Ecrit le 4 décembre 2019
(communiqué SERR)
La grève du 5 décembre
La grève du 5 décembre menace d’être massive et de durer plusieurs jours. Le groupe Socialiste-écologiste-radical-républicain (SERR) au Conseil Régional, communique :
Le nouveau président du Medef des Pays de la Loire, Samuel Tual, publie dans la presse régionale une tribune mettant en avant le principe du « droit de travailler » face à l’annonce de mouvements sociaux potentiellement massifs le 5 décembre prochain. Il fait ainsi écho aux propos tenus par le sénateur Bruno Retailleau, qui demande l’instauration d’un service minimum garanti à la SNCF et la possibilité de réquisitionner des grévistes pour l’assurer. Nous tenons à exprimer notre ferme opposition face à ces déclarations qui sont autant de remises en question du droit de grève, un des piliers de notre modèle social.
Le dynamisme de l’économie ligérienne mis en avant par M. Tual s’appuie très largement sur le travail de celles et ceux qui, du bas de l’échelle jusqu’Ã son sommet, travaillent chaque jour pour garantir cette prospérité mais également leur droit à une retraite digne. Aussi, nous alertons face aux propos de cette droite qui évoque une « prise d’otages », stigmatisant les grévistes face aux usagers et appelant à un durcissement du droit de grève déjà strictement encadré par la loi.
Chacun peut souhaiter que le dialogue social et la négociation conduisent les salariés à limiter le recours au droit de grève. La meilleure prévention contre la grève, c’est la reconnaissance du travail et la défense du pacte social républicain. Si des réformes sont nécessaires, elles doivent se faire dans l’écoute et la recherche du compromis et placer en leur cœur un seul objectif : la justice sociale. Ces éléments sont totalement absents des prises de position de M. Tual et M. Retailleau. Elles sont aussi absentes de la pratique du gouvernement, tous les syndicats dénonçant une concertation défaillante et non transparente et s’inquiétant de la volonté de faire des économies sur le dos des retraités et des salariés. Si tous n’appellent pas aujourd’hui à manifester, c’est cette vision rétrograde des réformes et du dialogue social qui pousse les Français dans la rue.
Nous en appelons donc à un respect absolu du droit de grève et du droit de manifester qui sont des piliers républicains. Nous dénonçons cette volonté de stigmatiser des citoyens qui se battent pour leurs droits, et le font de cette manière car tous les autres recours ont été épuisés. Nous dénonçons un gouvernement dont les méthodes sèment le chaos dans le pays. A travers leurs déclarations, M. Tual et M. Retailleau ne font qu’ajouter aux tensions là où nous voulons de l’apaisement.
Pour notre part nous appelons à manifester le 5 décembre. Nous nous joindrons aux cortèges mobilisés pour protester contre le projet de ce gouvernement qui, opposant une logique comptable à la solidarité collective, menace dans leurs fondements les mécanismes de répartition durement acquis, creusant inlassablement les inégalités au détriment des plus précaires.
Agriculteurs
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a demandé aux agriculteurs qui ont manifesté dans toute la France et bloquaient encore mercredi 27 novembre au soir le périphérique parisien de « suspendre le mouvement », à l’issue d’un rendez-vous avec le ministre de l’agriculture et des conseillers de l’Elysée. « Nous rencontrons le 3 décembre au matin, Edouard Philippe et ses conseillers avec les Jeunes Agriculteurs pour faire un point sur l’ensemble des sujets », a-t-elle déclaré.
De son côté, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a déclaré : « Nous soutenons ce mouvement parce que, sur les deux points revendiqués, ils ont raison. Premièrement, il faut cesser ce dénigrement permanent des agriculteurs. Les agriculteurs et agricultrices ne sont pas des pollueurs. Le deuxième sujet sur lequel nous les soutenons, c’est que le revenu des agriculteurs aujourd’hui n’est pas assez élevé. »
La loi dite « EGalim », issue des Etats généraux de l’alimentation et mise en place en début d’année, était censée ramener du revenu aux exploitants en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu’ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence. Les agriculteurs entendent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs, alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.
Votée l’an dernier, la loi Egalim (ou loi Alimentation) doit permettre de sortir d’un effet domino intenable : la guerre des prix entre les quatre grands de la distribution en France les pousse à réclamer des tarifs toujours plus bas auprès de leurs fournisseurs de l’industrie agroalimentaire, qui eux-mêmes achètent à leur tour le moins cher possible la matière première agricole auprès des paysans, en bout de chaîne.
L’une de ses dispositions phare, le relèvement du SRP, prévoit qu’un produit alimentaire devra être revendu au moins 10 % plus cher que le prix auquel il a été acheté. Raté ! Les industriels et la grande distribution s’étaient en effet engagés à modérer leurs marges, afin que les prix consentis aux agriculteurs soient plus rémunérateurs. Mais « notre analyse des données officielles sur le lait de consommation, la viande bovine et les filets de poulet montre que cette promesse n’a pas été tenue », disent l’UFC Que Choisir et la Confédération Paysanne. Är exemple, pour le lait UHT, alors que depuis 2017 le prix revenant à l’éleveur a diminué de 5 %, la marge des distributeurs a au contraire augmenté de 8 %. résultat : alors que le prix agricole a diminué, les consommateurs paient le lait 4 % plus cher ...