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Ecrit le 28 mai 2014
PIB : controversé
Nous avons déjà expliqué que le critère économique : « ne pas dépasser un déficit de 3 % du PIB » n’a aucun fondement économique ! [Revoir La Mée du 23 avril -> http://goo.gl/OyG1WG]
Le PIB (Produit Intérieur Brut) est lui-même un indicateur controversé. Il prend en compte la valeur totale, à prix constants, de la production interne de biens et services dans un pays. Ce faisant, il ne tient compte que d’une partie de l’activité économique, celle du travail monétarisé. Et surtout il additionne des torchons et des carottes : par exemple une augmentation des frais médicaux due à l’accroissement des maladies professionnelles engendre une augmentation du PIB. Ce n’est pas pour autant une variation positive de la croissance économique ! De même, l’an prochain, les revenus estimés de l’économie criminelle seront intégrés dans le calcul du PIB italien ! Il existe un autre indicateur, plus pertinent mais moins employé, le IDH (Indice de développement Humain), calculé à partir de la moyenne du PIB par habitant, de l’espérance de vie à la naissance et du niveau d’instruction.
Donc, tenir compte des 3 % (chiffre arbitraire du PIB (indice controversé), ce n’est pas sérieux ! (mais c’est commode pour imposer ’’des choses’’ aux citoyens).
La dette par habitant
Et si on faisait d’autres calculs ? La revue Challenges s’y est essayée et les résultats sont surprenants. Elle a calculé le montant de la dette d’un pays par rapport à ses habitants.
Portugal : en 2013, le déficit public s’établissait à 4,9% du PIB. L’endettement du pays s’est envolé ces dernières années sous le poids de la crise. L’an passé, il atteint un niveau record de 129% du PIB, soit 15.780 euros par habitant.
Espagne : la dette publique a terminé 2013 sur un nouveau record historique : 93,9% du PIB. En montant brut, l’endettement de l’Espagne atteignait 960,640 milliards d’euros au quatrième trimestre, contre 884,731 milliards un an plus tôt. Rapporté à la population du pays, cela représente 20.929 euros par habitant.
Allemagne : la dette publique a reculé pour la première fois en 2013, mais représente toujours 2.044 milliards d’euros (-28 milliards par rapport à 2012), soit 74,6% du PIB. Chaque Allemand supporte potentiellement une dette publique de 24.896 €.
Grèce : avec une nouvelle contraction de 3,9% en 2013, le PIB de la Grèce s’est au total rétréci, entre 2008 et 2013, de 24%. Entre 2012 et 2013, la richesse nationale du pays a baissé de 11 milliards, passant ainsi de 193,3 à 182,1 milliards d’euros. Malgré un excédent primaire en 2013 de 1,5 milliards, la dette rapportée au PIB a continué de progresser. Ce ratio atteint 175,1% du PIB fin 2013 contre 157,2% un an plus tôt, soit 318,9 milliards d’euros cumulés. Cela fait 28.217 € par Grec.
France : à la fin de l’année 2013, la dette publique de la France s’établissait à 1.925 milliards d’euros, soit 93,5% du PIB. Fin 2012, la dette atteignait 90,6% du PIB. Cela représente 29.300 euros par habitant.
Angleterre : la dette du Royaume-Uni représente 31.712 euros par habitant en 2013. Avec une dette représentant 107 % du PIB, le Royaume-Uni a cumulé 2.032 milliards d’euros de dette.
Italie : la dette publique a inscrit un nouveau record, à 132,6% du PIB en 2013, après 127% en 2012. L’Etat italien cumule ainsi 2.068 milliards d’euros de dettes, soit 33.910 euros par Italien.
La Belgique est lestée par une très lourde dette, équivalant à 101,5% du PIB à fin 2013 (+0,4% de plus en une année). Cela représente 387,1 milliards d’euros soit 34.875 euros par citoyen belge.
Les Etats-Unis traînent une dette colossale de 12.800 milliards d’euros en 2013, soit 39.850 euros par citoyen américain. En septembre 2008, la dette américaine atteignait 72% du PIB alors qu’en 2013 elle était de 111% du PIB.
Japon : avec une dette représentant 245% de sa richesse nationale, le Japon est de loin le pays le plus endetté dans le monde. En juin 2013, la dette a même passé le cap symbolique du million de milliards de yen. Fin 2013, la dette représentait 9.040 milliards d’euros, soit 71.015 euros par Japonais.
[Source : revue Challenges :> http://goo.gl/jX7Zc4]
La banque vend la mèche
Dans un document daté du 14 mars 2014, la banque d’Angleterre explique que la création monétaire est effectuée par les banques commerciales à chaque fois qu’elles émettent un crédit pour un client, c’est-Ã -dire :
- - La monnaie, c’est la dette, et la dette, c’est la monnaie.
- - Pour chaque centime de monnaie, il existe un centime de dette.
- - Si nous voulons davantage de monnaie dans l’économie, il faut s’endetter encore plus.
- - Si l’on essayait de rembourser toute la dette, il faudrait vider tous les comptes et il n’y aurait plus un centime de monnaie et l’économie serait bloquée.
Voir ici « la banque vend la mèche »
Faire la fête de la dette
L’association ATTAC est partenaire d’une « Fête de la dette » organisée ... à Paris (dommage !) le 31 mai : « La dette est un dossier trop important pour le confier à des experts ».
Un spectacle ludique, populaire et éducatif autour de La Dette, orchestré de façon virtuellement naïve et réellement humoristique, sera donné par Christophe Alévêque, avec la participation d’économistes réputés qui se succéderont sur scène. « Nous allons aborder ensemble, sans angoisse et sans peur ce sac de noeud qu’on appelle : ’’Le problème de la dette’’. Trop compliqué ou sciemment complexifié, il ennuie ou effraie. Nous allons vulgariser le propos, dynamiter les évidences, démystifier les croyances, pointer les erreurs, souligner les paradoxes, pour que plus jamais l’on puisse nous dire : ’’On s’en occupe, allez jouer dans le bac à sable’’. Bref, s’approprier cette dette »
Les bénéfices dégagés iront au Secours Populaire , partenaire de l’événement. L’ensemble de la fête fera l’objet d’un documentaire diffusé prochainement à la télévision.
La croissance c’est Godot (vous savez, celui qu’on attend toujours) et les 3% c’est la Trinité ! « La dette a toujours existé et existera toujours. Alors prenons du recul, respirons, pensons ! Vive la dette ! ».
Et halte à ces Cassandre qui annoncent le pire pour nous faire avaler le mauvais. Il y a d’autres critères que ceux du CAC 40 ! Ces 40 dernières années, l’humanité s’est considérablement développée. Les progrès technologiques accomplis sont impressionnants. Les progrès humains sont aussi gigantesques à l’échelle de la planète. démocratisation, alphabétisation, droit des minorités, respect des différences, égalité, écologie : la part de la population mondiale bénéficiant de ces progrès n’a pas cessé d’augmenter. L’humanité s’est aussi développée intellectuellement.... Alors, halte à la sinistrose !