Ecrit le 29 mai 2013
Hébergements innovants : 7 projets
Une cabane dans les arbres accessible à tous et en particulier aux personnes en situation de handicap, des roulottes et yourtes respectueuses de l’environnement au fil du canal, des cabanes dans les arbres spécialement conçues pour les familles, un gite aménagé dans un ancien moulin à vent, des chambres d’hôtel sous les voûtes d’une chapelle Les concepteurs d’hébergements en Loire-Atlantique ne manquent pas d’imagination !
L’innovation est un enjeu essentiel pour l’avenir du tourisme en Loire-Atlantique. c’est pourquoi le Conseil Général consacre pour la deuxième année près de 150 000 € pour soutenir la création d’hébergements touristiques innovants, récompensant celles et ceux qui ont trouvé les meilleures solutions pour améliorer leurs performances en développement durable, développer des services novateurs dans une démarche de qualité ou d’accès aux vacances pour tous ou qui auront apporté des réponses actuellement manquantes aux besoins touristiques identifiés sur leur territoire. Ces projets concernent la création d’hébergement à partir de construction neuve ou de rénovation.
Brin de chevrette (Ã Bonnœuvre), le repaire du hibou (Ã Ste Pazanne), le camping de l’Etang (Ã Guérande), l’Auberge de la Forêt (au Gâvre), Sozo Hôtel (Ã Nantes)....Dans le Pays de Châteaubriant, deux projets ont été distingués, à Saffré et Soudan.
L’escampette à Saffré
A proximité du canal de Nantes à Brest, est projetée la construction de plusieurs structures d’hébergements touristiques aux formes légères et écologiques : une cabane perchée, une yourte, une roulotte, une tente suspendue dans les arbres. l’accent est mis sur la décoration soignée et thématisée : roulotte à l’ambiance gypsie et à l’esprit bohème, yourte mongole chaleureuse et traditionnelle, cabane perchée comme un nid. Cuisine saine, animations culturelles, visite des jardins, soins aux animaux seront quelques unes des activités proposées aux hôtes. Ouverture prévue en avril 2015.
Le moulin d’Erée à Soudan
A Soudan, il s’agit de la création d’un gîte pour 2/3 personnes dans le moulin sur trois niveaux : espace cuisine et salle d’eau, salon et couchage entre ciel et terre sous la charpente avec la campagne à perte de vue et de magnifiques couchers de soleil. Le projet mise sur la valorisation de ce moulin construit en 1822 : respecter l’architecture et les matériaux d’origine en apportant une touche de décoration soignée qui fait le choix de matières naturelles telles que le lin, le chanvre, la chaux, le bois, la terre cuite. Produits locaux, découverte des animaux et du patrimoine seront également proposés aux hôtes.
Sophie Godin
Arrière petite-fille d’un boulanger, mère aussi d’un jeune boulanger, Sophie Godin s’est passionnée d’histoires et de tourisme à la suite de ses grands-parents à qui l’on doit le Musée de la Mariée à Fedrun. Le moulin d’Erée, caché dans la végétation, l’a tout de suite séduite. Et c’est avec enthousiasme que, avec son compagnon, elle a entrepris des travaux.
Jusqu’Ã 4 moulins d’Erée
Selon le livre de Christian Bouvet (1), un premier moulin d’Erée est signalé à Soudan en 1456. Ce moulin existe encore en 1789 et ne sera pas saisi sous la Révolution car son propriétaire ne s’exile pas. Les archives révèlent la présence, côte à côte, d’un deuxième, d’un troisième puis d’un quatrième moulin d’Erée. En 1833 J. Moride, conducteur des Ponts et Chaussées dessine trois moulins. Fait-il une erreur ? Il les appelle « Moulins d’arrêt » prononciation voisine de « Moulins d’Erée ». Deux moulins sont arrêtés en 1868 et 1880 dont le plus vieux. Le « grand moulin » sera détruit dans un incendie en 1916. Le dernier moulin d’Erée, daté de 1822, tourna régulièrement pendant la seconde Guerre Mondiale (la nuit seulement, disent les anciens propriétaires) et cessa progressivement.
Photo : S.Godin, un moulin de charme
Au bord d’une route sans issue, le moulin est caché dans un petit bois intime qu’égaie un rhododendron. Erable, pommier, noisetiers, noyer, tilleul .... La haie arbustive, protégée, offre des ajoncs et de somptueuses aubépines. Autour du moulin, le champ est devenu pelouse et invite à la promenade vers le vieux sureau ou les tonnelles où poussent kiwis, houblon, chèvrefeuille. Ici ou là , on peut grappiller framboises ou cassis : les canards et les chats vous y accompagnent. La pergola s’habille de roses, de glycines et des boules de noë l. Dans le champ voisin paissent tranquillement l’âne, l’ânesse et le petit ânon ! Autant dire qu’on ne saurait bouder son plaisir.
Briques bio habillées pierres, isolation chanvre, murs enduits en chaux et chanvre, belle poutres de chêne de récupération : Sophie a entrepris à la fois une construction neuve et la rénovation du moulin. Un vieil escalier à balustres, daté du XVIIe siècle, fera le lien entre les deux. Une salle d’eau et une petite cuisine serviront pour le moulin. L’ensemble sera chauffé par aérothermie.
Le moulin lui-même a des murs épais (1,50m à la base, 1,20m au sommet) : cerclé de fer, les murs sont construits en pierres sans ciment, pour leur donner la souplesse nécessaire : en effet, autrefois, quand les ailes tournaient à plein régime, les murs vibraient, voire oscillaient, toute construction trop rigide aurait occasionné une cassure. Le vieil escalier est toujours en place : il sera restauré et doté d’un garde-corps. Au premier étage, il y aura un salon (rond). Au second étage se trouvera la chambre (ronde) avec trois fenêtres : est, ouest et nord, offrant la vue jusqu’Ã Villepôt et la forêt d’Araize. La chambre n’aura pas de plafond, ce qui mettra en valeur une splendide charpente.
Une pièce ronde, quel plaisir ! Michel de Montaigne disait au XVIe siècle : « La forme de ma bibliothèque est ronde et n’a de rectiligne que ce qu’il faut à ma table et à mon siège, et elle m’offre dans sa courbe, d’un seul regard, tous mes livres rangés sur cinq rayons tout autour ».
Vivant dans une maison provisoire depuis 6 ans, à côté du moulin, Sophie et son compagnon prennent le temps d’aménager, de leurs mains : « les idées évoluent, l’observation des lieux, selon les saisons, nous permet d’ajuster au mieux. Nous allons visiter d’autres auto-constructeurs, pour échanger sur nos expériences ». Dans deux ans, les travaux seront finis, le gîte sera prêt à accueillir ses premiers hôtes. Mais pas avant 2015.
Et pourtant, déjà , des visiteurs sont intéressés par le charme des lieux, par la proximité de producteurs bio (légumes, viande), par les services qu’offre la petite ville de Soudan, par la perspective d’un séjour à la campagne où les activités sont nombreuses, où le tourisme permet la rencontre d’êtres humains intéressants.
Alors les amis, vite, finissez les travaux du Moulin d’Erée !
(1) Les Moulins du Pays de Châteaubriant, éditions de l’HIPPAC à Châteaubriant