Accueil > Thèmes généraux > Agriculture > Mille vaches et une aberration
Ecrit le 4 juin 2014
Mercredi 28 mai, quatre personnes de la Confédération Paysanne et le porte-parole de ce syndicat ont été mis en garde à vue. Ils sont sortis au bout de 48h et comparaîtront le 1er juillet pour recel et vol aggravé. Ces syndicalistes assument l’action syndicale qu’ils ont menée au chantier de la ferme des « mille vaches ».
La ferme des « mille vaches » est un projet d’implantation d’une étable de 1000 vaches laitières, 750 veaux et un méthaniseur sur les communes de Drucat-le-Plessiel et Buigny-Saint-Maclou, près d’Abbeville, dans la Somme. Ce projet, selon ses promoteurs, pourrait créer de l’emploi, faire baisser le prix du lait et offrir un revenu fixe pour les producteurs laitiers du coin. Les promoteurs du projet auraient en effet proposé aux éleveurs laitiers de céder leurs quotas et la possibilité d’épandre sur leurs terres contre 2000 euros par mois jusqu’Ã la retraite. C’est vrai que ça peut faire rêver un corps de métier qui subit de plein fouet le capitalisme ambiant. Mais à quel prix allons-nous devoir payer leur salaire ?
Les vaches qui seront en grande concentration, seront plus souvent malades, prendront donc plus d’antibiotiques et développeront donc plus d’antibio-résistance. Nous boirons leur lait (moins cher ?), mangerons les légumes nourris avec leurs bouses et serons nous aussi plus antibiorésistants. Finies les vertes pâtures et les balades entre la salle de traite et le champ, ce sera un box chacune et de la nourriture importée voire OGM. En même temps, nous-mêmes vivons de plus en plus dans des box alors on peut bien y mettre des vaches. Et puis c’est tellement mieux quand on peut augmenter le taux de carbone dans l’air ! En espérant qu’ils mettent beaucoup de pesticides pour produire leurs aliments pour vaches !
Le méthaniseur est considéré comme agricole malgré la taille de celui-ci. Il n’y aura donc pas de normes de sécurité industrielle. Les deux communes comptaient respectivement 865 et 515 habitants en 2011, ce ne sont pas 1000 vaches qui vont les tuer ! Ne parlons plus du petit producteur laitier, lui, c’est sa mort annoncée.
L’acharnement des habitants et élus des environs a tout de même fait baisser à 500 le nombre de vaches. Mais les équipements restent les mêmes, les syndicalistes pensent donc qu’il s’agit d’une mesure pour faire descendre les tensions mais que les mille vaches arriveront après. Depuis 2011, les opposants au projet utilisent les moyens légaux, mais rien n’y fait. Alors ils ont utilisé une autre manière d’agir en démontant des pièces centrales de la salle de traite mais en ne cassant rien. C’était sûrement trop ou pas assez radical car ils ont fait deux jours de garde à vue. A leur sortie, les militants ressentent un sentiment d’injustice. « Quand on voit d’un côté Claude Guéant repartir tranquillement chez lui, et de l’autre Laurent Pinatel traité comme un chien, on se dit qu’il y a deux poids deux mesures », « C’est une justice à deux vitesses ». Comment penser autrement quand on sait que les plaintes déposées par les militants pour menaces de mort, travaux sans autorisation et non conformes au permis de construire n’ont pas eu de suite ?
Plusieurs milliers de personnes s’opposent à un projet sur leurs terres, mais un industriel est plus écouté. Il ne faut alors pas s’étonner que le conseiller en agriculture de François Hollande ait été retenu, pas s’étonner que les modes d’actions deviennent illégaux, pas s’étonner que le PS se soit pris une grosse claque.
signé : PL
Ecrit le 4 juin 2014
Quel extrémisme !
Mercredi 4 juin, les pouvoirs publics, par la voix du Parquet, font appel du jugement du tribunal correctionnel de Nantes du 07 août dernier, relaxant un paysan de Copain 44 du refus de don d’empreintes digitales et requalifiant le délit d’obstruction de la voie publique en simple infraction de stationnement gênant. Ce paysan avait placé un tracteur, emblème de la lutte à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs, devant la gendarmerie de Châteaubriant, lors d’une manifestation de soutien à un paysan retenu en garde à vue. décidé collectivement par l’ensemble des manifestants, cet acte était volontairement symbolique. Le 13 mai dernier, la même cour d’appel, devant rejuger un autre paysan, a entendu un procureur véhément le décrire comme le pire des extrémistes et réclamer l’alourdissement de sa condamnation. Dans un communiqué, le COPAIN 44 dénonce « la remise en cause délibérée de la liberté de manifester, caractérisée par la répression policière, les arrestations et les condamnations de manifestants lors des derniers grands rassemblements ».[Ndlr : cela se manifeste aussi à propos de la ferme des 1000 vaches.][lire ci-dessus].
Ecrit le 11 juin 2014
1000 vaches, pour libérer les femmes
Voilà un aspect des choses auquel nous n’avions pas pensé : la ferme des 1000 vaches s’inscrit dans le progrès social. En effet, selon un dossier paru dans le journal « Grands troupeaux magazines » avec interview de Michel Welter, responsable de la mise en œuvre de ce projet :
« Nous sommes repartis d’Allemagne avec une tout autre idée. C’est la gestion des ressources humaines qui a décidé de la taille de la ferme des 1000 vaches. Les éleveurs allemands nous ont mis en garde sur la taille du troupeau.... ». Ainsi selon Michel Welter, « de 0 à 50 vaches une exploitation peut faire vivre une personne sans trop de difficultés. De 50 à 100 bovins laitiers, un couple a de quoi subvenir à ses besoins. De 100 à 200 animaux, l’élevage peut se permettre d’employer un à 2 salariés. Mais entre 200 et 500 vaches c’est l’enfer ! La législation sur le temps de travail, la prise de congés.... »
« Une fois opérationnel, l’élevage devrait employer 10 à 12 équivalents temps plein. Trois traites quotidiennes... première traite à partir de 4 heures du matin. Les femmes constituent les meilleures opératrices. Nous avons calé les horaires pour que les futures salariées puissent travailler et s’occuper de leurs enfants » ...
Au 21e siècle comme au 19e, les femmes auront le privilège d’être au boulot et en plus elles pourront garder les gosses, c’est le retour des valeurs sûres avec ce petit truc en plus, qui montre que nous sommes dans l’ère de la modernité de cette époque décidément formidable, De plus, les femmes verront améliorer la définition de leur statut puisque dorénavant elles seront « opératrices en salle de traite » et là franchement je dis bravo !
Elle est pas belle la vie ? nous écrit une agricultrice qui précise : « La quantité de lait par vache et par année en système conventionnel est assez élevée autour de 8000 litres/an (certains élevages très productifs vont jusqu’Ã 10000 l de lait par vache). Sur une ferme conduite en bio, la productivité est moindre (5500/6000 l par an) car la vache n’est pas alimentée avec une ration maïs/soja, mais avec de l’herbe, du foin, du maïs aussi et des céréales produites sur la ferme. Sur notre ferme bio nous avons 60 vaches et nous dégageons trois salaires (le nôtre et celui de notre salarié) et nous vivons bien ».
Ecrit le 27 novembre 2019
1069 vaches
A Digoin, Saône et Loire, il y avait un projet de ferme-usine de 4000 vaches, il a été refusé en mai 2018. Actuellement il y a un projet de ferme-usine de 1069 vaches à Houlbec dans l’Eure. Le Commissaire enquêteur a donné un avis défavorable. Le projet est porté par un investisseur belge, possédant déjà 500 vaches. Les habitants du village se plaignent des nuisances olfactives, de l’invasion de mouches et des nuisances liées à la circulation des camions et engins agricoles.
L’exploitant prévoit d’aller à 1069 vaches et d’exporter près de 5,4 millions de litres de lait vers la Belgique ; les veaux seraient abattus aux Pays-Bas pour être ensuite exportés en Italie et en Espagne. En doublant le nombre d’animaux, ce projet ne créerait qu’un seul emploi supplémentaire ! Pire, le commissaire enquêteur a découvert au cours de son enquête publique que la mortalité des jeunes bovins sur le site actuel est plus élevée que la moyenne des élevages du département. Et le maire se soucie de compter dans son village presqu’autant de vaches que d’habitants.