Accueil > Châteaubriant > Associations diverses et partis politiques > Restau du coeur > Restau - 2004-2005
Ecrit le 15 décembre 2004
Resto du cœur :
20 ans : le bel âge ... ?
déc 1985-déc.2005 : les Restos du Cœur ont 20 ans. Le bel âge que celui où, en France, une personne sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté (selon les normes européennes) ! Et environ 3 millions de personnes sont sans logis ou mal logées, selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre.
Le Resto du cœur de Châteaubriant a rouvert ses portes le 7 décembre 2004 après une inter-campagne qui a eu lieu d’avril à fin novembre. Au cours de cette inter campagne ont été accueillis « les plus démunis des démunis », c’est-Ã -dire, en gros, ceux qui ont moins de 250 à 300 € par mois pour vivre.
– En 2003 : 28 familles
– En 2004 : 44 familles (123 personnes)
Les deux tiers de ces familles sont monoparentales.
Progrès ?
Au 7 décembre 2004, l’ouverture s’est faite avec 45 familles (105 personnes). Au bout de deux heures il y avait 56 familles inscrites. Ce qui représente environ une progression de 40 % dès l’ouverture, par rapport à l’an dernier. Drôle de progrès ! Ces chiffres ne sont bien entendu que provisoires : en mars 2004, lors de sa fermeture, le Resto de Châteaubriant avait recensé 125 familles (soit moins que l’année précédente en raison du changement de local et de l’éloignement de la ville).
Les denrées alimentaires proviennent de la centrale nantaise (qui s’approvisionne dans les surplus européens) et des magasins « Grandes surfaces » qui donnent les produits à la date limite de fraîcheur. Des collectes régulières permettent aux citoyens d’apporter des produits. Des abattoirs de bœuf ou de volailles donnent de la viande. « Nous coûtons très peu cher à la société » dit le responsable castelbriantais du Resto.
54 bénévoles, qui consacrent pour la plupart deux matinées par semaine à cette tâche redistributive, sont munis d’un badge comportant leur prénom, pour que le lien soit plus facile avec les personnes accueillies.
Les postes à tenir sont nombreux : inscription-accueil, distribution, coin café, etc...
En plus du coin « jeux » pour les enfants, de nouveaux services ont été mis en place :
– . Un coin bibliothèque où une personne accueille enfants et familles, conseille des livres, discute de leur contenu. Les familles, souvent loin de la lecture, s’y mettent peu à peu et trouvent là matière à échanges
– . Un coin « films » : un poste de télévision a été mis à disposition par un réparateur castelbriantais, avec des DVD. Cela permet aussi une discussion avec les personnes intéressées.
– . Un atelier cuisine fera des petites recettes-démonstrations, avec les produits du jour.
– . Un salon de coiffure-brushing va ouvrir très prochainement avec une coiffeuse en retraite, tandis qu’un coiffeur de la ville a promis d’envoyer de temps en temps du personnel.
« Ici nous souhaitons que les personnes se réhabituent à vivre. Le manque d’argent conduit à une exclusion qui n’est pas seulement alimentaire » disent les bénévoles du Resto du cœur qui savent, comme disait un errant, il y a 2000 ans, que « l’homme ne vit pas seulement de pain »
L’inscription est un moment difficile, une sorte de mise à nu, qui demande écoute et chaleur. Les personnes démunies, comme les autres, sont des gens fiers qui n’aiment pas exposer leurs difficultés à vivre.
Les responsables du Resto doivent les mettre en confiance sans accentuer leur détresse, les écouter sans tomber dans le misérabilisme.
La Recherche d’Emploi
A part quelques personnes « installées » dans la précarité (mais comment peut-on être installé avec 500 € par mois ?), la grande majorité des bénéficiaires du Resto du cœur cherchent à se subvenir par eux-mêmes, cherchent un travail ... qui ne court pas les rues.
De là la mise en place d’une nouvelle activité des Restos. Il s’agit d’aider le bénéficiaire à (re)trouver une activité professionnelle en l’encourageant, en le motivant tout au long de ses démarches, en l’accompagnant pas à pas : lui faire connaître les organismes utiles, définir avec lui ses aspirations et ses possibilités, l’assister dans la rédaction de documents et les prises de rendez-vous... C’est un soutien permanent et personnalisé.
A Châteaubriant l’ANPE et deux agences d’intérim vont venir, périodiquement, rencontrer les bénéficiaires du Resto pour définir leurs blocages, essayer de trouver une solution.
« Il arrive régulièrement que des bénéficiaires trouvent du travail. On les voit alors revenir nous voir, tout contents, pour nous le dire » expliquent les bénévoles du Resto.
Idées toutes faites
La démarche des Restos du cœur continue à poser des problèmes à certaines personnes, toujours prêtes à critiquer :
– . « On ne m’a jamais aidé, moi » dit une personne. Oubliant qu’elle a sans doute eu la chance d’avoir des parents, un conjoint, des amis, un travail... Tout cela est une aide à vivre. Il n’y a pas que le don de nourriture qui est une aide.
– . « iyzonqu’Ã râper des carottes plutôt que de les acheter toutes faites, ils ont qu’Ã faire du pot-au-feu plutôt que d’acheter des surgelés » dira l’autre.
Oui en effet mais les personnes démunies sont des consommateurs comme les autres, sensibles à la publicité qui vante les produits élaborés.
Peut-on leur reprocher d’avoir envie de consommer comme les autres ?
– . « Yzonqu’Ã travailler ». ceux qui disent cela n’ont-ils pas un enfant, un parent qui se désole d’être sans travail et multiplie les démarches en vain ?
On dit ..... que le bâtiment manque de bras. Mais quand un travailleur se présente le patron le trouve trop vieux, ou trop lent, ou pas assez qualifié, ou ceci, ou cela. Même chose dans l’hôtellerie (et ne parlons pas du secteur hospitalier qui demande des compétences supplémentaires).
Les personnes qui, déjà , ont du mal à se présenter devant un patron, retombent plus bas qu’avant lorsqu’elles sont rejetées.
– . « Yzonqu’Ã ... » . Notre société est ainsi faite que les victimes sont coupables d’être victimes et que les « grands » , ceux du « grand monde » sont admirés, respectés, exonérés de toute responsabilité.
Nul ne s’insurge de voir des revenus à 795 000 € par mois, mais chacun est prêt à reprocher au voisin le bout de pain qui lui a été donné.
Les bénévoles du Resto du cœur cherchent à remédier à cette situation, ou du moins à en corriger les effets . Dommage qu’ils ne fassent pas souvent le lien avec les causes profonde de la misère. « La misère, il y en aura toujours. Le seul avantage c’est qu’elle développe la solidarité. Mais c’est tout ce que je trouve de positif » dit un bénévole castelbriantais.
Et si on remplaçait la solidarité par la justice ? Et si on remplaçait le chômage par le plein emploi ? La société aurait tout à y gagner.
Tous les dons financiers aux Restos du cœur
bénéficient d’une déduction fiscale de 75 %. C’est-Ã -dire que les personnes qui donnent 100 € voient leurs impôts diminuer de 75 € ... (si elles paient des impôts !)
Repas de fête
Mercredi 1er décembre a eu lieu une sorte de Repas de Noêl pour les bénéficiaires du Resto du cœur. Repas préparé par l’hôpital, servi par les jeunes du restaurant pédagogique (en tenue, s’il vous plaît), animation danse, musique péruvienne, musique bolivienne, chorale, bagad. Premier repas festif pour 80 déshérités. D’autres n’ont pas osé venir.
Ecrit le 1er janvier 2005 :
générosités
L’association ARCEL (St Aubin des Châteaux) a remis le bénéfice de sa soirée festive annuelle, 1400 €, au Restau du cœur de Châteaubriant où les bénévoles sauront en faire bon usage.
En attendant un bilan à faire fin janvier, le Restau du cœur enregistre déjà 80 familles soit + 15 % par rapport à l’an dernier.
téléthon
Le téléthon à Châteaubriant a rapporté 6392 euros, grâce à l’action de nombreux partenaires, animateurs, associations sportives, commerçants et autres donateurs.
Beaucoup de communes se sont mobilisées aux alentours comme Soulvache (348 €), Rougé (3772 €), Lusanger (1150 €), St Vincent des Landes (5742 €) etc.
Solidarité Asie
voir page 2195
Selon l’ONU, 1,2 milliards de dollars d’aide ont été promis, vendredi 31 décembre, par la communauté internationale, pour venir en aide aux survivants de la catastrophe du 26 décembre 2004 qui a fait quelque 150 000 morts, 500 000 blessés, 900 000 enfants en danger, des millions de sans abri et des survivants qui risquent de mourir de faim ou d’épidémies. Les dons faits, individuellement, par les Britanniques, dépassaient, vendredi, les 63 millions d’euros. En France la générosité a été plus forte que jamais : entreprises, collectivités et citoyens n’ont jamais fait autant de dons.
Les dons sont à adresser à :
-Secours populaire - BP3303 - 75123 Paris Cedex 3 ou
-CCFD - 4 rue Jean-Lantier 75001 Paris ou
– Croix Rouge , BP 100, 75008 Paris
Ecrit le 6 avril 2005 :
Bilan de la saison d’hiver 2004-2005
Le Resto du cœur à Châteaubriant a fermé ses portes à la fin mars 2005. L’intercampagne reprend le 5 avril, avec une seule distribution, le mardi de 9 h à 11h30 pour les personnes en extrême difficulté.
Evolution depuis quelques années :
– 2001-2002 :273 personnes
– 2002-2003 :391
– 2003-2004 :346
– 2004-2005 :371
Sur la saison 2004-2005 : 202 adultes
– hommes : 86
– femmes : 116
– et 169 enfants de moins de 18 ans dont 113 enfants de moins de 10 ans.
répartition :
– 0-14 ans :153
– 15-25 ans : 72
– 25-40 ans : 74
– 40-55 ans : 59
– 55 et plus : 13
A noter :
– . Davantage de femmes que d’hommes
– . Importance des familles monoparentales (mère seule)
Ecrit le 30 novembre 2005
Les restaurants du cœur rempilent
Le « Resto du cœur » à Châteaubriant va ouvrir le 6 décembre, comme dans toute la France et jusqu’au 24 mars 2006. Les inscriptions se font en début de saison, mais aussi au fur et à mesure des besoins.
En réalité, le Resto est ouvert toute l’année. En dehors des 16 semaines d’hiver, il est en « inter campagne » pour les personnes défavorisées en très grande précarité.
Le bilan de l’intercampagne, été 2005 :
– 2003 : 101 personnes
Soit une augmentation de 60 % en deux ans. |
La campagne d’hiver 2005-2006
Pour cet hiver 2005-2006, le Resto peut compter sur 60 bénévoles dont une dizaine de nouveaux.
Accueil, inscriptions, distribution, ramassage des denrées, formation EDF, formation emploi, informatique : chacun est réparti selon ses goûts.
Les responsables sont : André Many (président) et Renée Terrien (Vice-présidente).
Le lundi et le jeudi c’est la mise en place des produits donnés par les Grandes Surfaces (fruits, légumes, produits laitiers). Nantes livre le lait et les produits surgelés venant de l’Union Européenne. Le Resto cherche toujours des produits frais : la viande de bœuf est donnée, de temps en temps par les Éts Viol, les volailles viennent de St Mars la Jaille.
« Nous offrons aux bénéficiaires des repas qui nous reviennent à un euro, mais qui valent beaucoup plus. Nous veillons à l’équilibre alimentaire des repas, sur la base de 1400 calories par personne » dit la présidente départementale, Sylvie RATEAU.
A l’écoute
« En fait, l’aide alimentaire est aussi un moyen d’entrer en contact avec des personnes démunies et de les inciter à aller vers les organismes compétents. Les personnes en grande difficulté finissent par ne plus faire appel, d’autant plus que le système administratif français est très compliqué. Nous recherchons, avec elles, les droits qu’elles peuvent avoir et nous les incitons à les demander ».
Un certain nombre de personnes, limitées dans leur compréhension, ou simplement découragées, passent à côté des quelques avantages auxquels elles ont droit. « Nous ne faisons pas la recherche à leur place, nous les accompagnons ».
C’est dans cet esprit que des bénévoles suivent une formation « recherche d’emploi ». Leur investissement a permis, l’an dernier, à une vingtaine de bénéficiaires des Restos du cœur de retrouver un emploi : « Ils se sont pris en mains, nous leur fournissons une aide encore pour 4-5 mois et ensuite ... tout va bien ». dit André Many.
Certains bénévoles se forment pour apporter une aide au niveau de l’EDF. « Aider à maîtriser l’énergie, éviter les coupures de courant : l’an dernier nous n’en avons eu aucune ! » se réjouit Renée Terrien.
D’autres bénévoles suivent une formation leur permettant de mieux comprendre les situations d’alcoologie et de drogue.
Un accueil chaleureux
L’aide du Resto du cœur se manifeste sur toute une série de « détails » : un accueil chaleureux (café, discussions), une bibliothèque (« nous donnons un livre aux enfants qui souhaitent lire »), une douche récemment aménagée (pour ceux qui le souhaitent, avec fourniture de serviette de toilette et d’un petit colis de linge)
En projet : un lave-linge et un sèche-linge (avis aux généreux donateurs !)
A Châteaubriant le Resto du cœur travaille avec la PASS (permanence d’accès aux soins de santé). Il fournit une aide à l’informatique, des places de cinéma (80 personnes tous les 15 jours), des recettes de cuisine. La municipalité offre la piscine gratuite.
A Nantes, les restos du cœur ont mis en place un service logement, et un chantier d’insertion (pour 40 personnes).
« On ne peut pas dire que les gens s’installent dans l’assistanat , dit la présidente Sylvie RATEAU : 48 % des personnes sortent du Resto du cœur dès la première année. Seulement 11 % y sont depuis plus de 3 ans. On y trouve beaucoup de personnes seules, en particulier des femmes, et des jeunes de moins de 25 ans, absolument sans ressources et sans appui familial ».
Pour tenir compte des évolutions, le Resto du cœur adapte ses dons à la nature des familles : « habituellement nous donnons 6 repas pour une famille, mais nous en donnons 8 pour une personne seule ».
Loisirs : le cinéma !
« Le cinéma est un moyen de créer du lien social. Les familles qui vont régulièrement au cinéma se retrouvent de temps en temps pour pique-niquer. Il a été noté d’excellentes retombées scolaires pour les enfants qui, en ayant eu la possibilité d’aller voir des films récents, peuvent plus facilement en parler à leurs copains, être comme les autres et non plus des exclus. Il faut arrêter l’isolement, le décalage » dit M. Many.
Tous les bénévoles sont les bienvenus (nous cherchons un coiffeur ! « en plus de Système C qui donne un bon coup de main) » et surtout « nous incitons les bénéficiaires à devenir bénévoles à leur tour » disent les responsables.