Ecrit le 9 septembre 2015
Ces visages émaciés, ces corps torturés, ces cadavres entassés nus dans des fosses : c’était l’ouverture des camps de la mort. « On ne savait pas » dit-on. « Plus jamais ça ! » dit-on encore.
Aylan : un enfant mort sur une page de Turquie. Trois ans. Un enfant syrien, qui fuyait la guerre, avec sa famille.
On ne savait pas ? Maintenant on sait.
71 personnes mortes étouffées, dans un camion abandonné au bord d’une route. Elles fuyaient la guerre, elles voulaient vivre. Elles en sont mortes.
On ne savait pas ? Maintenant on sait.
800 migrants, mort noyés, à la mi-avril, le plus important naufrage de ces derniers mois. 22 000 migrants seraient morts en tentant de gagner l’Europe depuis 2000, principalement en traversant la méditer-ranée, selon les estimations d’un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations sur les mouvements de migration dans le monde, soit une moyenne de 1 500 morts par an
On ne savait pas ? Maintenant on sait.
Un enfant caché dans une valise. Un migrant retrouvé caché dans le moteur d’une voiture. Un migrant caché dans le train d’atterrissage d’un avion. Un migrant caché derrière le siège arrière d’une Mercédès. Un migrant caché dans le pare-choc d’un véhicule. Ce sont des faits réels de ces derniers mois. Pratiques risquées. Risquer la mort pour espérer vivre.
On ne savait pas ? Maintenant on sait.
Les populations se refusent à l’accueil de populations en difficulté, du moins c’est ce que disent les sondages. Les gouvernants, trop sensibles à leur opinion publique, n’osent pas montrer la voie.
Mais les migrants veulent vivre, à tout prix, et comme les forces alliées lors du débarquement en Normandie, en juin 1944, ils avancent en nombre vers les côtes européennes, vers les villes européennes, au péril de leur vie. L’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, ne garantit-il pas le droit à « toute personne () de quitter tout pays, y compris le sien » ?
Les pays verrouillent les frontières, érigent des murs et des grillages. Mais rien n’arrête la vague sans cesse plus forte des migrants fuyant la guerre et/ou la misère.
La mort du petit Aylan a provoqué un électro-choc Enfin les lignes ont bougé. De nombreuses personnes ont fait part de leur émotion. L’Allemagne, la France, l’Italie ont réclamé une refonte du droit d’asile en Europe, qu’ils jugent dépassé, et une meilleure répartition des migrants dans toute l’Union Européenne.
Le Premier ministre Manuel Valls, a jugé que « les migrants qui fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis ». 73 % des sympathisants de gauche approuvent ces propos, 68 % des sympathisants de droite s’y opposent. Manuel Valls n’a pas parlé encore de ceux qui fuient la misère....
Le temps est venu d’une prise de conscience au niveau mondial, d’une réforme de l’ordre du monde, de l’affirmation du droit des êtres humains à vivre dignement, sans souffrir de la faim, de la dictature, de la guerre. Mais long sera encore le chemin avant d’y arriver ...
D’ici là , combien de morts ?
Ecrit le 2 septembre 2015
Mineurs et solidarité
La Loire-Atlantique est confrontée à une augmentation des arrivées de jeunes migrants, elle n’a pas été en mesure de tous les accueillir, immédiatement, cet été. Après une rencontre avec la Cimade et médecins du Monde, Philippe Grosvalet explique :
- - 272 mineurs isolés étrangers sont pris actuellement en charge par la Loire-Atlantique.
- - 65 nouvelles places ont été créées ces six derniers mois, dont 40 places lors de la dernière session de l’assemblée départementale fin juin.
– Un accueil continu : malgré la tension du dispositif, 13 jeunes ont pu être pris en charge, en fonction des places disponibles, cet été. Les cinq jeunes actuellement sans solution vont également pouvoir intégrer le dispositif dans les prochains jours.