Ecrit le 16 septembre 2009
Si on parlait d’agriculture paysanne ?
« Paysan » - « Agriculteur » - on utilise les deux termes indifféremment. Pourtant, au salon du SAFIr à Treffieux, on a entendu parler d’agriculture paysanne. Le Conseil Général a d’aileurs décerné un prix aux travaux de trois écoles s’étant intéressées à ce type d’agriculture.
« Faire de notre métier une passion, faire de notre passion un métier » : ainsi s’exprime Odile Peuzé en parlant de cette agriculture à taille humaine, « qui nous permet de sortir un revenu convenable, en privilégiant la qualité de la vie ».
Dans un passé pas si lointain, le mot « paysan » avait une connotation plutôt négative, pas loin de « dépassé » voire arriéré. « Pour moi, paysan, c’est un savoir-faire » explique Dominique Lebreton « c’est une façon de fonctionner avec le vivant, dans un milieu naturel, en respectant l’eau, l’environnement et les valeurs sociales »
Or, pendant 40-50 ans, sous la pression des techniciens de toutes sortes, des coopératives et des délégués commerciaux de produits-merveilles, le paysan s’est peu à peu éloigné du vivant. « Il nous faut réapprendre les choses fondamentales de l’agriculture, sans pour autant revenir aux conditions de vie du passé » dit encore D. Lebreton.
Ce n’est pas ...
l’agriculture paysanne, ce n’est pas l’agriculture bio. Ce n’est pas non plus la petite exploitation. c’est le contraire de l’agriculture hyper-mécanisée, ligotée par les filières et les industries chimiques. Cette agriculture quasi industrielle a été imposée aux paysans avec une certitude : elle allait faire disparaître les fermes traditionnelles. Et en effet, à Saffré par exemple, on comptait 450 exploitations en 1950, et 32 seulement en 2009.
Mais on constate que, au bout de 50 ans, le rouleau compresseur n’a pas tout écrasé : il laisse place à des exploitants différents, avec une pluralité de pratiques.
Capter la valeur ajoutée
l’agriculture paysanne permet la capture de la valeur ajoutée. « Par la vente directe, par la transformation des produits à la ferme, le paysan peut produire moins tout en vendant mieux. La plus value de ses produits est pour lui. Avec, en plus, le sentiment de la satisfaction du client ».
Produire moins, c’est réduire les coûts, minimiser l’endettement. « c’est une intelligence du vivant. Alors que l’agriculture industrialisée doit produire toujours davantage, on constate que de petits paysans s’en sortent très bien. Et même qu’ils se paient des WE et des vacances comme les autres » dit encore Odile Peuzé. « Et même que ces exploitations agricoles utilisent des machines modernes ! ». l’agriculture paysanne n’est pas le retour au passé, c’est une agriculture différente, c’est le fait de paysans créatifs, innovants, un vrai bouillonnement de « système D » (comme débrouille).
Un problème cependant : la politique agricole commune ne favorise pas ces nouvelle formes d’agriculture. Au contraire : toutes les aides vont aux grosses exploitations. « La crise laitière nous a permis de prendre connaissance d’un dossier de contractualisation au service d’une coopérative » explique Dominique Lebreton. « Ce ne sont plus des paysans qui se regroupent pour vendre leurs produits, c’est la coopérative qui décide des productions dont elle va avoir besoin. l’agriculteur devient partenaire commercial, simple fabricant de matière première, et ne s’intéresse plus à ses autres fonctions ».
Ses autres fonctions ?
– l’aménagement du territoire et l’emploi
– L’entretien de l’environnement
– La santé publique
Il y a donc actuellement deux visions de l’agriculture : l’une, dite libérale, qui conduit à une concentration des exploitations , et l’autre, paysanne, qui dit « nous ne pouvons continuer à perdre des agriculteurs ».
Les collectivités locale sont un rôle à jouer en soutenant ceux qui sont engagés dans l’agriculture paysanne, et tous les réseaux collectifs comme les CUMA, les GAB, Terroir44 etc, qui sont de véritables laboratoires d’une autre façon de travailler et de produire.