Ecrit le 19 décembre 2018
D’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la santé mentale est l’une des composantes à part entière de la santé définie comme un « état de complet de bien-être physique, mental et social ». La Fondation Pierre Deniker s’est créée pour la recherche et la prévention en santé mentale. Elle vient de publier la première étude épidémiologique sur la Santé mentale des actifs en France, portant sur 3200 personnes. Elle en a fait une présentation au Conseil Economique et Social le 26 novembre 2018.
Pourquoi cette étude ?
Les troubles mentaux sont des pathologies très fréquentes et invalidantes affectant près de 18% de la population. Ils génèrent des coûts directs et indirects pour les individus et la société à plusieurs niveaux, de la pression financière pour les institutions publiques et les entreprises jusqu’au bien-être individuel. La dépression, par exemple, est une des cinq maladies contribuant le plus au fardeau des pathologies en termes d’années vécues avec un handicap.
Dans le cadre du travail, les troubles mentaux sont responsables de productivité limitée, d’arrêts de travail souvent longs et multiples, ainsi que de situations d’invalidité et de départs à la retraite anticipés. Nombreuses sont les entreprises et les administrations qui ont pris la mesure de l’importance de la santé mentale au travail et notamment de la nécessité de leur prévention.
Le monde du travail a bien changé en quelques années. Horaires décalés, mails 24 heures sur 24, sollicitations permanentes, durée de transports qui explosent, outils technologiques qui évoluent en permanence… De nouvelles habitudes qui se sont accompagnées de nouveaux maux. « A mesure que la santé physique s’améliore, que la pénibilité est mieux prise en compte, on prend la mesure du poids de la santé mentale au travail », insiste Raphaël Gaillard, psychiatre et président de la Fondation Pierre Deniker en ajoutant : « Au travail, les maladies mentales sont extrêmement fréquentes, mais toujours taboues. Plus on en parle, plus on banalise et facilite l’accès aux soins ».
Nous ne pouvons pas nous en tenir aux problématiques de « bien-être au travail » ou d’épuisement mais nous devons nous atteler à l’exploration des liens entre travail et troubles mentaux. C’est pourquoi l’objet de la présente étude est d’examiner quels sont les facteurs de risques psychosociaux associés à une détresse orientant vers un trouble mental.
Comme nous le pressentions, et les chiffres le prouvent, la question des troubles psychiques au travail constitue un véritable enjeu de santé publique.
Nous déplorons que la recherche française, contrairement à certains de ses voisins occidentaux, ne se soit pas suffisamment saisie de cette question. La France souffre d’un réel déficit de connaissance à l’échelle de sa population active globale.
Nous avons donc conduit une étude épidémiologique transversale pour être en mesure aujourd’hui d’évaluer l’exposition des actifs à des facteurs de risques psychosociaux liés au travail et de mesurer la contribution de chacun de ces facteurs à la présence d’une détresse orientant vers un trouble mental. »
Que constatons-nous ?
1 actif sur 5 présente une détresse orientant vers un trouble mental (22% des actifs) avec des variations importantes :
• 26% pour les femmes contre 19% chez les hommes ;
• 28% chez les aidants contre 19% chez ceux qui n’ont pas cette responsabilité ;
• 28% chez les personnes qui passent plus d’1h30 par jour dans les transports contre 21% chez celles dont le temps de transport est inférieur à 1h30.
En croisant l’évaluation de la détresse psychique avec l’exposition aux facteurs de risques psychosociaux - travail valorisant ou non, solidarité entre collègues, soutien de la hiérarchie, harcèlement, confiance en l’avenir professionnel... -, l’étude a identifié le poids des principaux facteurs, au premier rang desquels l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle.
Le déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est en effet le facteur le plus impactant : 15% des actifs déclarent ne pas pouvoir mener de front vie professionnelle et vie personnelle. Parmi eux 45 % présentent une détresse orientant vers un trouble mental contre 18% chez ceux qui n’ont pas cette difficulté.
L’étude s’intéresse aussi aux spécificités de certaines populations et observe par exemple une prévalence significativement plus élevée chez les femmes. Pour les femmes, l’importance d’avoir un travail valorisant influe davantage (46% de celles qui ne se sentent pas utiles présentent une détresse contre 20%). Pour les hommes, c’est la solidarité au travail (33% de ceux qui ne peuvent pas compter sur leurs collègues sont à haut risque contre 13%).
Les aidants ou ceux qui travaillent plus de 50h par semaine sont aussi plus touchés par la détresse au travail et signalent : « La présence au travail d’une personne (ou plusieurs) qui prend plaisir à nous faire souffrir, un travail non valorisant ou le manque d’une bonne relation avec son (ses) supérieur(s) (21%) »
L’étude identifie aussi pour chaque population spécifique les facteurs les plus associés à une détresse orientant vers un trouble mental. Elle a cerné les facteurs aggravants : la surcharge de travail, l’organisation physique de l’espace de travail, la perte de contrôle du temps et l’accumulation des préoccupations privées et professionnelles.
Et maintenant ? Que faire de cette étude ? La diffuser d’abord, la mettre à disposition de tous, pouvoirs publics, médecins, DRH, chercheurs... Cela doit être le prélude de l’investigation des liens de causalité entre troubles mentaux et facteurs de risques psychosociaux. Seule une telle démarche permettrait de concevoir une politique de prévention adaptée à la mesure de l’enjeu.
Enquête réalisée en ligne du 27 février au 6 mars 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 3 200 actifs français selon la méthode des quotas.
L’homme du 25
La Mée prend des vacances jusqu’au 9 janvier. Bien nécessaires, oh que oui. Bien méritées ? C’est à nos lecteurs d’en juger. Mais vous, dans les jours à venir, pensez un peu à l’homme du 25. Est-il en bonne santé ? Deux médecins français, Philippe Charlier et Nicolas Kluger, dans un article publié le 5 décembre 2018 dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology, ont établi une longue liste de troubles dont pourrait souffrir celui dont les conditions de travail ne ressemblent à aucune autre.
Le Père Noël serait un homme, de type caucasien, originaire d’Europe du nord, âgé de plus de 65 ans. Il a la peau claire et peut donc facilement attraper des coups de soleil. Vu ses conditions de travail dans le froid polaire, il pourrait avoir des maladies de peau, des engelures et des gelures, voire souffrir d’urticaire au froid. Avec la préparation de cadeaux pour des millions et millions d’enfants à travers le monde, il est sans aucun doute soumis à un stress physique et émotionnel considérable.
Chaque année, des millions d’enfants font la bise au Père Noël, tandis que d’autres lui toussent carrément dessus. Même si avec le temps, le vieil homme à la barbe blanche a probablement développé une solide immunité vis-à-vis de nombreux germes pathogènes hébergés par ces bambins, il n’est pas forcément à l’abri de développer des infections contre lesquelles il n’est pas immunisé.
Le Père Noël est en outre exposé aux problèmes de dos, de troubles musculos-squelettiques, il court un risque traumatique chaque fois qu’il passe par la cheminée. De plus, l’absence de sommeil durant la nuit de Noël n’est pas sans risque à son âge. Il en est de même de la fatigue liée au fait qu’il parcourt plusieurs fuseaux horaires pour livrer à temps des cadeaux à des enfants dans toutes les régions du monde. A un tel niveau de stress, le risque de mort subite ne peut pas être écarté...