Ecrit le 19 septembre 2012
L’INSEE (institut de la statistique) a publié le 7 septembre dernier son étude sur le niveau de vie en 2010.
Le niveau de vie médian en 2010 s’élève à 19 270 euros annuels
En 2010, selon l’enquête Revenus fiscaux et sociaux, le niveau de vie médian des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine est de 19 270 euros, soit 1 610 euros par mois. Ce montant partage la population en deux, la première moitié ayant moins et la seconde ayant plus.
Par rapport à 2009, le niveau de vie médian a diminué de 0,5 % en euros constants. Il faut remonter à 2004 pour enregistrer un tel recul.
Les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 430 euros ; celui des 10 % les plus aisées est d’au moins 36 270 euros, soit 3,5 fois plus.
Seules les catégories plus aisées échappent à la stagnation
ou à la baisse du niveau de vie . Malgré un contexte de reprise économique en 2010, certes modérée, pratiquement toutes les catégories de la population subissent une baisse de niveau de vie en euros constants.
A contre-courant du reste de la population, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 5 % de personnes les plus aisées repart à la hausse (+ 1,3 % en euros constants) après avoir stagné en 2009 (+ 0,2 %).
La plupart des indicateurs d’inégalités sont à la hausse
La progression des inégalités « par le haut » est nette : entre 1996 et 2010, le niveau de vie moyen des 10 % de personnes les plus aisées a augmenté d’environ 2,1 % par an en moyenne, contre 1,4 % pour le niveau de vie moyen de l’ensemble de la population.
En 2010, les évolutions de salaires expliquent en partie la hausse des inégalités. En effet, en bas de l’échelle des niveaux de vie, le poids des salaires dans le revenu disponible diminue de 3 points, s’établissant à 27 % : d’une part, la proportion de personnes ayant un emploi recule, passant de 23 % à 21 % ; d’autre part, la revalorisation du Smic horaire brut a été limitée en 2010 du fait de la faible inflation en 2009 (en moyenne annuelle, le Smic baisse de 0,5 % en euros constants).
En haut de l’échelle des niveaux de vie, les salaires sont plus dynamiques. En 2010, le salaire moyen des cadres augmente en euros constants, en particulier dans le secteur financier, tandis qu’il diminue pour les ouvriers.
En hausse, le taux de pauvreté atteint 14,1 %
Le seuil de pauvreté monétaire est défini par convention à 60 % du niveau de vie médian. En 2010, 8,6 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil, qui s’élève à 964 euros par mois ; la moitié d’entre elles vivent avec moins de 781 euros par mois.
Le taux de pauvreté monétaire, pourcentage de personnes en situation de pauvreté monétaire, est de 14,1 %, en hausse de 0,6 point. Il poursuit la hausse de 2009 (+ 0,5 point) et atteint son plus haut niveau depuis 1997. Toutefois, l’intensité de la pauvreté, qui mesure l’écart entre le niveau de vie médian des personnes pauvres et le seuil de pauvreté, reste stable : la dégradation des niveaux de vie touchant quasiment toutes les catégories de population, les inégalités au sein des plus modestes restent en fait les mêmes.
En 2010, le taux de pauvreté reste le plus élevé pour les chômeurs (36,4 %) et est en hausse de 1,7 point.
Les plus fortes contributions à la hausse de la pauvreté sont celles des inactifs : les retraités (11 % de l’accroissement du nombre de personnes pauvres), les adultes inactifs autres que les étudiants et retraités (16 %) et, surtout, les inactifs de moins de 18 ans, c’est-Ã -dire les enfants (63 %).
Le niveau de vie médian des retraités diminue de 1,1 % et leur taux de pauvreté progresse de 0,3 point pour s’établir à 10,2 % : dans la majorité des régimes de retraite, la revalorisation des pensions a été inférieure à la hausse des prix.
Une hausse qui touche les enfants
Structurellement, le niveau de vie des enfants de moins de 18 ans est inférieur à celui de l’ensemble de la population.
- Dune part, un enfant entraîne un coût financier alors qu’il ne contribue pas aux ressources du ménage, même si les transferts (prestations sociales et quotient familial) atténuent sensiblement cet effet.
- d’autre part, les adultes ont en moyenne des revenus d’activité plus faibles dans les familles nombreuses.
Le taux de pauvreté des enfants est donc plus élevé que celui de l’ensemble de la population. Les enfants pauvres vivent par ailleurs beaucoup plus fréquemment dans des familles monoparentales (35 % d’entre eux contre 12 % des autres enfants), en particulier celles dont le parent isolé ne travaille pas, ainsi que dans des familles composées d’un couple où au moins l’un des parents ne travaille pas (47 % contre 24 %).
En 2010, la progression de la pauvreté touche tout particulièrement les enfants : après + 0,4 point en 2009, leur taux de pauvreté progresse de 1,9 point, atteignant 19,6 %. Les enfants contribuent ainsi pour près des deux tiers à l’augmentation du nombre de personnes pauvres. Le fait que les familles monoparentales et les couples avec enfants soient davantage concernés par la hausse de la pauvreté que d’autres catégories de population traduit le même phénomène. Cette évolution spécifique constitue un contrecoup de 2009, année durant laquelle deux éléments avaient contribué à contenir la hausse du taux de pauvreté des enfants :
- - d’une part, deux primes exceptionnelles avaient été versées en 2009 aux ménages dans le cadre du plan de relance et ne l’ont pas été en 2010 : 150 euros aux bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire, ainsi qu’une « prime de solidarité active » de 200 euros, aux allocataires du RSA , de l’allocation de parent isolé ou d’une aide au logement.
- - d’autre part, la revalorisation des prestations familiales en 2009 s’était faite sur la base d’une prévision d’inflation finalement surestimée de l’ordre d’un point, si bien qu’aucune revalorisation n’est intervenue en 2010.
Au final, le cumul de ces différentes mesures a contribué à limiter de 0,8 point la hausse du taux de pauvreté des enfants en 2009, mais aussi, par contrecoup, à l’accentuer d’autant en 2010.