commande conduit le patron à dénoncer tous les contrats de travail pour amener tout le monde à 35 h (payées 35). « Si nous refusons, c’est le licenciement économique » dit le délégué CGT. Les salariés ont jusqu’au 22 octobre pour dire leurs préférences. « La réduction des heures supplémentaires entrainera une baisse de la prime de congés payés, et de l’ancienneté. Nous avons calculé que la baisse de nos salaires sera de 12.5 % ».
Et pourtant, en 2004, la direction avait promis 35 h sans perte de salaire. « Cela ne s’est pas fait et il y a même eu suppression de nos avantages acquis. Et pourtant nous avons doublé le chiffre d’affaires. Est-ce ainsi qu’on nous remercie ? ».Les ouvriers s’étonnent aussi de voir que les cadres, payés au forfait, ne subiront aucune baisse de salaire. « Ils pourraient faire un geste ».
En la période actuelle, les salariés tiennent à leur boulot. Mais ils souhaitent que la direction fasse un geste, au moins sur les conditions de travail : « actuellement nous travaillons 39 h sur 5 jours. s’il faut descendre à 35 h nous souhaitons travailler une semaine de 5 jours et une semaine de 4 jours, de façon à diminuer nos frais de déplacement et de garde d’enfants éventuelle ».
Gilles Rivaud, pour la CGT, s’interroge sur les investissements en cours chez Pebeco, pour lesquels la Com’Com’ a apporté 300 000 €. Le 6 juillet 2009 le PDG annonçait qu’il avait 130 emplois. « En réalité nous ne sommes que 106 + un intérimaire » et espérait doubler sa production. « Actuellement on n’en prend pas le chemin » dit le délégué CGT qui s’étonne : « Quand une collectivité investit, (avec des fonds publics !), elle n’écoute que les paroles du patron. Si elle nous écoutait un peu, elle aurait une vue plus nuancée de la situation ». Trois jours de travail en novembre : voir plus loin
Commerce
La situation est inquiétante partout. Des commerçants castelbriantais avouent être « dans le rouge » même en ne se versant aucun salaire pour le mois. « Je suis partie en vacances 15 jours cet été, je n’aurais pas dû » dit un commerçant du centre
Colère
De nombreuses situations individuelles sont dramatiques. La faiblesse des salaires dans la région castelbriantaise ne permet pas aux salariés de faire des économies. Alors, quand le salaire ne tombe pas, quand les indemnités ASSEDIC se font attendre, quand il faut payer la cantine des enfants, les CCAS (centres communaux d’action sociale) sont sollicités de façon importante.
La formation elle-même pose problème : certes, la Région en finance une grande partie, mais quand il reste 1000 euros à payer, quand il n’est pas possible de prendre le car Lila pour commencer les cours à 8 h du matin dans la couronne nantaise, quand il ne reste que la solution de prendre la voiture personnelle (si elle est en état de faire 2500 km par mois), ou de prendre une chambre sur place cela devient vite ingérable.
Alors même si l’on observe une résignation apparente, la discussion avec les salariés est vite lourde de colère.
La colère n’est pas dirigée vers le patronat local (sauf exceptions) mais contre le système économique mondial. « Nous on se crève la peau depuis des années pour notre entreprise, nous avons accepté beaucoup de modifications de contrat de travail, pas souvent à notre avantage. Et tout d’un coup on nous raye d’un trait de plume ! Des multinationales, des financiers, des traders, jouent avec l’argent dans le seul but d’augmenter leurs profits, et ceux des actionnaires, sans se soucier des retombées sur notre vie quotidienne » disent des salariés qui notent aussi les cadeaux faits par le gouvernement aux Français les plus fortunés.
« Partout, autour de nous, on voit s’effondrer le tissu industriel. Malgré toutes les conneries qu’on nous raconte, nous sentons bien qu’on ne va pas vers une sortie de crise. Au contraire la crise s’aggrave, s’installe, s’approfondit, nous ne voyons plus de solutions pour nous. Et nos enfants, demain ? »
Cette colère ne débouche pas encore sur un mouvement social d’ampleur. Mais rien n’est à exclure pour les mois à venir. Et ce n’est pas le dernier projet de budget gouvernemental qui va apaiser les inquiétudes.
EMCG va bien
Les infos de la Mée, de la semaine dernière, ont fait bondir Stephane Genêt qui nous a déclaré :
" c’est vrai que nous subissons la crise, mais je pense que nous avons du travail jusqu’en juillet prochain. Donc pas question de laisser nos salariés chez eux. Il est vrai que 3 salariés nous ont quittés : un CDD et deux personnes qui se sont mises à leur compte et qui ont toutes les chances de réussir. Nous comptons encore 24 salariés.
c’est vrai qu’il nous est difficile de décrocher des marchés publics car d’autres sociétés cassent les prix, mais nous travaillons essentiellement pour des clients privés et surtout pour la restauration et les réparations. Nous avons eu 2569 clients depuis mars 1995 et 114 demandes de devis en septembre 2009 (contre 52 en septembre 2008).
De plus nous avons agrandi nos bureaux, passant de 120 m2 à 250 m2, et agrandi aussi notre atelier, passant de 350 m2 à 700 m2. Donc il n’y a pas d’inquiétudes à avoir. Nous avons même l’impression que la croissance redémarre un peu ".
Et si vous voulez faire refaire vos fenêtres, profitez du crédit d’impôt de 25 %
EMCG : 02 40 81 01 49
Chômage : ça n’intéresse personne
Les chômeurs, cela n’intéresse personne ! Ils peuvent bien rester dans leur coin, nul n’y prête attention. La grimpette des chiffres au niveau national laisse la foule indifférente (les élus aussi d’ailleurs) : c’est comme les grandes catastrophes climatiques : le premier tsunami déclenche une solidarité. Mais les suivants bof, on s’habitue. Et au niveau local, c’est pire : on ignore les chiffres. Et pourtant ils existent et sont faciles à trouver.
Et comme les chômeurs ne disent rien, on les oublie !
Record à Châteaubriant
Le nombre de chômeurs en catégorie A a progressé partout en France
Fin septembre 2009 : France + 25.1 % en un an Pays de Loire + 35,1 % en un an Châteaubriant + 45.8 % en un an
Sur les 16 zones d’emplois des Pays de Loire, Châteaubriant est en 2e position (avec + 45.8 %) derrière Vendée-Est (+ 49.9 %)
Le nombre des chômeurs en catégories ABC, augmente aussi fortement :
Fin septembre 2009 : France + 20.8 % en un an Pays de Loire + 27.5 % en un an Châteaubriant + 31.7 % en un an
(Dans les catégories B et C se trouvent les chômeurs qui ont pu travailler un peu dans le mois).
Le taux de chômage, 2e trimestre 2009
France 9.1 % Pays de Loire 8.2 % Châteaubriant 8.6 %
Chômeurs (dé)cachés
Parmi les causes de cette montée du chômage, en Pays de Loire, on note une hausse de 114 % du nombre de licenciements économiques (y compris fin des conventions de conversion, de PAP anticipés et de CRP : conventions de reclassement personnalisé) : c’est bien ce que nous répétons depuis des mois ! Il y a en effet des chômeurs mis sur une voie de garage, cachés en quelque sorte, mais ils finissent bien par réapparaître !
Les seuls chiffres des CRP (conventions de reclassement personnalisé) sont révélateurs :
– Cumul janv-sept 2008 6751
– Cumul janv-sept 2009 1906
Il est donc évident que des CRP ont cessé d’être considérés comme stagiaires de la formation professionnelle et sont venus grossir les rangs des chômeurs.
[Les chiffres pour la zone d’emploi de Châteaubriant ne sont pas connus].
Intérim en baisse
L’intérim continue sa période de vaches maigres. Il y avait, en juin-juillet-août, dans les Pays de Loire :
– 254 765 contrats conclus en 3 mois/2009
– 293 790 contrats conclus en 3 mois/2008
Offres d’emplois en baisse
Les offres d’emploi continuent à baisser :
(- 18,4 % en un an, dans les Pays de Loire).
Les contrats d’apprentissage baissent aussi :
7 651 à fin sept 2009 10 483 à fin sept 2008
De même que les contrats de professionnalisation
3 389 à fin sept 2009 6 077 à fin sept 2008
Et les contrats d’avenir :
4 778 à fin sept 2009 5 210 à fin sept 2008
Mais les contrats initiative emploi (où l’employeur peut être indemnisé jusqu’Ã 45 % du salaire) progressent fortement
1 544 à fin sept 2009 438 à fin sept 2008
De même que les CAE (contrats d’accompagnement dans l’emploi)
4 515 à fin sept 2009 3 378 à fin sept 2008
Tous ces contrats correspondent à des emplois précaires, très petitement payés : il faut bien pousser les salariés à se contenter de peu de chose ! On ne m’ôtera pas de l’idée que la crise à été utilisée, sinon provoquée, pour faire baisser les salaires des ouvriers et employés.
Non, les impôts n’augmentent pas
Heureusement qu’il y a des riches pour jouir de la vie quand les autres travaillent !