Ecrit le 17 avril 2022
A l’approche du deuxième tour des présidentielles, les avertissements et mises en garde se multiplient, appelant à voter MACRON, mais sans illusion.
Un vote nécessaire pour la République mais exigeant pour le prochain quinquennat
Communiqué du Mouvement associatif, dont la Ligue des Droits de l’homme est membre
Dimanche 10 avril 2022 s’est tenu le premier tour de l’élection présidentielle. Pour la troisième fois sous la Ve République, l’extrême droite se qualifie pour le second tour.
Ce ne sont pas moins de 11 millions de Français qui ont apporté au premier tour leur voix à des candidats se situant à l’extrême droite de l’échiquier politique. Cette situation est le fruit d’une montée continue des colères et des détresses, notamment sur le plan social, face à l’augmentation croissante des inégalités, à une société qui par beaucoup d’aspects exclut plus qu’elle n’inclut ; mais également d’une fatigue démocratique, dont la progression de l’abstention est l’une des manifestations.
Ce que cela révèle d’inquiétudes et ’exaspérations doit impérativement et urgemment être pris en compte.
Pour autant, le risque que représente l’accession au pouvoir de la candidate de l’extrême-droite pour notre démocratie, pour notre République et les valeurs qui la fondent ne peut pas être ignoré. L’histoire nous l’a enseigné, l’exemple de plusieurs pays y compris en Europe nous le rappelle encore aujourd’hui.
Les organisations rassemblées au sein du Mouvement associatif agissent tous les jours dans une multiplicité de domaines et avec des approches différentes mais avec des principes partagés et un socle de valeurs qui nous rassemble : égalité de toutes et tous, respect de la dignité de la personne, respect de la liberté de conscience, accès à l’exercice de la citoyenneté par l’engagement pour toutes et tous.
Ces principes sont clairement inscrits dans la Charte des engagements réciproques signée entre les pouvoirs publics et Le Mouvement associatif. Ils nous obligent.
Ces principes et ces valeurs ne sont pas compatibles avec ce qui est porté par la candidate de l’extrême droite. Les nombreuses propositions du programme du Rassemblement national fondées sur la préférence nationale et donc sur un principe de discrimination et de rejet de l’universalisme républicain constituent un véritable risque de morcellement de notre pays et de fracturation entre ses citoyens. Elles sont à l’opposé de notre devise républicaine : liberté, égalité, fraternité, que les associations contribuent à faire vivre depuis plus d’un siècle.
Face à ce risque majeur, dans son immense majorité, Le Mouvement associatif appelle à un vote de refus massif et clair de l’extrême droite par le choix du vote pour le seul candidat républicain encore en lice, Emmanuel Macron.
Pas un blanc-seing
Pour autant, cela ne constitue en rien un blanc-seing tant pour le bilan du président sortant que pour le programme du candidat, notamment dans son rapport au rôle pourtant essentiel des acteurs associatifs pour la vitalité de notre démocratie, l’émancipation citoyenne, le développement d’une économie plus juste et solidaire.
Nous rappelons la nécessité du respect des libertés associatives, mises à mal par l’adoption du Contrat d’engagement Républicain, outil de contrôle administratif ;
nous rappelons la nécessité du dialogue et de la co-construction avec les corps intermédiaires, ignorés et fragilisés au cours du dernier quinquennat ;
nous rappelons la force de l’engagement associatif, libre et volontaire comme clé de la citoyenneté et de l’émancipation individuelle.
Des engagements suivis d’effets doivent être pris sur tous ces sujets comme sur de nombreux autres, permettant une mobilisation sociétale collective face aux enjeux sociaux, environnementaux et démocratiques et pour que les cinq prochaines années ne soient pas les mêmes que celles qui viennent de s’écouler. Nous y veillerons.
Paris, le 15 avril 2022
Communiqué intersyndical
Dans le Journal du Dimanche, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, rappellent que le projet politique du Rassemblement national représente un danger pour les travailleurs.
Voici leur tribune : « Jamais la menace de voir l’extrême droite à l’Élysée n’a été aussi forte. Elle nous impose de prendre la parole aujourd’hui pour éviter ce scénario catastrophe. Nous sommes les responsables des plus grandes organisations syndicales françaises. Nous regroupons des centaines de milliers d’adhérents et des millions de travailleurs nous font confiance dans les entreprises et les administrations. Nous les écoutons, nous les accompagnons, nous les défendons. C’est à ce titre que nous alertons sur le péril que représentent Marine le Pen et son parti.
Le Rassemblement national n’a pas changé. Comme le Front national en son temps, il est profondément ancré dans l’histoire de l’extrême droite française, raciste, antisémite, homophobe, et sexiste. Tout son programme est centré sur le rejet de l’autre et le repli sur soi. La préférence nationale, rebaptisée priorité nationale, est au cœur de chacune de ses propositions. En l’inscrivant dans la Constitution comme elle le promet, Marine Le Pen souhaite saper un des fondements de notre République, l’égalité entre tous les citoyens. Nous ne voulons pas de cette société-là.
Tous les jours, nos équipes se battent pour lutter contre les discriminations, quelles qu’elles soient. Ce contre-pouvoir, Marine Le Pen a pour projet de le faire disparaître. En favorisant l’émergence d’une myriade de petits syndicats « maison » corporatistes, elle veut affaiblir les organisations syndicales représentatives et limiter la défense des salariés.
Elle fera de même, n’en doutons pas, avec toute la société civile organisée qui se dressera sur sa route. Son projet revient sur des droits fondamentaux pour les femmes gagnées par les associations et les syndicats. Il n’intègre aucune mesure pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique qui menace l’avenir de notre planète.
Il affiche en revanche une complaisance, voire une solidarité avec beaucoup d’autocrates d’hier et d’aujourd’hui qui restreignent les libertés individuelles (Orban, Bolsonaro, Trump…) ou n’hésitent pas à entrer en guerre pour étendre leur territoire (Poutine).
Nous sommes deux acteurs engagés qui croient, malgré leurs divergences, à la force du dialogue et à l’action collective pour construire une société plus juste. Nous sommes deux responsables d’organisations qui ne se résignent pas à voir l’extrême droite au pouvoir.
Le Rassemblement national est un danger pour les droits fondamentaux des citoyens et des travailleurs. Il ne peut pas être considéré comme les partis républicains, respectueux et garants de notre devise, liberté, égalité, fraternité. Ne lui confions pas les clés de notre démocratie, au risque de les perdre. »
Le monde de la santé
Dans une tribune au JDD, plus d’un millier de professionnels de santé lancent « un appel solennel en faveur du seul vote qui permet de préserver nos solidarités », celui d’Emmanuel Macron. « Les valeurs de notre système de santé ne sont pas celles de l’extrême-droite », écrivent-ils.
« Nous, professionnels de santé, patients, chercheurs, élus,
Nous, citoyens profondément attachés au système de santé français et à ses valeurs, appelons sans détour à faire barrage à l’extrême-droite.
Au quotidien, les acteurs de la santé agissent pour l’intérêt général et pour faire vivre les valeurs fondamentales de notre pacte républicain : liberté, égalité, fraternité.
Cette liberté qui s’incarne dans notre droit absolu à être respecté, écouté et traité dans la dignité, à rester le décideur en dernier ressort de notre parcours de soins.
Cette égalité qui s’incarne dans notre modèle social fondé sur l’hospitalité inconditionnelle, parce que l’égalité devant le soin, c’est l’égalité dans la République.
Cette fraternité enfin, qui est la vocation première de tous les professionnels de santé, engagés à prendre soin de chacun, quelle que soit son origine, ses revenus, ses convictions.
Malgré une communication plus subtile, l’extrême-droite n’a pas changé. Elle n’est pas plus rassembleuse ou sociale qu’elle ne l’était il y a 20 ans, au soir du 21 avril 2002. Et plus que jamais, l’extrême-droite porte en germe la destruction de notre État-providence, nos services publics et particulièrement notre système de santé.
Au-delà de nos différences d’opinion, au-delà des constats que nous portons chacun sur les remèdes à apporter à un système de santé fragilisé, nous partageons la conviction que le projet de l’extrême-droite s’oppose aux principes fondamentaux qui fondent notre modèle social.
L’extrême-droite souhaite supprimer l’Aide médicale d’État (AME) et la remplacer par un dispositif a minima pour prendre en charge les soins urgents. Vieille idée, contraire aux conventions internationales sur le droit à la santé, la suppression de l’AME mettrait en danger toute la population en favorisant la propagation de maladies infectieuses en apparence non-urgentes. A rebours de l’histoire après deux années de pandémie COVID qui a montré combien la santé et les maladies ne s’embarrassent pas de passeports. Idée couteuse également : à l’heure où nous plaidons pour davantage de prévention en santé, réduire l’accès aux soins primaires favorisera les complications et, donc, les soins lourds, urgents et couteux.
L’extrême-droite souhaite stigmatiser les médecins et professionnels étrangers, nos collègues et amis. Certes, ils ne seraient pas interdits d’exercer à court terme. Mais comment accepter l’atteinte qui serait faite à leur dignité en les désignant comme intrus ? Rappelons enfin que 30 % des postes de médecin sont vacants à l’hôpital et que plus de 10% de l’ensemble des médecins en exercice régulier ont un diplôme acquis à l’étranger.
A l’approche ethnique et nationaliste et aux risques de fracture de notre pacte civique qu’elle porte, nous opposons la France républicaine, universelle et solidaire, cette France du soin de l’autre qu’incarne parfaitement notre système santé.
Disons-le clairement : le vote qui nous attend est un choix entre deux conceptions de la République. Ne nous trompons pas de combat, sachons mettre de côté nos différences politiques pour écarter une menace existentielle pour notre démocratie.
Au-delà des différences d’opinion, et parce que l’essentiel est aujourd’hui en jeu, nous lançons un appel solennel en faveur du seul vote qui permet de préserver nos solidarités : celui en faveur de l’actuel président de la République. »