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Ecrit le 14 juillet 2010
Les 40 chevalets
A Châteaubriant l’IME, institut des Perrières, a de nombreuses activités éducatives, scolaires et non scolaires : entretien du jardin et du linge, cuisine, travail du bois, etc. L’objectif : donner aux jeunes de 6 à 20 ans, que l’on dit « handicapés mentaux », tous les moyens d’être autonomes, fiers d’eux-mêmes, utiles aux autres et à eux-mêmes. Les animateurs sont donc à la recherche d’activités nouvelles valorisantes.
Or il se trouve que la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) avait besoin de 5 ou 6 chevalets en bois, pour y poser des tableaux, des photos, des affiches pour ses activités auprès des publics en difficulté. Elle a eu la bonne idée de demander à l’IME de les lui fabriquer. « Cinq ou six ? Nous aimerions en faire davantage » a répondu l’éducateur Michel Bouvet.
A partir d’un modèle, les enfants ont fait des mesures, découpé des planches, coupé, raboté, poncé, assemblé, verni ! « Trente cinq phases de travail » disent les éducateurs. Quarante chevalets ont ainsi été fabriqués, ils équiperont toutes les CAF du département ! Il fallait voir la joie des jeunes, fiers de montrer leurs œuvres, bien finies, du vrai travail de professionnels.
Mesurer, tracer, creuser le bois pour que la barre d’écartement soit escamotable, savoir les outils à utiliser, se repérer dans le temps et l’espace, apprendre à travailler ensemble et à travailler pour d’autres : ce travail est un bel outil de développement et de valorisation.
Mais mais
Mais voilà ce ne sera plus possible ! En effet, de par un arrêt du Conseil d’État du 30 mai 2008, les élèves handicapés des instituts médico-éducatifs (IME) n’ont plus le droit de manipuler des machines dites dangereuses dans le cadre de leur formation professionnelle. Jusqu’à présent, l’encadrement de l’usage de ces machines dans les IME répondait à des conditions strictes destinées à assurer la sécurité des élèves. Les autorisations du médecin de l’établissement, de l’éducateur et du responsable éducatif étaient notamment requises. Et l’IME de Châteaubriant avait obtenu une dérogation lui permettant de continuer à utiliser ces machines. Mais c’est F.I.N.I . « Pourtant nous n’avons jamais eu d’accident » explique Yvon Gicquel, éducateur.
désormais, l’emploi par les élèves handicapés de ces outils sera impossible. Il est à craindre dans ces conditions qu’il soit porté atteinte à la mission des IME qui est d’insérer les jeunes handicapés en valorisant et en développant leurs aptitudes professionnelles. « Cette interdiction nous prive de 80 % des fabrications intéressantes. Les machines-outils, pour lesquelles nous avions fait des fiches d’utilisation très précises, permettaient de compenser les difficultés des enfants. Nous faisions de travaux qui avaient du sens, et de la qualité, il nous restera les outils de base ! Comme si on ne pouvait pas se blesser avec un simple ciseau à bois »
Une question écrite à ce sujet à été posée en mars 2009 au sénat par M. François Marc (socialiste). Le gouvernement a mis 7 mois à répondre : « le Gouvernement engagera prochainement une réforme de la réglementation relative à la protection des jeunes au travail. Celle-ci permettra aux IME, aux IMPro et aux ITEP de bénéficier des mesures protectrices prévues par le droit du travail ». Mais, 8 mois plus tard , toujours rien !