Ecrit le 18 février 2015
Les problèmes de notre société, la délinquance, le djihadisme, c’est la faute des parents qui ne savent pas ’’tenir’’ leurs enfants. C’est si vrai qu’on le dit depuis longtemps. Fernand Nicolaÿ ; avocat à la Cour de Paris, a même consacré un livre ’’psychologique, anecdotique’’ (552 pages) à la question des ’’enfants mal élevés " : C’était en 1890
Les jeunes et l’alcool
Une étude qualitative concernant « Les jeunes et l’alcool » a été conduite par l’URAF qui a interrogé 34 familles des Pays de Loire (aucune au nord du département) pour recueillir leurs avis mais également des propositions d’actions concrètes face à ce phénomène.
Aller à la rencontre des familles pour recueillir leurs attentes et leurs besoins, c’est à la fois leur reconnaître une compétence d’expert de l’usage et leur donner une légitimité, les familles passent ainsi du rôle de spectateur au rôle d’acteur en devenant force de propositions .

Les principes de la démarche :
- - libérer une parole plurielle (expression collective et individuelle) ;
- - fournir une production collective (diagnostic partagé) et individuelle ;
- - instaurer confiance et convivialité ;
- - favoriser les dynamiques de réseau.
En rendant actrices les familles, ces ateliers ont eu pour finalité de valoriser leurs expressions autour d’un thème donné de leur vie quotidienne et de rendre compte de leurs avis.
Les causes individuelles de l’alcoolisation des jeunes
1) L’alcool, une condition au plaisir
: La consommation d’alcool a pour effet de faire rire (convivialité).
2) Se désinhiber
: Cette pratique permet au jeune d’être dans un état de décomplexion avérée « se sentir fort et ainsi faire tomber les complexes » .
3) Se déconnecter de la réalité - Le culte de l’excellence (pression par rapport aux études dans le milieu scolaire) « il faut toujours être le premier », crée un contexte anxiogène pour le jeune qui n’y arrive pas et une peur de l’avenir. L’ivresse rapide permet de s’éloigner de la réalité et l’état alcoolique devient un refuge.
4) Le jeune n’a pas conscience des risques encourus (Ã long terme) et surtout, il se sent invulnérable (santé de la jeunesse).
Les causes sociales (environnementales)
1) L’influence du groupe (pairs ...) : Les familles interrogées mettent en évidence un esprit de compétition entre jeunes dans lequel la consommation d’alcool (ivresse rapide) est appréhendée comme moyen de se valoriser auprès des autres, d’être capable, plus que les autres, de prendre des risques.
2) Des situations de vie difficiles : la solitude, la perte d’emploi, le deuil, le stress ou le harcèlement professionnel sont des situations qui peuvent conduire à « boire pour oublier ».
3) La famille : les parents sont censés mettre des freins aux pratiques déviantes en étant vigilants quant à la situation de leurs adolescents, mais ils sont souvent dépassés. La tolérance des parents vis-Ã -vis des pratiques d’alcoolisation de leurs enfants est plus grande s’ils l’ont eux- mêmes expérimenté au même âge. Voir ses parents s’alcooliser légitime pour l’enfant le fait de lui-même consommer. L’enfant trouvera cela plus normal de boire s’il a vu son parent boire (exemplarité) .
4) Les représentations, les normes (système de référence) - Les familles soulignent qu’aller à l’encontre des pratiques normalisées par le groupe social nécessite une force mentale et une maturité pour le jeune « Il faut être mature et fort pour ne pas boire du tout ». l’acte d’alcoolisation est vu comme un moyen d’intégration au groupe ’’Il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres’’, chantait-on naguère ... S’enivrer est pensé comme un rite de passage et une façon à la fois de se fondre dans le groupe et de s’en démarquer (être capable de ).
5) La société de consommation (marketing) - l’accès à l’alcool pour les mineurs semble facilité aujourd’hui dans une société dans laquelle l’objectif est de vendre et ceci à n’importe quel prix « Il y a un accès facile à l’alcool : avant les mineurs, on ne leur servait pas d’alcool. Les commerçants veulent vendre » .
Les conséquences
Les jeunes sont inégaux face aux effets de l’alcool, une même dose n’a pas les mêmes effets selon la personne et le contexte (chaleur, fatigue, corpulence, estomac vide). Les jeunes se rendent déviants en ne consommant pas d’alcool. Les réseaux sociaux sont un moyen de dénoncer, de stigmatiser et d’exclure les jeunes qui ne consomment pas d’alcool : « Ils ciblent les jeunes qui ne boivent pas et ils les dénoncent sur Facebook. Il n’est pas facile de sélectionner ses amis et ses fréquentations » a dit une famille.
En Pays de Loire on relève les conséquences suivantes :
- - Des pertes de mémoire : Plus de 60 % des jeunes déclarent avoir été incapables de se souvenir de ce qui s’était passé la nuit précédente parce qu’ils avaient bu.
- - Des violences : 13% déclarent au cours des douze derniers mois avoir été blessés ou avoir blessé quelqu’un parce qu’ils avaient bu.
- - Des consommations matinales : 8 % déclarent avoir dû boire de l’alcool dès le matin pour se remettre en forme après une période de forte consommation.
- - Une préoccupation de l’entourage : 7 % déclarent qu’un ami ou un professionnel de santé s’est déjà préoccupé de leur consommation d’alcool et leur a conseillé de diminuer.
- - Des effets négatifs sur leurs relations sociales : 11 % des usagers considèrent qu’au cours des douze derniers mois, leur consommation d’alcool a eu des effets négatifs sur leur vie amoureuse ou leur vie de couple ; 6 % sur leur vie familiale et 3 % sur leur travail, leurs études ou des opportunités d’ emploi.
La prévention
Le rôle de la famille, dans la prise en charge ou la prévention, est pour les familles-témoins d’abord normatif, c’est la famille qui doit fixer les limites et les repères. Mais l’adolescent étant le plus souvent dans l’affrontement avec ses parents, les familles s’interrogent sur l’aptitude et la légitimité du parent à aborder le sujet avec son enfant « Est-ce le parent le plus apte à lui parler ? Sinon, qui ? Peut-être les parents de copains des enfants » .
Par ailleurs, le rôle de la famille est d’engager le dialogue avec le jeune, malgré le poids du tabou de l’alcoolisme, et ceci dès le plus jeune âge. Enfin, le rôle de la famille serait d’encadrer l’initiation, la famille étant légitimement pour les parents le cadre du passage à l’acte (cela les rassure).
Les familles-témoins se questionnent quant à la légitimité du discours des adultes par rapport à leurs propres pratiques d’alcoolisation : « fais ce que je dis, mais ne fais pas ce que je fais » . Le rôle des institutions est selon les familles témoins d’abord de sensibiliser le jeune aux conséquences de l’acte, notamment en milieu scolaire. Elles mettent en évidence une action qui fonctionne : le ’’capitaine de soirée’’, mais soulignent un effet pervers : les autres (passagers) s’autorisent à consommer de l’alcool, et ceci de manière exagérée, or l’accident peut être provoqué par les accompagnants et pas forcément par le conducteur qui lui ne boit pas. Elles font le constat qu’il est facile de se procurer de l’alcool au domicile, comme par exemple dans la cave des parents.
Les familles témoins des cinq départements ont formulé un ensemble d’enjeux et de pistes d’actions transversaux au territoire régional.
1) Pour une responsabilisation des jeunes et de la communauté éducative (parents : enseignants ...) :
– ne pas occulter la réalité et rendre visible la problématique ;
– dialoguer sans tabou (parents/ professionnels / enseignants / éducateurs) - établir des chartes d’engagement ;
– favoriser l’ engagement citoyen (service civique) ;
– préconiser une sensibilisation précoce. ï‚§
2) Pour un cadre familial ressource (ouvert : favorable au bien-être ) :
– instaurer le dialogue entre parents / enfants ;
– éviter de mettre la pression sur les jeunes (se laisser du temps) ;
– poser un cadre (limites : interdits ?) ;
– montrer les risques ;
– mettre en place des actions de soutien à la parentalité ;
– instaurer des groupes de parole .
3) Pour un environnement scolaire ressource :
– proposer des programmes scolaires et des actions dédiés à la sensibilisation (gestion émotionnelle, témoignages ) ;
– aller vers les parents (réunions) ;
– dépister (surconsommation : échec scolaire) ;
– créer des lieux d’écoute destinés aux jeunes .
4) Pour la santé et la sécurité publiques :
– mettre en place des campagnes de prévention (sensibiliser : témoignages) sans les multiplier (rendre invisible le message) ;
– sensibiliser aux risques (témoignages, mise en situation) ;
– mettre en place des dispositifs techniques (anti-démarrage par exemple ) .
5) Pour un cadre législatif :
– taxation pour financer la prévention (sur les ventes d’alcool) ;
– limiter / interdire le sponsoring dans les lieux fréquentés par les jeunes ( soirées étudiantes) ;
– repenser la légalité de l’alcool (sur l’espace public : dans les médias : dans la sphère professionnelle) ;
– interdire le lobbying auprès des pouvoirs publics .
Conclusion : laissez la parole aux parents, laissez la parole aux jeunes. C’est le meilleur moyen de les ’’responsabiliser’’ et de voir émerger des propositions intéressantes et adaptées aux situations concrètes !
Les jeunes et la loi
En matière de réglementation de l’usage de l’alcool et du tabac, la grande majorité des adolescents estime que la loi peut être enfreinte, qu’elle n’est pas respectée et que, finalement, elle ne sert « un peu » à rien. « je ne m’en plains pas, parce que je sais que s’ils respectaient les lois, on en aurait tous marre et on ne pourrait pas le supporter ».
(Etude de cécile Kindelberger, Faculté de psychologie de Nantes)
Court terme, long terme
Les séquences de prévention organisées au sein des établissements semblent très focalisées sur la prévention routière et mettent l’accent sur le choix entre consommation ou conduite. Ce message semble généralement bien reçu par les adolescents qui optent pour la consommation et la « désintoxication » sur place ou le retour chez soi par d’autres moyens de locomotion que la voiture (marche, vélo ou scooter).
On peut noter que certains risques sont complètement omis (par exemple, les risques sexuels associés à l’alcoolisation excessive), tandis que d’autres sont « sur-représentés ». c’est le cas, par exemple, des risques liés à l’alcool au volant qui suggèrent que la prévention est très orientée sur la sécurité routière.
Les séquences de prévention gagneraient à présenter l’éventail des risques en insistant davantage sur le court terme pour le tabac et sur le long terme pour l’alcool :
– le tabac conduit à un altération de l’épiderme, de la santé buccale. Ces risques touchent pour partie l’apparence physique (peau, dents, cheveux), dont l’importance n’est plus à démontrer dans la construction identitaire des adolescents.
– insister sur les risques à long terme pour l’alcool, permettrait de décentrer les adolescents sur les risques immédiats et les stratégies développées pour y faire face.
Iglou Iglou
Les jeunes Québécois sont de plus en plus nombreux à consommer de l’alcool de façon abusive, révèle une nouvelle étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). De 2000 à 2012, le nombre de jeunes de 12 à 35 ans s’adonnant à cette pratique a augmenté de 10%, révèle l’étude publiée le 27 janvier 2015. ...
D’après Hubert Sacy, Directeur général d’Éduc’alcool, ’’il faut savoir que la consommation excessive d’alcool est bien plus dommageable pour la santé qu’une consommation régulière’’.
Ecrit le 18 février 2015
Coming out ou les dangers du placard

V’la cor un terme anglais ! « Coming out »
c’est un raccourci de l’expression : coming out of the closet (sortir du placard) et cela peut désigner l’annonce publique de toute caractéristique personnelle, jusque-là tenue secrète par peur du rejet ou par discrétion. Cela s’est employé, récemment, lorsque des sportifs ou des hommes politiques (notamment Irlan-dais ! ) ont révélé leur homosexualité.
Selon une étude de la revue de psychologie American Journal of Ortho-psychiatry, les jeunes homos qui font leur coming out pendant l’adolescence ont un taux plus élevé de confiance et d’estime de soi, et sont moins souvent déprimés, que ceux qui dissimulent leur identité sexuelle. Une évidence ? Pas forcément. On aurait pu penser que révéler son homosexualité présentait le risque d’être rejeté par ses camarades ou par ses proches. L’étude a tenté de faire la balance entre risque de harcèlement et bénéfice psychologie lié au coming out. Des résultats qui doivent faire réfléchir ceux qui prônent encore la dissimulation de l’identité sexuelle lorsqu’ils encadrent des jeunes homos. Non, le placard n’est pas meilleur pour la santé !
En France beaucoup de jeunes homos vivent les insultes et le harcèlement, notamment à l’école. Le phénomène reste pourtant méconnu ou banalisé, tandis qu’aux États-Unis, grâce à des campagnes comme It Gets Better, reprise même par Barack Obama, le sujet est devenu un débat de société. France2 a diffusé, le 10 février, le documentaire « Souffre-douleurs, ils se manifestent ». On peut revoir ce film : http://urlz.fr/1z0E
Une plateforme d’informations a été mise en place et un numéro d’appel : 0 808 80 70 10