écrit le 16 octobre 2002
Patrick Henry
Patrick Henry, celui qui avait été condamné à perpétuité pour le meurtre du petit Philippe Bertrand, et qui a été libéré au bout de 25 ans, a été interpellé en Espagne, le 6 octobre 2002, près de Valence en possession de 10 kg de haschich alors qu’il était en libération conditionnelle depuis mai 2001.
Cette « rechute » a découragé beaucoup de gens. « Ce qui est très pénible, c’est de voir qu’elle va porter un coup important à toutes les tentatives de réinsertion », a déclaré l’ancienne garde des sceaux, Elisabeth Guigou. De son côté, Claude Goasguen, vice-président du groupe UMP à l’Assemblée, a ajouté qu’Ã son avis Patrick Henry « n’était pas en mesure d’être correctement réinséré » mais que cependant : « La libération conditionnelle est une bonne chose ». Dominique Barella, secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats, a jugé que l’arrestation de Patrick Henry illustrait « le manque de moyens » de la justice pour le suivi des détenus libérés
Lien affectif
« Quelqu’un qui a passé plus de vingt ans enfermé a appris à vivre en prison, analyse Marie-José Strickler, membre de la fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale. » Passé ce temps de l’enfermement où tout est dit, tout est réglé, les « longues peines » sont nombreux à avoir d’extrêmes difficultés à vivre normalement.« Mme Strickler, qui dirige un centre de réinsertion sociale à Nevers, explique que »rien ne peut se faire sans lien affectif. Un appartement et un métier ne suffisent pas. Si on veut que la réinsertion réussisse, il ne faut pas laisser ces détenus seuls, livrés à eux-mêmes, à la sortie".
Si la modération l’emporte dans le monde politique, c’est du côté de l’opinion publique que la colère gronde. Mais elle gronde de façon sélective. La libération de Maurice Papon, coupable de bien d’autres crimes, a été vite oubliée. Et toutes les turbulences judiciaires autour du chef de l’Etat, laissent l’opinion indifférente.
Cerné
Pourtant, ces derniers jours, le dossier des « chargés de mission » de la Mairie de Paris, ouvert en décembre 1998 pour « faux en écritures publiques et détournement de fonds publics », ouvre à nouveau plusieurs pistes qui cernent l’ancien maire Jacques Chirac. Outre le fait que les titulaires des contrats litigieux - dont il est établi que certains n’ont jamais travaillé pour la Ville de Paris alors qu’ils en percevaient des salaires - lui étaient administrativement attachés, les recherches policières ont mis en évidence que ces « déta-chements » informels de personnels ont profité à des élus du RPR, à des associations à dominante gaulliste - ainsi notamment qu’au Centre national des indépendants (CNI), petit parti de droite qui s’allia successivement avec le Front national et le RPR.
Le chef de l’Etat est protégé par son immunité présidentielle, mais pas ses proches collaborateurs. Les enquêteurs considèrent que 43 contrats restent suspects, et que leur salaire correspondrait à la somme de 4,5 millions d’euros (environ 30 millions de francs) pris sur les fonds publics.
Il y aurait donc, en matière de justice, deux poids et deux mesures ? L’indulgence pour « les grands », la France d’en Haut. Et la sévérité pour les petits, la France d’en Bas.
La fracture sociale s’approfondit tous les jours.
Un de nos lecteurs nous écrit à ce sujet :
La dernière (?) affaire Patrick Henry rappelle que, s’il y a de salauds, il y a aussi des salauds vertueux. Dans les seconds, comptons le vicomte De Villiers et sa joie mauvaise, quand il ironise sur l’utopie de la réinsertion.
D’abord parce que ce grand chrétien (du dimanche) oublie que sa religion est fondée sur l’idée de rédemption. (Mais, s’il est pratiquant, est-il croyant ?). Et fait mine d’ignorer que si effectivement la réinsertion de Patrick Henry est un terrible échec, pour lui et pour ceux qui l’ont cru, ce n’est pas vrai pour bien d’autres. Même Perben le répressif l’a reconnu ! démagogue, ça se dit comment en patois vendéen ?
Il y a aussi des imbéciles : le même De Villiers qui ne réalise pas qu’à ce compte-là , il ne fallait pas permettre la réélection de ses amis politiques Jacques Mellick,, Patrick Balkany, et ne pas laisser remonter en selle l’inusable Alain Carignon !
(PM. Bourdaud)
23 %
Lorsqu’un condamné est relâché avant d’avoir accompli toute la durée de sa peine, l’opinion publique pose toujours la question de la récidive et montre du doigt les réinsertions ratées ... mais oublie les réinsertions réussies. Deux études publiées au début des années 90 par les chercheurs Annie Kensey et Pierre Tournier ont révélé que les détenus bénéficiant d’une conditionnelle retournent deux fois moins en prison que ceux qui sont sortis à la fin de leur peine (le taux de retour est de 23 % contre 40 %).
(écrit le 23 octobre 2002) :
Prisons
Lu dans l’Humanité sous la signature de Patrick Appel-Muller : « Ouvrez une école, et vous fermerez une prison » proclamait Victor Hugo. Le gouvernement a décidé d’ouvrir des prisons (...). Tandis qu’on s’inquiète de la montée des violences et de l’absentéisme, le ministre [de l’éducation] a décrété la suppression de 5600 postes de surveillants et la disparition de 26 000 aides-éducateurs.
La sécurité des écoles serait mieux assurée, selon Jean-Pierre Raffarin, à coups de condamnation d’enfants à la prison que d’efforts
Qu’est-ce que la récidive ?
Multirécidiviste
Ecrit le 12 novembre 2008
Qu’est-ce qu’un jugement datif ?
réponse
Le 16 octobre dernier, dans « A vous de juger » sur France 2, Mme Dati, ministre de la Justice, a évoqué le cas d’un jeune homme à Marseille « ayant commis 190 délits et 52 fois condamné ». Wouah ! Sauf que personne ne voit de qui il s’agit. Ni les éducateurs, ni les magistrats, ni les surveillants n’ont trouvé trace de ce môme. Le ministère est incapable de donner un nom ! Mais qu’importe à Mme la Ministre. Elle voulait simplement frapper l’opinion publique. c’est réussi ! Tant pis si la vérité en a pris un coup !
[Lire aussi ici : http://www.betapolitique.fr/video-Dati-invente-un-17325.html]