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Ecrit en novembre 2000 :
Tigzirt-Châteaubriant
Le courant passe
C’est en décembre 1999 que trois élus de la commune de Tigzirt sur Mer sont venus en visite à Châteaubriant à la suite d’un premier contact pris par Pierre Urvoy (conseiller municipal). Depuis, les relations se sont suivies entre les deux villes (Et le journal La Mée figure même à la bibliothèque municipale de Tigzirt !).
Du 25 au 31 octobre 2000, huit Tigzirtois sont venus en France, 4 à Châteaubriant et 4 à St Herblain.
Comment faîtes-vous ici ?
Les 4 Tiqzirtois venus à Châteaubriant étaient : Brahim Ouhaddad (secrétaire général), Ali Khider (chargé de l’urbanisme), Nordine Boussouf (informaticien) et Arezki Acheraiou (vulgarisateur en Agriculteur). Chacun d’eux a rencontré ses homologues castelbriantais pour comparer les pratiques castelbriantaises et tigzirtoises. « Tigzirt est une ville en pleine transformation. Nous avons 10 000 habitants maintenant et en espérons 100 000 dans une décennie. Nos 114 fonctionnaires ont énormément de travail pour faire face à cette évolution » a dit Brahim Ouhaddad.
Ali Khider s’est penché davantage sur les questions de station d’épuration (car Tigzirt en est encore dépourvue). Nordine Boussouf rêve de mettre tous les ordinateurs de sa mairie en réseau, comme à Châteaubriant, en commençant par l’Etat-Civil et la Comptabilité. Quant à Arezki Boussouf, il a rencontré des producteurs de viande bovine et de lapins et a apprécié l’organisation et le matériel adéquat. « Chez nous, nous poussons l’élevage du lapin : nous offrons 16 lapines et deux mâles et les agriculteurs apprennent le métier peu à peu tout en développant leur exploitation »
Les quatre autres Tigzirtois (dont une jeune fille) viennent du milieu associatif, de la toute jeune « association culturelle des amis du Bassin méditerranéen » à Tigzirt. A St Herblain ils ont visité le Relais du cœur, la Maison des Jeunes, le Planning Familial, l’Espace Simone de Beauvoir. Puis les 8 Tigzirtois se sont retrouvés à Châteaubriant pour découvrir la jeune association « Rencontres » et son animatrice Clotilde Riesenberger.
Emotion partagée
Le « courant » entre Algériens et Français est très bien passé. On a retrouvé cette chaleur ; cette émotion, qu’on a déjà connue lors de la visite des trois premiers Tigzirtois, le désir de mieux se connaître, de développer les échanges de travail et peut-être de déboucher sur un jumelage. C’est du moins le voeu émis par Jean-Claude Orrière, premier adjoint représentant Martine Buron.
écrit le 20 avril 2001
Des nouvelles de Tigzirt
Le sang algérien a coulé. Dans une quantité médiatiquement correcte, ce qui autorise nos médias à se pencher aujourd’hui sur le drame que vit la Kabylie depuis le 18 avril : plus de 16 morts, plus de 200 blessés. Les émeutes se poursuivent aussi bien dans la région de Béjaïa (250 km à l’est d’Alger) que dans celle de Tizi Ouzou (110 km à l’est)
J’ai pu joindre au téléphone Rachid Sedki, maire de Tigzirt-sur-Mer au sujet de la situation kabyle. Tigzirt, située dans la Wilaya de Tizi-Ouzou, connaît aussi des manifestations très dures : 9 blessés, incendie de la Recette des Impôts, symbole de l’Etat. La situation est tendue. La revendication prioritaire étant le départ des « gendarmes-assassins de jeunes »
Trois ingrédients expliquent cette explosion : la police méprisante, injuste et violente, les problèmes sociaux majeurs et endémiques (chômage, logement), la revendication identitaire kabyle. Rachid a confirmé cette analyse.
L’éditorial de « El Watan » semble bien poser la situation politique algérienne en écrivant : " Le président Bouteflika a prononcé un beau discours jeudi dernier devant les cadres de la nation (...) mais n’a pas jugé utile de prononcer quelques phrases d’apaisement, de dire sa douleur sur les jeunes tués en Kabylie. Plus grave encore, le président Bouteflika, sitôt son discours terminé, a pris l’avion pour se rendre à Abuja afin d’assister à une réunion africaine sur le sida, réunion à laquelle il aurait pu être représenté par le ministre de la Santé.
Depuis l’indépendance, les dirigeants algériens ont méprisé le peuple, n’ont jamais été à l’écoute de ses problèmes, de ses angoisses. (...). Les responsables actuels n’ont pas tiré les leçons de ce passé. (...). La gestion par le mépris refait surface. Eux savent tout, connaissent tout, et l’Algérien reste à leurs yeux un mineur qui ne mérite que la matraque, qui n’a pas encore droit à la liberté d’expression, qui n’a pas droit à la démocratie, « pire que le sida », selon M. Bouteflika. L’Algérie est en danger de mort, ses dirigeants ne s’en émeuvent pas. Il est vrai que nombre d’entre eux se sont assuré des retraites dorées. "
Exprimer cette opinion c’est prendre un sacré risque. Ils ont du courage ces journalistes.
Pierre Urvoy - 20 avril 2001