Ecrit le 16 mars 2011
Laboratoires d’analyses médicales
Une pétition a circulé sur internet depuis janvier 2010, « touchepasamonlabo » mettant en cause une ordonnance du 13 janvier 2010 signée par Roselyne Bachelot du temps où elle était ministre de la santé. Elle était applicable en 2013. Mais elle a été annulée le 9 février 2011.
En effet, l’ordonnance avait sans doute été mal pensée. Malgré deux ans de « consultations », des dizaines de réunions mobilisant des centaines d’intervenants, le gouvernement dans ses irrépressibles pulsions réformantes a imposé ses vues, tout simplement. résultat : un texte fourre tout qui plaçait les petits labos dans une situation délicate, puisqu’il les obligeait à passer de contraignantes et complexes accréditations. L’ordonnance les privait aussi quasiment de la possibilité de faire appel à des infirmières intérimaires ou remplaçantes, et les empêchait de fait de réaliser des prélèvements à domicile. Tout cela alors que l’État réduit les remboursements des examens sanguins. Un pur bonheur pour les géants du secteur qui obtenaient du même coup le droit de racheter tous ces bouis-bouis en difficultés financières forcées.
Le Conseil d’Etat a validé le texte, sauf sur un aspect : l’investissement dans un laboratoire d’analyses médicales est impossible dès lors qu’il peut y avoir une situation de conflit d’intérêts.
Durant l’année 2010, les professions concernées ont commencé à comprendre ce qui se tramait. Les infirmières libérales sont devenues blêmes. Les petits labos se sont sentis défaillir. Des professeurs reconnus ont compris qu’ils devraient laisser tomber leur chaire. Les hôpitaux ont craint de devoir se séparer de leurs laboratoires... La grogne montait.
Et, le 4 février 2011, un amendement est déposé dans le cadre du projet de loi sur la bioéthique. Sans aucune discussion, il est voté, avec l’agrément préalable du ministère. A ne plus rien y comprendre, un texte présenté comme salvateur laissé à l’abandon sans l’ombre d’une grimace ?
Deux possibilités :
– Soit le texte était finalement (vraiment très) mauvais, bien que chaudement défendu par l’ensemble du gouvernement lors de sa publication, après deux longues années de rédaction ! Un gouvernement de professionnels, puisqu’on vous le dit...
– Soit l’intervention du Conseil d’État a mis à mal la principale mesure du texte. Et tout le reste ne servait qu’à faire joli. C’est à dire que les grands acteurs privés du secteur (dont un certain nombre de proches de Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand) ne pouvant plus spéculer sur la tête des laboratoires d’analyses médicales, l’ordonnance perdait tout son charme.
Pour le SJBM (syndicat des jeunes biologistes médicaux), l’ordonnance du 13 janvier 2010 méritait des aménagements mais n’était pas à jeter à la poubelle, notamment parce qu’elle consacrait la spécialité de biologiste médical. Le SJBM voudrait que la Biologie médicale soit exercée par des personnes suffisamment formées à l’exercice de cette spécialité alors qu’il est fréquent de rencontrer des chefs de service de spécialités aussi diverses que pneumologue ou gastro entérologue à la tête de laboratoires de biologie médicale, en toute légalité
Dans l’immédiat : un amendement a abrogé l’ordonnance. Que fera le sénat ?
Source : http://www.lesmotsontunsens. com/analyse-medicale-l-ordonnance-ne-passe-pas-9123
Ecrit le 16 mars 2011
Laboratoires Pharmaceutiques. Propositions de la Mutualité
négligences en série, cascade de défaillances au sein même du système d’autorisation, d’évaluation et de surveillance du médicament : l’affaire du Mediator® a mis en lumière de graves dysfonctionnements qui ont conduit à ce scandale sanitaire.
Depuis plus de dix ans, la Mutualité Française développe une politique fondée sur « l’utilité et le bon usage du médicament, dans l’intérêt de la population qui les consomme ». Elle publie ce jeudi 10 mars un plan pour « moraliser et moderniser la politique du médicament ».
« Des changements en profondeur sont nécessaires si l’on ne veut pas laisser se développer un sentiment de suspicion à l’égard du médicament, préjudiciable à la santé publique », explique Etienne Caniard, président de la Mutualité Française. « Il convient de faire preuve de sélectivité pour promouvoir les médicaments efficaces et leur bon usage. »
Intitulé « Pour une politique de santé publique indépendante des politiques industrielles », ce plan proposé par la Mutualité Française se décline en dix propositions « réalistes et innovantes ».
– 1) Faire du progrès médical le critère des autorisations de mise sur le marché (AMM).
– 2) Les médicaments doivent être réévalués tous les cinq ans.
– 3) Créer une structure de pharmacovigilance financée par les pouvoirs publics.
– 4) Mobiliser les professionnels de santé sur le bon usage des médicaments. « Le signalement des effets indésirables nécessite une mobilisation forte des professionnels de santé », relève le plan médicament de la Mutualité Française. Actuellement, ces effets sont sous-déclarés par les médecins et les pharmaciens.
– 5) Réformer la notion de service médical rendu. Le service médical rendu (SMR) par un médicament correspond au bénéfice réel apporté au patient. Mais ce critère médical comporte des sous-critères qui servent de prétexte pour maintenir au remboursement des médicaments inefficaces. Pour la Mutualité Française, la correspondance entre le niveau de service médical rendu d’un médicament et son taux de remboursement doit être automatique. Tous les médicaments dont le service médical rendu est insuffisant doivent être radiés des spécialités remboursables en application de la loi.
– 6) Réformer la politique conventionnelle liant l’Etat à l’industrie pharmaceutique pour fixer le prix des médicaments.
– 7) Généraliser l’utilisation de la dénomination commune internationale (DCI). La DCI est le « vrai » nom du médicament. Elle permet à tous les professionnels de santé et aux patients de savoir ce que contient un médicament pour éviter bien des erreurs. Si le Mediator® avait été prescrit en DCI sous son appellation benfluorex, les médecins auraient été immédiatement alertés sur le fait qu’il appartenait à la classe des fenfluramines, un dérivé de l’amphétamine au fort pouvoir anorexigène. Or, l’utilisation du nom de marque Mediator® a permis aux laboratoires Servier de dissimuler la véritable nature pharmacologique de ce médicament.
– 8) Suivre et analyser les prescriptions. Dans 20% des cas, le Mediator® a été prescrit comme médicament anorexigène dans le cadre de régimes amaigrissants. Or, ce médicament est un antidiabétique : il a donc été prescrit en dehors de son indication, c’est-Ã -dire hors du champ prévu par son autorisation de mise sur le marché (AMM) Si la prescription hors AMM était encadrée, cela permettrait d’éviter de tels mauvais usages.
– 9) Réduire l’influence publicitaire de l’industrie pharmaceutique. L’information des professionnels de santé ne peut être laissée aux seules mains des industriels.
– 10) Faire en sorte que la politique européenne du médicament défende des objectifs de santé publique.
Ecrit le 16 mars 2011
La vidéo scandale
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/la-video-qui-fait-mal-aux-laboratoires_958065.html
Sur cette vidéo, on voit un médecin contraint à se déshabiller, forcé par une panthère (le visiteur médical) à prescrire du Zypadhera, la dernière molécule du laboratoire pour traiter la schizophrénie. « Prescrire, oui je veux prescrire », répète le praticien au centre d’une piste de cirque. Nu comme un ver, le visage tordu de douleur sous les coups de fouet, il laisse finalement place au slogan-choc final : « Zypadhera, prescrivez-le ! sinon ça pourrait mal se passer ».
La vidéo, censée motiver les visiteurs médicaux, a été projetée début janvier lors de réunions régionales du labo Lilly France, celui qui commercialise le Prozac. l’affaire est d’autant plus embarrassante que le Zypadhera s’est fait descendre en flamme par la Haute Autorité de santé, chargée de l’évaluation des médicaments. Elle a jugé son efficacité « modérée » et que le Zypadhera n’apportait rien par rapport aux traitements déjà disponibles.
http://www.dailymotion.com/video/xgvl6d_un-labo-soigne-ses-visiteurs-medicaux-avec-un-clip-sm_news
Des médicaments à retirer du marché :
– http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/10-medicaments-a-retirer-du-marche_945306.html
– http://www.europe1.fr/France/Mediator-peut-etre-2.000-victimes-342847/