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Ecrit le 2 novembre 2020
Asymptotique
A Châteaubriant, l’ouverture d’un centre de dépistage grand public du Covid-19, à la halle de Béré, est prolongée jusqu’au 30 novembre. Le taux de positivité, aussi élevé qu’en laboratoire, témoigne du grand nombre de personnes asymptomatiques parmi la population.
Le souci c’est qu’on ne sait rien ! Une responsable de l’OMS (Office Mondial de la santé) a affirmé lors d’une récente conférence de presse que les personnes asymptomatiques n’étaient pas contagieuses, avant de se rétracter.
Consommation de médicaments
L’épidémie de Covid-19 avec toutes ses conséquences organisationnelles dans la filière de soins et sur la population en général a profondément déstabilisé la consommation de médicaments de ville en France. EPI-PHARE réalise depuis le début du confinement le suivi de la consommation des médicaments sur ordonnance délivrés en ville en France pour l’ensemble de la population française, à partir des données du Système National des données de Santé (SNDS). Ce rapport couvre la période de confinement national (semaines 12 à 19 du 16 mars 2020 au 10 mai 2020) et de post-confinement jusqu’au 13 septembre 2020, soit au total un suivi de six mois.
Au début du confinement du 16 au 29 mars il a été observé pour les pathologies chroniques cardiovasculaire et le diabète un stockage de médicaments (de +20 à +40% selon les cas). Par la suite une sous-consommation a été constatée avant un retour vers une consommation plus normalisée dans la plupart des classes thérapeutiques à la fin du confinement.
Toutefois deux exceptions étaient notables sur la période de six mois : les statines avec -300 000 traitements délivrés et les anticoagulants avec -230 000 traitements, probablement en raison du report de nombreuses interventions chirurgicales nécessitant ce type de traitement.
L’instauration de traitements cardiovasculaires et antidiabétiques (nouveaux malades) a fortement diminué durant le confinement.
Au contraire, la consommation des médicaments des troubles mentaux a considérablement augmenté : les anxiolytiques (augmentation de +1,1 million de traitements délivrés en six mois par rapport à l’attendu) et les hypnotiques +480 000 traitements délivrés.
L’étude montre une très forte diminution de la délivrance et de l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé. Cet effondrement de la consommation sur toute la période du confinement et après ne fait pas l’objet d’un rattrapage à ce jour. On comptabilise -75 000 doses pour injections intraoculaires d’anti VEGF dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ou dans l’oedème maculaire diabétique (-4 000 instaurations), -14 000 dispositifs intra-utérins (stérilets) avec progestatifs, -250 000 préparations pour coloscopie, -500 000 produits iodés pour scanner, -280 000 produits de contraste pour IRM. La chute, non rattrapable, de ces trois derniers actes indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves en poussée, conduisent avec l’ensemble de la filière de cancérologie et de médecine de spécialité à des retards conséquents de prise en charge.
Au total, durant les six mois qui ont suivi le début du confinement lié à l’épidémie de Covid-19, il n’y pas eu de manque notable de médicaments pour les pathologies chroniques déjà traitées, probablement parce que les patients ont eu le droit d’utiliser des ordonnances « périmées » et aussi grâce au recours aux téléconsultations. c’est le cas notamment pour les antihypertenseurs, les antidiabétiques dont l’insuline et les antiépileptiques Rien ne prouve néanmoins que les adaptations thérapeutiques nécessaires aient été réalisées.
Pour les nouveaux malades, un déficit de mise en route des traitements, plus ou moins important selon les classes thérapeutiques, a été constaté. d’autres baisses marquantes d’utilisation sont également constatées pour les antibiotiques, les AINS, les antiulcéreux de type IPP et les corticoïdes oraux. Elles témoignent en partie de la bonne compréhension de messages des autorités sanitaires sur les possibles effets délétères de certains produits sur la Covid.
Le retard observé en termes de vaccination sera difficilement comblé en 2020.
93 médicaments dangereux
Ils ont de belles couleurs et sont sans doute miraculeux cela fait huit ans que les médecins de la revue Prescrire alertent sur la dangerosité de certains traitements médicamenteux, qu’ils con-seillent d’éviter. Cette année, 105 médicaments commercialisés en France et en Europe sont répertoriés. Pour la France, 93 médicaments commercialisés ont une balance bénéfices-risques défavorable. Pour chacun d’eux, les chercheurs donnent les raisons de leur évaluation négative et les alternatives possibles.
Pour établir cette liste, « Prescrire » s’appuie sur une méthode d’évaluation basée sur une vaste recherche documentaire « méthodique et reproductible, suivie d’un travail d’analyse » effectuée depuis 2010.
Regrettable : la grande majorité des médicaments signalés dans l’édition précédente est toujours en vente en 2019, à l’exception de la méphénésine (décontractyl), prescrit comme myorelaxant qui n’est plus commercialisé en France.
La revue fait le choix d’écarter tout médicament dont la balance bénéfices-risques est défavorable en raison de sa nocivité. Une mise sur le marché dont « Prescrire » estime qu’elle peut exposer les patients à des « risques disproportionnés » au regard des bénéfices attendus.
La rédaction pointe aussi des médicaments anciens « dont l’utilisation est dépassée » puisque des médicaments plus récents sont aujourd’hui disponibles et proposent une meilleure balance bénéfices-risques. De même, elle signale des médicaments récents qui peuvent avoir une balance bénéfices-risques « moins favorable » que celle de médicaments plus anciens.
Enfin, des médicaments « dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà d’un effet placebo » et qui exposent eux aussi à des effets indésirables graves sont également déconseillés.
Certains traitements utilisés dans les troubles cognitifs chez les personnes âgées sont pointés par l’étude en raison de possibles risques disproportionnés au vu de leur efficacité. C’est le cas du Ginkgo biloba (Tanakan ou autres) : il y a des risques d’hémorragies, de troubles digestifs ou cutanés, de convulsions et de possibles réactions d’hypersensibilité cutanés « graves, voire mortels ».
La revue alerte aussi sur les effets graves et disproportionnés de traitements pour soulager de simples maux de gorge ou des toux.
C’est le cas de l’alpha-amylase (Maxilase ou autre) pour lequel l’ANSM vient d’annoncer qu’elle les retirait du libre-accès en pharmacie. côté antitoussifs, la revue rappelle qu’un médicament pris pour une toux bénigne peut avoir des effets indésirables disproportionnés. Des problèmes cardiaques et des réactions allergiques graves ont été relevés.
Vigilance aussi sur les argiles médicamenteuses, très prisées. Elles sont aussi à éviter. Utilisées pour les troubles gastriques, elles contiennent en effet du plomb, susceptible de provoquer des effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardio-vasculaires.
En pratique
Pour savoir si le médicament que vous prenez est mis en cause, « Prescrire » classe les 93 médicaments selon douze classes thérapeutiques : cancérologie-hématologie, cardiologie, dermatologie-allergologie, diabétologie-nutrition, douleur-rhumatologie, gastro-entérologie, infectiologie, neurologie, gynécologie, endocrinologie, pneumologie-ORL, psychiatrie-dépendances.
Pour chaque médicament mentionné, la revue explique précisément les raisons pour lesquelles la balance bénéfices-risques est jugée défavorable.
L’intégralité de la liste est en accès libre sur le site de « Prescrire ».
https://www.prescrire.org/Fr/