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Ecrit le 1 novembre 2017
« Vous êtes malade ? Non, c’est psychologique » : c’est ce que disent certains médecins et certains pharmaciens aux personnes qui prennent le nouveau Levothyrox. Sauf que
Les hormones thyroïdiennes agissent sur l’organisme et jouent sur de nombreux paramètres (énergie, rythme cardiaque, poids, digestion, mémoire, peau et cheveux, sommeil, humeur, etc.). Un déséquilibre de ces hormones peut entraîner des symptômes plus ou moins importants. La prise d’hormones thyroidiennes de synthèse, telles que la lévothyroxine, permet de pallier le manque d’hormones présentes naturellement dans l’organisme. On dit que la thyroïde est le baromètre du corps.
Pour atteindre le bon équilibre thyroïdien, des ajustemenls progressifs du dosage du médicament sont nécessaires.
Maryvonne raconte : « j’ai dû subir, il y a 5 ans, une ablation de la thyroïde, car j’avais deux nodules supposés cancéreux. Depuis, je suis soignée avec des hormones de synthèse. Je fais des prises de sang régulières pour surveiller TSH. Si son taux est trop élevé, je suis en hypothyroïdie, avec une grande fatigue. Si le taux de TSH est trop bas, je suis en hyperthyroïdie, cela peut être très dangereux. Le médicament que je prends a un dosage adapté à mon cas ».
Nouvelle formule
« Je prends donc du Levothyrox depuis 5 ans. Ayant encore des médicaments, ce n’est qu’en mai 2017 que j’ai pris la nouvelle molécule mise sur le marché en mars 2017. En juin, j’ai ressenti les effets secondaires : nausées, fatigue, beaucoup de migraines. J’ai alors utilisé divers médicaments comme l’aspégic. Mais les choses ne se sont pas arrangées. En septembre je n’étais vraiment pas bien, avec de fortes palpitations et des envies de suicide. J’ai fait descendre les palpitations avec des médicaments anxiolytiques et, par chance, j’ai retrouvé dans un tiroir une ancienne boîte de Levothyrox et, de nouveau, je me suis sentie mieux ».
d’autres personnes, y compris des médecins, dans les environs de Châteaubriant, ont eu les mêmes symptômes. En France aussi, au point qu’une pétition, lancée sur internet par des malades inquiets, affichait plus de 188 720 signatures le 5 septembre dernier. Elle dépasse les 306 000 signatures en cette fin d’octobre.
l’actrice Annie Duperey, a envoyé une lettre ouverte à la ministre de la santé : « je suis particulièrement révoltée d’avoir lu des propos dans le style » Tout changement est anxiogène « , surtout chez des patients soumis, de par leur pathologie, à des » troubles de l’humeur « : comme si nous étions des imbéciles influençables, des faibles d’esprit prêts à » se faire des idées « pour un rien. c’est insultant. Moi, je n’ai eu aucune angoisse préalable, nulle inquiétude ». Mais elle a ressenti d’importants effets secondaires. « J’ai entendu affirmer que ces malaises étaient » transitoires « : comment le savent-ils, puisque les malades français sont les premiers à expérimenter cette formule ? Et que veut dire » transitoire « alors qu’apparemment, aucun des effets secondaires ne faiblit au fil des mois, et qu’au contraire, chez moi ils augmentent ? ».
Caprices
Selon l’aNSM, agence nationale de sécurité des médicaments, les effets indésirables seraient dus à un « déséquilibre thyroïdien » causé par le changement de traitement et non par la nouvelle formule elle-même. qu’on nous explique cette subtile différence ! De nombreux malades ont demandé le retour à l’ancienne formule, mais le directeur de l’aNSM a osé dire que « les médecins n’ont pas à céder aux ’caprices’ des malades » !
Après des semaines d’hésitation, la ministre de la santé a fini par annoncer qu’il va y avoir « cinq médicaments différents de marques différentes à partir de mi-novembre ». Jusqu’Ã cette crise, le Levothyrox était en situation de quasi-monopole en France. Au total, trois millions de patients prennent ce médicament en France (premier marché mondial) pour soigner l’hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde.
Une action collective a été lancée contre les laboratoires Merck suite au changement de formule du Levothyrox. Près de 3.500 plaignants pourraient au total se porter partie civile. Les médecins sont sollicités pour fournir un certificat médical. Selon une circulaire de l’Ordre des médecins, un médecin ne peut refuser de faire un tel certificat mais il doit respecter certaines règles déontologiques.
Marie-Anna témoigne à son tour : « Le nouveau médicament ne me convenait pas du tout : gros vertiges, fatiguée tout le temps, je dormais debout et aucun entrain, prise de 3kg une semaine, hyper constipée ... et perte de mes cheveux par poignées... »
Maryvonne confirme : « je ne peux supporter les effets secondaires du nouveau Levothyrox, mais je ne peux pas non plus me passer de ce traitement ». Alors Maryvonne avec l’aide d’amis, se procure son médicament là où elle peut, dans une pharmacie à Redon, ou en Allemagne, en Italie, au Luxembourg. « J’en ai commandé pour deux ans. Quand le nouveau médicament va sortir, je vais le tester pour voir les effets secondaires, mais en attendant je me protège. Il ne s’agit pas de désagrément mais d’une situation vitale : avec celui qu’on nous a donné, je vais y laisser ma peau. Et mes filles ont encore bien besoin de moi ».
Si la mécanique fonctionne bien, la thyroïde obéit à l’hypophyse, une autre glande du corps humain particulièrement importante. Celle-ci reçoit des informations de toutes parts et produit, en fonction de ces données, une certaine dose de TSH. Cette hormone commande la thyroïde et lui dit quelle quantité d’hormones elle doit produire.
Lorsque la thyroïde se dérègle, c’est qu’elle s’est mise à jouer en solo, sans écouter l’hypophyse. Elle peut alors produire soit trop soit pas assez d’hormones. S’il n’y a plus assez d’hormones, le corps s’épuise tandis que trop d’hormones provoque une sorte de surrégime. d’où la ncessité de doser régulièrement, par une prise de sang, les TSH et le T4.
Lorsque la thyroïde se met à fonctionner au ralenti, elle produit moins d’hormones : les organes sont moins stimulés et fonctionnent donc eux aussi au ralenti : c’est l’hypothyroïdie, grande fatigue, frilosité, crampes, douleurs musculaires, pâleur, ralentissement du rythme cardiaque
Lorsque la thyroïde fonctionne en surrégime, elle produit trop d’hormones. le patient est très nerveux, il a le cœur qui bat trop vite. Et il peut enregistrer une perte de poids alors qu’il mange normalement. La personne malade peut également ressentir des troubles de l’humeur, elle devient très émotive, hyper sensible, s’énerve facilement. Autant de symptômes qui peuvent grandement handicaper la vie quotidienne.
Le dosage T4 permet de juger de l’importance de l’hyperthyroïdie.
Ancienne formule
L’ancienne formule du Levothyrox, médicament contre l’hypothyroïdie, sera disponible en France au moins jusqu’Ã la fin 2022, au lieu de fin 2021. « En raison de la crise sanitaire et des difficultés que pourraient rencontrer certains patients pour changer de traitement en cette période, la spécialité Euthyrox restera disponible en France jusqu’Ã la fin de l’année 2022 », indique Merck dans un communiqué. L’Euthyrox est un médicament initialement destiné au marché russe et correspondant strictement à l’ancienne formule du Levothyrox.