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ECRIT EN SEPTEMBRE 2000 :
Suicide et mal être des jeunes
Les 19 et 20 septembre 2000 se tient à Nantes, une conférence sur le suicide et le mal-être des jeunes.
Un suicide toutes les 40 secondes
Le suicide est un phénomène complexe qui a toujours suscité l’attention des philosophes, des théologiens, des sociologues, des artistes et même des écrivains (citons par exemple l’essai philosophique Le Mythe de Sisyphe publié par Albert Camus en 1942)
Le suicide est un sérieux problème de santé publique puisque l’OMS estime qu’un million de personnes se suicideront en cette année 2000, ce qui représente, à l’échelon mondial, plus de morts que l’ensemble des guerres. Il faut y ajouter 10 à 20 millions de tentatives de suicide chaque année. Le suicide est devenu l’une des trois causes principales de décès chez les 15-35 ans, alors que, jusqu’Ã présent, il concernait plutôt les personnes âgées.
Depuis 1945, le taux de suicide a augmenté de 60 %, passant notamment de 16 à 25 pour 100 000 habitants chez les hommes. Les femmes sont moins touchées : 6 suicides pour 100 000 femmes, un taux quasiment stable.
Lourds retentissements
Le suicide est bien un problème de santé publique, en raison du retentissement qu’il peut avoir sur l’entourage. On estime qu’en moyenne six personnes sont intimement touchées par cet acte désespéré, mais que cela peut aller jusqu’Ã des centaines de personnes quand il s’agit du suicide d’un jeune scolaire ou d’un travailleur sur son lieu de travail.
Lors du congrès de l’association mondiale de psychiatrie, qui s’est tenu à Genève du 26 au 30 juin, les spécialistes se sont interrogés sur les moyens de prévention du suicide, notamment à partir d’un rapport du Docteur Jean-Pierre Soubrier du Groupe Hospitalier Cochin à Paris.
Les médecins généralistes sont évidemment en première ligne dans cette action de prévention, puisqu’on estime que 40 à 60 % des personnes qui réussissent leur suicide ont vu leur médecin dans le mois précédant l’acte fatal. « Le suicide n’est pas en lui-même une maladie, ni même la manifestation d’une maladie, mais les troubles mentaux représentent 80 à 100 % des causes de suicide » dit le rapport établi à l’issue du Congrès de l’association mondiale de psychiatrie qui estime, il fallait s’y attendre, que la consultation d’un psychiatre est un premier pas dans la prévention du suicide. On peut ne pas être d’accord quand on voit que la plupart des psychiatres se contentent d’administrer des médicaments qui « assomment » la personne mais ne lui permettent pas de résoudre les problèmes de fond qui causent ses troubles mentaux.
Dire « troubles mentaux », ne signifie pas « maladie » : tristesse persistance, perte d’intérêt pour les choses de la vie, extrême fatigabilité, perturbation du sommeil, douleurs diffuses du corps, sont des signes d’une possible dépression. La Suède, par exemple, a mené une campagne d’information auprès de ses médecins, pour les inciter à mieux prendre en considération les phénomènes de dépression, et limiter ainsi les risques de suicide.
Causes du suicide : la politique aussi
Les autres causes de suicide sont à rechercher du côté de l’alcoolisme (surtout chez les jeunes) et de troubles liés au chômage (causes extérieures) ou à certains types de personnalité ou de comportement (causes intérieures) comme l’anxiété, la boulimie ou l’anorexie, les comportement agressifs, ou à la permanence de maladies physiques ... ou à d’autres facteurs plus politiques : c’est ainsi, par exemple, que lors du congrès de l’Association mondiale de psychiatrie, le docteur Gaileine (département de psychiatrie, université de Vilnius, Lituanie) a expliqué que son pays avait, avant la deuxième guerre mondiale, un taux de suicide comparable à celui des pays occidentaux, que ce taux a notablement augmenté durant l’occupation par l’URSS avant de diminuer sensiblement pendant la Perestroïka. « Depuis 1990, le nombre des suicides a une nouvelle fois augmenté, a-t-il expliqué. Cette augmentation est peut-être à la mesure des espoirs déçus après les changements économiques et politiques qui se sont produits dans notre pays. »
Le suicide frappe toujours plus les hommes que les femmes (sauf en Chine où c’est l’inverse). Globalement la solitude, la séparation conjugale, sont des facteurs de risque suicidaire .
Le mariage, apparemment, protège les hommes du suicide. C’est moins le cas pour les femmes.
Les professions médicales semblent plus sujettes que d’autres au suicide (vétérinaire, médecin, pharmacien). Les chômeurs aussi, sans que l’on sache exactement le rôle que jouent, dans ce cas, la pauvreté, les difficultés quotidiennes et le manque d’espoir
Mythes
L’Organisation mondiale de la santé appuie les programmes nationaux visant à réduire de 10 à 20 % les taux de mortalité par suicide. Des actions de formation des soignants, une meilleure prise en charge des « personnes à risque » (dont l’OMS donne une liste détaillée sur son site)
L’Organisation Mondiale de la Santé met aussi en garde contre certains « mythes » comme celui-ci : « une personne qui parle de suicide, passe rarement à l’acte ». L’OMS répond : « la personne qui se sent en difficulté lance des messages d’appel, dont il faut tenir compte »
On croit aussi qu’il faut éviter de parler du suicide à une personne que l’on sent suicidaire. L’OMS dit au contraire que le fait d’en parler franchement permet de réduire l’anxiété et de faire sentir au suicidaire qu’on a compris son malaise.
Mais, en tout état de cause, les choses ne sont pas simples du tout et le rapport de l’OMS multiplie les conseils, les mises en garde, les explications.
Les personnes intéressées peuvent les retrouver sur le site internet de l’OMS :
http://www.who.int/mental_health/Suicide/index.html qui donne aussi des références de livres à consulter.
En mal d’amour
En France, la Bretagne détient le record des suicides avec 1000 décès par an.
La Région Pays de Loire suit de près avec environ 800 par an, plus que par les accidents de la route, plus que par l’alcoolisme. Le taux de suicides y est supérieur à la moyenne nationale (+ 21 % pour les hommes et + 26 % pour les femmes).
Les hommes de 25 à 45 ans, surtout célibataires sont les plus touchés. SOS AMITIE reçoit 20 000 appels par an, dix fois plus qu’il y a 30 ans.
« En fait, les appelants ne veulent pas mourir, ils veulent une autre vie, meilleure. Ils sont en » mal-amour « , ils veulent parler, ils ont surtout besoin d’être aimés »
SOS amitié :
Nantes : 02 40 04 04 04
Rennes : 02 99 59 71 71
http://www.infosuicide.org
(écrit le 2 octobre 2002)
Etonnant : Des taux de suicide significativement plus élevés ont été observés en Australie et en Angleterre au siècle dernier alors que les conservateurs étaient au pouvoir. Une équipe de chercheurs, dirigée par le professeur de santé publique Richard Taylor de l’université de Sydney, a analysé les données de 1901 et 1998 concernant l’état le plus peuplé d’Australie, les Nouvelles Galles du sud, au vu de la couleur politique des gouvernements en place.Quand les conservateurs étaient au pouvoir, à la fois au niveau fédéral et local d’état, l’excès de risque de suicide était de 17 % chez les hommes et de 40 % chez les femmes, comparé aux périodes où les travaillistes étaient aux commandes. Les personnes d’âge mûr et les plus âgées comptaient parmi les plus à risque.L’analyse tient compte des périodes de sécheresse, marquées par des taux de suicide élevés en milieu rural, et de la seconde guerre mondiale, pendant laquelle le nombre de suicides a baissé. Selon les chercheurs, en temps de guerre, la cohésion sociale plus forte aide les plus vulnérables, les plus isolés. Les politiques conservatrices traditionnellement plus centrées sur le marché que sur l’intervention sociale, génèrent une désaffection et un sentiment d’exclusion parmi ceux qui ne peuvent pas suivre... et préfèrent mourir.
A Châteaubriant, l’hôpital de jour a 20 ans
Coordonnées : 19 rue du 8-mai-1945
44110 Châteaubriant, tél 02 40 81 80 48
Le suicide dans la région de Châteaubriant
Ballade de l’espoir perdu
A lire sur : http://www.suicide-quebec.net/sujetdivers.html
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