Ecrit le 25 janvier 2009
Vendredi 23 janvier : dès 8 h du matin des barrières sont installées partout en ville et autour de la Halle de Béré . Des HEB (Hommes en bleu) sont en place. Quatre escadrons dit-on (300 hommes) avec un commandement spécial en plus des gendarmes de Châteaubriant.Président et Directrice : Bloqués15h15, F.Fillon est en retard. Le vent l’a empêché d’atterrir à Pouancé. Il arrive par Nantes, toutes sirènes hurlantes, précédé de balaises en moto. Autour de la Maison de l’Emploi les quelques badauds sont refoulés derrière les barrières. Un militant recule derrière l’une d’elles. « Non, pas celle-là, l’autre plus loin » dit un HEB. Les badauds attendent la manif CGT. Elle ne viendra pas. Bloquée.
A bonne distance de la Maison de l’Emploi, un journaliste qui vient, à pieds, chercher son accréditation, se fait contrôler : papiers, carte de presse, consultation de l’ordinateur pour savoir si vraiment il appartient à tel journal. Le Président et la Directrice de la Mission Locale se font arrêter aussi. « Le pôle emploi est fermé au public aujourd’hui » leur dit-on. Finalement l’HEB les laissera passer. Plus tard F.Fillon assistera à l’inscription d’un demandeur d’emploi. Quelqu’un trié sur le volet ? Ou un faux demandeur d’emploi ? Dans le ciel tourne, passe et repasse un hélicoptère. Quelques chiens ont été mobilisés pour l’après-midi. Un camion-grue intervient pour déployer le drapeau que le vent a enroulé sur sa hampe.
CGT, FSU et Solidaires : BloquésLes militants CGT, FSU et Solidaires sont bloqués d’abord au sortir de leur local, rue de la gare. Ils portent gilets rouges, drapeaux CGT et sono. « Reculez ! Attention, on charge » : les HEB les refoulent vers le local. Deux heures plus tard ils rejoignent le passage à niveau SNCF. Ils sont à nouveau bloqués. [La circulation aussi. Les gens râlent]. Ils tentent de négocier leur accès à la gare. En vain. En fin de journée ils se dirigent vers la Halle de Béré et sont à nouveau bloqués au début du Boulevard de la République. La République, ah oui ? Ils ne peuvent ainsi rejoindre la Halle de Béré où F.Fillon doit faire un discours d’envergure na-tio-na-le !
Le soir 17h30 rassemblement pacifique au rond point Brient 1er sur la route qui conduit à la Halle de Béré . Il y a cette fois la CFDT, FSU et les Partis de Gauche. Ils sont nombreux, des militants les rejoignent peu à peu. AUCUN casseur ! Ce n’est pas le genre ici. Pas de banderole. Juste des drapeaux et gilets orange. Le groupe, pacifique et souriant, s’avance vers la Halle de Béré et la réunion annoncée comme « publique ». Vous avez dit « publique » ?. Premier barrage des HEB (hommes en bleu). Voyant que les manifestants sont nombreux, ils abandonnent le terrain pour courir plus loin bloquer le pont sur la rivière. Là se donnant le bras (geste touchant de solidarité), ils bloquent les manifestants et demandent du renfort. D’autres HEB arrivent avec bouclier. Ils portent un casque accroché à la ceinture mais sont encore en calot. Ils commencent alors à repousser les manifestants, de plus en plus violemment vers le super U voisin qui borde la rue Brient 1er. Ils gueulent « Reculez, reculez ! ». Les manifestants rigolent, l’un d’eux est embarqué. D’autres reçoivent des coups de pied. FR3 filme et prévient les HEB « Frappez, frappez, vous passerez à la télé ». Les manifestants sont toujours là, rigolards, mais évidemment ils ont reculé d’autant plus qu’ils n’ont jamais souhaité perturber la réunion à Fillon.
CFDT et Partis de Gauche : BloquésPendant ce temps là, les GdB (gens de bien) arrivent, condamnés à marcher à pieds puisque les HEB bloquent. Ils ont des cartons d’invitation, les HEB les laissent passer .... Cela leur fait un grand bout à pieds. On peut voir l’ancien Président du Conseil Général, André Trillard dans cet état et quelques maires et chefs d’entreprise. Pendant ce temps-là encore, d’autres militants, dont ceux de la CGT et de Solidaires, avec drapeaux et gilets rouges, sont bloqués beaucoup beaucoup plus loin, en centre-ville. Pliant gilets et drapeaux, ils contournent par les petites rues pour aller à la Halle de Béré . ... Ils réussissent à atteindre la porte et à faire une haie d’honneur à A.Trillard.
MalpropresDans le hall d’accueil de la Halle de Béré quatre portiques anti-terroristes ont été installés (innovation à Châteaubriant) : les GdB y déposent clés, monnaie, objets métalliques, téléphones portables, pour pouvoir passer. Quelques personnes sont palpées. Un simple citoyen, écœuré, préfère partir « Nous ne sommes pas des malpropres » dit-il.
Boucliers et projecteursDans la rue Brient 1er, arrivent un, deux, trois, dix, (quinze ?) camions de gendarmes. En sortent des HEB avec boucliers. Ils s’alignent coude à coude le long de la rue, à un mètre des manifestants. Sur ordre d’un aboyeur (le mot n’est pas trop fort), ils avancent fermement pour les faire reculer sur le parking du Super-U. Sans incident notable. Les manifestants reculent avec lenteur et bonhomie. Des projecteurs (un par camion), sont braqués sur eux. A leur donner des envies de violence ! Une femme veut prendre des photos : on lui dit qu’elle n’en a pas le droit (cela s’est produit ailleurs en France, il y a donc des consignes au niveau national ?). La rue Brient 1er est toujours bouclée : F.Fillon est passé par une autre route (il y a trois entrées à la Halle de Béré : il y a des HEB partout, les manifestants ne sont pas assez nombreux pour faire face. Et de plus ils ne le cherchent pas. Ils cherchent à manifester, c’est réussi).. Et voilà que les copains de la CGT et de Solidaires abandonnent l’entrée de la Halle de Béré et viennent vers le groupe bloqué rue Brient 1er. Les drapeaux rouges saluent les drapeaux orange d’un côté de la rivière à l’autre ! Sympa ! Les HEB les laissent passer pour rejoindre leurs camarades. Soit en totalité 400 à 500 personnes et aucun n’est violent ou énervé.
Indésirables ... faciès ?Les manifestants s’aperçoivent que les GdB ont, eux, une invitation pour la réunion Fillon à la Halle de Béré . C’est ainsi que deux Français d’origine turque (et partisans du maire UMP, ayant appelé à voter pour lui aux dernières municipales), ont pu franchir le barrage d’HEB rue Brient 1er, accéder à la Halle de Béré , passer les portiques et se retrouver dans la salle. Dix minutes plus tard des hommes viennent leur dire de sortir « vous n’avez pas votre place ici ». Histoire de faciès ? ils essaient de dire qu’ils ont une invitation perso. Mais rien à faire. Ils sont reconduits vers les manifestants. Bien déçus ! Humiliés ? Deux personnes, avec carton d’invitation, dont un élu municipal, ont réussi à aller jusqu’aux portiques. Là un gradé leur dit qu’ils sont « indésirables ». Aussitôt les HEB serrent les rangs et les deux individus sont ramenés jusqu’au groupe de manifestants.
Après un très long moment sur le parking, toujours bien calmes, les manifestants décident de rentrer chez eux. Cinq ou six militants CGT sont arrêtés plus loin, sur le chemin du retour, sans raison. Et dans ces conditions des militants de « Ni pauvres ni soumis » n’ont pas pu atteindre la manif (voir ci-dessous). « Nous les attendions, nous leur aurions fait fête ! » disaient des manifestants.
Heureusement, nous sommes en démocratie ! A part ça, qu’a-t-il dit F.Fillon ? Bof, nous en reparlerons. Récit de B.Poiraud |
Info du 25 janvier 2009
Ni pauvres ni soumis
Témoignage :
Concernant le mouvement « ni pauvre, ni soumis » nous sommes arrivés très tôt à la Halle de Béré (16h30), nous étions 8 dont trois personnes en situation de handicap, les RG de Nantes sont venus nous voir direct sur le parking pour nous demander ce que nous comptions faire. Pas de vague toujours, « nous réchauffer à l’intérieur de la halle, remettre une lettre de revendication du mouvement à Fillon, nous montrer ! » Le fait d’avoir dans nos valises la présidente de la section Ligue des Droits de l’Homme et 3 copains en chariot a permis quelques égards de la part du service d’ordre.
Une fois entrés dans le premier sas de la halle, nous avons avec beaucoup de conviction demandé à remettre notre lettre à F.Fillon, je passe sur la négociation houleuse mais il y avait de leur part une crainte tout de même à nous foutre dehors. Pendant ce temps 3 copains étaient entrés dans la salle et avaient réservé dans les premiers rangs des places pour nous tous. Voyant que nous ne lâcherions rien sur notre demande, après discussion avec le commandant en civil « Imbert, Rimbert » je ne sais plus, nous avons été reçus (le reste de notre troupe) par M. Pierre MOLAGER, conseiller technique de Fillon, chargé des affaires locales, plus d’une demi-heure, nos revendications ont été écoutées. Puis les copains (sauf deux de la LDH qui devaient être à Nantes pour 19h30) sont entrés dans la salle retrouver les autres.
Lire aussi : la démesure de Sarkozy à Nîmes :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=50036
et Sourdun :
A St Lô la colère de Sarkozy fait deux victimes ! Même l’UMP proteste contre « le fait du prince » :
http://www.lepoint.fr/actualites-politique/a-saint-lo-la-colere-de-sarkozy-fait-deux-victimes/917/0/311613
Sarkozy a été sifflé ? Le préfet et son directeur de la sécurité sont mutés. Cela se passe dans la Manche. Il fallait agir vite, la sédition allait s’étendre à l’épaulette et au col. (Hervé Le Tellier)
Compléments mis en ligne le 29 janvier 2009
Un très beau diaporama, en musique, avec humour et émotion :
http://www.journal-la-mee.fr/Wonderful-Saint-Lo.pps
Saint Lô, 12 janvier 2009
Les enfants de la classe « choisie » pour recevoir la visite de M. Sarkozy ont reçu pendant une semaine les visites du préfet, de la police, etc. On leur a demandé d’apprendre à se lever convenablement en posant la main droite sur leur bureau... Et en disant « Bonjour M. le Président » !
Des travaux demandés depuis des mois ont été réalisés très rapidement en une semaine... Mais uniquement sur le « chemin » très balisé de M. le Président ! Ma soeur (son enfant est scolarisé dans cette école), n’a pas pu se mettre derrière la barrière de l’école pour l’arrivée du Président. Elle a été bloquée en bas de l’immeuble attenant à l’école et n’a pas pu faire trois pas vers l’école. Elle a aussi voulu faire descendre une banderole, avec les habitants et parents d’élèves le long de l’immeuble ; et les CRS ont demandé à une voisine quelques étages plus bas de la couper ! De plus, la commissaire de police est venue saisir violemment ma soeur par le bras, pour l’empêcher de siffler ! Ce dernier avait ordonné de ne pas voir de manifestants sur son chemin !
Arrivés à 8 h 30... nous nous sommes dirigés vers le boulevard de la Marne où nous attendaient CRS, gendarmes mobiles bottés et casqués et camion anti émeutes ! Impossibilité de passer alors que des accords avaient été conclus avec la préfecture sur le déroulement de la journée, et tout a été systématiquement bafoué ! 500 CRS ! A défaut de nous voir, il nous a entendus ! Je tenais à signaler l’aspect très violent des forces de l’ordre. Place de la Licorne, une personne âgée a été bousculée par les CRS sous les yeux de lycéens qui se sont empressés de la secourir ! Les CRS sont passés en bousculant tout le monde, y compris femmes et enfants, alors qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter et aucune manifestation de violence, sauf la leur ! Un enseignant qui parlait avec les lycéens afin de les calmer face à l’agressivité des CRS s’est fait matraquer en se retournant... Tout mouvement d’une personne étant considéré comme dangereux ? Je suis sidérée, choquée ! Jamais auparavant, je n’ai assisté à une telle vague d’extrémisme ! C’est très important que nos jeunes, qui sont restés calmes et respectueux, aient été présents ! Témoins ! Vous rendez vous compte que deux d’entre eux se sont faits mettre à terre, puis embarquer au commissariat de police alors qu’ils n’avaient rien fait ! Tout cela est très inquiétant !
Combien a coûté le déplacement de M. Sarkozy ? Quant au déploiement des forces de l’ordre... Cet argent dépensé pourrait aider tant d’écoles, de collèges et lycées !
Je signale, pour en terminer avec ce courrier, que des groupes ont été constitués sur le net, afin de repérer les personnes « dérangeantes »pour le gouvernement et surveiller leurs conversations.
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Grève du 29 janvier 2009
Grève : les syndicats satisfaits, Sarkozy « à l’écoute », qu’il dit !
Entre 1 et 2,5 millions de manifestants ont défilé hier dans tout le pays à l’appel des huit organisations syndicales. C’est « un événement social de grande importance », pas « un coup de colère passager, il y aura des suites », a averti Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT. Nicolas Sarkozy a pour sa part réaffirmé hier soir que la crise suscitait une « inquiétude légitime » et imposait aux pouvoirs publics un « devoir d’écoute » et de « dialogue » mais également « une grande détermination à agir ». Il a déclaré qu’il rencontrerait en février les partenaires sociaux « afin de convenir des réformes à conduire en 2009 ».
La colère française, signe d’une Europe en crise (revue de la presse internationale)
Jeudi « noir », « gris » ou... « arc-en-ciel » ? Les journalistes ont tendance à affubler les grèves d’une couleur plus ou moins sombre, censée représenter les perturbations engendrées par tout mouvement social. La correspondante du Temps à Paris, elle, cherchait de la couleur parmi les cortèges, mais, crise oblige, elles manquaient cruellement : « Les visages sont fermés et même les slogans manquent de couleur. ’Banquez pour nos salaires’, affiche un calicot. ’Smic ta mère’, dit un autre ». Le quotidien genevois a surtout relevé « la variété des secteurs mobilisés - ouvriers, juges, médecins, retraités, vendeurs... - et le nombre de manifestations organisées - quelque 200 à travers le pays ». Suffisant pour « donner un caractère exceptionnel à la journée d’hier ». D’autres titres, comme le Periodico de Catalunya et le Guardian, regrettent que l’opposition, notamment le Parti socialiste, ne parvienne pas à surmonter ses divisions internes. Reste que, pour The Independent, la mobilisation française est symptomatique d’un mécontentement qui gronde à l’échelle du continent face à la crise. Une colère qui s’est manifestée dès décembre avec la révolte des jeunes Grecs.
Ecrit le 4 février 2009
Echos
La visite de François Fillon, le 23 janvier 2009, mit la ville de Châteaubriant en état de siège. A la suite de nos articles de la semaine dernière, voici des échos supplémentaires :
La Poste : M. Parmentier, directeur de l’établissement Courrier de Châteaubriant a adressé un message, le 22 janvier, à ses plus gros clients : « Malgré nos recherches, nous n’avons pu connaître avec exactitude les durées, horaires et itinéraires qui limiteraient nos activités tant de distribution que de collecte des Boites à lettres ou d’entreprises de Châteaubriant et des communes environnantes » . Parlant de « situation exceptionnelle » le directeur a décidé de « collecter et d’expédier le courrier plus tôt que d’habitude ». A croire qu’il y avait une alerte plus rouge que celle qui concernait l’ouragan Klaus dans le midi de la France.
Enceinte : il y avait un vidéaste aussi, filmant tout et n’importe quoi. Une femme enceinte s’est entendu dire, le lendemain, par un gendarme : « Vous n’auriez pas dû être dans la manif, vu votre état ». C’est la vidéo qui l’avait trahie, disait-il. Doublement trahie même, puisque, dans cette manif, elle n’y était pas. Figurera-t-elle dans un quelconque fichier ?
Transports scolaires : la venue de Fillon a même perturbé les transports scolaires. : près d’une demi-heure de retard. Des parents s’inquiétaient, n’imaginant pas un tel déploiement de forces à Châteaubriant. Devant le lycée St Joseph stationnaient des Hommes en Bleu. Des fois que les p’tits cathos seraient devenus d’affreux gauchos ?
Déminage : le service est passé une deuxième fois à l’usine Huard et tous les jours à la Maison de l’Emploi et à Pôle Emploi. Voilà au moins des gens qui ont du travail ! Ca coûte combien ça ?
Ancien Proviseur du lycée Guy Môquet, Monsieur M. n’avait pas son invitation. Il a été refoulé comme un vulgaire gauchis/te !
Service d’ordre : selon l’Eclaireur le service d’ordre dans la Halle de Béré était celui de l’UMP. Mais à l’extérieur, le service d’ordre était policier . La police et la gendarmerie au service d’un parti politique ? La France serait-elle devenue une république bananière ?
Une vidéo
http://www.dailymotion.com/video/x84km5_visite-de-franois-fillon-chateaubri_news
S’habituer à l’ultra-présence policière ??
http://www.article11.info/spip/spip.php?article289