Ecrit le 6 juin 2012
En finir avec les fous
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé ce mardi 29 mai que la réduction des écarts de salaires au sein de la fonction publique, prévue dans le programme de François Hollande, serait appliquée aux « contrats en cours ». Il est question d’un écart de 1 à 20, le PDG percevant 20 fois plus que le salarié le moins bien payé. Mais on ignore encore sur quelle base le rapport de 1 à 20 sera calculé : salaire minimum, salaire le plus bas pratiqué dans l’entreprise, salaire médian ? En tout cas, si un salarié perçoit 1000 € par mois, le PDG percevra 20 000 €. Yadekoi vivre !
Concrètement, plusieurs centaines d’entreprises, détenues majoritairement par l’Etat, devraient être concernées, même si les plus emblématiques (La Poste, SNCF, Areva, EDF, Française des Jeux...) sont évidemment celles qui sont les plus visées, comme le rappelait le magazine Challenges pendant la campagne présidentielle.
Le PDG d’EDF perdrait ainsi 66 % de sa rémunération. En 2010 il a eu une rémunération fixe de 1 million d’euros. En postulant que le salarié le moins bien payé d’EDF est au Smic, la nouvelle règle lui imposerait donc, au minimum, une baisse de salaire de près de 66,6% (665.000 euros). Mais il ne faut pas oublier qu’il a eu en 2010 une rémunération variable, qui peut s’élever jusqu’Ã 600.000 euros
Reste à savoir comment la mesure sera appliquée dans le détail. Si la limitation ne concerne que la part fixe de la rémunération des PDG du public, ce qui semble être la piste privilégiée, certains pourraient être tentés de demander le transfert d’une partie de leur rémunération sur leur part variable, voire de la convertir en avantages en nature
Remboursez !
Jean-Paul Herteman, PDG de Safran, s’est vu refuser le parachute doré et la retraite-chapeau qui avaient pourtant été votées « à l’unanimité » le 21 avril 2011 par les 15 membres du Conseil d’administration, dont quatre représentants de l’État sous Sarkozy (soit environ 2,8 millions d’indemnité , et une retraite supplémentaire). Cette fois-ci, l’État a profité des 30 % de parts qu’il détient dans Safran pour voter contre ces résolutions, le 31 mai 2012.
Quant à l’ex-directeur général d’Air-France, il a déjà reçu, en plus de ses indemnités de départ, une prime de 400 000 euros en octobre 2011, prime dont la ratification était soumise aux votes des actionnaires le 31 mai 2012. La ratification a été refusée, notamment par le vote négatif des représentants de l’Etat. Mais M. Gourgeon a dit qu’il ne rembourserait pas. Air France-KLM a lancé en janvier 2012 un plan d’économies de deux milliards d’euros à l’horizon 2015, dont les mesures structurelles doivent être arrêtées prochainement pour une mise en œuvre dès l’été. La compagnie évoque un sureffectif dont le chiffrage a été renvoyé à la seconde quinzaine de juin.
Les salaires : fous : sont plus nombreux qu’on ne croit. Le directeur général de la Caisse des dépôts touche 500 000 € par an environ (bonus compris). Celui de la CNP (caisse nationale de prévoyance) : un million d’euros (soit environ 83 000 € par mois). Le président de cette même CNP (poste surtout honorifique) se contente de 450 000 €.
Après les élections, selon la CGT, 45 000 emplois seraient menacés. Selon Le Parisien, pas moins de 90 000.