Ecrit le 2 mars 2016
L’apprenti boulange à La Meilleraye
C’est une originalité en France : un parcours territorialisé d’apprentissage. Le CIFAM (centre de formation d’apprentis) s’est en effet rapproché du lycée Môquet-Lenoir pour mener une opération totalement nouvelle en France en ouvrant une formation, en proximité, en CAP Boulangerie. Les jeunes suivent les cours théoriques au lycée, les cours pratiques chez Jean-Yves Chatelain, Artisan-Boulanger au Fournil de La-Meilleraye et le reste du temps chez leurs Maîtres d’Apprentissage respectifs.
Les cours sont dispensés pour 1/3 par des professeurs du lycée et 2/3 par des enseignants du CIFAM . Le boulanger met son fournil au service des Apprentis le mercredi (jour de fermeture de la boulangerie), ainsi le plateau technique est mis en œuvre sans investissement nouveau. Six jeunes ont commencé ce parcours de formation atypique, en suivant la 1re année de CAP Boulangerie à proximité de leur domicile.
La Chambre des Métiers, en effet, a constaté que, à l’écart des grandes agglomérations, des territoires non desservis par le réseau des transports en commun, ne sont accessibles que par voie routière et n’offrent aucune possibilité de formation dans un périmètre proche pour les jeunes dépourvus de moyens de transports personnels. Et que, par ailleurs, s’y ajoutent pour les jeunes des difficultés psychologiques et sociales. D’où l’idée de « territorialiser », de rapprocher la formation du domicile des jeunes, du moins pour une bonne partie de la première année, le temps de les aider à prendre leur indépendance.
Contact : 02 51 13 83 70
Ecrit le 20 février 2019
Eh oui, la Chambre des Métiers propose une innovation unique en France. C’est parti d’un constat : les jeunes, surtout ceux de 16-18 ans, ont beaucoup de difficultés pour accéder au CFA (Centre de Formation des Apprentis) à Ste Luce, à côté de Nantes. Pas de ligne de bus Châteaubriant-Nantes, il n’y a que le tram-train, départ 6.21 de Châteaubriant, arrivée 7.29 et une demi-heure de transports en commun pour ariver juste au début des cours au CIFAM . Pas de possibilité de transporter un vélo. Et deux difficultés supplémentaires : 1 - rejoindre la gare de Châteaubriant le matin quand on habite en campagne et 2- être sûr que le train va bien partir.
C’est alors que la Chambre des Métiers a eu l’idée de lancer une formation d’apprentis sur notre territoire, en boulangerie et en mécanique. Cela ne s’est fait finalement qu’en boulangerie, en partenariat avec le lycée Guy Môquet, il y a trois ans avec 7 apprentis qui, après leur première année à Châteaubriant, ont poursuivi leur formation à Ste Luce. Six d’entre eux ont obtenu leur CAP. Certains sont en emploi, d’autres préparent une spécialité.
Cette année, 7 nouveaux apprentis ont commencé leur formation, en partenariat, cette fois, avec la Maison Familiale rurale au sein de laquelle ils sont en internat pendant la semaine. La formation pratique se fait à La Meilleraye où le boulanger, fermé le mercredi, a l’amabilité de prêter ses locaux. Un minibus va chercher les jeunes à la Maison Familiale et les ramène le soir. Pour le repas du midi, la cuisinière fournit les plats.
Unique en France
Châteaubriant, Grand Auverné, Pouancé, Grand Fougeray : les 7 jeunes, 5 garçons et deux filles, ont déjà un maître d’apprentissage. Leur formation leur permet d’acquérir d’autres techniques. Réaliser et pétrir la pâte à pain (pain blanc, pain complet, pain aux graines, etc), utiliser les outils de boulangerie : pétrin, chambre à fermentation, four, façonnage des divers pâtons : baguette, épi, miche, enfournement et cuisson des préparations. Et, le soir, les apprentis ramènent le pain à la Maison Familiale pour une dégustation collective.
Cette formation est la même qu’au CIFAM , partie pratique et partie théorique. Les jeunes comprennent, en mettant la pain à la pâte, l’importance du calcul : une erreur de virgule dans le sel et les croissants sont inmangeables.
Un cahier de liaison permet le dialogue avec les familles et les maîtres d’apprentissage, faisant le point sur les progrès du jeune : connaissances, savoir-être, etc.
Ces jeunes ont exprimé leur plaisir d’exercer ce métier, ils ont dit ne pas regretter le temps des vacances scolaires et être prêts, plus tard, à se lever très tôt le matin pour que les clients aient du pain frais. Le salaire qu’ils touchent, en tant qu’apprentis, est aussi une motivation.
Le métier de boulanger est complet, il faut à la fois connaître les produits, maîtriser les préparations et les techniques culinaires et appréhender les règles d’hygiène et de sécurité.
Le Sous-Préfet et le vice-Président Economie de la Com’Com’ Châteaubriant-Derval, se sont réjouis de cette formation au pays, de « l’osmose sur le plan local entre les différents acteurs ». L’expérience sera peut-être renouvelée dans d’autres métiers en tension ; la couverture par exemple.
« Il faut faire connaître les métiers, motiver les parents, faire savoir qu’on peut bien gagner sa vie dans l’artisanat » a dit le Sous-Préfet.