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Ecrit le 3 juillet 2019
(Communiqué de Michelle Meunier,
sénatrice)
Dans la nuit de vendredi 21 à samedi 22 juin dernier, au cours des dernières heures de la fête de la musique, la dispersion musclée, par les forces de l’ordre, d’un groupe de personnes dans l’assistance d’une soirée techno, a entraîné une escalade de violence dont les conséquences sont gravissimes. Sous les projections denses de gaz lacrymogènes, les tirs de grenades de désencerclement, les coups de matraque et les assauts de chiens policiers, une foule de plusieurs centaines de personnes a été mise en danger par les forces de police. Probablement prises de panique par la démesure de l’intervention policière, quatorze personnes ont été repêchées dans la Loire, par les services de sauvetage présents sur place.
Un jeune homme assistant à cette soirée est porté disparu. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches, dont on peut imaginer l’incompréhension et l’angoisse croissante au fil des heures.
Nul ne devrait se sentir en insécurité lorsqu’il participe à un rassemblement. La mission des forces de l’ordre est précisément de s’assurer de la protection de la population, pas de leur mise en danger.
Une enquête de l’IGPN a été diligentée. Il est urgent d’identifier précisément la chaîne de responsabilité qui a conduit à ces débordements. Des sanctions exemplaires devront être tirées, au plus haut niveau de responsabilité. Plus généralement, depuis plusieurs mois à Nantes et en Loire-Atlantique, on assiste à une recrudescence de violence dans les opérations de « maintien de l’ordre » : manifestation de gilets jaunes et marche du climat dispersées sans sommations le 8 décembre 2018 ; usage disproportionné et massif des armes sublétales depuis novembre ; arrachage de la main de Maxime Peugeot lors de l’évacuation de la ZAD en mai 2018 ; gazage des passants du centre-ville de Nantes en avril 2018 ; interdictions administratives systématiques de certains groupes de supporters de football.
Je ne peux accepter que certaines manifestations sportives, certaines pratiques culturelles ou que des mouvements sociaux puissent servir de laboratoire social de la répression de la foule par les forces de l’ordre.
La doctrine du maintien de l’ordre sur les foules doit nous interroger : la disproportion est de rigueur, l’usage de plus en plus systématique de la force est tout aussi inacceptable que manifestement contreproductif. Cette violence publique de moins en moins légitime éloigne nos concitoyens des forces de police et de gendarmerie, elle cultive l’incompréhension, voire attise une haine envers ces fonctionnaires qui n’est pas de nature à apaiser le climat social.
Il est urgent de repenser les méthodes de maintien de l’ordre, de cesser l’escalade de la violence. Dans ce type de situation, c’est au plus fort de montrer un signe d’apaisement. L’État doit montrer l’exemple. (fin du communiqué)
Ecrit le 10 juillet 2019
Un député courageux
Mounir Belhamiti, député LREM d eNantes-Orvault-Sautron, a publié une chronique dans Facebook ;
" Il est toujours délicat, lorsqu’on est un élu de la République, de prendre position publiquement sur des questions faisant l’objet d’enquêtes officielles, comme c’est le cas sur l’épisode dramatique qui a marqué la fête de la musique à Nantes.
Une enquête de l’IGPN est en cours, à la demande du ministre de l’intérieur, concernant les conditions d’intervention des forces de l’ordre sur le quai Wilson dans la nuit du 21 au 22 juin. Je souhaite qu’elle permette de faire toute la lumière sur les faits, et les éventuelles responsabilités engagées.
Une enquête judiciaire est en cours concernant la disparition inquiétante de Steve Caniço, qui était présent lors de cette intervention, et n’a pas donné signe de vie depuis lors. Je souhaite, comme chacun, qu’elle permette de retrouver le jeune homme sauf, même si chaque jour qui passe nourrit une inquiétude grandissante.
Et s’il ne m’appartient pas de me prononcer sur les conclusions des enquêtes à venir, je crois de mon devoir de parlementaire et d’élu de la majorité de m’exprimer aujourd’hui.
Je suis élu d’une majorité qui a inscrit la bienveillance, et le respect de la dignité humaine au cœur de ses valeurs. Je suis élu d’une majorité qui a fait de l’évaluation de l’action de l’Etat une mission essentielle des parlementaires. Et lorsque la première réponse de l’Etat, par la voix de son représentant, et avant même que ne soit diligentée l’enquête de l’IGPN, consiste à déclarer, trois jours après les faits, que l’intervention policière s’est déroulée « de manière proportionnée », je le dis sans ambages : l’Etat se met en faute. Parce que nul ne saurait considérer comme proportionnée une intervention qui conduit une dizaine de jeunes à se jeter dans la Loire.
Lorsque le représentant de l’Etat rappelle, par un communiqué lapidaire, les règles d’organisation de manifestations, et met en garde contre « des rassemblements festifs à caractère musical non autorisés » alors qu’est prévu un rassemblement de solidarité envers les proches du jeune disparu, et d’expression de l’émotion populaire, le tout sans un mot de compassion, je le dis sans ambages : l’Etat se met en faute.
Parce que l’Etat se doit de témoigner bienveillance et empathie envers les Nantaises et les Nantais qui expriment une inquiétude et une incompréhension parfaitement légitimes et ne sauraient être traités par une forme d’indifférence qui confine au mépris " (fin du texte)
Il ne va pas faire longue carrière, celui-ci !
Ecrit le 9 décembre 2020
Flic :
Jusqu’Ã présent, aucun journaliste ne s’était lancé un tel défi : infiltrer la police. Valentin Gendrot, adepte des reportages en immersion, a osé. Il a suivi une formation express avant d’intégrer un commissariat durant six mois. Une arme à la ceinture, le journaliste non-détecté a rejoint une brigade dont certains membres tutoient, insultent et distribuent régulièrement des coups à des jeunes hommes noirs, d’origine arabe ou migrants qu’ils surnomment « les bâtards ». Ce livre dévoile les coulisses d’une profession souvent accusée de violences, de racisme et au taux de suicide anormalement élevé. Un récit urgent, tant pour les victimes des violences policières que pour les policiers eux-mêmes.
Flic - Valentin Gendrot : Ed. Goutte d’Or