Une fourgonnette, rouge évidemment,
vue au Centre de Secours
de Châteaubriant, porte l’inscription « Véhicule intervention
risques technologiques »
ou VIRT pour les initiés. Visite.
Plongée dans l’univers des risques technologiques
Recrutés à l’origine pour combattre le feu, les Sapeurs-Pompiers ont dû se spécialiser au fur et à mesure du développement des techniques. Il leur arrive, maintenant, d’avoir à faire face à des risques spécifiques, liés aux activités humaines, dans les domaines de l’industrie, de la santé mais aussi du transport des matières dangereuses :
un camion qui se renverse, une citerne qui fuit, un produit toxique qu’il faut transvaser vers une citerne en bon état, une explosion ou une fuite dans une entreprise, comme cela s’est produit à Nantes il y a quelques années et tout récemment aux USA (début octobre).
Il arrive aussi aux Pompiers de devoir intervenir parce que des poissons nagent sur le dos dans une rivière. S’agit-il d’une pollution ? Ou des conséquences d’une eutrophisation ?
« Nous avons une première mission : celle d’identifier le danger » dit Yannick Daniello, « savoir s’il s’agit d’un polluant, et quel type de polluant » . « Notre deuxième mission, s’il y a une fuite, sera de colmater, en attendant les réparations ».
Identifier
Pour effectuer cette tâche, le véhicule VIRT est équipé de « valises » pour la détection de la pollution des eaux, et pour la détection des produits chimiques. Par exemple, la valise « détection chimique », renferme :
. Cinq appareils de mesure pour des gaz bien particuliers : monoxyde de carbone (CO), Ammoniac (NH), hydrogène sulfuré (H2S), chlore (Cl2) et acide cyanhydrique (HCN).
. Un appareil de mesure de l’oxygène, pour déterminer, par exemple, si les malaises ressentis par un groupe de personnes ne seraient pas dus à une atmosphère trop confinée.
. et de nombreux « tubes » qui, placés dans une pompe spéciale, analysent l’air ambiant : celui-ci fait changer de couleur les réactifs contenus dans les tubes, ce qui permet de déterminer la nature du polluant et son pourcentage.
Une autre « valise » renferme un « explosimètre » qui mesure le risque d’explosion.
Colmater
Le véhicule VIRT est équipé de nombreux procédés de colmatage : des coins, des cônes en caoutchouc (qu’une machine peut gonfler), des raccords, des matières absorbantes diverses ... et tout simplement une pelle s’il faut construire un rempart de terre ou de sable pour contenir un écoulement.
Protéger
Le camion VIRT permet de faire des analyses rapides des dangers chimiques, de façon à protéger les salariés d’une entreprise, ou les riverains du lieu de l’accident. C’est pourquoi on y trouve les 261 fiches toxicologiques éditées par l’INRS (institut national de recherche et de sécurité) : mises à jour régulièrement, elles décrivent le Toluène (solvant, additif de carburant), le Parathion (insecticide à usage agricole), l’Oxiranne (qui sert à la désinfection du matériel médico-chirurgical), en indiquant la toxicité, les risques d’incendie ou d’explosion et diverses recommandations techniques. (1)
Le VIRT est doté aussi du « Guide orange des pompiers de Genève » qui sert de « bible », de référence dans de nombreux pays francophones puisqu’il donne le relevé précis de tous les produits chimiques et nocifs permettant aux Pompiers de détecter, lors d’incidents, ces produits dans les meilleures conditions et d’intervenir de façon appropriée pour la sécurité des intervenants et de la population.
La protection des Pompiers eux-mêmes est particulièrement soignée avec une tenue spéciale d’intervention, totalement étanche, qui enveloppe complètement l’intervenant : gants et souliers soudés, fermeture-éclair spéciale sous double protection avec velcro. Même la tête est enfouie
dans la combinaison : un plastique transparent permet quand même de voir !
La tenue comporte une large bosse dans le dos, pour permettre au Pompier de porter un appareil respiratoire isolant.
Ces « scaphandres », généralement, ne servent qu’une fois car il serait trop risqué de les laver (et trop compliqué aussi de récupérer les eaux contaminées par le lavage).
Chaque membre de l’équipe « risques technologiques » a reçu une formation spéciale. En complément les Pompiers font appel à des spécialistes de produits chimiques avec lesquels ils ont passé des conventions.
Matériels divers
Le VIRT est équipé d’une cartographie complète du secteur de Châteaubriant, de rubans de signalisation (s’il faut baliser une zone dangereuse), d’une canne de prélèvement (s’il faut puiser un liquide à analyser), d’un pied de biche et d’un lève-plaque d’égout, d’une pompe à air comprimé, et de bouteilles d’oxygène. Une malle spéciale contient le matériel d’intervention contre la radioactivité et ... la grippe aviaire !
Note du 25 octobre 2006 :
Code ONU
Les produits sont identifiés par un code danger et un code ONU (Organisation des Nations Unies) encore appelé code produit ou code matière.
Ces numéros sont écrits sur une étiquette de couleur jaune apposée devant, derrière et sur les côtés des camions de façon que, en cas d’accident, il soit toujours possible de déterminer ce que transporte le camion.
Dans l’étiquette ci-contre, la classe 3 correspond à « liquide inflammable ». Mais c’est marqué 33 quand il s’agit d’un liquide très inflammable.
Le code ONU 1268 correspond aux « distillats de pérole » : bitume, fuel, diluants, etc.
Ecrit le 21 mars 2007
Le pompier et le pyromane
Laurent Lelièvre, pompier de le région d’Angers, a sauvé 5 kayakistes de la noyade, en 2003 : un acte de courage et de bravoure remarqué par le ministre de l’Intérieur qui a décidé de le décorer.... en 2007, en pleine campagne électorale.
Laurent Lelièvre a refusé cette médaille parce que, dit-il, N. Sarkozy refuse de négocier avec les pompiers pour reconnaître la pénibilité de leur travail. Ils demandent la retraite à 55 ans, une revalorisation salariale et une prime qui compterait pour la retraite. « Mais quand N. Sarkozy est venu à Angers, il nous a envoyé 600 CRS parce que nous manifestions. Voilà sa réponse ! ».
« Dans d’autres circonstances, j’y serais allé car c’est honorifique et que cette intervention reste émotionnellement encore très forte en moi. Mais je ne vois pas l’intérêt d’aller faire le « kakou » là-bas et de ne pas être entendu sur nos revendications » dit le jeune pompier, militant CGT.
Voilà au moins un homme qui sait mettre ses actes en accord avec ses idées.