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Chronologie, rappel
Rappel des événements en Égypte, théâtre depuis le 25 janvier d’une révolte contre le régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
JANVIER 2011
25 Janvier : début des manifestations qui mobilisent des milliers de personnes. Elles ont été précédées de cinq cas d’immolation, dont un mortel, gestes rappelant celui d’un Tunisien qui avait déclenché la révolte ayant conduit à la chute de Zine El Abidine Ben Ali.
26 Janvier : Des milliers de manifestants dans les rues malgré l’interdiction des autorités. La police fait usage de gaz lacrymogènes, de matraques et même de pierres. Les protestataires jettent des pierres sur les forces anti-émeutes.
27 Janvier : Au moins un millier de personnes arrêtées (officiel).
Dans le nord du Sinaï, des roquettes antichars visent la police. Accrochages à Ismaïliya. A Suez, des manifestants mettent le feu à une caserne de pompiers.
L’opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei, revient au Caire et se dit prêt à mener la transition.
28 Janvier :
Des manifestations massives dégénèrent en émeutes : au moins 62 morts dans des heurts entre manifestants et policiers.
M. Moubarak demande à l’armée de faire respecter la sécurité et d’appliquer le couvre-feu au Caire, Alexandrie et Suez. Il promet des réformes et annonce un changement de gouvernement.
Incendies au siège du parti au pouvoir et dans de nombreux commissariats. Nuit marquée par des pillages.
29 Janvier : Au moins 33 morts dans des heurts. A Rafah et Ismaïliya, les sièges de la Sûreté de l’État sont attaqués. Émeutes dans des prisons. M. Moubarak annonce la nomination d’un nouveau Premier ministre, le général Ahmad Chafic, et la création du poste de vice-président, octroyé au chef des Renseignements, le général Omar Souleimane.
30 Janvier : Des milliers de manifestants au Caire. L’armée boucle le centre-ville avec des chars d’assaut, des avions de chasse survolent la capitale à basse altitude.
31 Janvier : Hosni Moubarak forme un nouveau gouvernement. Au ministère de l’Intérieur, Habib el-Adli est remplacé par Mahmoud Wagdi. L’armée s’engage à ne pas faire usage de la force, jugeant les revendications du peuple « légitimes ». M. Souleimane propose un dialogue avec l’opposition.
FÉVRIER 2011
1er février : Plus d’un million de manifestants dans toute l’Égypte. Marée humaine sur la grande place Tahrir, dans le centre du Caire. M. Moubarak annonce qu’il reste au pouvoir mais qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle prévue en septembre. Les manifestants exigent son départ immédiat. Le président américain Barack Obama affirme avoir dit à M. Moubarak qu’une transition politique pacifique devait débuter « maintenant ».
Ecrit le 2 février 2011
Une déferlante de manifestants en Egypte
Human Rights Watch a des équipes sur le terrain en Egypte et la Tunisie, travaillant sans relâche pour relever les abus et enregistrer les faits tels qu’ils se déroulent.
A Alexandrie, en Egypte, après les prières, les manifestants sont sortis d’une mosquée et ont commencé à crier des slogans. Ils disaient : « pacifique, paisible » en levant les mains. Ils ont été immédiatement attaqués avec des gaz lacrymogènes par des policiers présents dans des voitures blindées. De violents affrontements ont commencé alors, avec des jets de pierres. Environ 200 policiers face à un millier de manifestants. Les affrontements ont duré près de deux heures. Ensuite, est arrivée une foule d’autres manifestants venus d’une autre direction. Les policiers ont tenté de les retenir avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, mais ils ont finalement été dépassés.
Alors la police a simplement abandonné. Human Rights Watch a pu constater que les manifestants donnaient de l’eau aux policiers et parlaient avec eux. La situation était calme. Les rues étaient pleines de gens criant des slogans contre Hosni Moubarak et son fils Gamal et appelant les autres à les rejoindre. « C’est une ambiance très festive : des femmes voilées, des vieillards, des enfants, j’ai même vu un aveugle ! Et il n’y a pas de police, nulle part » dit le correspondant de HRW. Ce témoignage a cependant un caractère exceptionnel car la presse étrangère relève plutôt des affrontements violents la police et « une déferlante de manifestants » avec une centaine de morts et un millier de blessés. Les journalistes eux-mêmes sont pourchassés et arrêtés par des policiers en civil. Malgré le couvre-feu les manifestants ne quittent pas les rues et s’organisent en auto-défense contre les pillards. l’armée a mobilisé des tanks et fait survoler les manifestants par des avions de chasse.
Les manifestants réclament de meilleures conditions de vie dans un pays où l’état d’urgence est imposé depuis près de 30 ans et où plus des 40% des 80 millions d’habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour et par personne.
Comme en Tunisie, mais aussi au Yemen, en Jordanie, demain en Arabie Saoudite, en Algérie ou ailleurs, l’explosion résulte de la même accumulation de problèmes, de frustrations, d’aspirations communes à une vie plus humaine. L’exemple tunisien a libéré les énergies populaires.
2 février : Des heurts sanglants éclatent place Tahrir lorsque des partisans de M. Moubarak font irruption. Les manifestants antigouvernementaux repoussent leurs assaillants de la place. Jets de pierre et cocktails Molotov pendant de longues heures. Les Frères musulmans refusent qu’Hosni Moubarak reste à la tête de l’État jusqu’à la fin de son mandat en septembre.
3 février : Heurts par intermittence tout au long de la journée sur la place Tahrir entre partisans et opposants au régime. Des centaines de partisans du régime empêchent pendant plusieurs heures l’entrée sur la place de renforts ou de ravitaillements aux opposants. Les accrochages font au moins huit morts et plus de 830 blessés en deux jours (officiel).
M. Moubarak affirme craindre le chaos s’il part.
4 février : Des centaines de milliers d’Égyptiens descendent dans les rues, à l’occasion d’une mobilisation générale baptisée « le vendredi du départ ». Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, très populaire dans son pays, se rend sur la place Tahrir, pour aider à « l’apaisement », de même que le ministre de la défense, Mohamed Hussein Tantaoui, venu, lui, évaluer la situation.
Ecrit le 8 février 2011
Chasse aux militants
En Egypte, au début d’après-midi du jeudi 3 février, plusieurs militants de défense des droits de l’Homme ont été arrêtés dans leur bureau au Caire (Egypte). Deux membres du personnel d’Amnesty International et un délégué de Human Rights Watch sont au nombre des personnes appréhendées. Ces arrestations font suite à de vastes mesures de répression adoptées par les autorités égyptiennes contre les journalistes et les militants des droits humains, dans le but semble-t-il de mettre un terme à la circulation d’informations indépendantes faisant état des troubles qui perdurent dans le pays. Certains journalistes ont été attaqués, en toute connaissance de cause, par des partisans du gouvernement. d’autres auraient été arrêtés par les forces de sécurité. « On n’a jamais vu ça. Aucune rédaction présente aujourd’hui en Egypte n’a échappé aux violences. On a l’impression que M. Moubarak a décidé par tous les moyens de faire taire les journalistes », a affirmé Jean-François Juillard, secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF)
Le 4 février, une foule imposante a convergé vers la place Tahrir (qui veut dire : libération) dans la matinée et, une fois observée la prière de la mi-journée, a commencé à scander des slogans hostiles à Moubarak, tels que « dégage ! dégage ! dégage ! », dans une atmosphère plutôt festive. Les militaires étaient déployés en nombre pour contrôler l’identité des personnes accédant à la place et éviter que des policiers en civils et des militants pro-Moubarak ne viennent semer le trouble.
Les pro-Moubarak attaquent : http://www.youtube.com/watch?v=9v8L1hBgUFI
pétition de soutien
Les manifestants égyptiens ont lancé un appel à la solidarité internationale, mais la dictature en place a conscience de la puissance d’une telle union en cette période : elle essaie désespérément d’empêcher les Egyptiens de communiquer entre eux et avec le reste du monde, et a pour cela coupé l’accès à internet et aux réseaux de téléphonie mobile.
Les réseaux par satellite et radio permettent encore de percer le black-out mis en place par le régime — à nous d’inonder ces ondes par un gigantesque cri de solidarité montrant aux Egyptiens que nous sommes à leurs côtés, et que nous demandons à nos gouvernements de prendre leurs responsabilités en les soutenant à leur tour. La situation a atteint un point critique — On peut signer la pétition ici :
https://secure.avaaz.org/fr/democracy_for_egypt_fr/?vl"¨
Le pouvoir du peuple déferle au Moyen-Orient. En quelques jours, des manifestants pacifiques ont renversé la dictature tunisienne vieille de 30 ans. A présent, les soulèvements s’étendent en Egypte, au yémen, en Jordanie et au-delà . Le monde arabe pourrait être en train de vivre sa chute du mur de Berlin. Si la tyrannie s’effondre en Egypte, un raz-de-marée démocratique pourrait déferler dans toute la région.
Le dictateur égyptien Hosni Moubarak a tenté d’étouffer la contestation. Mais avec un courage et une détermination incroyables, les manifestants continuent de descendre dans la rue. Certaines pages de l’histoire sont écrites non pas par les puissants, mais par le peuple. l’action des citoyens égyptiens dans les jours à venir aura un impact massif dans leur pays et le monde.
Note du 8 février :
Le clan Moubarak à la tête d’une immense fortune : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/07/le-clan-moubarak-serait-a-la-tete-d-une-gigantesque-fortune_1476184_3212.html
La place Tahrir noire de monde : http://info.france2.fr/monde/la-place-tahrir-du-caire-noire-de-monde-67264355.html
Vidéo : le dernier discours de Moubarak : http://www.dailymotion.com/video/xgzre5_egypte-la-derniere-journee-d-hosni-moubarak_news
Note du 11 février 2011
Moubarak chassé du pouvoir par la rue, l’Egypte en liesse
LE CAIRE « ” Le président égyptien Hosni Moubarak, chassé par la rue, a démissionné vendredi et remis les pouvoirs à l’armée, provoquant une explosion de joie dans le pays sur lequel il régnait depuis trois décennies. »Compte tenu des conditions difficiles que traverse le pays, le président Mohammed Hosni Moubarak a décidé d’abandonner le poste de président de la République et chargé le conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays", a déclaré le vice-président Omar Souleimane dans une brève allocution télévisée.
Dans la soirée, la puissante armée égyptienne a assuré qu’elle ne souhaitait pas se substituer à « la légitimité voulue par le peuple ».
L’annonce de la démission de M. Moubarak, 82 ans, est intervenue alors que plus d’un million de personnes manifestaient contre le raïs à travers l’Egypte.
Les centaines de milliers de manifestants réunis place Tahrir au Caire ont explosé de joie à l’annonce du départ du président, au pouvoir depuis 1981.
« Le peuple a fait tomber le régime ! », scandait une foule en délire sur cette place devenue symbole du mouvement de contestation déclenché le 25 janvier et qui a fait au moins 300 morts, selon l’ONU et Human Rights Watch.
Les manifestants hurlaient de joie et agitaient des drapeaux égyptiens. Certains se sont évanouis sous le coup de l’émotion.
« L’Egypte d’aujourd’hui est une nation libre et fière », a déclaré la figure la plus en vue de l’opposition, Mohamed ElBaradei, sur Twitter.
« La vie recommence pour nous (...) Mon message au peuple égyptien est que vous avez gagné la liberté (...) Faisons-en le meilleur usage », avait-t-il déclaré plus tôt sur Al-Jazeera.
La face cachée de la révolution en Egypte : http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/03/26/enquete-la-face-cachee-de-la-revolution-egyptienne.html