Ecrit le 2 mai 2018
Maison de l’Emploi
La Maison de l’Emploi a été attribuée au Pays de Châteaubriant (qui à l’époque comprenait les Com’Com’ de Châteaubriant-Nozay-Derval) le 20 septembre 2005. Son projet : le rapprochement géographique de structures diverses (ANPE, Mission Locale, ADIC, Conseil de développement, etc) sur le site des Vauzelles à Châteaubriant, la coordination de ces différents services en intégrant le service-emploi de Nozay et en créant l’antenne-emploi de Derval.
Le temps de construire un bâtiment (qui n’était peut-être pas indispensable et qui a coûté cher), la Maison de l’Emploi a ouvert en janvier 2007 avec un directeur, qui n’a tenu qu’un mois. c’est alors que Christine Galisson a été nommée directrice en mai 2007, elle est encore en poste. La Maison de l’Emploi est une structure associative, même si elle est très liée à la Com’Com’ Châteaubriant-Derval.
Sous l’impulsion de Christine Galisson, assistée d’une équipe de 6-7 personnes, la Maison de l’Emploi a su mener des actions innovantes, qui ont d’ailleurs été remarquées aussi bien au niveau national que régional. On peut citer : Mission Entreprendre, Un jour un jeune un chef d’entreprise, les visites d’entreprises, les forums de métiers, Proximité pour l’emploi. La Maison de l’Emploi a su intervenir aussi pour faire venir, sur notre territoire, des formations adaptées aux besoins, par exemple dans le domaine de la boulangerie et de la boucherie.
Mais en période de restrictions de crédits, le succès et l’utilité des actions menées ne pèsent pas lourd. On coupe ! La Maison de l’Emploi recevait 280 000 € en 2010, elle ne recevra plus que 92 000 € en 2018 et plus rien en 2019. « La Maison de l’Emploi assurait pourtant toute l’animation économique de la Com’Com’ » a dit le vice-président Alain Duval. Mais la MDE va fermer en juillet 2018, cinq salariés sur sept seront priés d’aller voir ailleurs.
Mais si la MDE assurait l’animation économique, pourquoi la Com’Com’ n’embaucherait-elle pas ces personnes pour que l’animation continue ? Mais le secrétaire général M. Dusautois répond : « Ce n’est pas possible parce que l’État exige que nos dépenses n’augmentent pas de plus de 1,2 % par rapport à l’an dernier ».
Bon, peut-être, mais la Com’Com’ pourrait dépenser moins d’un côté (par exemple 200 000 € pour une nouvelle voie verte) et embaucher pour l’animation économique.
« Eh non, car l’investissement et le fonctionnement sont des budgets différents ».
Bon, peut-être, mais il y a d’autres maisons de l’emploi qui ferment dans la Région, les dotations de l’Etat qui leur étaient promises pourraient être attribuées à celles qui restent, au moins pour attendre des jours meilleurs ? La réponse est dans les mains de la préfète. Dans l’immédiat, à moins d’un miracle, la Maison de l’Emploi va fermer. Encore un service qui disparaît.
Pour Alain Duval, cette fermeture laisse « un sentiment de gâchis ». La Maison de l’Emploi c’était le droit d’expérimenter, c’était l’occasion de constituer un réseau local au service du développement économique. L’ironie amère de la chose : on licencie les personnels qui s’occupaient d’aider les autres à trouver du travail.
Pour autant, la Com’Com’ a lancé quatre recrutements dont on peut prendre connaissance sur son site internet :
– Direction du pôle Service à la population.
– Direction du pôle développement du territoire, Économie, Emploi et Formation
– Animation Coordination du Centre socio-culturel
– Chargé.e de mission SPANC.
C.I.O
Et autre chose : le Ministère de l’Education Nationale a annoncé la fermeture de tous les CIO - Centres d’Information et d’Orientation - de France : (Ã Châteaubriant : 16, rue des Vauzelles). C’est la mort d’un service public. Ce sont 494 lieux d’accueil, d’écoute et de conseil en orientation, neutre et gratuit, pour tous les publics.
Si les CIO disparaissent, qui s’occupera...
– des jeunes non scolarisés demandant un retour en formation,
– des décrocheurs, des étudiants, des adultes,
– des personnes en situation de handicap cherchant des informations sur leur scolarité,
– des jeunes nouvellement arrivés sur le territoire français qui souhaitent s’intégrer par la formation,
– des élèves scolarisés dans les établissements privés et agricoles ne bénéficiant pas des services des psychologues de l’Education Nationale ?
Bernard Desclaux, directeur de CIO et formateur, explique que au delà des problèmes de personnel, « des questions fondamentales sur le statut de l’information vont se poser. On peut être certain en particulier que le traitement de l’objectivité de l’information sur les formations et les établissements variera, avec une plus grande ampleur qu’aujourd’hui, selon les politiques locales des Régions ». Il relève également que les CIO alimentent les établissements scolaires en informations. « Du côté du public, il y aura un rétrécissement de celui-ci aux élèves de l’établissement, et les rencontres se feront aux heures et dates d’ouverture des établissements ». Cet abandon du rôle social de l’Etat pour le public non scolaire est aussi dénoncé par le Sgen Cfdt.
Pour Marie-Agnès Monnier, qui représente les psychologues-CIO au niveau national, « c’est important de ne pas être que dans les collèges et lycées car certaines familles refusent d’y remettre les pieds ». Mme Monnier s’indigne en outre du discours ministériel, selon lequel les CIO ne servent plus à rien à l’heure d’Internet.
Rappelez-vous, avant 1971, le service d’orientation, plus restreint, visait surtout les futurs ouvriers, qu’il fallait guider vers l’apprentissage au plus tôt. Les premiers CIO ont vu le jour en 1971 dans onze départements pour informer lycéens et étudiants sur les métiers et formations à leur disposition.
Au-delà de la suppression probable de nombreux CIO , un autre projet du gouvernement, mené en parallèle, inquiète les psychologues scolaires.
Le 6 avril, la ministre du Travail, Muriel pénicaud, a annoncé que l’Onisep, fort d’une large base de données sur les formations scolaires et professionnelles ensuite distribuées aux CIO , allait être régionalisé dès la rentrée 2019. Chaque direction régionale de l’Onisep (Dronisep) aura sa base de données sans mutualisation à l’échelle nationale. Ainsi, demain, un étudiant de Montpellier pourra avoir accès à des informations sensiblement différentes d’un autre à Nantes.
Le projet de loi porté par le ministère du Travail mettrait la mission et l’avenir des CIO entre les mains des Régions. « Elles pourront garder les CIO tels quels, mais pourront aussi leur confier d’autres missions, selon leurs besoins », analyse Marie-Agnès Monnier. Elle craint aussi que certaines régions avec moins de moyens ne mettent pas l’accent sur l’orientation professionnelle : « Toutes les Régions ne placent pas l’orientation et la formation professionnelle en tête de leurs priorités », assure-t-elle. Son confrère Vincent Bernaud, également secrétaire national du Sgen-CFDT confirme : « La région pourra décider de sous-traiter la mission, mais personne ne sait quelle attention elle prêtera au choix du prestataire. » La crainte d’une privatisation plane au-dessus des psy-EN.
Formation des apprentis
Le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a été présenté ce 27 avril en conseil des Ministres. Cette loi, si elle est adoptée cet été, va changer les compétences des Conseils régionaux. En effet, les Régions vont perdre la compétence « apprentissage », entre autres, et se verront recevoir, en compensation, la compétence « orientation ».
Violaine Lucas, Conseillère régionale PS, dénonce « la décision de l’État de confier la gestion de l’apprentissage aux branches professionnelles alors que les Régions ont fait, depuis des années, un énorme travail pour avoir une carte des formations cohérente, répondant aux besoins des territoires. Avec cette réforme, les Régions n’auront plus de moyens d’intervenir, notamment pour empêcher à des CFA, centres de formation des apprentis, de fermer dans des territoires ruraux ! ».
En ce qui concerne les CIO , Violaine Lucas déclare : « le transfert de compétence ne doit pas se traduire par une baisse de moyens et des actions sur les territoires, ni par une diminution de la qualité de l’information »