Ecrit le 6 juin 2012
Une frange de population, qui survit
En France,comme partout dans le monde, il existe une frange de population qui survit au jour le jour. Je souligne : qui survit, Chez nous,le seuil de pauvreté, en revenu mensuel, déterminé par un savant calcul que je ne maîtrise pas, va de environ 970 € pour une personne seule à 2000 € pour un couple avec deux jeunes enfants, Ce seuil de « pauvreté » n’est qu’un repère, fictif et discutable, Mais il a le mérite d’exister et d’être publié. Comme un phare dans la nuit, il permet à chacun(e) de se situer. A ce niveau de revenu, les soucis des « fins de mois » commencent le 15 du mois en cours, en vivotant.
Et puis il y a des gens, même dans notre entourage, pour qui la fin de mois s’annonce dés le 1er du mois, voire le 1er du mois précédent ou pire, Les factures s’accumulent. Et l’infernale spirale descendante des ennuis pointe son nez.
Plongée en pauvreté
Certes, l’argent ne fait pas le bonheur, Mais il y contribue bougrement, Et il n’y a pas que l’argent qui compte dans la vie. D’après l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques), notre belle Région (administrative) des Pays de Loire abritait 3 600 000 habitants en janvier 2011 (parution janvier 2012), En avril 2012, la FNARS (fédération Nationale des Associations de Réinsertion Sociale) évalue à 450 000 le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Si ma super-calculette ne me trahit pas, « ça » pèse 12,5 %, Un chiffre terrifiant, sans doute minoré mais de toute façon indigne d’une nation riche comme la nôtre et au XXIe siècle.
Dans un article de Ouest-France (24 mai), le délégué Régional de la FNARS, M. Leclerc, assène quelques réflexions bien senties, D’abord, « la réalité et les signes de pauvreté augmentent », Puis, « les personnes assistées ne sont pas coupables mais victimes », Et enfin, « l’exclusion [sociale] grandit », Il nous avertit « du risque de déflagration sociale » et appelle chacun d’entre nous « à refuser la stigmatisation constante des SDF, demandeurs d’asile, ,,, », Si l’on garde les yeux grands ouverts et l’oreille attentive, ça va sans le dire. Mais ça va mieux en le criant. Et que dire à nos enfants, victimes totalement innocentes ? Quels mots trouver pour les aider à comprendre que l’on passe une sale période mais que le soleil re-brillera bientôt ? Çà et là , on commence à évoquer pour eux un « indice de frustration », C’est un premier pas.
Tout n’est pas noir
Bien sûr, tout n’est pas blanc non plus, loin de là . Je tiens ici à rappeler la devise de la France, « Liberté, Égalité, Fraternité ». Je ne connais pas d’autre pays disposant d’un tel arsenal de lutte contre toutes les précarités et toutes les exclusions. Un immense filet social est tendu sous chaque funambule. Et libre à chacun(e) d’amortir ou non la chute et de remonter sur le fil de la vie. Il y a une seule condition : dès qu’il y a sentiment de déséquilibre, il faut lever le bras, se manifester. Certains, pour de nombreuses raisons qui ne regardent qu’eux mêmes, ne le font malheureusement pas, ce geste salvateur, Cette chute est « un accident de vie ».
Oui, le monde bouge, et à un rythme tellement effréné qu’il me renvoie l’image d’un TGV qui ne cesse d’accélérer. La France s’adaptera ou bien s’appauvrira. Un premier signe encourageant est le choix des citoyens, par les urnes n’oubliez jamais le formidable pouvoir d’une carte d’électeur , pour une nouvelle gouvernance. Bien sûr, ce fameux filet de sécurité est toujours perfectible. Il a sans doute des trous, comme notre pauvre couche d’ozone maltraitée. Mais, restons bien clairs, il ne saurait être question d’un quelconque statut « d’assistanat à vie ». J’en parle d’autant plus à l’aise que je suis concerné. Cabossé par la vie, je galère depuis 3 ans. Je la vis tous les jours, mais je ne baisse pas les bras. Je ne reste surtout pas seul. J’ose tirer des sonnettes, ravalant parfois mon (stupide !) orgueil. Ça ressemble beaucoup à une ré-éducation. Et ça commence à sourire. Je crois que l’essentiel est de précieusement conserver « l’estime de soi ».
L’estime de soi
Je veux ici remercier chaleureusement un éditorialiste de O.F. (31 mai), Monsieur Jacques Le Goff. Il ne m’en voudra certainement pas de lui avoir emprunté son titre pour cet article : une société décente. Il a su mettre des mots sur mes maux. Je le cite « Chacun, individuellement, a droit aux conditions d’existence lui garantissant » l’estime de soi « , cette forme de respect de sa propre personne qui est le sens qu’un individu a de sa valeur. La conviction que son projet de vie vaut la peine d’être réalisé. Tout doit être mis en œuvre pour que toute personne, si elle en a le désir et s’en donne les moyens, puisse se sentir capable. Capable de se former, de reprendre le cours de son existence, dans le travail et ailleurs. Capable de tisser des relations sociales. On pourrait presque dire : capable de se croire capable, par restauration de la confiance en soi. C’est à la restauration du respect de soi-même qu’il faut travailler inlassablement. En commençant par épargner à tous les occasions et situations d’humiliation, avant de libérer la vocation de chacun. Tel est le socle granitique de ce que l’on pourrait nommer une société décente »,
Merci, Monsieur Le Goff, d’apporter le vent frais qui gonfle à nouveau les voiles. Merci d’avoir su si bien redéfinir le cap de la justice sociale. En un mot, merci pour votre humanisme. Que chacun(e) soit exigeant(e) avec lui-même. Le chemin sera long, parfois hasardeux. Il n’a pas vocation à être forcement utilitariste à court terme et le défi est superbement ambitieux. Comme un chien mouillé s’ébroue spontanément, laissons là notre carapace de morosité et/ou d’individualisme. Oui, quand les hommes ne rêvent plus de cathédrales, ils ne savent plus construire de modestes mansardes. Notre nouveau président s’est fixé un objectif : « Une France où nul ne se sentira abandonné ». Faites circuler le message autour de vous,
signé : Pascal, de Blain