Ecrit le 23 mars 2016
Maux de tête persistants, schizophrénie, psychose, dépression, démence, tentatives de suicide : la panoplie du mal-être est hélas très riche et la maladie mentale peut toucher tout le monde, même les personnes bien insérées dans la société, même les personnes ayant une vie intense et passionnante. En témoignent des livres comme ceux de Philippe Labro ’’Tomber sept fois, se relever huit’’ ou de Guy Birenbaum ’’Histoire d’une dépression française’’. Savoir qu’on peut tomber malade, savoir qu’on peut se relever.
La maladie mentale, comme la maladie physique, nécessite du temps et des soins. Quand elle est trop intense, il peut être nécessaire de faire appel à une hospitalisation de longue durée (Pont-piétin à Blain) ou épisodique (Hôpital de jour de Châteaubriant). Visite.
En ce 16 mars 2016, Nathalie et Mireille, détendues et souriantes, accueillent les visiteurs. Elle sont usagers de cet hôpital de jour, contentes de faire découvrir cette structure qui les aide à guérir ou, au moins, à accepter la maladie, à vivre avec, du mieux qu’elles peuvent.
La structure de Châteaubriant est une alternative à l’hospitalisation par le biais d’une programmation intensive d’activités. Son objectif : diminuer la durée de séjour de l’hospitalisation, maintenir la personne dans son milieu naturel, diminuer l’inten-sité des symptômes, favoriser l’élargisse-ment du champ social, le maintien ou le rétablissement de l’insertion familiale, pro-fessionnelle et sociale en stimulant et en entraînant les capacités cognitives, psychiques, sensorielles et d’expression.
Les personnes viennent en taxi ou par leurs propres moyens. Le lundi matin est un rendez-vous collectif pour parler du week-end, et organiser la semaine. Les soignants sont attentifs à chacun et reçoivent individuellement, après la réunion, ceux qui le souhaitent. Les autres préparent le repas fourni par le Centre hospitalier : mettre la table, faire le service, faire la vaisselle. Occasion de rencontrer les autres, de trouver sa place, d’exister par les liens du quotidien.
Les autres jours, les personnes viennent selon le programme qui leur a été fixé. Compétences, percussions, cinéma, piscine, sport, rando, ergo-création, pâtisserie, équithérapie.
L’activité percussion se déroule au Conservatoire de Châteaubriant qui met un professeur de musique à disposition.
Cela favorise : l’écoute, l’expression non verbale, l’expression verbale des émotions, des impressions, des senti-ments, des idées, la formulation des de-mandes, la confiance dans les capacités personnelles.
Cela facilite : l’autonomie, la respon-sabilisation, la différenciation dans le grou-pe, la capacité à choisir.
L’atelier cinéma est animé par un infirmier et une psychologue : travail autour du choix du film et de la dynamique de groupe (négociation, positionnement, etc.). Ses objectifs : développer et faciliter l’argumentation, la prise de parole, l’expression du ressenti émotionnel. Favoriser l’écoute, la concentration, l’attention. Cheminer entre symbolique et représentation, imaginaire et réalité. Prendre du plaisir.
L’activité randonnée est très bénéfique aussi : outre la découverte de l’environnement extérieur du patient (Châteaubriant et les communes voisines), elle permet de
se repérer sur une carte, être sensibilisé aux différents repères dans la nature. Se situer dans le temps au fil des saisons (fleurs, fruits, faune, flore). Etre habillé en fonction du temps, de la saison. Se mobiliser pour un effort. Permettre de s’inscrire dans un groupe, dans un contact simple de sociabilité. Faire preuve d’initiative et d’adaptation à un éventuel imprévu ou une éventuelle difficulté se présentant pendant le parcours.
Confiance
Chacune des autres activités a aussi son intérêt thérapeutique. « Ici c’est moins de solitude. On pense moins aux problèmes de santé que l’on a » dit une personne. « Faire des activités permet d’oublier la maladie » . « Nous sommes là pour nous soigner, pour retrouver un équilibre. Les encadrants nous aident beaucoup. Nous pouvons leur dire ce qui nous soucie et, ensemble, nous voyons comment réagir ».
« Je suis beaucoup plus calme depuis que je viens ici et c’est tout bénéfique pour mes enfants. Je reprends confiance ».
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Ecrit le 23mars 2016
80 % avant 25 ans
L’immense majorité des jeunes (95 %) se déclarent « heureux et intéressés par la vie. » c’est aussi le sentiment de leurs parents (98 %) et de leurs enseignants (86 %).
Cependant un peu plus d’un tiers d’entre eux (37 %) se sentent souvent « stressés » ,
En outre, plus d’un jeune sur deux (55 %) a été gêné dans sa vie quotidienne par des symptômes de difficulté mentale (anxiété, phobie, dépression, paranoïa), un sur cinq (22 %) de manière importante.
Les trois quarts des maladies mentales se déclarent avant l’âge de 25 ans, 80% des troubles psychotiques se révèlent entre 15 et 25 ans. Leur dépistage précoce est donc une des conditions pour le succès de leur prise en charge.
Contrairement à ce qui est généralement présupposé, l’immense majorité des jeunes (87 %) est prête à en parler à quelqu’un, quoique la proportion soit moindre (67 %) pour ceux qui sont directement concernés. Plus des trois quarts d’entre eux (71 %) pensent qu’un membre de leur famille est la personne la mieux placée pour cela. La sensibilisation des parents est donc un enjeu crucial.
Cependant, jeunes, parents et enseignants se disent mal informés et démunis. En particulier, 92 % des enseignants ignorent la conduite à tenir en cas de problème de santé mentale. Effectivement, leurs connaissances sont contrastées, entre une bonne appréciation de certains facteurs de déclenchement (choc émotionnel, consommation de drogues, précarité, etc) et la survalorisation de certains autres dont la nocivité n’est pas prouvée (télévision, jeux vidéo, internet).
Source : sondage du 2 au 12 février 2016 auprès de trois échantillons représentatifs : 603 jeunes, 601 parents et 235 enseignants, pour la Fondation Pierre Deniker.
Ecrit le 23 mars 2016
Mais pourquoi ?
L’individualisme croissant de notre monde, avec sa focalisation sur l’argent, la renommée et l’image, tend à décupler l’anxiété. Pour le Dr Jean Twenge, psychologue à l’université de San Diego en Californie, tous ces changements ont permis de nombreuses avancées sociales, notamment en favorisant l’autonomie mais « il faut avoir conscience que le coût de plus de liberté et d’égalité, c’est une augmentation de l’anxiété et de la dépression. »
Autre caractéristique moderne : les troubles du sommeil. téléphone portable, ordinateur portable, tablette et autres objets connectés en permanence perturbent le sommeil et accentuent les difficultés mentales. Les 18-24 ans sont un sur quatre à ne jamais déconnecter pendant les vacances. Il est bon que les parents le sachent...
Ecrit le 30 mars 2016
Parole citoyenne
détresse psychique et parole citoyenne
Très intéressante semaine de la santé mentale à Châteaubriant avec Portes Ouvertes au GEM (groupe d’entraide mutuelle), 36 rue Fontaine St Jean (07 83 80 36 79). l’association dont les locaux sont ouverts du lundi au samedi inclus, met en œuvre des actions afin de répondre à trois objectifs :
- rompre l’isolement, facteur d’aggravation de la souffrance psychique,
- accéder à la culture et aux loisirs afin de se ressourcer,
- prendre pleinement sa place de citoyen et pouvoir user de sa capacité de faire des choix.
L’association s’adresse à tous, mais d’abord aux personnes en fragilité psychique. Elle est gérée par ses usagers. Il ne s’agit pas de ’’faire pour ces gens-là ’’ mais de les inciter à faire eux-mêmes. Cuisine, informatique, salon de coiffure, arts décoratifs, sorties, participation à la vie sociale. Chacun peut proposer, être tour à tour bénéficiaire et animateur des activités.
L’écrivain Didier Daeninckx est venu présenter son livre ’’Caché dans la maison des fous " histoire de l’asile de fous de Saint-Alban en Lozère, où deux psychiatres organisent la résistance à l’embrigadement des fous et à leur négation. C’est là que s’est caché l’écrivain Paul Eluard, recherché par la Gestapo.
Puis a été présenté le film « Hors les murs » réalisé par le GEM de Vannes, avec notamment la présence de sa présidente Armelle Hangouë t (photo)
Il y a été question de la maladie psychique, du poids du regard des autres « souvent plus lourd à porter que la maladie elle-même », des personnes enfermées en elles-mêmes. Rompre l’isolement de soi-même et des autres, réaliser qu’on peut dépasser un handicap psychique, aider les autres, témoigner aussi. Au point que des adhérents du GEM-Vannes témoignent de leurs difficultés, mais aussi de leurs capacités, devant un public d’étudiants préparant un diplôme d’assistante sociale et de travailleur familial. « Donnez-nous la parole » disait un jour une personne en situation de fragilité. Elle a compris depuis que ’’une parole, cela se prend’’ et que l’expression des personnes malades est aussi importante que celle des familles et de soignants.