Stage de mo-ti-va-tion
Profilage - voir autre article
ANPE, sans papier
Communication
Chiffres du chômage
Le Pactole : 700 € par mois
Ces salauds de chômeurs-fraudeurs
Carnets de chômage
Chiffres du chômage : doutes
Radié à cause de la fenêtre
5000 licenciements chez les équipementiers
Mo-ti-va-tion !
Ceci est un témoignage sur un incident vécu le 13 décembre 2005 dans une ANPE de la République médefrançaise, qui m’a broyé les tripes comme ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps et qui en dit long sur la dangerosité des fieffés (. ) (Ã chacun de compléter : restons polis) qui gouvernent notre pays.
« L’incident » ci-après raconté, est totalement véridique, contrairement à ce qu’on pourrait croire.
Jean-Jacques Rebouxapreslalune@free.frchômeur de longue duréeallocataire de l’ASS (allocation spécifique de solidarité)
A Châteaubriant aussiLa même chose, ou quasiment, s’est produite à Châteaubriant où des chômeurs de longue durée ont été convoqués pour un stage qui commence le 19 décembre. Deux cents heures de stage, 20 heures par semaine, sur 10 semaines, ce qui oblige à venir 5 fois par semaine à Châteaubriant. Et tant pis pour ceux qui n’ont pas de voiture ou autre moyen de locomotion. Pendant ces 10 semaines, les chômeurs deviennent-ils « stagiaires de la formation professionnelle » ? Ils ne seront donc plus chômeurs. Les chiffres du chômage vont baisser. Un stage de quoi ? de RE-MO-TI-VA-TION. Tiens donc, on apprend aux chômeurs à trouver du boulot. Mais on n’apprend pas aux patrons à fournir du boulot ! |
Aujourd’hui, mardi 13 décembre 2006, je viens d’assister à un « spectacle » hallucinant à l’ANPE de la cité Charles Godon, Paris, 9e arrondissement.
Entretien individuel ?
Convoqué à 14 heures pour un entretien individuel destiné, dans le cadre du plan de reconversion villepin-machin-bidule, « Ã voir avec vous les modalités d’une reconversion, etc » (n’ayant pas gardé la convocation, je ne me souviens plus du terme exact, mais c’était dans le style « on ne répond pas au gentil RV ? Radié !), je trouve devant l’ANPE un attroupement de trente personnes environ. Une manif ? Non. Des chômeurs attendant l’ouverture des portes, tous convoqués au même »entretien individuel dans le cadre du plan de reconversion machin-bidule.« La dame de l’accueil nous invite à rejoindre la salle du 1er, où a lieu la »réunion".
Ah ? une réunion ? C’est vrai que pour un entretien il faut être au moins deux, et qu’Ã partir de deux, on peut parler de « réunion ».
Cinq minutes plus tard, nous nous retrouvons à 57 chômeurs - je dis bien 57 ! j’ai compté ! - entassés dans une salle de 30 places, pas assez de chaises, je vous passe les détails. Et là , surprise !!! Une autre dame de l’ANPE arrive, pas très à l’aise (et surtout, pas un mot de présentation !) : « Mesdames et messieurs, voilà . Dans le cadre du plan de reconversion machin-bidule, l’ANPE vous propose de participer à un stage de 200 heures. »
Une voix s’élève dans la salle : - Euh, pardon, madame, sur la convocation, c’est écrit « entretien individuel » !
Le ton monte dans la salle. On s’aperçoit tous qu’on a reçu la même convocation pour un entretien ... individuel.
La dame de l’ANPE, gênée : - Non, non, c’est une erreur. Il s’agit bien d’une réunion, une réunion de préparation à un stage.
– Mais quel stage ? On n’a pas demandé de stage !
– Un stage réservé aux bénéficiaires de l’ASS.
– Madame, je ne suis pas allocataire de l’ASS, pourquoi ai-je été convoqué ?
– Ah, euh ! Y a-t-il d’autres personnes dans ce cas ?
Cinq ou six personnes lèvent la main.
– Si vous n’êtes pas bénéficiaires de l’ASS, signalez-le au dos de votre convocation et rentrez chez vous, vous ne serez pas « inquiété ». (Je reprends le terme entendu : « inquiété », peut-être seulement un « lapsus » de la part de cette employée de l’ANPE qui était elle-même très très mal dans sa peau, mais tout de même.)
Tu fais quoi demain ?
Re-chahut dans la salle. Tout le monde commence à s’énerver. Ça chauffe.
– Mais pourquoi c’est pas écrit sur la convocation ! Qu’est-ce que c’est que ce stage ?
Et c’est alors. suspens, suspens, que la dame de l’ANPE, de plus en plus paumée et débordée de toutes parts (et de surcroît ne parlant pas très fort), nous informe que le stage démarre le 14 décembre à 10h, c’est-à -dire. LE LENDEMAIN MÊME !!!
Chez les chômeurs, c’est l’escalade.
– Scandaleux ! Inadmissible !
– Et qu’est-ce qui se passe si on ne peut pas aller au stage ? On est radiés des listes ? Vous rouvrez le bagne de Cayenne ?
Pas besoin d’être grand-clerc pour deviner que ces messieurs du gouvernement vont profiter de cette sinistre plaisanterie pour radier quelques chômeurs de plus. Multiplions 57 par le nombre d’agences locales pour l’emploi - à supposer que ce scandaleux abus de pouvoir de l’administration se soit reproduit le même jour dans toutes les autres ANPE de la médeFrance, et je ne vois objectivement aucune raison pour que cet incident fâcheux ait été circonscrit au 9e arrondissement de Paris.
La dame de l’ANPE, de plus en plus gênée, essaie de reprendre la parole.
– Euh, les gens qui n’ont rien à faire à ce stage peuvent nous l’écrire au dos de convocation, et repartir !
Les questions fusent.
– Et quand on a un travail à temps partiel ? Et quand on a un rendez-vous professionnel ? Vous pourriez nous parler un peu du contenu de ce stage ? Vous vous foutez de nous, là ! Vous pensez qu’on peut se libérer comme ça du jour au lendemain ! C’est honteux !
Un chômeur très excité prend la salle à témoin et se met à crier.
– Ce genre de procédé ressemble à une rafle, madame !. Chômeurs, vous avez 12 heures pour préparer vos bagages. C’est de la basse-politique !
Gueux vs Galouzeau
Et voilà comment l’on traite les gueux dans la France de M. de Galouzeau de Villepin. Pour ma part, j’ai eu de la « chance » : dans un mois, je crée mon entreprise (et mon propre emploi) et vais par conséquent pouvoir échapper au jeu de massacre en m’autoradiant des listes de l’ANPE/ASSEDIC.
Dix minutes plus tard, dans un bordel indescriptible, je quitte la salle après avoir indiqué que je n’avais rien à faire dans ce stage, suivi ou précédé par quelques autres.
Mais que vont devenir mes collègues les 57 pékins ? Que va-t-il arriver à tous les chômeurs qui, pour une raison ou une autre, ne pourront être présents LE LENDEMAIN MATIn à Montrouge ou à pétaouchnok, pour commencer un stage-poubelle-flicage de 200 heures (vous avez bien lu : deux cents !) parce qu’ils ont déjà un rendez-vous ailleurs, parce qu’ils ont un môme à garder, ou pour toute autre raison ? Combien, de guerre lasse, écœurés par l’attitude despotique d’une administration aux ordres de l’homme-qui-voudrait-le-scalp-de-Sarkofacho et dont le seul but est de dégonfler les statistiques des chômeurs, vont se retrouver sur la touche, devenir RMIstes. (Ah, si seulement tous ces chômeurs pouvaient avoir la bonne idée de se laisser broyer par leur désespoir et se jeter sous le métro, c’est ça qui serait chouette ! )
On a eu les vieux il y a 2 ans : bientôt les chômeurs ? La méthode utilisée ce 13 décembre 2005 me paraît annoncer les prémices du néo-fascisme sarkozo-libéral en train de s’enraciner dans la République
médefrançaise.)
Quelques minutes plus tard, je profite de mon passage à l’ANPE pour caser un autre entretien, un vrai, cette fois, avec une employée que je tiens informée de l’état d’avancement de ma création d’entreprise et à qui j’apprends la chose, comme quoi il y a un début de « soulèvement ». (j’exagère à peine, j’ai quand même vu une femme pleurer, beaucoup de visages livides, de poings serrés, et je pense sincèrement que si, au moment où la dame de l’ANPE empêtrée dans son rôle d’agent/bouc émissaire nous a appris que nous étions attendus LE LENDEMAIN MATIN pour un stage-poubelle-flicage, sinon, radiés, mes cocos ! un joyeux lutin nous avait mis à chacun un cocktail Molotov entre les mains, je n’aurais pas été le seul à le fracasser contre le mur de l’Institution).
L’employée de l’ANPE me répond alors d’un air consterné : « Et ça ne fait que commencer, monsieur ! Les politiques mettent de plus en plus le nez dans nos dossiers. C’est effarant. C’est l’horreur. On ne sait plus quoi faire. » Je compatis (un comble, c’est tout de même moi le chômeur, même si grâce à un an de travail obstiné je ne le serai plus dans un mois.)
Eh, les chômeurs, qu’est-ce qu’on attend pour aller foutre le feu au ministère du Travail du Larcher ? La nuit de Varennes, la vraie, elle commence quand ? C’est par où, l’insurrection ? Bastille ? Nation ? Le Père Lachaise ? Neuilly-sur-Fric ?
_Vilipendons le Villepin !
Chirazons le Chirac !
Karcherisons le Duce de Neuilly !
PS. Je donnerais cher pour avoir le nom et l’adresse du crâne d’œuf sadique qui a eu l’idée géniale de cette mise en scène. Je suis sûrqu’il n’a jamais eu faim ni froid !
Jean-Jacques Reboux
14 décembre 2005
(apreslalune@free.fr)
Ce n’est qu’un début ...
Un cas isolé, celui que raconte Jean-Jacques Reboux ? Oui, en raison du peu de temps entre la convocation et le début du stage. Mais non, si l’on voit ce qui s’est passé à Châteaubriant
Mais voilà une autre histoire :
Le 25 octobre 2005, des chômeurs ont été conviés à un stage de 3 heures, par l’ANPE de Mont-de-Marsan. Contenu du stage : les missions de l’ANPE, visite des locaux, information sur les documents disponibles.
Le 5 novembre 2005, un de ces chômeurs reçoit un AAR (avertissement avant radiation) lui disant : « Vous ne vous êtes pas présenté à un entretien professionnel. Je vous invite à me faire parvenir, par écrit, vos explications »
Il répond qu’il n’a jamais manqué un seul entretien professionnel et précise : « La plus récente convocation en date est celle du 25 octobre 2005 de 9h à 12h pour un exposé, en groupe, auquel j’étais présent : j’ai d’ailleurs signé la feuille de présence. »
Le 23 novembre, il reçoit une lettre du directeur d’agence « Veuillez nous excuser pour ce désagrément ». Le directeur met en avant « le système informatique » : « il peut arriver malgré notre vigilance mais de manière exceptionnelle fort heureusement, qu’une personne soit venue à l’agence et reçoive malgré cela un courrier ». Voir ce document ici : http://www.chez.com/patut/html05/radiation0-x.html
Ecrit le 21 décembre 2005
T’as le bon profilage
Ah l’informatique ! Ce n’est qu’un début. Voici deux autres faits :
Selon un rapport du CERC (conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale), en application de la loi de cohésion sociale, « l’ASSEDIC se verrait reconnaître la possibilité de passer des conventions de sous-traitance avec des opérateurs qui réaliseraient l’accompagnement et le placement de certains allocataires de l’assurance chômage dont le suivi par l’ANPE serait suspendu. L’ASSEDIC mettrait en œuvre des outils de diagnostic des difficultés des demandeurs d’emploi (modèle dit de » profilage « ). »
Ce profilage est en quelque sorte un tri informatique qui devrait être mis en place d’ici le printemps 2006.
« Selon l’ordinateur, vous effectuerez le parcours de recherche d’emploi numéro un. » Voilà une phrase à laquelle devront peut-être bientôt s’habituer les personnes au chômage.
C’est l’ordinateur en effet qui déterminera les chômeurs « employables » rapidement et ceux qui présentent un risque de chômage de longue durée.
A partir d’une liste très vaste de critères, comme les diplômes, les métiers exercés,, mais aussi .... le sexe, l’âge ou la nationalité, le logiciel dira si la personne devra suivre un parcours 1, 2 ou 3, selon qu’elle est en position de trouver très vite un emploi, qu’elle doit se former, ou qu’elle se trouve « loin du monde professionnel ».
Les personnes en parcours 1 auront droit, par exemple, les trois premiers mois, à un entretien chaque semaine, à l’ANPE ou à l’Assédic. Les demandeurs en parcours 3, eux, seront reçus une fois par mois, puis pris en charge par des partenaires privés de l’ANPE au bout d’une certaine période.
Les syndicats méfiants
Selon Loïc Barboux, syndicaliste à l’ANPE, le logiciel, a déjà été testé dans plusieurs villes (Orléans et Saint-Cyr-sur-Loire, par exemple) pour les métiers du bâtiment. Il a fait apparaître des erreurs de diagnostic. « Le taux d’erreur s’établit dans certains cas à 15 % », précise Loïc Barboux. Le Journal du dimanche, qui a révélé l’existence du logiciel, évoque jusqu’Ã 50 % de difficultés.
Ce système de profilage constituera un nouvel écrêmage des demandeurs d’emplois. Vive l’informatique.
Mais comme dit une agente ANPE : « Les demandeurs d’emploi sont sommés de reprendre du travail, mais les entreprises ne sont pas sommées de recruter »
Ecrit le 21 décembre 2005 :
ANPeuh ! sans papier
Merveilles de l’informatique : les chômeurs qui passeront à l’ANPE ne bénéficieront plus, dans quelques mois, d’un affichage-papier des offres d’emploi. Ils devront aller les chercher eux-mêmes sur informatique.
Vous n’y croyez pas ? Demandez donc aux Communautés de Com-munes : elles ont reçu un courrier de l’ANPE leur demandant la possibilité de passer une convention avec les cybercentres publics, de façon à former les chômeurs au maniement de l’outil informatique !
Du côté de Nozay les élus protestent, reconnaissant d’une part qu’un certain nombre de chômeurs ne pourront jamais se mettre à l’informatique - et que, d’autre part, le service emploi de la Communauté de Communes va devoir mettre en place davantage d’ordinateurs et, pourquoi pas, du personnel pour s’en servir !
Ecrit l 21 décembre 2005
Communication : Le solde négatif
La communication chiffrée est actuellement très intéressante puisqu’elle permet de juger rapidement de l’Action gouvernementale :
Lorsque les chiffres du chômage sont annoncés en baisse de 0.9% le gouvernement se gargarise des effets de la loi Borloo
mais IL NE DIT PLUS RIEN quand on annonce une hausse de plus de 6 % des Rmistes.
Lorsque l’on annonce une baisse du chômage on ne donne pas le nombre de demandeurs d’emploi radiés des listes, on ne donne pas le nombre de salariés licenciés économique qui après avoir accepté la Convention de Reclassement Personnalisé sont comptabilisés dans les chiffres de la formation professionnelle et non dans ceux de l’ANPE.
Localement aussi
La communication chiffrée permet aussi de juger de l’Action de la Communauté de Communes du Castelbriantais en développement économique :
On nous annonce : création d’un centre d’appels pour une société de vêtements de travail (10 emplois.
Mais on ne nous annoncera pas la première vague de licenciement chez UFM Marie (29 postes en moins), ni les 17 personnes licenciées chez ATLAs à Issé.
Mais ne vous attendez pas à une hausse des demandeurs d’emploi sur le castelbriantais puisque les Rois de la communication chiffrée seront passés. Nous aurons des chiffres rêveurs pour les fêtes de Noë l.
P. Bioret
Ecrit le 21 décembre 2005 :
Chiffres du chômage
Pour savoir exactement la situation, il faut aller chercher les chiffres à la source par exemple à la DARES (organisme gouvernemental).
De septembre 2004 à septembre 2005 :
Chômeurs catégorie I :2004 : 2 445 0002005 : 2 379 000baisse de 65 200RMIstes :2004 : 1 042 8002005 : 1 107 000hausse de 64 200
Ainsi la baisse du chômage s’explique par la hausse du RMI. L’INSEE lui-même reconnaît que l’emploi salarié a stagné au 3e trimestre 2005.
Autre explication donnée par Martine Aubry (pour le Parti Socialiste) : la baisse de la population active.
Celle-ci est liée à l’accélération du nombre de départs en retraite, soit parce que les salariés ayant cotisé 40 ans peuvent liquider une retraite à taux plein avant l’âge de 60 ans, soit parce qu’est venu le temps du départ en retraite massif des générations du baby-boom. Ces départs, qui étaient de 600.000 avant 2005, passeront à 800 000 ou 850.000 à partir de 2006. Ils ont un effet majeur sur la population active, qui a sans doute baissé de l’ordre de 50.000 en 2005.
" La population active augmentait ces dernières années de l’ordre de 200.000 par an, ce qui imposait de créer 200.000 emplois supplémentaires pour main-tenir le même niveau de chômage.
Aujourd’hui, la population active commence à régresser, et cela va s’accélérer, expliquant principalement la baisse du chômage, qui pourrait se poursuivre dans les mois qui viennent, toutes choses étant égales par ailleurs " dit Martine Aubry.
Ecrit le 4 janvier 2006 :
Le pactole : 700 € par mois
Le ministère de la Cohésion Sociale, trouvant sans doute que la presse ne le louange pas assez, a entrepris une campagne de presse, rémunérée et .... osée ! On trouve même de la publicité dans l’Humanité et, chez nous, dans... l’Eclaireur.
« Hier, Nadia était au RMI. Aujourd’hui elle a retrouvé un emploi » dit la publicité qui ajoute que « Les contrats d’avenir, ils sont prêts à l’emploi »
décryptons.
Hier, Nadine était au RMI ..... soit 374,25 € par mois
(C’est-Ã -dire 425 € moins un forfait logement)
Aujourd’hui elle a un contrat d’avenir
Elle perçoit 740 € nets par mois environ.
En fanfaronnant ainsi sur les Contrats d’Avenir, le ministère popularise l’idée suivante : un salaire mensuel de 740 euros, c’est la joie ! Le pactole ! Le gros lot du loto !
La même publicité explique aussi aux employeurs qu’ils auront une exonération totale de charges patronales, et, en plus, une aide de l’Etat de 425 € par mois.
En somme, le ministère paie les patrons pour inculquer aux salariés l’idée que 700 € par mois c’est mer-veil-leux. Et en même temps il fait baisser les chiffres du chômage.
Le pire, c’est qu’avec 700 € par mois, de nombreux salariés sont ravis ! Alors comment il font nos députés à 6700 € par mois, et les patrons à
1 800 000 € par mois ?
En France, un individu est officiellement considéré comme « pauvre » quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 602 euros.
Ecrit le 4 janvier 2006 :
Comment faire leur fête aux chômeurs ...
Un décret faisant pudiquement référence au « suivi de la recherche d’emploi », paru le 24 décembre 2005 au Journal Officiel, accroît sensiblement le contrôle des chômeurs. Ce texte rend en effet possible, pour les agents des administrations sociales, l’accès direct aux données des dossiers fiscaux. Il y est ainsi stipulé que « les agents relevant du ministre chargé de l’emploi peuvent, sur leur demande, se faire communiquer par les administrations fiscales, en cas de présomption de fraude, toutes données et documents nécessaires à l’accomplissement de leur mission. »
Un chômeur, c’est évident, ne peut être que fraudeur
Vu le flou général qui le caractérise, ce décret appelle plusieurs remarques.
Rien n’est précisé sur la procédure envisagée : sera-t-elle encadrée au plan national, ce qui suppose l’existence de filtres et d’un suivi particulier ou, au contraire, verra-t-on se multiplier les demandes directes et incontrôlées au plan local ?
La « présomption de fraude » n’est ici pas définie, ce qui ouvre la porte aux dérives. On ne sait donc pas si elle relève de l’appréciation de certains faits (adresse, revenus déclarés) ou d’une simple spéculation sur la base du « ressenti ».
Par ailleurs, rien n’est dit sur la nature des données fiscales qui pourront être transmises. LÃ encore le décret est imprécis : s’agit il des données générales relatives à l’état civil ? des revenus ? des éléments plus personnels (sur la patrimoine, les « antécédents fiscaux »...) ?
Flou, imprécis, ce texte est en réalité, pour le SNUI (syndicat national des impôts) surtout marqué par la volonté obstinée de « resserrer les boulons » des populations les plus fragiles alors que, dans le même temps, les moyens s’affaiblissent dans la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale internationales : là se situe pourtant l’exigence de justice sociale.
La chasse
« Le gouvernement institue une véritable chasse aux chômeurs », dénonce le Parti communiste. « Pour le gouvernement, la lutte contre le chômage est une lutte contre les chômeurs », fustige le Parti socialiste.
« Le meilleur moyen qu’il n’y ait pas de fraude, c’est d’offrir de l’emploi aux gens », souligne la CFDT .Le secrétaire général de Force ouvrière s’inquiète « Quand on croise les fichiers, il y a un côté ’Big Brother » . Pour le syndicat SUD : « Nous ne sommes plus dans l’aide aux demandeurs d’emploi, mais dans le contrôle permanent sur leur recherche d’emploi, sur leur mobilité et maintenant sur leurs déclarations fiscales ».
« Les gens qu’on contrôle, ce sont les pauvres aujourd’hui », remarque le mouvement AC ! « Pourquoi pas un bracelet électronique » ironise la CGT (1)
Triste fin d’année d’une triste année.
Carnets de chômage
Ce qui fait tout le succès des systèmes totalitaires, c’est qu’il y a toujours bien plus de gens convaincus de la nécessité de coopérer activement avec le tyran pour optimiser leurs chances de sauver leurs fesses que de résistants qui luttent contre l’inadmissible ou l’indicible.
On a eu beau glorifier la Résistance dans un méritoire effort de réconciliation nationale, la réalité historique nous enseigne que quand la botte du tyran vient éclater les arpions du bon peuple, il devient très urgent de ne rien faire (au mieux) ou de collaborer presto.
Lutter, résister, c’est un peu l’exception et les Révolutions sont toujours l’œuvre d’une poignée de bougons légèrement plus tenaces et teigneux que les autres.
La majorité préfère cultiver son jardin, faire le dos rond en attendant que l’orage passe au-dessus de sa petite tête et surtout, ne se pose pas de questions gênantes.
La constance de l’inutilité de ce genre d’attitude n’y change rien.
Donneurs de leçons
Je me souviens encore des cadres winwin des années 80, bouffés par l’idée de la frime et du fric à gogo, qui faisaient preuve de tant de pédagogie pour expliquer aux ch’tites n’ouvriers[1] renfrognés que leur licenciement participait directement à la marche glorieuse du progrès et à la bonne santé de l’entreprise et qu’il fallait être de sacrés égoïstes sans cœur pour faire la gueule pour si peu.
Je me souviens des DRH pontifiants qui expliquaient avec des trémolos dans la voix la cruelle nécessité des restructurations d’effectifs à ceux qui avaient donné le meilleur d’eux-mêmes pour la prospérité de tous, pensaient-ils, les naïfs, mais en fait de certains seulement, certains dont ils ne faisaient naturellement pas partie.
Je me souviens des donneurs de leçons de tous poils qui ont fustigé la masse ignare du peuple boudeur, celui-là même qui refuse les bienfaits de la globalisation de la concurrence entre les hommes et les femmes de l’ensemble de la planète, mise en concurrence saine mais dont les prescripteurs, curieusement, prennent toujours grand soin de se mettre à l’abri.
Je me souviens aussi du regard froid de certains agents de l’ANPE, lorsqu’ils annoncent que décidément, nous ne faisons vraiment pas assez d’efforts pour trouver un boulot qui n’existe pas, et qui si on est toujours au chômage, c’est forcément un peu de notre faute, qu’il faut être borné pour s’accrocher à des choses aussi futiles que l’expérience professionnelle ou des brassées de diplômes pour refuser stupidement l’un de ces merveilleux métiers en tension qui nous tendent leurs petits musclés de « poor job ».
Je me souviens, enfin, et c’est encore frais et vif dans ma mémoire, de la désinvolture avec laquelle les zélés salariés des ASSEDIC peuvent vous annoncer que pour cause d’obscures manipulations informatiques de listes étranges et ésotériques, vous vous retrouvez subitement et sans autre forme de procès, privés de vos maigres subsides de salarié involontairement privé d’emploi.
Parce que finalement, on a bien l’impression qu’il y a une joie un peu malsaine à infliger aux autres ce que pour rien au monde vous ne voudriez pour vous, et ce, d’autant plus que vous croyez mordicus que votre collaboration vous élève au-dessus de la masse de ceux qui subissent et vous met définitivement à l’abri de ce genre de petits malheurs ingrats.
Retour de bâton
Seulement, le hic, c’est que personne n’est jamais à l’abri de rien, et que de participer activement à l’entreprise de démolition des autres est loin d’être une garantie de passer au travers.
Mais voilà , les zélés soutiens à la marche triomphante du progrès qui s’essuient les pompes sur la face des autres, ou les obscurs petits fonctionnaires obéissants de la machine à broyer les hommes finissent toujours par se faire rattraper par la bête immonde qu’ils croyaient appâter par leur soumission.
Au mieux, il hériteront d’une bonne coupe de cheveux qui dégage les oreilles à la Libération.
C’est ainsi qu’un beau jour, les cadres de HP qui n’avaient pas eu d’états d’âmes à délocaliser le job des autres sous des cieux plus favorables à l’exploitation de l’homme par l’homme, se trouvèrent fort dépourvus lorsque la bise leur tomba sur le paletot et s’empressèrent de retrouver les chemins tortueux de la contestation du système qu’ils servirent pourtant si promptement peu de temps auparavant.
C’est ainsi que nombre de DRH (Directeurs des Relations Humaines), faute d’effectifs encore à réduire, goûtent à leur tour aux joies du pointage mensuel.
C’est ainsi que les intellectuels, journalistes, politiques et autre prescripteurs de lavements sociaux se sentent parfois bien seuls avec un peuple devenu sourd à leur admonestations.
C’est ainsi que les salariés de l’ANPE rentrent en résistance, certes pour défendre les droits des chômeurs, durement rognés ces derniers mois, mais aussi et surtout parce que l’entrée en action du plan de contrôle mensuel des chômeurs rend leur tâche totalement impossible, faute de moyens et d’effectifs.
Et c’est ainsi, enfin, que les salariés des ASSEDIC s’apprêtent à entrer en grève, non pas pour protester contre la cruelle chasse aux chômeurs mise en place depuis le début de l’année et qu’ils contribuent à rendre encore plus dure et inhumaine, mais parce que maintenant, ce sont leurs propres postes qui sont menacés.
Voilà qui prouve une fois de plus qu’il est difficile de tirer des leçons de notre histoire, proche ou lointaine, et que ce sont toujours les mêmes erreurs qui se répètent.
Il a fallu aux Argentins que 80% d’entre eux sombrent dans la pauvreté pour qu’ils comprennent enfin la nature du système qu’ils subissaient et qu’ils unissent leurs forces contre lui. Et nous ? Que nous faudra-t-il encore pour comprendre que face à la logique qui écrase les hommes et les abandonne ensuite au bord du chemin, le refus est la seule attitude possible ?
Notes :
(2) A lire en se faisant la voix de Mr Sylvestre des Guignols de l’info !
Agnès Maillard
Le Monolecte
Chiffres du chômage : doutes
Le chômage baisse, alleluia ! Ceci relève d’un véritable miracle .... médiatique, aussi incompréhensible qu’un miracle.
Le gouvernement se réjouit à grand bruit d’une diminution de 0,8% du nombre des demandeurs d’emploi en décembre 2005. Malheureusement, ce chiffre masque la réalité d’une dégradation de l’emploi dans notre pays. La CGT commente :
Ainsi, selon la note mensuelle de la DARES (INSEE) de janvier 2006 (1), l’emploi salarié hors intérim a reculé de 0,2% de septembre à novembre 2005 dans le secteur concurrentiel, soit moins 30.000 emplois environ. Fait significatif, cette réduction touche de façon uniforme les grandes et les petites entreprises. Cela confirme que, con-trairement à ce que le gouvernement avait annoncé, la mise en place cet été du « Contrat Nouvelle Embauche » (CNE) n’a en aucun cas créé des emplois dans les PME.
De plus, la réduction de l’emploi industriel est encore plus forte (moins 0,8% sur le trimestre), ce qui signifie une substitution partielle par des emplois de services, dont on sait qu’ils sont souvent assortis de contrats de travail bien plus précaires.
Le forcing gouvernemental visant à introduire le « Contrat Première Embauche » étendrait à nouveau cette précarité aux moins de 26 ans recrutés dans les entreprises de plus de 20 salariés. En outre, un projet de révision de l’ensemble des contrats de travail est annoncé dans la foulée des dispositifs CNE (contrat nouvelle embauche) et CPE (contrat premier emploi).
Chiffres
Selon une source officielle, celle de la DARES, la moyenne annuelle des demandeurs d’emploi (non corrigée des variations saisonnières) est celle-ci :
Les chiffres donnés habituellement sont ceux de la catégorie 1 (chômeurs immédiatement disponibles à la recherche d’un emploi à temps plein). On constate que la moyenne de l’année 2005 manifeste une légère baisse par rapport à 2004, mais reste au dessus de celle de 2003.
Il existe d’autres catégories de chômeurs (catégories 2 à 8) : par exemple les salariés licenciés d’UFM Marie, qui ont accepté la convention de reclassement personnalisé (CRP) sont classés en catégorie 4.
On constate une très nette augmentation du total des catégories 2 à 8, par rapport à 2004 et à 2003.
Si l’on fait le total général en 2005, il est en hausse par rapport aux deux années précédentes.
Tout ceci signe le non-emploi ou le mal-emploi.
La situation générale des salariés est mauvaise
Des salariés qui travaillent (et doivent se contenter de 700 euros par mois), disent :« tous les mois il me manque 300 euros, je puise sur mes économies »
Des salariés qui, naguère, s’estimaient correctement payés, disent maintenant : « tout augmente, nous ne parvenons plus à mettre un sou de côté ».
Les Conseillères de la Caisse d’Allocations Familiales ont noté une forte dégradation en 2005.
Et l’utilisation de l’euro a des effets pervers : « il arrive que certains produits augmentent d’un seul coup de 0,30 ou 0,40 euros. Cela paraît peu, mais, du temps des Francs on n’aurait jamais vu un produit augmenter de 2 F d’un coup ».
Coco-Tisations
Depuis 1993, au moins huit réformes majeures des dispositifs d’allégement de cotisations patronales sur les bas salaires se sont succédé en France.
Elles n’ont pas été mises en œuvre pour baisser le coût du travail non qualifié dans le cadre d’une stratégie offensive de lutte contre le chômage. Leurs objectifs ont plutôt été d’atténuer l’impact des hausses de Smic sur le coût du travail, de limiter les dépenses budgétaires et de simplifier les dispositifs précédents. Une synthèse des études disponibles révèle que l’ampleur des effets sur l’emploi est assez contrastée selon les évaluations.
En moyenne, le coût d’un emploi peu qualifié, créé ou sauvegardé par les mesures d’exonération, est de 20 000 euros par an, soit un montant proche du coût d’un emploi au Smic à temps complet. L’instabilité des dispositifs appliqués ces douze dernières années explique en partie la diversité des résultats des évaluations. Elle n’a pas contribué à renforcer les effets sur l’emploi.
Source : Dix ans d’évaluation des exonérations sur les bas salaires, Y. L’Horty, Centre d’Etudes de l’ Emploi, Noisy le Grand, Connaissance de l’emploi, n° 24, janv(ier 2006).
On peut consulter ce document à l’adresse suivante :
– >http://www.cee-recherche.fr/fr/connaissance_emploi/evaluation_exonerations_bas_salaires_ce24.pdf]
Ecrit le 8 février 2006 :
L’insertion des jeunes sur le marché du travail entre 2002 et 2004 : difficile !
Intérim, contrat à durée déterminée... ces contrats temporaires ont été les premiers touchés par le ralentissement économique entre 2002 et 2004.
– D’une part, dans un contexte économique difficile, les entreprises ont eu moins recours à ce type de contrat ;
– d’autre part, lorsqu’Ã l’issue de son contrat, un salarié s’est trouvé au chômage, il a rencontré plus de difficultés dans sa recherche d’un nouvel emploi.
Les débuts de carrière, tradition-nellement marqués par une succession de contrats courts, se trouvent encore plus perturbés.
Plus d’un quart des jeunes qui étaient actifs en 2003 ont traversé au moins une période sans emploi au cours des quatre trimestres suivants, que ce soit au chômage ou dans l’inactivité, contre 17 % pour l’ensemble des actifs.
Près d’un jeune actif sur dix n’a pas occupé d’emploi au cours de l’année.
Même élevé, un diplôme n’est plus garant d’un emploi à durée indé-terminée : parmi les diplômés de niveau bac + 2 qui travaillaient en 2003, 14 % ont été sans emploi au moins une fois au cours de l’année suivante.
On peut consulter ce document sur internet, à l’adresse suivante
Interdit de regarder par la fenêtre
Un chômeur a été puni de 15 jours de radiation parce que ses « cahiers d’exercice sont vierges de tout travail », parce qu’il n’est pas resté jusqu’au bout d’un atelier-rédaction de CV, parce qu’il a pris « une attitude blasée » et parce que, lors de son dernier entretien, il « a regardé par la fenêtre plutôt que l’agent du service public qui était en face de lui ».
Tous les moyens légaux sont aujourd’hui réunis, non seulement pour contraindre à accepter n’importe quel emploi, mais surtout pour imposer des stages bidon et non rémunérés, du travail gratuit en entreprise, d’innombrables ateliers de rédaction de CV.
Chômeurs, surveillez vos regards, baissez les yeux , sinon vous pourriez être radié pour arrogance. Mais relevez la tête sinon on pourrait vous enlever vos allocations pour attitude trop passive .
Salariés de l’ANPE, pensez à filmer discrètement les entretiens, il vous faut faire du chiffre, et radier sans pitié, sinon on pourrait très vite vous reprocher de ne pas avoir remarqué qu’un chômeur regardait par la fenêtre.
Mais si vous n’avez pas envie d’être une serpillière, il reste la lutte et la solidarité....
Tous les moyens légaux sont aujourd’hui réunis, non seulement pour contraindre à accepter n’importe quel emploi, mais surtout pour imposer des stages bidon et non rémunérés, du travail gratuit en entreprise, d’innombrables ateliers de rédaction de CV.
Chômeurs, surveillez vos regards, baissez les yeux , sinon vous pourriez être radié pour arrogance. Mais relevez la tête sinon on pourrait vous enlever vos allocations pour attitude trop passive .
Salariés de l’ANPE, pensez à filmer discrètement les entretiens, il vous faut faire du chiffre, et radier sans pitié, sinon on pourrait très vite vous reprocher de ne pas avoir remarqué qu’un chômeur regardait par la fenêtre.
Mais si vous n’avez pas envie d’être une serpillière, il reste la lutte et la solidarité....
5000 licenciements chez les équipementiers
Face au renchérissement des matières premières, à la concurrence internationale, à la pression sur les marges et à une stagnation de l’activité, les suppressions d’effectifs se multiplient chez les équipementiers français. La liste des équipementiers touchés en 2006 est longue : Sanden, Setforge, Heuliez, Mecaplast, CF Gomma, Timken, Cadence Innovation et FAB... Jacques Monnet, le délégué général de la fédération des industries des équipements pour véhicules, estime qu’il y aura 5000 suppressions d’emploi en 2006 et que cette décélération se poursuivra les années suivantes.