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Ecrit le 26 janvier 2011
Didier Daeninckx auteur du livre « Cannibale »
La classe de 3e F du Collège de la Ville aux Roses (Châteaubriant), a rendez-vous avec Didier Daeninckx auteur du livre « Cannibale ». c’est intimidant de rencontrer un auteur, un vrai. Sages, timides même, les jeunes ont préparé des questions. « Comment devient-on auteur quand on a été ouvrier imprimeur ? ».
Avec un grand naturel, Didier Daeninckx raconte sa scolarité, son CAP de comptabilité, sa recherche d’un travail. « J’ai dit au patron que j’étais imprimeur. Il m’a embauché. Les autres ouvriers ont bien vu que je n’y connaissais rien : ils ne m’ont pas rejeté, ils m’ont formé. C’était pour moi la découverte de la solidarité ».
Des hommes et des puces
Mais l’irruption de l’informatique a bouleversé les choses au bout de quelques années, « en remplaçant les hommes par des puces ». Didier Daeninckx a alors connu le chômage pendant plusieurs mois. « J’étais désespéré. Le chômage est un temps de plomb. Pour ne pas me taper la tête contre les murs, j’ai écrit mon premier roman : Mort au premier tour ».
Deux ans plus tard, il écrit Meurtres pour mémoire (1984) qui, bien avant le procès Papon, place sous les feux de la rampe la dérive sanglante de la manifestation FLN du 17 octobre 1961. Cet ouvrage publié dans la série noire lui ouvre les portes de la notoriété.
Le livre Cannibale date de 1998. « Comment avez-vous pu écrire cela ? » demande Mme Desanti, professeur de Français, « les élèves ont du mal à y croire ».
Et pourtant c’est vrai, répond Didier Daeninckx. « J’avais eu l’occasion de visiter, en prison, des Canaques internés en France. Quand un ami m’a invité en Nouvelle Calédonie j’y suis allé avec plaisir. J’ai découvert un nouveau mode de pensée et une culture différente. Et c’est là qu’un Canaque m’a parlé de l’exposition coloniale de 1931 » où une centaine de Canaques furent montrés et humiliés comme des « animaux sauvages » au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne
Didier Daeninckx raconte aux élèves, aussi, l’histoire de la vénus Noire. « Pendant très longtemps le monde a essayé de prouver la supériorité de certaines »races« sur les autres : le Parisien supérieur à l’auvergnat, l’auvergnat supérieur à l’Italien, l’italien supérieur à l’africain, être que l’on pensait moitié homme moitié animal. Le Canaque n’était-il pas le chaînon manquant entre le singe et l’homme ? Je me souviens d’un de mes livres d’histoire, à l’école, où on disait que la Nouvelle Calédonie était peuplée de canaques : »tribus aujourd’hui civilisées« » - En somme, le génie français n’était-il pas d’avoir transformé des bêtes en Tirailleurs sénégalais ?
Didier Daeninckx parle de la vie « il y a des gens qui sont attirés par la mort, qui ne laissent aucune place à l’individu. Ceux-là , quand ils arrivent au pouvoir, ils gèrent par la mort des autres. Les fusillés de la Sablière, eux, ils parlaient de la vie, du printemps, de la liberté, de la beauté du monde ».
Didier Daeninckx, qui est venu souvent à la Sablière, parle de la Résistance « cela peut être de toutes petites choses : des tracts, un sifflotement, changer les panneaux de direction dans Paris, ou près du Maquis de Saffré, pour que l’armée Allemande s’égare. Et dans l’imaginaire des gens naît l’idée de Résistance. Le courage des uns donne du courage aux autres ».
Oui mais, la littérature ? « je ne fais pas de reconstitution historique, même si mes livres sont nourris de l’Histoire. L’échange de Canaques contre des crocodiles est vrai. Elle concerne notamment le grand père du footballeur Christian Karambeu ». Les livres de Didier Daeninckx ne laissent pas indifférents, le personnage non plus. Les jeunes qui l’ont rencontré ont bien de la chance.