Accueil > Châteaubriant > Transports, routes, SNCF > Notre-Dame-des-Landes > NDDL, les résultats du vote du 26 juin 2016
Sommaire
Ecrit le 27 juin 2016
Châteaubriant : un oui massif à l’aéroport avec 73,3 % des votants. Pour les 212 communes de Loire-Atlantique, le OUI compte 55,17 % des voix, les 10 communes ayant voté OUI le plus massivement sont dans notre coin : Ruffigné (85,1%), Lusanger, Noyal, La Meilleraye, St Sulpice des L, Issé, St Julien, Moisdon, Louisfert, St Vincent.
Le maire de Châteaubriant (par ailleurs Conseiller Régional) a exprimé sa satisfaction disant que cet aéroport sera à une demi-heure de Châteaubriant avec possibilité d’y aller en Tram-Train et par une voie rapide [puisqu’il compte sur une amélioration de l’axe routier St-Nazaire/Laval], et parce que Rennes ne sera bientôt qu’Ã 1h30 de Paris. Bref « Notre territoire a tous les atouts en mains pour l’avenir » dit-il.
Tram-Train problématique
Sauf que . l’accès à Notre-Dame des Landes par Tram-train est seulement envisagé et le rapport des experts (Caussade-Forray-Massoni) dit, en page 56 : « Le projet est coûteux, 128 M€ pour l’emprise, plus 41 M€ pour le matériel roulant. Le temps de parcours depuis la gare de Nantes est de 38 minutes, équivalent à celui du bus, avec une fréquence horaire à bi-horaire. Le taux de couverture par le prix du billet est médiocre. Ces données conduisent à s’interroger sur la pertinence d’un tel investissement pour la desserte du site de Notre-Dame-des-Landes. Compte tenu des délais de procédure d’enquête et de marché, puis de travaux, la mise en service n’interviendrait que 7 ans après la décision, qui n’est pas prise »
A Nantes et Paris, Bruno Retailleau, Philippe Grosvalet, Michelle Meunier, Jean-Marc Ayrault, Christophe Clergeau et d’autres se réjouissent des 55 % remportés par le OUI. Manuel Vals dit que les travaux commenceront à l’automne 2016, Nicolas Sarkozy donne son appui à l’aéroport. Toutes opinions politiques confondues, les leaders politiques sont favorables à cet aéroport et bien décidés à le faire vite.
Enlisement
Pourtant, comme dit Sophie Bringuy (EELV), le dossier risque fort de s’enliser. Les opposants au projet, plus déterminés que jamais, n’entendent pas respecter le vote du 26 juin Ils affirment : « Notre lutte se poursuit dès ce soir. Nous savons que les attaques du gouvernement et des pro-aéroport vont se renforcer. De notre côté, nous n’allons pas cesser pour autant d’habiter, cultiver et protéger ce bocage. Il continuera à être défendu avec la plus grande énergie parce qu’il est porteur d’espoirs aujourd’hui indéracinables face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde. Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France et au-delà à se mobiliser et à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir. Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ». Et l’aCIPA appelle aux « semailles de la démocratie » les 9-10 juillet 2016 sur la ZAD de Notre-Dame des Landes.
Les votes montrent que la plupart des communes autour de Notre-Dame des Landes sont hostiles à cet aéroport. Nantes elle-même, que l’on dit si gênée par le bruit, n’a voté oui qu’avec 100 voix d’écart ! Situation analogue à Bouguenais où se trouve l’aéroport Nantes-Atlantique. La ville de Rezé a voté non à 53 %. Bref les oppositions sont fortes. « Nous ne ferons pas la guerre civile à propos de Notre-Dame des Landes » disait ségolène Royal. Nous verrons bien.
Question restée en suspens : si le nouvel aéroport se fait, aura-t-il deux pistes ou une seule piste comme le demande le rapport Caussade-Forray-Massoni. Encore un beau sujet de discorde !
François de Rugy : avoir le courage de reconnaître le résultat
Note du 1er juillet 2016
Analyse
Qui a voté oui, et qui a voté non à la consultation du 26 juin sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? l’analyse de la cartographie du vote révèle quelques surprises : le non est marqué à gauche, le oui est plutôt de droite et l’abstention apparaît forte en pourcentage des électeurs inscrits.
Chercheur spécialiste en géographie et sociologie électorales à l’Université de Nantes, Jean Rivière a étudié la cartographie des votes des 212 communes de Loire-Atlantique et des 200 bureaux de vote à Nantes, à partir des pourcentages d’électeurs inscrits et non des voix exprimées, afin de prendre pleinement en compte l’abstention et ses effets sur la géographie des résultats. Il en ressort les principaux points suivants.
1) Une abstention forte, surtout dans les quartiers populaires urbains . Si l’on regarde l’ensemble du département, l’abstention est forte autour de la ville de Saint-Nazaire et sur tout le littoral, où vit en partie une population de personnes âgées et retraitées. A Nantes et comme à chaque scrutin, l’abstention est plus élevée dans les quartiers populaires, caractérisés par la présence de grands ensembles et d’habitat social. Moins les habitants sont diplômés, plus ils se sont abstenus.
Même si le taux de participation, à 51,08 %, peut sembler important compte tenu des conditions de la campagne (dossier d’information accessible uniquement sur internet, pas de financement public d’affichage), au total, près de la moitié des électeurs se sont abstenus. Cette réalité électorale relativise l’image d’une population scindée en deux camps nettement démarqués.
2) La carte du oui correspond à l’électorat des droites aux élections régionales. Sur l’ensemble du département, les zones de vote en faveur de l’aéroport sont localisées dans les périphéries rurales, et notamment dans toute la partie nord, autour de la ville de Châteaubriant. Une extension du projet de tram-train entre cette commune et le site aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes est à l’étude, mais n’est pas intégrée au budget du projet. Cette hypothèse d’aménagement a peut-être joué sur le choix des électeurs. Le projet d’aéroport ne suscite pas d’adhésion massive dans la plupart des communes de Nantes-métropole. A Bouguenais, commune de l’actuel aéroport, le oui passe ainsi de justesse.
A Nantes, le vote oui est celui des beaux quartiers du centre-ouest mais aussi du nord-est (notons une forte corrélation avec le vote pour la liste du candidat des Républicains, Bruno Retailleau, mais aussi secondairement avec le vote pour la liste Front national aux régionales) et où se concentrent les populations de plus de 55 ans, les cadres et les propriétaires. Pour ces électeurs, le rejet de l’occupation de la ZAD par des militants anti-aéroport a pu jouer dans leur choix de bulletin.
3) Le non est très marqué dans les espaces favorables à la gauche. Au niveau départemental, les zones de vote non sont concentrées autour du site retenu pour y construire le futur aéroport. A Nantes, le vote non provient des bureaux marqués à gauche proches du sud et de l’île de Nantes. Il correspond presque exactement à la carte des votes pour EELV aux dernières régionales, mais aussi dans une moindre mesure à celle des votes pour le PS et le PCF. Le non correspond largement à la carte du vote pour la liste de Christophe Clergeau au second tour, le candidat socialiste défait aux régionales. Il est plus fort dans les quartiers où se concentrent les classes moyennes voire supérieures (professions intermédiaires, cadres, diplômés universitaires) et des habitants plutôt jeunes (18-24 ans et 35-49 ans).
A Rezé, au sud de Nantes et sous le passage des avions, le non l’emporte largement dans certains bureaux de vote, comme à Trentemoult, quartier en voie de gentrification. Il semble ainsi que la question de l’aéroport ne marque pas tant une rupture à l’intérieur de la gauche qu’une scission entre les électeurs des différentes composantes de la gauche et la position des élites du parti socialiste.