Ecrit le 9 novembre 2011
Un aéroport sans fondement économique
A la demande du collectif d’élus opposés au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes le cabinet d’études européen indépendant CE-Delft a passé au crible l’analyse globale de l’enquête d’utilité publique datée de 2006. Ce cabinet d’études a découvert de nombreuses irrégularités, omissions, et erreurs de calcul qui au final permettent de réévaluer le projet pour aboutir à un coût pour la collectivité estimé à plus de 600 millions d’euros alors que le dossier d’enquête publique montrait, lui, un gain d’au moins 500 millions d’euros pour la collectivité. Le collectif d’élus qui doutent de la pertinence du projet de nouvel aéroport (céDpa) regroupe environ 1000 élus. Les frais de cette étude d’environ 20 000 euros ont été réglés sur les deniers personnels des élus de ce collectif.
Le cabinet d’études CE-Delft relève que des directives nationales pour ce type d’évaluation n’ont pas été respectées par exemple :
– aucune hypothèse de risque et d’analyses de risque n’a été évaluée,
– aucun scénario alternatif n’a été étudié,
– aucune réserve n’a été faite pour des dépassements de coûts qui, pour ce type de gros travaux atteignent 40% en moyenne,
– et il n’y a pas eu de prise en compte des coûts de construction du tram train pour relier l’aéroport.
Le cabinet relève également de graves erreurs de calcul notamment sur les hypothèses de prix du pétrole, sur les effets de la concurrence avec le TGV (nouvelle liaison Nantes Roissy et Nantes Orly). Au total, le cabinet a pratiquement divisé par trois le principal bénéfice de l’analyse économique qui concernait les gains de temps de trajets pour les passagers.
Le cabinet met en évidence des zones de flou concernant le coût environnemental. Aucune estimation n’a été faite sur le coût de la gestion de l’eau (prévention du risque d’inondation) ou celui de la dégradation des zones humides. Le coût du bruit a lui aussi été aussi oublié.
Et enfin, le cabinet estime que l’étude d’utilité publique réalisée en 2006 déborde d’optimisme en tablant sur une hypothèse de forte baisse des coûts de l’aviation [alors que celle-ci est improbable compte tenu de l’augmentation des prix du pétrole et de l’intégration des quotas d’émissions de CO2] et en prévoyant des nouveaux passagers (entre 65000 et 80000) qui viendraient de Paris prendre l’avion à Nantes.
Le cabinet CE-Delft a donc corrigé les erreurs et les exagérations du scénario retenu par les porteurs de projet. Pour lui, la construction du nouvel aéroport de Notre Dame des Landes se solderait alors par un déficit global estimé à plus de 600 millions d’euros.
Garder Nantes Atlantique en l’améliorant se révélerait beaucoup plus avantageux. Le cabinet CE-Delft a effectué un chiffrage des améliorations qui portent sur :
– la modernisation de la voie ferrée existante (qui actuellement n’est utilisée que pour le transport des marchandises) et la création d’une station,
– l’agrandissement du terminal actuel et des parkings,
– un nouveau système radar, et une nouvelle piste transversale à horizon 2023 pour remplacer l’actuelle.
L’expertise conduite par le cabinet CE-Delft montre que l’étude socio économique du projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes n’est pas sérieuse et que ce projet coûtera énormément à la collectivité. En conséquence la déclaration d’utilité publique du projet prononcée en 2008 doit être abrogée.
résultat l’opération se solderait par un bénéfice global pour la collectivité de 100 à 160 millions selon qu’il intègre ou pas une nouvelle piste. Les conclusions de cette étude rejoignent les arguments développés par les nombreuses organisations en lutte contre ce projet aberrant et inutile sur le plan écologique et sur le plan social mais également ruineux et inutile sur le plan économique et du coût pour la collectivité.
A Paris le 12 novembre
Rejoignez la coordination des opposants à l’aéroport et rendez-vous à Paris le 12 novembre 2011. départ de Châteaubriant à
4h45 devant le théâtre de Verre, pour rejoindre le car d’Ancenis - 02 40 28 21 86
Ecrit le 14 novembre 2011
La Tracto-vélo est entrée dans Paris
Avec plus de 3000 personnes, le 12 novembre devant le sénat, la tracto-vélo, commencée à Notre Dame des Landes le 6 novembre, se termine en apothéose. Ce succès collectif des opposant-e-s au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, associations, syndicats et partis politiques réunis, marque indéniablement et une nouvelle étape du bras de fer politique qui les oppose à la droite sarkozyste et au PS.
Les conclusions de l’étude indépendante récemment révélée sont sans appel : les documents économiques sur lesquels le débat public a reposé sont minés et défaillants sur de nombreux points. Les décisions qui ont suivi (déclaration d’utilité publique, vote sur les financements destinés au concessionnaire Vinci) ne sont donc pas valides.
Pour Les Alternatifs, qui participent depuis plus de dix ans à la lutte contre ce projet aberrant, Notre Dame des Landes, emblématique des luttes écologiques et sociales, constitue un enjeu décisif pour 2012. La puissante mobilisation du 12 novembre porte un signal clair : rester la tête dans le sable ou reconnaître enfin les faiblesses du dossier et demander son réexamen. « L’Etat doit abroger les décrets d’utilité publique et reprendre le dossier en totalité ». disent les Alternatifs 44 pour qui « écologiquement, économiquement et socialement la construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes est une absurdité ».