Ecrit le 3 décembre 2008
Resto du cœur : les bénévoles ont le cœur gros
Les 60 bénévoles du Resto du Cœur de Châteaubriant ont un cœur « gros comme ça ». Ils le montrent chaque semaine en se relayant pour « la ramasse » et la « distribution » et l’aide à la personne.
Mais ils ont aussi le cœur gros car les listes de personnes démunies ne diminuent pas. Elles ont même tendance à augmenter considérablement.
« Habituellement, l’été, où les barêmes de ressources sont plus bas, nous aidons 69-70 familles. Cette année nous en avons eu 100 » dit la responsable Renée Terrien. « Ceci a représenté 371 personnes : 271 de Châteaubriant et 100 de l’extérieur ». Les personnes inscrites ont été servies une fois par semaine le vendredi. En dehors de ces personnes, des colis de dépannage ont été donnés (environ 35 par semaine).
Cet été, avant le déclenchement de la crise économique, le Resto a noté des signes inquiétants : « Nous avons vu arriver des retraités, qui n’avaient plus rien, et des artisans-commerçants des environs qui ont dû arrêter leur activité après avoir accumulé trop de dettes ». Ce sont des gens qui n’ont plus un sou et pour qui le Resto est un crève-cœur. « Ils crânent, tant qu’ils peuvent. Mais j’en ai vu pleurer quand un geste gentil, inattendu, a fait craquer leur carapace de dignité ».
Pour la saison d’hiver les premières inscriptions ont eu lieu le 21 novembre. « Habituellement nous avons 140 familles. Cette année, dès le premier jour, 30 familles se sont présentées. Sans compter celles que nous n’avons pas pu inscrire, faute de temps. Toutes sont reparties avec un colis de dépannage ».
« Nous sommes inquiets, nous craignons d’avoir 40 ou 50 % d’augmentation ».
Forte augmentation
Malgré les rodomontades de M. Hunault affirmant que la Com’Com’ nous protège de la crise, les associations de terrain constatent, à Châteaubriant, la même situation qu’ailleurs : la hausse des loyers, de l’essence et des produits alimentaires, vécue en 2008, s’est traduite par une aggravation de la précarité. « Nous voyons arriver des femmes jeunes, avec de jeunes enfants, des familles mono-parentales et des travailleurs pauvres ».
Le barème d’inscription au Resto est un peu inférieur au RMI (1).
L’antenne de Châteaubriant est dirigée par une petite équipe autour de Renée Terrien, avec Yvette Bourdaud comme adjointe, Yvon Bodier pour l’aide à la personne, Lydia Renou (responsable approvisionnements) … et tous les autres.
La ramasse auprès des grandes surfaces et des boulangers se fait les lundis, mercredis, vendredis, samedis. Après le ramassage il y a tout un travail de tri (par exemple pour enlever les feuilles fanées des salades) et de rangement dans le local.
La distribution se fait les mardis et vendredis de 9 h à 11 h et uniquement pour les familles inscrites. [Les inscriptions peuvent être prises tout au long de l’année]. Par semaine, chaque famille reçoit l’équivalent de 8 repas : entrée, plat de résistance, légumes, fromages et laitages, desserts et fruits.
« Une bonne partie de nos approvisionnements vient de Nantes. Et nous sommes très reconnaissants aux grandes surfaces et aux boulangers qui assurent le complément en fruits, légumes, produits frais et pain ».
Un retraité, à Soudan, cultive des jardins en friche et apporte des pommes de terre, des tomates, et autres produits frais. Pour la viande, le Resto peut compter sur les entreprises Viol (bifteck), STVO (escalopes et rôtis de dinde) et Volailles de St Mars. Heureusement car cela fait deux semaines que la centrale de Nantes n’en a plus.
Le local de l’ancien foirail a été repeint cette année par la municipalité.
La collecte d’octobre a rapporté 2,9 tonnes de produits (comme l’an passé).
Aides à la personne
L’équipe de Châteaubriant fournit aussi toutes sortes d’aides à la personne : des places de cinéma, une carte d’accès à la piscine, des jouets neufs pour Noël, un coup de main pour les relations avec l’EDF, une douche, des vêtements de rechange, machine à laver et sèche-linge, livres etc. Une psychologue vient tous les quinze jours. « Actuellement nous cherchons une coiffeuse bénévole ». Tous les mardis et vendredis, les personnes sont accueillies avec café-thé ou chocolat, et viennoiseries. Occasion d’être à l’écoute, de donner un peu de chaleur humaine à ceux qui, souvent, se sentent exclus, rejetés.
Resto ouvert les mardis et vendredis de 9 h à 11 h
En cas d’urgence : 02 40 81 28 04
24e campagne
Au niveau national les Restos du Cœur entament leur 24e campagne. Dans un communiqué ils font état d’une « situation sans précédent »
« Plus de 700 000 personnes accueillies au cours de la dernière campagne, 90 000 de plus qu’il y a cinq ans et toujours plus de personnes âgées accueillies, de femmes seules avec enfants et de travailleurs pauvres. Et pourtant ce bilan ne tient pas compte de la crise financière que nous traversons »
L’insertion en sursis
Le communiqué poursuit : « CES, CEC, CA, CAE … Tant d’appellations pour définir des mesures d’insertion professionnelle multipliées mais toujours très vite abandonnées au gré des changements de Gouvernement. L’arrêt brutal d’une politique sociale a pourtant des conséquences dramatiques sur le terrain de l’insertion. Les Contrats Aidés sont en sursis et les financements s’obtiennent péniblement. »
Droit au logement
« Le droit au logement pour tous est désormais matérialisé par la loi DALO (Droit Au Logement Opposable) qui entre en application le 1er décembre 2008. Mais beaucoup reste à faire. Avec l’annonce de la baisse du budget logement pour les trois années à venir, on sait que les engagements financiers ne seront pas à la hauteur des besoins ».
(communiqué)
Ecrit le 8 avril 2009
Bilan de la saison d’hiver
205 familles accueillies en 2008-2009 (145 l’an passé), soit 565 personnes (contre 409 l’an passé) : la fréquentation du restau du cœur de Châteaubriant a connu une forte progression : 38 %, trois fois plus qu’au niveau national (12.5 %). C’est dire l’ampleur de la crise dans la région de Châteaubriant.
Il faut y ajouter 227 colis de dépannage donnés à des personnes ayant besoin d’un coup de pouce (attente d’allocation Assedic, dépenses imprévues,etc).
En fait, les familles ne se présentent pas à chaque fois : il y a des gens qui partent, et d’autres qui, ayant trouvé un emploi, ont moins de besoins. « Beaucoup de familles gèrent leur précarité. Nous les admirons beaucoup » dit Bernard Guéret.
Sur 205 familles :
60 % viennent depuis un an
26 % depuis 2 ans
7.8 % depuis 3 ans
6.2 % sont des habitués
Sur 205 familles
30 % sont des familles mono-parentales
21 % sont des jeunes (18-25 ans)
Nouveau : des artisans-commerçants
La moitié des inscrits viennent de Châteaubriant, les autres viennent de 24 communes aux alentours (+ 3 d’Ille et Vilaine)
La collecte des 6-7 mars a apporté 4862 kg de denrées (au lieu de 3500 l’an dernier). « Cette générosité fait du bien au moral » dit Lydia Renou.
Un bénévole de Soudan, aidé de quelques bénéficiaires, a fourni 2230 kg de légumes. La « ramasse » se fait 4 fois par semaine dans les magasins, fournissant essentiellement des légumes. La viande vient des Éts Viol et de STVO (St Mars la Jaille), en surgelé. Le poisson surgelé est fourni par Nantes. Le pain est donné par les boulangers de Châteaubriant les mardis-vendredis.
Le restau a fourni aussi 474 places de cinéma (334 l’an passé) et des entrées gratuites à la piscine. 181 cadeaux de Noêl ont été distribués aux familles avec une plante verte. Deux familles ont obtenu des vacances à St Jean de Monts et dans le Morbihan, par le biais du Restau du Cœur. Celui-ci distribue aussi les vêtements qui lui sont donnés. Enfin une psychologue vient tous les 15 jours rencontrer les gens à l’accueil.
« Les gens viennent au Restau du Cœur en dernier recours : c’est dur pour eux, nous avons vu des gens pleurer. Ce sont des gens formidables, qui se battent pour trouver des solutions, pour sortir de cette misère » dit Yvette Bourdaud.
Pour ces tâches considérables, l’association peut compter sur 70 bénévoles : beaucoup de jeunes sont arrivés, et même des stagiaires Bac Pro