Ecrit le 15 avril 2009
En ces temps difficiles, heureusement qu’on a des choses pour rigoler ! Voilà ce qu’écrit Claude Marie Vadrot, au sujet d’une aventure dans un jardin.
Aventure dans un jardin

Vendredi dernier [27 mars], à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leurs examens partiels.
Mardi 31, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller par le chef du service de sécurité tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles
– Monsieur Vadrot ?
– euh...oui
– Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit
– Pourquoi ?
– Je n’ai pas à vous donner d’explication....
– Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ?
– Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum
– Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte...
– c’est non....
Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon.

A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée.
Evidemment, je finis pas me fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace, il finit par arriver. d’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog (1). Cela commencer à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. d’autres enseignants du département de géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs, Alain Bué et Christian Weiss, insistent et menacent d’un scandale.
Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique :
– Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants...
Je promets et évidemment ne tiendrai pas cette promesse, tant le propos est absurde.
J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France.
Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur
Claude Marie Vadrot, http://www.mediapart.fr/club/blog/claude-marie-vadrot
Ecrit le 15 avril 2009
Bordeaux : Marie en petite culotte
Interpellée à vélo à la sortie d’une réunion de travail tardive, Marie est contrôlée positive à l’éthylotest. Comme elle l’explique à Sud-Ouest : « je leur ai avoué avoir bu deux ou trois verres de vin ». résultat : elle se retrouve en culotte dans une cellule du commissariat à se faire fouiller. Elle y passera la nuit, tout comme dix autres cyclistes. Ces interpellations et gardes à vues de « délinquants » à bicyclette s’inscrivent dans une politique : depuis quelques semaines, les contraventions se multiplient à l’excès.
Myriam, elle, vient de porter plainte pour violences policières. Elle a eu le malheur de soutenir des « squatteurs » militant pour le droit au logement. Jeudi 19 mars, en effet, la police tente d’évacuer un squat réquisitionné par divers militants de gauche. Un rassemblement d’une quarantaine de personnes s’est formé pour les soutenir. Myriam est présente. Une dizaine de voitures de police et un fourgon de CRS sont au rendez-vous. Ils ne sont pas venus les mains vides et chargent les manifestants. Myriam se retrouve à terre. Les coups de matraque qu’elle a reçus l’ont défigurée. En sang, elle est menottée et amenée au commissariat, tout comme la dizaine d’autres interpellés. Ce n’est que plus tard qu’elle sera conduite aux urgences, où elle pourra se faire poser sept points de suture. Une enquête judiciaire est en cours.
Ce type de faits divers se multiplie à Bordeaux et le sentiment d’insécurité par rapport aux abus de la police semble progresser.
Pour Brigitte Duraffourg, présidente de la Ligue des droits de l’Homme en Gironde : « La police devrait être là pour assurer la sûreté, et non pour nous agresser ou faire de la provocation. Il y a une violence qui monte chez les policiers, et je crains qu’ils ne soient plus vraiment en mesure d’assurer l’ordre public. Je commence à penser que cela se généralise. De plus en plus de cas remontent. On sent qu’à tout moment la situation peut basculer. »
« L’époque est difficile, les policiers sont moins nombreux en effectifs et n’ont pas de formation suffisante. On a l’impression que c’est le citoyen qui n’est plus en sécurité, et ça c’est problématique. » dit-elle encore.
Au syndicat UNSA-Police, on considère également qu’il y a là l’expression d’un phénomène national et politique. Philippe Rolland, secrétaire départemental explique : « Ce sentiment provient avant tout de la volonté politique nationale, avec des instructions qui vont dans le sens d’une culture du résultat. »
Face à ce sentiment généralisé, la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, et le Syndicat des avocats de France constituent une antenne girondine de la commission « Citoyens-Justice-Police ».
Et la Ministre de l’Intérieur veut faire un forum des libertés !