(écrit le 20 juillet 2002)
Police : bilan des premiers G.I.R
Il était un petit homme,
GIRouette, Cacahuète...
Pour lutter contre le sentiment d’insécurité (ah ! les sentiments !) le gouvernement Chirac-Raffarin a lancé des « opérations ciblées » et des « GIR » dont le bilan judiciaire est plutôt mince, mais qui sont surtout destinés à avoir un impact psychologique
Mesure phare du programme de M. Sarkozy contre l’insécurité, 28 GIR (Groupements d’intervention régionaux), regroupent policiers, gendarmes, douaniers et agents du fisc, appelés à collaborer pour démanteler les réseaux de délinquance organisée. Depuis leur lancement, ils ont fait parler d’eux à l’occasion d’opérations coup de poing, souvent fort médiatisées, dans des quartiers ou cités difficiles.
Un gramme par fonctionnaire
Le bilan de ces interventions est très variable : si une descente du GIR, le 2 juillet dans la région d’Avignon, a permis de saisir un important arsenal, en revanche, le déploiement de près de 300 hommes mardi 16 juillet 2002 dans une cité de Nanterre (Hauts-de-Seine) s’est soldé par trois interpellations et la saisie de 256 grammes de cannabis... « Moins d’un gramme par fonctionnaire mobilisé », ricane un policier, qui, refusant d’être cité, qualifie les GIR d’opération de « relations publiques ».
« Des résultats un peu risibles », dit aussi Hafid Ramouni, fondateur de l’association Zy’va, qui mène depuis dix ans un travail de terrain dans les cités de Nanterre. « Les 300 policiers qu’on a eus en une journée, on aimerait bien les avoir toute l’année. Il en faudra plus pour inquiéter les caïds », ajoute-t-il.
Une bonne idée ... virtuelle
Mais les critiques émanent aussi des syndicats de policiers les plus représentatifs. « Pour l’instant, les GIR, c’est une bonne idée virtuelle », estime Jean-Pierre Reynaud, secrétaire général du Syndicat national des officiers de police (SNOP, majoritaire). Tout en indiquant « partager la doctrine » à l’origine de leur création, M. Reynaud, dont le syndicat a mis en place « un observatoire » des GIR, dit « attendre les résultats ».
« Pour répondre à l’attente des citoyens en matière de sécurité, il fallait une réponse immédiate, urgente, et cela a été les GIR », dit Alain Corbion, représentant les commissaires de police au sein de l’UNSA. Mais « jusqu’Ã présent, la montagne a un peu accouché d’une souris », estime-t-il.
L’aspect « psychologique » des opérations des GIR est mis en avant au ministère, où l’on souligne « le retour de la présence policière dans des zones où elles n’avaient plus droit de cité ».
Selon Philippe Robert, directeur de recherches au CNRS. « les GIR reposent sur l’idée que c’est le crime organisé qui empoisonne la vie en zone urbaine. Or ce sont plutôt des rixes, des petites agressions, une délinquance en miettes qui créent l’insécurité », souligne le chercheur.
« résultat, on dit qu’on va s’attaquer à un tigre et on ne rencontre que des lièvres, une barre de shit par ci, deux machines à sous par là », ajoute-t-il.
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