Ecrit le 14 janvier 2009
Quitter
Année 2007, Patricia a 40 ans. Une situation stable, la confiance de son employeur. Seulement voilà , Patricia s’ennuie : la gestion, les calculs statistiques ne satisfont pas son besoin de vivre pleinement. Elle a 40 ans, elle en a assez d’être une machine à bosser. Les enfants, 15 ans et 17 ans, sont des adolescents raisonnables, bientôt ils voleront de leurs propres ailes, il est temps d’essayer autre chose. Elle quitte donc son travail de secrétaire aide-comptable pour l’aNPE. l’aventure. « Je me suis inscrite comme demandeur d’emploi. Et j’ai pris contact avec la Boutique de Gestion BG-Ouest où j’ai rencontré M. Brunel, un animateur très exigeant. Si je n’avais pas été motivée, je crois qu’il m’aurait découragée. Ce fut pour moi une intense période de réflexion ».
Projeter
« Que faire ? Comment orienter ma vie ? On m’a proposé une place de commerciale, mais je n’avais pas envie de faire du démarchage. Je voulais faire du commerce, accueillir des gens, leur faire plaisir ». Patricia s’en va donc visiter de nombreux petits commerces, pose des questions, ouvre les yeux, définit peu à peu son projet. « J’ai alors fait un stage à la Chambre de Commerce : comptabilité, fiscalité, questions administratives. J’ai été bien épaulée en particulier par une avocate ». Parallèlement Patricia prend contact avec des enseignes connues : Proxi, Casino. c’est ainsi qu’elle apprend que le magasin Vival de St Vincent des Landes va fermer. « En le visitant, j’ai tout de suite imaginé ce que je voulais en faire. Puis j’ai eu des contacts suivis avec Yves Blais, adjoint au maire. Quand on se sent en confiance, on avance »
Reprenant contact avec l’aNPE, elle demande à faire un stage de terrain chez Nicolas Trevier à Rougé, 15 jours en février 2008. « Je me suis investie à fond, je me suis mise en condition pour tester vraiment ce métier. Le bonheur. Je savais que cela me plairait ».
Aménager
début mars 2008, le magasin de St Vincent ferme ses rideaux. « Nous avons annoncé la réouverture pour le 11 avril. Je voulais un endroit chaud, comme si c’était mon chez moi. Heureusement j’ai un mari bricoleur et j’ai trouvé beaucoup d’aide dans la famille et les amis ».
Tout lessiver, remplacer le carrelage par du parquet, poser du lambris, refaire les peintures, installer le bureau d’accueil près de la porte avec vue sur l’extérieur, aménager le rayon légumes et la réserve, signer le contrat avec Casino, mettre les produits en rayon, chercher des producteurs locaux comme La Cave (pour les vins), La Poterne pour l’espace-cadeaux, et Joseph Houssais pour la charcuterie. « Le groupe Casino me plaisait pour son état d’esprit, la qualité des produits, la liberté de choisir d’autres fournisseurs. Et je savais que je serais conseillée par Nicolas Trevier à Rougé et Carole Hamon à Châteaubriant. Les Vincentais voyaient que ça bougeait. Je sentais monter le suspense. La dernière semaine, pour moi, fut angoissante : avais-je fait le bon choix, allais-je proposer aux clients les produits qui leur plairaient ? ».
Ouvrir
Et nous voici au 11 avril 2008. Le magasin ouvre à 8h30. « Les premiers clients sont arrivés. Ils venaient voir la nouvelle commerçante, apprécier l’aménagement et les produits proposés. Cette première journée il y eut du monde, du monde, du monde. Ce fut pour moi un réel soulagement ».
Au début les clients achetaient un peu, pour tester les produits. « Peu à peu j’ai vu augmenter la moyenne du panier. Un client peut faire ses courses à peu près en totalité au magasin ». Patricia se refuse cependant à faire les cartes postales, ou la presse, pour ne pas concurrencer les commerçants voisins.
Le 25 avril 2008 eut lieu l’inauguration officielle avec les représentants de la commune et tous les amis. « Cela m’a lancée. En mai il y eut l’auto-cross de St Vincent des Landes et les associations locales se sont approvisionnées chez moi. J’ai compris qu’on me faisait confiance ».
A l’été 2008 le magasin Vival n’a pas connu le creux que craignait Patricia. « J’ai 75 % de clients fidèles. L’été j’ai vu en plus les habitants des résidences secondaires, avec les enfants et petits enfants. Je vois régulièrement des têtes nouvelles ».
Tenir
Il restait le plus gros morceau : tenir sur la durée. « Je n’avais pas mesuré l’importance du temps à y consacrer ».
Au tout début Patricia se levait à 4h30 du matin, pour être au magasin à 5h30, mettre en rayon et être prête à ouvrir à 8h30. Le midi elle n’avait guère le temps de manger. Le soir elle fermait à 19h30 et restait jusqu’Ã 21h30 ou 22 h, le temps de faire les comptes, les commandes, la mise en rayons (encore), le ménage. Elle rentrait chez elle « morte » de fatigue. « Des gens me disaient : tu ne tiendras pas. Je répondais : laissez-moi trouver mon organisation. Et puis j’ai eu des étourdissements, j’ai compris que je devais me poser le midi, prendre le temps de manger. ». Patricia travaillait sept jours sur sept, sauvegardant à peine une partie du dimanche après-midi.
Sa fille de 17 ans s’est alors manifestée fermement : « Maman, on ne te voit plus. Tu nous as oubliés ». Ce fut un électro-choc. « J’ai compris qu’il ne fallait pas sacrifier ma vie de famille pour le travail. En même temps j’ai expliqué à ma fille que je ne pouvais plus être seulement son taxi et sa femme de ménage. J’avais besoin d’être heureuse et libre dans mon travail, de vivre ce que j’avais envie de vivre. Mais il me fallait aussi contribuer au bonheur et à l’équilibre de ma famille ». Cette interpellation a remis en cause une partie du fonctionnement de Patricia, à la satisfaction générale. « Heureusement, dit-elle, Alain mon mari m’aide bien, par exemple en assurant le repas du soir et en gérant la vie et les déplacements des enfants ». Patricia réalise qu’elle n’aurait pas pu exercer ce métier avec de jeunes enfants.
Le bonheur
Maintenant Patricia a une vie plus raisonnable. Elle se lève à 6 h, se rend au magasin à 7h et quitte le magasin le soir à 20h30. Le jeudi est son jour de congé. Le dimanche elle est libre vers 13h30. Et ceci, notamment, grâce à l’embauche d’une salariée à mi-temps. « Chantal et moi nous nous entendons très bien et je souhaite que les clients lui fassent totalement confiance ».
Le magasin tourne bien, 100 à 150 clients par jour. « Et moi j’ai plaisir à rire et à bavarder avec les clients, chose que je ne pouvais plus faire dans mon emploi précédent ! ».
Patricia soigne particulièrement son rayon fruits et légumes et son rayon charcuterie. Elle s’efforce de répondre aux désirs des clients, toujours avec le sourire, de leur proposer ce qu’ils souhaitent et aussi de tester des produits nouveaux. « Finale-ment, le commerce c’est un travail d’équipe avec les clients : je souhaite que ceux-ci me disent ce qu’ils aiment et je m’adapte à leurs désirs ».
n’allez pas croire, cependant, que c’est un métier lucratif ! « Je gagne moins que dans mon travail précédent et je fais da- vantage d’heures. Mais ce métier me rend heureuse. J’espère donc qu’il rend heureux, aussi, mes clients et ma famille »
Si vous passez par St Vincent des Landes, allez donc faire un tour au magasin Vival, 20 rue de la mairie. Patricia Rigault vous y accueillera avec plaisir.
tél 02 28 50 41 68