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Ecrit le 15 septembre 2010
Eurocamouflet
Rue89 du 10/09 : par 337 voix contre 245 (et 51 abstentions), le Parlement européen, par un vote du 9 septembre, « s’inquiète vivement de la rhétorique provocatrice et ouvertement discriminatoire qui a marqué le discours politique au cours des opérations de renvoi des Roms dans leur pays ».
Depuis la condamnation, il y a dix ans, de l’Autriche qui avait fait entrer l’extrême droite au gouvernement, jamais la politique d’un pays membre n’avait été aussi explicitement désavouée à Strasbourg.
Michèle Striffler, députée du groupe Parti populaire européen (PPE - droite) issue de la Gauche moderne dirigée par Jean-Marie Bockel, a voté contre la résolution et « regrette que le Parlement européen se mêle de politique intérieure française ».
Jean-Marie Cavada (PPE), issu du Nouveau Centre, était également opposé au vote de la résolution : « Pourquoi la France subit-elle l’opprobre de l’Union pour la question des Roms, pendant que l’Italie détruit des campements à coups de bulldozers en banlieue de Rome ? ».
« Le problème, c’est que l’Union européenne n’a pas fait son travail », poursuit Jean-Marie Cavada. « Je veux proposer un statut pour les migrants européens à l’intérieur des frontières de l’Union. Ce statut garantirait leur liberté de migration, mais imposerait des devoirs d’éducation des enfants et d’accès aux soins. L’Europe obligerait les communes à créer des espaces salubres afin que les gens du voyage puissent s’y installer ».
Ecrit le 15 septembre 2010
La chasse aux Roms : c’était fait ... avant
Violence ==> répression
Entre le 15 et le 18 juillet 2010, des incidents violents ont lieu à Grenoble (quartier de la Villeneuve) et à Saint-Aignan (Loir-et Cher). Le 30 juillet, dans le discours de Grenoble, le président de la République prononce un discours de fermeté : il fustige notamment une politique de la ville ayant conduit à la ghettoïsation, où les quartiers protègent leurs délinquants, où « une minorité met la pagaille » et où règne le « mépris pour les valeurs fondamentales de notre société ». Mettant aussi en cause les échecs d’une politique d’immigration qui favorise la délinquance au lieu de l’intégration, il cible les criminels étrangers ou d’origine étrangère, en particulier lorsqu’ils s’en prennent aux forces de l’ordre, et évoque le rétablissement de la déchéance de la nationalité pour certains cas gravissimes. Il indique aussi avoir demandé au ministre de l’Intérieur de « mettre fin à l’implantation sauvage des campements de Roms ».
Mensonge
Sauf que ce n’est pas la violence à Grenoble et Saint-Aignan qui a provoqué l’hystérie sécuritaire de l’été, avec mélange entre les Gens du Voyage, les Roms et les Roumains. En effet, selon le Canard Social de Nantes, tout était programmé dès le mois de juin 2010. (1)
Premier document
« Le 24 juin 2010, les ministères de l’Intérieur et de l’Immigration ordonnaient aux préfets de procéder aux évacuations de campements illicites. En huit pages au contenu inhabituel, les ministres Brice Hortefeux et Eric Besson détaillaient l’ensemble de l’arsenal juridique dont disposent les préfets pour procéder aux évacuations. Ils leur demandaient d’exploiter toutes les possibilités offertes par le code pénal. Et dans un souci d’accélérer la procédure, les enjoignaient »Ã informer le propriétaire (du terrain occupé, ndlr) et à l’inviter à saisir le juge compétent pour obtenir une décision d’expulsion.« Le texte poursuivait : » Une fois la décision de justice rendue, vous devez procéder le plus rapidement possible à l’opération d’évacuation.« Le second document en date du 5 août, cible nommément et »en priorité« la population rom. Il chiffre les nouveaux objectifs de chaque préfet de zone : » la réalisation minimale d’une opération importante par semaine (évacuation, démantèlement ou reconduite), concernant prioritairement les Roms. ". Ainsi ce n’est pas le trouble qui justifie la condamnation mais bien la volonté de réaliser des objectifs chiffrés.
Enfin la dernière circulaire datée du 9 août se soucie de l’écho médiatique : « Je vous remercie de veiller à m’informer préalablement de toute opération d’évacuation revêtant un caractère d’envergure ou susceptible de donner lieu à un écho médiatique. »
Conclusion : quand Eric Besson, sommé par le Parlement européen de s’expliquer sur les récentes reconduites à la frontière de familles roms, assure que « la France n’a pris aucune mesure spécifique à l’encontre des Roms », eh bien il ment !
Les circulaires du ministère de l’Intérieur montrent que les Roms ont été collectivement visés par le gouvernement, bafouant la législation européenne qui proscrit les déplacements groupés de population. A qui le tour demain ?
On peut y lire les trois circulaires.
Discrimination envers les Roms : la Halde muselée
[Le discours de Grenoble, juillet 2010, bilan -< http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/30/ce-que-nicolas-sarkozy-a-fait-du-discours-de-grenoble_1553877_823448.html]