Ecrit le 16 juin 2010
J’ai même vu un maçon heureux
« Rencontrer les jeunes, connaître leurs motivations, parler du métier que j’aime : c’est pour cela que je suis allé au Forum des métiers à Châteaubriant » : Stéphane Veillé explique ainsi pourquoi il a accepté de se mettre à la disposition des jeunes lors du forum des métiers les 5 et 6 mars 2010. (1)
Il y avait deux sortes de collégiens : ceux qui venaient trouver une réponse à leurs questions, et ceux qui n’étaient là que pour remplir un questionnaire. « J’ai rencontré des jeunes très intéressés par la maçonnerie, se renseignant sur les filières à prendre, sur les conditions de travail. Je leur ai dit de choisir un métier qui leur plaise ».
Il faut se faire plaisir dans la vie, « ne pas aller travailler sous la contrainte » dit-il encore et il sait de quoi il parle.
Stéphane Veillé
« Mon père travaillait dans une usine, j’y ai travaillé aussi pour m’acheter une voiture. Je n’allais au boulot que pour le salaire. L’entreprise proposait de m’embaucher, mais je n’ai pas voulu ».
Stéphane Veillé, chef d’entreprise, a 36 ans seulement. « Au collège, rien ne me plaisait, les maths, l’anglais, les études théoriques ce n’était pas mon fort, j’aimais le concret ». S.Veillé est alors orienté vers un collège technique où il passe à la fois un CAP de dessinateur en bâtiment et un BEP constructeur et topographe. Les études théoriques, cette fois appuyées sur du concret, il les réussit au point d’obtenir un baccalauréat « génie Civil ». Il prépare alors un BTS bâtiment, en alternance et effectue un an au Conservatoire des Arts et métiers dans la spécialité coordinateur sécurité.
Et vient le temps de trouver du travail : trois ans chez un premier entrepreneur, 10 ans chez un constructeur de maison. Peu à peu le jeune homme monte en grade, devient responsable du service des travaux. « Mais de ce fait j’étais surtout dans la paperasse, je m’éloignais du terrain, j’ai donc décidé de me mettre à mon compte ».
Un entrepreneur de maçonnerie, à Abbaretz, était justement à la recherche d’un repreneur. « Je me suis lancé, non sans difficultés : les banques ne voulaient pas me prêter. L’une d’elles a fini par accepter J’ai repris le fond de commerce, et le matériel et conservé le personnel. l’ancien chef d’entreprise s’est associé avec moi pour 11 mois, le temps d’arriver à sa retraite ».
Et voici les premiers clients : les anciens collègues de Stéphane Veillé, connaissant la qualité de son travail, ont tout de suite fait appel à lui. Maintenant, installé depuis 3 ans, Stéphane Veillé peut dire que son entreprise VBO tient la route. « Quand j’ai repris l’entreprise, elle réalisait surtout de la rénovation, et peut-être une maison neuve par an. Maintenant nous réalisons environ 45 maisons neuves par an et toujours de la rénovation et du travail de la pierre. Il y avait 6 personnes, maintenant nous sommes 11 : huit ouvriers, deux apprentis et moi ».
L’entreprise VBO donne du travail à deux sous-traitants (de chacun 3 salariés) et aussi à deux entreprises spécialisées en assainissement et ravalement. l’atelier est à Abbaretz, le bureau est à Nozay.
Le respect de l’homme
La crise a touché le bâtiment dans la région de Nozay, comme ailleurs. « J’avais le choix : conserver le taux de marge et licencier du personnel — ou réduire les marges et conserver le personnel. J’ai fait le deuxième choix : tout le personnel a été augmenté, sauf moi, et j’ai même fait une embauche. Si c’était à refaire, je le referais ! »
Stéphane Veillé insiste beaucoup sur le respect de l’homme. « J’ai eu deux patrons avant de me lancer, je n’ai rien à leur reprocher mais je n’ai touché une prime qu’une seule fois ». A VBO, il y a prime de Noë l et prime de vacances, une soirée-restaurant en fin d’année et même un plan-épargne-entreprise. « L’entreprise ne serait rien sans un bon esprit d’équipe, sans une confiance réciproque, sans un personnel motivé ».
Stéphane Veillé quitte le travail le soir vers 20h et y retourne dès 6h30 du matin, pour pouvoir faire les papiers tranquillement. « s’il y a une tâche difficile à accomplir, je préfère mettre 3 gars plutôt que deux, et je vais donner un coup de main. Je surveille la météo. Si le temps est mauvais, je dis aux salariés de rester chez eux : il ne servirait à rien de faire du mauvais travail et d’avoir des salariés malades ».
Deux apprentis
L’entreprise VBO a deux apprentis, souvent ils se sont présentés spontanément. « Pour les embaucher j’examine leur dossier scolaire : le comportement, la motivation comptent beaucoup. Ensuite c’est à nous de les former en s’adaptant aux capacités de l’apprenti, en passant le temps qu’il faut jusqu’Ã ce que ce soit compris. J’ai ici quatre compagnons aptes à guider les apprentis. Les apprentis »tournent« pour découvrir différentes méthodes. Je suis contre la routine. Je demande aux apprentis d’avoir un peu de bon sens, par exemple de ne pas prendre une scie à bois pour couper une ferraille ! »
« Nous travaillons le parpaing, la pierre, la brique, et les blocs de béton cellulaire, tout en nous inscrivant dans une démarche d’environnement durable ».
Qualibat
Enfin, l’entreprise bénéficie du label « Qualibat » avec suivi annuel de la qualité de ses réalisations, et de ses caractéristiques administratives, permettant de vérifier notamment que l’entreprise est toujours assurée et qu’elle est à jour de ses obligations sociales, conditions de renouvellement de la carte
« Je suis épanoui dans mon travail. Celui-ci me demande un important investissement personnel mais il m’apporte beaucoup de satisfactions. Je suis content d’avoir participé au forum des métiers et d’avoir pu défendre et valoriser ce métier du bâtiment, mal traité autrefois mais qui, maintenant, tout en restant assez physique, permet de donner des salaires corrects et de bonnes conditions de travail » dit le jeune chef d’entreprise que l’on peut voir souriant, détendu, heureux.
– VBO - 02 40 51 89 19
– Site internet : http://www.veille-batiment-ouest.fr
(1)
Bref bilan
Le forum a rassemblé 109 « métiers » différents (77 en 2008, + 25%), représentés par 169 professionnels (106 en 2008, soit +37%). Il a reçu la visite de 1335 collégiens et 50 adultes en évolution professionnelle. Le forum a suscité 3 336 rencontres de jeunes avec un professionnel.
Pour les jeunes, un bilan a été fait à partir des questionnaires d’évaluation, 892 élèves ont répondu, 50% disent avoir découvert de nouveaux métiers, 74% sont favorables à une reconduction.
Pour les professionnels, 69 % ont répondu à l’évaluation. 91 % ont une opinion globalement favorable, satisfaction qui porte sur la qualité de l’accueil, la bonne organisation, le lieu, les contacts. 72% des élèves leur ont paru intéressés, 92% sont favorables à une reconduction de la manifestation (mais pas le samedi matin)
Les organisateurs souhaitent agrandir encore le panel des métiers représentés, et améliorer la communication.