Ecrit le 19 février 2020
La Ronde des enfants était une halte garderie créée en 1989, à l’initiative des plusieurs parents habitant à Marsac sur Don. Depuis donc 30 ans, des parents bénévoles se sont investis dans la gestion de cet établissement, avec deux puis trois salariés diplômés. Etait, parce que depuis fin décembre 2019, cette ronde ne tourne plus. Le texte suivant donne des éléments de réflexion sur la prise en charge des petits enfants.
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Prise de recul :
Pour ceux qui s’en souviennent, dans les années 80, la vague de vulgarisation et la diffusion des recherches et connaissances démontraient au grand public que le jeune enfant, en dehors d’être un tube digestif, était et est une personne ! 30 ans plus tard, les découvertes en neurosciences viennent compléter cette toute petite enfance aux multiples énigmes fascinantes… avec l’étude du cerveau du jeune enfant pour embellir les études des Pikler, Wallon, Piaget, Montessori, Decroly, Dolto, Hubert Montagner, pour n’en citer que quelques uns…
1989, c’est aussi la prolifération des mini-crèches en milieu ur-
bain. Du côté de Nantes, des établissements qui pour la majorité existent toujours, « Pinocchio », « Mickey & Minnie », « Le Cheval à Bascule », « Une Souris Verte » etc… en gestion parentale à 100% ou associative, reçoivent 15 enfants maximum, et répondent à une demande de socialisation collective.
Ces énergies associatives ont proposé à de nombreux jeunes parents de l’époque, dans les différents quartiers urbains, une offre d’accueil, de lieux de vie stimulants et sécurisants de plus en plus plébiscités, qui palliaient le déficit d’offre de services publics.
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Dans le monde rural, certaines familles n’ont pas voulu être en reste, et les parents se sont mobilisés, souvent des femmes, qui avec vaillance défendaient souvent un projet de service compliqué à légitimer auprès d’élus (sans « e ») d’un certain âge, pour qui la pile de chantiers prioritaires ne se situait pas dans les couches et les « drôleries » de ces p’tites choses mignonnes qui certes, sont dignes d’intérêt, mais surtout quand elles sont calmes et pas trop bruyantes. La période correspond également à une nécessité de mieux encadrer les gardes sauvages chez des « nounous » souvent hors de contrôle d’un regard de l’Etat, et cela finit par nourrir ce qui deviendra de plus en plus un enjeu politique majeur, avec une législation de plus en plus fertile, et des normes d’encadrements de plus en plus rigoureuses.
Heureusement, du chemin a été fait entre « une bonne femme, ça doit être à la maison et s’occuper des enfants » et « vous n’êtes pas que des ventres Mesdames », et désormais « comment bien prévoir les 1000 premiers jours de votre cher bébé » (naissance qui n’a pas toujours été programmée comme aujourd’hui !).
Depuis, c’est souvent d’ailleurs à chaque fois que l’on se retrouve en période électorale, l’on entend remonter fièrement sur le dessus de la pile des enjeux majeurs. l’évocation d’un nouveau dispositif et/ou d’une politique petite enfance « ambitieuse et volontariste » , selon la sacro-sainte formule désormais galvaudée pour « mieux concilier vie professionnelle et vie familiale ». Il s’agit d’offrir aux jeunes couples pris en étau entre début de vie active et désir d’enfant un libre choix de garde, d’accueil… à chacun de choisir le mot qui lui convient, et l’environnement imaginé pour son bambin.
Ah ! cette promesse d’un libre choix qui faciliterait l’orientation et la carrière professionnelle de la femme, cette dernière ayant encore du mal à ne pas être pénalisée dans une parité en devenir. Cela reste un sujet toujours majeur. Pas simple. On y ajoute les évolutions sociétales, celle de la famille nucléaire, les familles monoparentales, le partage du travail, des rôles, des tâches, du pouvoir, des décisions et l’on comprend les défis à relever.
Toujours le serpent qui se mord la queue. « je suis maman, ce n’est pas un beau métier ça ? » Et après tout, si c’est un choix… Certaines convictions trouveraient-elles dans le couple un équilibre par dépit et dans les financements décisionnaires une…. finalité…. intéressée ? Quelquefois même, des spécialistes se feraient l’écho d’une justification bienveillante à propos de « l’enveloppe affective » de la première année. Les établissements collectifs sont-ils vraiment adaptés à la prise en charge d’un être en devenir si fragile et en telle demande d’attachement ? Et pourquoi ne le seraient-ils pas, avec tous les professionnels formés ? C’est un autre débat, regardons du côté de l’hôpital, et l’on est satisfait également d’être en bonne santé.
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Zoom sur le terrain
Il était donc une fois une halte garderie ! Un agrément de 12 enfants le matin, 10 l’après-midi, ouverte 3 jours par semaine, qui a fait ces deux dernières années une fréquentation moyenne par jour de plus de 11 enfants. Pourquoi les gestionnaires de cette association, des bénévoles, parents, ont ils dû jeter l’éponge, et licencier les trois salariés en fin 2019 ?
Cette ronde tournait là en fonction des places disponibles, avec les enfants de parents aux multiples trajectoires, 42% des familles avec un actif, 25% bi-actif accueil mixte (avec une assistante maternelle), 33% horaires variables (dont 3/4 à temps partiel) jeunes, en recherche d’emploi, en formation et/ou fin de congé parental, congé de maternité.
Cet espace de vie était donc dédié aux bambins et permettait aux adultes, pendant une activité professionnelle ou autre, une pause, un temps de répit, un temps de formation, une recherche d’emploi, une aide à la convalescence, ceci pour quelques heures, des demi-journées ou journées en fonction des places disponibles, à la demande, et avant l’entrée à l’école maternelle. Les petits investissaient leur espace, apprenant à vivre ensemble, en pouvant se détacher tranquillement et progressivement du seul milieu familial, et aller vers un savoir être, vers des savoir-faire grandissants.
Qu’est-ce qui a grippé, dans ce ronronnement si délicieux ? Bataille d’arguments et surtout de chiffres. Et comme on le sait, on leur fait dire des tas de choses !
Selon le communiqué de la Communauté de Communes, « dans le cadre d’un Projet de territoire et d’un cadre de maîtrise budgétaire, a été créée une aide financière harmonisée sur les années 2018, 2019 et 2020 ». La Ronde des enfants aurait rencontré de réelles difficultés de fréquentation (taux de 46% en 2017) alors que la CAF estime l’équilibre d’une structure à 70%.
Pourtant, cette même CAF, a financé à hauteur de 8000€ sur deux ans en 2017 & 2018 le surcoût nécessaire à la mise en œuvre de nouveaux horaires de cette structure qui une fois de plus, comme depuis son ouverture, s’est adaptée, plutôt rapidement, à une hausse de natalité, puis, à une baisse sur l’identification des besoins et après enquête.
Si la CAF acceptait de revoir ces 70% d’équilibre, c’est donc qu’elle validait un nouveau scénario qui d’ailleurs a porté ses fruits, non pas la première année, comme prévu (les familles inscrites ne modifient pas pour autant du jour au lendemain leur mode d’organisation en place jusqu’au départ des enfants vers la maternelle) mais en 2018 comme envisagé, la fréquentation de la Ronde des Enfants remontait à plus de 65%, (le communiqué de la CCCD fait donc état « d’échanges constructifs » qui remontent à 2016, avant la fusion…) En cette dernière année 2019, la remontée se rapprochait insolemment de cette fameuse barre de 70% avec malice, malgré une natalité toujours fragile, mais grâce à une vigilance et connaissance de terrain et une souplesse qu’envieraient beaucoup d’entreprises, publiques ou privées. Ah ! cette énergie associative dont on parlait au début.
La Com’Com’ Châteaubriant-Derval atteste sur le papier « d’un soutien financier aux structures associatives et d’une attention aux attentes et difficultés éventuelles »… mais continue à parler encore et toujours d’un taux de fréquentation conjoncturellement bas et un coût « trois fois supérieur à celui des services intercommunaux » alors que ce n’est plus vrai. Pourquoi parle-t-elle ainsi, si ce n’est pour justifier d’une modélisation esquissée dès le début d’année 2018 (sans en attendre la fin) et surtout finalement accréditer la performance d’un accueil collectif plus « rentable », moins onéreux, et tant pis pour les solutions alternatives ? Lorsque les enfants sont inscrits majoritairement sur des journées, forcément, le taux de remplissage risque d’être optimisé. Mais que fait-on des autres demandes ?
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Retour arrière
Car dès février 2018, dans son Projet de territoire, la Com’Com’ confirme bien que « l’accueil collectif s’organisera sous forme de multi-accueils, centralisés sur les deux pôles d’emplois principaux que sont Châteaubriant et Derval., sur un principe de réalité ! Si le principe des notions de mixité et de socialisation doivent être pleinement considérées dans les multi-accueils par le maintien de quelques places d’accueil temporaire, les structures collectives doivent néanmoins privilégier l’accueil de type permanent…(…). en parallèle, l’offre d’accueil individuel sera favorisée….(…) accompagnée d’un dispositif d’incitation financière en faveur de l’installation de projets de Maisons d’Assistantes Maternelles (MAM)…. »
Donc, vous avez un travail en ville, vous aurez une place pour votre enfant en crèche, multi accueil avec accueil collectif de type permanent, et si vous êtes au chômage, à temps partiel ou en recherche d’emploi en campagne, vous n’aurez plus le choix que d’une assistante maternelle ou d’une MAM ? Personne n’y contestera l’accueil, mais si un choix est donné, autant laisser une variété d’options non ? Quid de l’accueil temporaire collectif ?
Il est vraiment mal fait ce monde. Tout est fait pour l’iniquité dans cette société où l’on vante tant ses efforts pour son contraire ! L’emploi se concentre en ville, les services avec. Bienheureux les urbains, ils auront des crèches, des commerces, des services publics, et ailleurs, des assos de bénévoles en constante lutte pour tenter de pallier non plus un déficit de ressources, mais une carence.
Passons sur la façon un peu cavalière dont l’association, lors de la première attribution en avril 2018, prend connaissance d’une subvention lissée en trois baisses par une nouvelle Com’Com’ fusionnée. Il y a plus sympathique comme mise en bouche. Cela dit, depuis lors, elle est restée sur les mêmes rails cette association. Elle a pris acte d’une équité comptable, calculée sur la base de deux modes d’accueil régulier et occasionnel, services municipaux, d’autres associatifs avec bénévoles, certains en milieu plus urbain, et d’autres plus éloignés de l’emploi en milieu rural. Essayez de comparer le coût de production d’un fromage fermier d’un buron en Auvergne, avec un carré frais de supermarché, mettez tout dans le même chapeau, vous allez bien finir par trouver une différence, et/ou un point commun, et attention, sans même remettre en cause la conscience professionnelle ni des fromagers, ni des vaches, ni le goût et la saveur du produit ! Mais on ne va pas comparer un fromage avec un service au public, cela n’a rien à voir, nous sommes bien d’accord, sauf si peut-être l’on reste sur un point de vue de calcul de coût.
Depuis le début, l’association alerte élus de Marsac/Don, élus communautaires, CAF, sur le danger que constituait l’année 2020. Rien d’autre. Depuis un an et demi, elle gère, prévoit, estime, ce qui est bien entendu sa responsabilité. On ne peut être dans le principe, le gestionnaire de la gestion, et regarder ailleurs quand son projet risque d’être mis en péril, sinon, cela revient à être un peu potiche. Quand on donne de l’argent de poche à un enfant en lui disant quoi acheter, ce n’est pas de l’argent de poche, c’est une liste de courses, la responsabilité n’est pas la même.
Focus
En passant, la Com’Com’ souligne dans un communiqué l’excédent de 9000€ de l’association en 2018. Serait-elle tentée de nourrir le fantasme d’une association qui, plaintive, aurait alarmé sans fondement les édiles à propos d’un manque de visibilité sur l’avenir pérenne d’un service qui constituait un atout sur leur commune depuis plusieurs mandats ? C’est en connaissance de cause cependant que l’association, après un déficit de 3300€ en 2016 (année de charges en augmentation, la mutuelle employeur obligatoire, le départ d’une salarié en retraite, un poste comptable plus du tout subventionné) a su réagir et travailler sur une nouvelle adaptation d’ouverture qui portera ses fruits, malgré un déficit de près de 7400€ (qui dit fréquentation à la baisse dit pénalisation directe de facto en prestations présences) heureusement compensé pour moitié par la CAF (voir ci-avant, ah, faut suivre hein !). Le bas de laine fantasmé du trésor en prend un coup non ? On a beau être bénévoles et professionnels de la petite enfance, entre un prévisionnel et un compte de résultat, il y a aussi la trésorerie.
Et puis, comme 2020 semblait préoccuper ces bénévoles et salariés, eh bien, il a bien fallu estimer des licenciements potentiels. C’est ainsi qu’une association plutôt louée jusqu’alors pour sa gestion sérieuse, envisage les différents scénarios les plus pessimistes, les partage avec ses adhérents, continue d’alerter, et est sincèrement soulagée d’apprendre, lors de l’attribution de la subvention 2019 le 3 avril, qu’un bonus, un ajustement, devrait être annoncé rapidement, ce qui sera confirmé par écrit un mois plus tard en l’état : « les membres du bureau communautaire, réunis le 25 avril, sensibles aux efforts significatifs réalisés, se sont engagés à ajuster le montant de la subvention 2020, pour assurer la pérennité du service, sous réserve que les résultats soient confirmés ».
Qu’est-ce qui s’est grippé dans cette belle réaction depuis le printemps, et malgré les multiples relances, demandes de précisions chiffrées, besoins pour l’asso de projectives financières légitimes et responsables, afin de garantir une année 2020 et au-delà ? Le départ d’un DGS ? Le dossier perdu sous la pile des priorités ? Le regard porté des élus sur les municipales ? Pas possible ! Le dernier partenariat signé entre la CAF et la CCCD date de la mi septembre, et ceci pour 2019-2022.
Du côté de l’asso, pas de chiffres concrets avancés sur un ajustement à la hausse, pas d’indicateurs d’un élan de naissances phénoménal, et d’arrivées en nombre rapidement sur la commune. Les inscriptions ne se font pas avant la naissance ou rarement, comme dans des zones à forte densité de demandes ou de pénurie d’offre de garde collective, ce qui garantirait le renouvellement des départs en maternelle. Rester prudent, et garantir une pérennité oui, c’est le seul point de convergence avec la CCCD, mais les responsables de la gestion c’est donc l’association et à ce titre, pré visualiser l’avenir et son financement est une priorité. Eh ben oui, un peu comme les services sanitaires, qui voient arriver la grippe saisonnière ou l’épidémie traditionnelle des gastro-entérites, mais qui peuvent être surpris par un coronavirus, mieux vaut rester sur ses gardes !
Sans remise à jour d’une dernière baisse annoncée, l’association est-elle en confiance, depuis le début, après une fusion de politiques petite enfance différentes (gestion associative avec une offre occasionnelle forte pour l’ex CCSD et structures municipales dans l’ex CCC privilégiant l’accueil régulier, ou permanent), fusion lissée de façon comptable ?
Dans tous les cas, la frénésie issue de la fusion et des besoins de structurer la nouvelle Communauté de communes la plus grande et plus vaste du département, n’a pas permis de rassurer ces citoyens bénévoles investis, puisqu’ils découvrent sur le net, tardivement, une politique de territoire (voir plus haut), décidée par le Bureau communautaire, publiée donc dès mars 2018. Nul n’est sensé ignorer…
Ils se sentent concernés, mais n’ont jamais été concertés. Ils entendent bien l’équité qui tinte de ces arbitrages sonnants et trébuchants, mais ce, au détriment du projet associatif, et surtout du contexte de proximité qui concilie lui, depuis longtemps, accueil individuel chez les nombreuses assistantes maternelles, et proposition d’accueil collectif avec la possibilité du choix voire d’un mixage pour les parents qui le souhaitent. Ce n’est peut-être pas la panacée pour certains, mais c’est une offre cohérente locale pour la plupart, et une souplesse qui gagne à être maintenue au moment où une certaine « normalisation » gagne du terrain.
Arrêtons les régimes spéciaux, proposons à tous les mêmes services, par équité, repas et couches (retraites ?), et les moutons seront bien gardés !
Panoramique
Continuons à parler petite enfance. En ce qui concerne les repas et les couches, justement, eh bien, l’idée (circulaire de la CAF 29 juin 2011 puis 26 mars 2014) fut un moment de proposer le même service à tous. Idée qui continue à faire son chemin. Généreuse utopie au moment même où certains (élus compris) souhaitent préserver la planète et réduire les déchets avec les couches lavables, d’autres payer le consommable le moins cher (surtout s’il s’agit d’éviter de s’occuper de…. D’excréments !). Pareil pour les repas. Fournir à tous une proposition neutre et à coûts réduits, neutre comme ces légumes vapeur dont on ne reconnait pas l’identité, face auxquels les enfants font la grimace, et en plein essor des choix alimentaires individuels revendiqués. Vegan, bio, végétarien…. et on reparle de la gestion des déchets sur les barquettes en plastique qui arrivent par palettes en camions de dizaine de kilomètres et qu’il faut recycler, des coûts, et du besoin. (Le film « Nos enfants nous accuseront » date quand même déjà de 2008 !)
A la halte de Marsac sur Don, ces enfants du rural étaient plutôt bien lotis, et reconnaissaient leurs assiettes préparées par leurs parents, ces derniers s’investissant sans trop de contrainte à cette première responsabilité parentale, « le nourrissage », si tant est qu’on les guide patiemment, s’il en est besoin (et c’est là après tout aussi la mission de professionnels formés). Malgré une prestation de service minorée (prestation à hauteur des services proposés, couches e/ou repas) la Ronde des Enfants fonctionnait. C’était un choix associatif, éducatif, le projet de choisir une approche affective de l’aliment, une première expérience d’une culture gustative familiale, avant de passer en cantine dans une autre dimension, même si cette dernière a sa logique et peut avoir son sens et sa qualité.
Tendance aussi du moment, les mesures récentes à propos de « l’accès réel de tous les jeunes enfants aux modes d’accueil en positionnant comme une des priorités de la branche famille l’accueil des enfants en situation de handicap ou de pauvreté dans les EAJE » (Etablissement d’Accueil du Jeune Enfant) mesures prônées désormais avec ambition afin de réduire l’iniquité et l’exclusion. (COG 2018-2022 Etat/CNAF). Prosaïquement, des bonus financiers, sont octroyés désormais aux établissements, destinés à dynamiser et favoriser l’accès au plus grand nombre des structures collectives, notamment les familles vulnérables et les enfants porteurs de handicap. Bonne idée, louable, même si, cependant, on y voit quand même la marque d’une certaine incapacité à voir l’incitation autrement que par la carotte, et c’est embêtant.
Deux parents peuvent solliciter de manières différentes « leur(s) héritier(s) » à faire les carreaux ou la vaisselle à la maison. Il y a la méthode du faire ensemble et par exemple celle de l’argent de poche. L’accompagnement est différent. Cela demande du temps, pour différencier les besoins, les enjeux, et cela nécessite de la concertation, au-delà de la seule vision du résultat, la vitre propre, la vaisselle rangée. Une prime, une bonification incite l’économe, l’administrateur à regarder comment l’atteindre, c’est humain, comme l’enfant à regarder la carotte avant l’assiette !
Dans cette belle société d’économie et d’équité, quid donc de ces 50% des familles accueillies en 2019 et les années précédentes, estimées comme étant sous le seuil de pauvreté (participation horaire strictement inférieure à 1€ par heure selon les critères de la CAF) ? Pour autant, une jubilatoire hétérogénéité des professions, des passions, et parcours, des rencontres possibles. Prendre en considération le maintien de ces lieux d’échanges, les enfants souvent faisant le reste, en grandissant, et les réseaux du lien social se nourrissant…
Quid également d’un lieu de stage, de formation et d’expérience de proximité, de la 3e à la reconversion de seniors ? Quid de l’égalité des chances dès les premiers pas, de cette pluridisciplinarité de professionnels de plus en plus formés, mais de moins en moins sur le terrain et de plus en plus sous contraintes de statistiques et sur des postes de coordination ? Quid du secteur associatif à but non lucratif, face à l’ambition de groupes du secteur lucratif, ces investisseurs en micro-crèches et crèches d’entreprises qui ont le vent en poupe, déléguer une politique publique de la petite enfance est si tentant…
Les Maisons d’Assistantes maternelles (MAM) répondent quant à elles à une recherche de travail en équipe, à une demande de travail moins isolé, ces projets pallient en partie un déficit d’attractivité d’une profession ayant du mal à se renouveler en volume, sans être trop gourmands en besoins de financement.
On ajoute ces petites écoles des villages sous contraintes d’effectifs, avec désormais une obligation scolaire dès trois ans, et on imagine bien la difficulté pour une personne non initiée de s’y retrouver, entre le non-choix potentiel d’accueil ou de garde, et l’obligation de laisser son p’tiot fatigué toute une journée à l’école, même si l’un des parents est disponible à la maison, et qu’un lit est plus douillet qu’une couchette quand on a trois ans !
Que cette prévention est difficile à évaluer, on le sait, comment montrer les difficultés évitées quand elles n’ont pas eu lieu ?
L’ équité… l’universalisme proportionné…. ? Dans tous les cas, à partir du moment où l’on vante les mérites, et on décide de les valoriser, pourquoi laisser pourrir la situation et désespérément reporter une carotte qui, à partir du moment, où elle avait été proposée, laisse l’usure et l’incompréhension s’installer et éteindre les perspectives ?
L’idéal de vie de 80% des Français se situe à la campagne, les ressources du financement associatif se tarissent. Les odeurs de bouses de vaches, de fumier, le son des cloches, le bruit des animaux ne pourront plus être désormais considérés comme des troubles anormaux de voisinage, mais il va manquer les cris d’enfants si l’on considère que « le principe de réalité » (politique de Territoire mars 2018) doit se centraliser sur Châteaubriant et Derval !
Pourquoi en deux ans, susciter une amertume des familles, bénévoles et salariés et mettre au pilori une association jusque là vantée pour sa rigueur de gestion ? Car tout au long de chaque année, le suivi du fonctionnement est communiqué régulièrement au partenaire CAF, partenaire prédominant du fonctionnement et financement des établissements, signataire du Contrat Enfance Jeunesse. Les comptes de résultats, prévisionnels, et données de fonctionnement accompagnent les dossiers de subventions. Le cadre et des conventions pour les associations subventionnés à plus de 23000€ ayant même été renforcés depuis quelques années.
Une dernière mise à disposition des chiffres demandés 2019 et
dernières données 2018 déjà transmises en temps et en heure n’ayant pas permis, lors d’une dernière entrevue à cinq semaines de la fermeture, autre chose qu’un nouveau délai de réflexion reporté à début décembre, l’argument d’une difficulté à prendre précisément une décision chiffrée de l’ajustement proposé avant les municipales finira par acter d’une tentation au pourrissement et au manque de considération sur le travail d’une halte-garderie ne répondant pas aux critères d’une politique de Territoire ni véritablement assumée, ni réellement « bancable » électoralement.
Certains commentateurs semblent aujourd’hui perdre le sens des mots et d’autres redécouvrir un service quand il est fermé ? C’est injuste, et par rapport à l’équité, ça, c’est pas cousin !
Bref, la Ronde des Enfants ne tourne plus, inutile de s’apitoyer plus longtemps sur ce qui n’est sans doute et après tout qu’un dommage collatéral parmi d’autres d’une politique de fusion de communes et d’arbitrages qui ne prennent pas le temps de l’arrangement, ni de considérer l’investissement des humains, grands, petits, invisibles, ici ou ailleurs.
Les bénévoles ont fini par renoncer, et parce qu’il fallait choisir, mais c’est peut-être cela que l’on attendait d’eux.
Le temps moyen passé au travail baisse d’après l’INSEE, mais le temps passé dans les trajets augmente. Et si les services de proximité demeuraient une priorité, plutôt qu’un principe de réalité ? On nous dit que le vélo, c’est bon pour la planète et la santé ! C’est encore mieux si son job et les services sont à proximité !
Pièces à conviction
Pièces à conviction a enquêté sur le versement des aides publiques qui poussent à remplir les crèches. Pourquoi l’État encourage-t-il ce système, au détriment de la qualité d’accueil des enfants ? Les crèches privées sont-elles contrôlées et par qui ? Existe-t-il un modèle de crèche idéal ?
Certaines crèches se contentent de répondre uniquement aux besoins essentiels : des repas, les couches, des siestes. Dans ces conditions, la pédagogie, le développement, la stabilité, indispensables au bien-être des bébés, peuvent-ils être assurés ?
Éducatrices et puéricultrices dénoncent une garde à la chaîne dans des « usines à bébés », certaines parlent même de « maltraitance institutionnelle ».
En France, de plus en plus, les municipalités cèdent à des entreprises privées la prise en charge de la petite enfance, dans le cadre d’une délégation de service public.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des nouvelles places sont créées dans le privé.
L’enquête menée par Pièces à conviction au cœur de certains établissements privés révèle une réalité préoccupante. Des employées et responsables, des femmes pour la plupart, ont décidé de briser le silence et témoignent. Elles dénoncent les problèmes de sous-effectif, comme cette employée seule avec 15 ou 20 enfants, quand elle est censée en gérer 8 au maximum.
A découvrir ici jusqu’au 7 mars 2020 :
https://www.france.tv/france-3/pieces-a-conviction/
Dans certaines crèches, tout ce qu’on vous présente en début d’année, c’est le projet pédagogique...« c’est des belles paroles », selon le témoignage à visage caché d’une ancienne directrice... En 2019, elle dirigeait un établissement géré par l’un des principaux groupes qui se partagent le marché en France.
Selon elle, dans certains établissements, les enfants ne seraient pas la priorité : la priorité, « c’est le financier, c’est l’argent. On n’est plus dans le bien-être de l’enfant, on est dans la rentabilité ».
Et justement, à la Ronde des Enfants, le personnel se débrouillait pour ne pas tomber dans le piège du sous effectif adultes, rester dans la bienveillance et l’accompagnement, et être disponible (aux enfants et parents).
Mais La Ronde a fermé ...
Ecrit le 19 février 2020
Linkiaa
Linkiaa est une association dédiée à l’accueil et à l’accompagnement des personnes fragilisées – enfants, jeunes, adultes – dont les valeurs offrent à chacun la possibilité de devenir acteur de sa vie dans son environnement. Elle est issue de la fusion de deux structures : la Sauvegarde de l’Enfance 44 à Nantes et Enfance & Famille à Saint Nazaire.
Dotée d’une palette d’interventions diversifiées, elle couvre le territoire de Loire-Atlantique, notamment les zones rurales. Linkiaa contribue au décloisonnement des secteurs social, médico-social et sanitaire. « Forte des valeurs qu’elle porte – humanisme, altruisme et solidarité – elle place les bénéficiaires au cœur de ses actions et de ses réflexions et en mesure l’impact sociétal ». Ça c’est le discours officiel.
Mais dans les faits les travailleurs sociaux de Loire-Atlantique dénoncent des conditions de travail extrêmement dégradées, ainsi qu’un mal-être de la plupart des éducateurs. « La politique de management humain prônée dans le projet associatif n’existe que sur le papier. La qualité de l’accompagnement éducatif est vivement remise en cause, les conditions de travail se dégradent de plus en plus. Le bilan pour les professionnels, les enfants et leurs familles est lourd », dénoncent les syndicats CGT et CFDT
« la priorité est donnée aux résultats chiffrés, sans tenir compte de la qualité des prises en charge éducatives. L’éducatif est-il encore une valeur défendue par l’association ? », s’interrogent les salariés.
Sans compter les difficultés liées aux pathologies et traumatismes des enfants : « 30 % des gamins aujourd’hui qui sont à l’aide sociale à l’enfance sont porteurs d’une reconnaissance de handicap. Ça soulève un certain nombre de défis » déclare Adrien Taquet, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, Alors que le président de la République a présenté cette semaine des mesures pour les personnes en situation de handicap, le sort de ces enfants inquiète.
La raison ? Un vide dans les politiques publiques analyse Adrien Taquet. « Ces gamins de l’aide sociale à l’enfance en situation de handicap, ils sont au croisement de deux politiques publiques : le social et le médico-social. Avec des décideurs différents, des financements différents » explique-t-il. « Quand vous êtes au croisement de ces politiques, vous tombez dans le trou entre les deux ». « On ne sait pas les accompagner » déplore-t-il