Ecrit le 5 novembre 2008
Mon amour de jeunesse
Enfin Odette Nilès a écrit ses souvenirs des années 1940-1943, pour ses enfants et petits-enfants d’abord, et pour l’Histoire aussi. Son engagement commence à l’âge de 15 ans, en 1940, distribution de tracts, manifestation sur les Grands Boulevards à Paris, et arrestation le 13 août 1941. Interrogatoire, condamnation à mort
commuée en peine de prison et puis « l’université » comme elle dit : « ce dépôt de la préfecture où nous sommes restés une dizaine de jours », avec les prostituées, avec les femmes condamnées
pour avoir pratiqué des avortements.
" Je les écoutais raconter leurs histoires et je n’en croyais pas mes oreilles, leur langage était si cru, si éloigné de ce que j’avais l’habitude d’entendre. Et leur expérience de la vie était si cruelle () je me demandais s’il existerait
jamais un monde où cette injustice-là aurait disparu ". c’est là aussi qu’Odette découvre l’existence de la drogue et des lesbiennes. Puis ce fut le transfert au camp de Choisel à Châteaubriant, les caisses de bois infestées de vermine, servant de lits.
Odette Nilès raconte la vie au camp, la couture, la gymnastique obligatoire, les cours de sténo et d’anglais dispensés par les autres détenus, et les rendez-vous « à la barrière » pour discuter avec les gars du Camp P1. c’est là qu’Odette et Guy se sont connus. Il jouait de l’harmonica, il écrivait des poèmes « Je sentais que Guy avait du désir pour moi et cela m’effrayait un peu » écrit-elle, 67 ans plus tard.
L’exécution de Guy puis, pour elle, les camps d’Aincourt, Gaillon, Lalande, mérignac d’où elle réussit à s’évader en juillet 1944, récit très vivant des pérégrinations d’une jeune fille combative.
Un livre passionnant et qui l’est encore plus quand on a la chance de rencontrer Odette tous les ans à Châteaubriant
« Guy Môquet, mon amour de jeunesse » par O. Nilès,
Ed. l’archipel - 18.50 €
Vidéo : Odette Nilès et Guy Môquet : http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/0-toutes-les-videos/104813-reportage-guy-moquet-et-odette-niles-a-chateaubriant
Ecrit le 12 avril 2017
Odette Nilès, légion d’Honneur
Le 23 mars 2017, en mairie de Drancy (Seine-Saint-Denis), la présidente de l’amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt a reçu la croix d’officier de la légion d’Honneur des mains de Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État chargé des Anciens Combattants et de la mémoire, pour son action continue de transmission des valeurs de la Résistance aux jeunes générations.
Odette Lecland entre en résistance dès l’âge de 15 ans, en 1940, avec distribution de tracts, manifestation sur les Grands Boulevards à Paris, et arrestation le 13 août 1941. Interrogatoire, condamnation à mort commuée en peine de prison et puis « l’université » comme elle dit : « ce dépôt de la préfecture où nous som-mes restées une dizaine de jours », avec les prostituées, avec les femmes condamnées pour avoir pratiqué des avortements. « Je les écoutais raconter leurs histoires et je n’en croyais pas mes oreilles, leur langage était si cru, si éloigné de ce que j’avais l’habitude d’entendre. Et leur expérience de la vie était si cruelle (...) je me demandais s’il existerait jamais un monde où cette injustice-là aurait disparu ». C’est là aussi qu’Odette découvre l’existence de la drogue.
Puis Châteaubriant, le camp de Choisel, et l’exécution de Guy Môquet, son amour de jeunesse, puis les camps d’Aincourt, Gaillon, Lalande, mérignac d’où elle réussit à s’évader en
juillet 1944. Elle sera plus tard l’épouse de Maurice Nilès.
En bonne santé malgré son grand âge, elle a maintenant passé le flambeau de la mémoire à sa petite fille Carine.
Un traître, Jacques Vasseur
Voici un autre livre qui touche de près les Castelbriantais : il parle de « Jean Deleau », 20 ans, rouage insignifiant de la grande machine nazie. Ce roman de Dominique Jamet s’appuie sur une histoire trop réelle : celle de Jacques Vasseur qui a sévi dans la région de Châteaubriant et dont ont été victimes, notamment, les jeunes Georges Burban, Maurice Gratien, Pierre piétin, Pierre Marsollier, Albert Gautier, Pierre Avoué, massacrés entre Soudan, St Julien de Vouvantes et Bout-de-Forêt.
« Rouage insignifiant » ? Sans doute. Rien à voir « avec quelques grands noms, figures emblématiques de la servilité et de la trahison ». On lit ce livre le cœur serré, y retrouvant des faits trop connus : les interrogatoires brutaux auxquels « Deleau » prenait une part active, avec une grande insensibilité à la souffrance des autres ; les stratagèmes utilisés pour jouir du désarroi de ses victimes : « Il aime déjeuner à midi avec ceux qu’il reviendra arrêter le soir, être hébergé la veille par ceux qu’il démasquera le lendemain, il aime s’approprier un repas qui n’a pas été préparé pour lui ». Rouage insignifiant, bourreau sans pitié. Moyen de se sentir un homme ?
Jacques Vasseur, caché par sa mère, échappa à la justice après la Libération. Il fut arrêté par hasard en 1965, condamné à mort et gracié en 1985.
« Un traître » par Dominique Jamet - Ed Flammarion - 20 €.
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