Ecrit le 8 avril 2009
De la Palestine et des Croisades, à l’Etat d’Israë l
NEGATIONNISME, REVISIONNISME : que ces mots, qui reviennent trop souvent, sont lourds de sens. Ils réveillent tant de souffrances, dont l’acuité se fait encore plus douloureusement sentir, lorsqu’ils émanent de la bouche d’un éminent homme d’église Il est vrai que, pendant trop longtemps, l’Eglise a fait porter le « chapeau » au peuple Juif considéré comme responsable de la mort du Christ : ce Juif de Palestine nommé Jésus qui prêchait une doctrine fidèle à la loi de Moïse et qui portait la prédication des Prophètes à leur plénitude.
Jésus portait un message basé sur l’amour du prochain, la justice et la paix, ; il n’annonçait pas un royaume terrestre mais spirituel. Ses détracteurs, les chefs des partis Juifs, le considéraient comme un dangereux agitateur. Il devait mourir ! A leur demande pressante, il est arrêté, jugé et condamné à mort (on évoque cet événement le « vendredi saint » ). Ainsi, le peuple Juif est devenu le peuple « déicide » c’est à dire coupable de la mort du Christ (mort programmée, selon les Ecritures !). Ils seront persécutés.
Après la résurrection du Christ, ses Apôtres partirent dans le monde et répandirent le christianisme : le message qu’Il leur avait enseigné et, durant environ trois siècles, les Chrétiens seront persécutés à cause de leur foi.
Empereur de droit divin
Au IVe siècle, l’empereur Constantin intervint directement dans les questions religieuses, considérant l’Eglise comme un des principaux soutiens de l’Etat. Si la croix figurait sur son étendard, cet Empereur ne fut pourtant pas le chrétien modèle qu’on se représente. Pour réduire ses adversaires, il n’hésitait pas à les faire périr. Sous son règne l’Empire prit la forme d’une monarchie de droit divin, centralisée, s’appuyant sur une société très hiérarchisée. Des évêques étaient nommés dont la mission était d’appliquer cette doctrine et des Abbayes et des Monastères étaient fondés. De cette époque, au Moyen-Age ; nous conservons beaucoup de merveilles architecturales.
Evoquant l’état religieux de l’armorique au VIe siècle, A. le Moyne de la Borderie écrit dans son ouvrage :« La Bretagne contemporaine » : « Tel fut le rôle des Prêtres et des Moines en Armorique, d’une main, ils déracinaient l’idolâtrie, de l’autre, les halliers et les forêts. Dans le sol défriché, ils semaient le grain et la vertu dans les âmes purifiées par le baptême. Ils ouvraient des écoles et plantaient des vergers. Ils prêchaient aux puissants la douceur ; aux paresseux, le travail »
Malheur à ceux qui ne respectaient pas l’ordre établi. s’agissant des Puissants, cela pouvait aller jusqu’Ã l’excommunication et la levée de l’excommunication pouvait coûter cher ! Ce fut le cas pour de grands seigneurs dont celui de Pontchâteau qui, après avoir pillé l’abbaye de Redon, vint s’en prendre au monastère de Mouais. Emprisonné à la Tour de Nantes, il n’obtint sa liberté qu’après avoir donné ses terres de Bellac (Beslé-Pierric) sur lesquelles l’abbé de Redon fit construire un prieuré. c’est dire la puissance de l’Eglise d’alors !
Mais, au fil des temps, l’Eglise catholique romaine est devenue elle-même persécutrice notamment au temps des croisades et des guerres de religion.
Les Croisades
Une vaste entreprise allait s’offrir aux seigneurs du Comté nantais. Depuis 1087, le sépulcre du Christ était tombé aux mains des Turcs Seldjoukides qui ne permettaient plus l’accès des lieux saints aux pèlerins. La voix du Pape alerta les chrétiens. Urbain II ayant décrété la croisade, ce fut d’abord une horde de paysans et d’aventuriers qui répondirent à cet appel. Mais cette troupe hétéroclite et pillarde fut décimée au cours de la route par la maladie et l’épuisement. Les rescapés furent anéantis par les Turcs.
c’est alors, qu’en 1096, le Pape vint jusqu’Ã Angers exhorter les chevaliers à prendre le chemin de la Palestine. Robert d’Arbrissel de la Guerche encouragea, de toute son éloquence, les nobles à coudre sur leurs vêtements la croix rouge du croisé. Le duc Alain IV de Bretagne suivit son exemple. On a évalué à plus de cent mille le nombre des chevaliers (au rang desquels se trouvaient les sires de Châteaubriant, de Derval, de Rougé, de Fercé, de Bruc) et, au total, à un million le nombre des Croisés.
Selon certains historiens, cette entreprise avait un autre effet : elle permettait de détourner les humeurs belliqueuses des grands seigneurs qui avaient la fâcheuse habitude de « s’étriper » entre eux Ces Croisades, qui se sont succédé jusqu’au XIIIe siècle, n’ont pas laissé que des souvenirs positifs. Aujourd’hui encore des extrémistes musulmans s’y réfèrent pour se faire menaçants. Quant aux Juifs, qui avaient déjà connu l’exil de leur terre de Palestine, considérés comme boucs émissaires, ils eurent également à en souffrir.
Histoire des juifs dans la région du Rhin
Dimanche 8 février 2009, Arte a diffusé une émission intéressante : l’histoire des Juifs au Moyen-Age en Rhénanie. Histoire ponctuée de persécutions, comme en d’autres temps et d’autres lieux. Ce documentaire, à base d’archives, appuyé par des historiens avertis, a permis de se faire une idée des drames vécus par la communauté juive.
A leur arrivée en Rhénanie, au Xe siècle, les Juifs sont plutôt bien accueillis par les autorités : Etat et Eglise. Disposant d’une bonne culture de base, très vite ils deviennent incontournables : on a besoin d’eux pour bâtir, besoin de riches commerçants pour financer cathédrales et cités. Ils détiennent vite les rênes de l’économie.
Mais lorsqu’arrive la première Croisade, pour la horde d’aventuriers venus du nord de la France et conduite par Pierre Lermite, l’occasion est trop belle de s’en prendre aux « ennemis » du Christ, aux « coupables » de sa mort. Les Juifs subissent alors brutalités et violences inhumaines. Ils ne comprennent pas ce passage brutal de l’amitié à la haine.
Au XIIIe , l’Eglise est à son apogée, elle est triomphante ! Des mesures discriminatoires sont prises à l’égard des Juifs, considérés comme des agents du diable. Le XIVe est marqué par une recrudescence des persécutions, d’autant plus qu’il y a , alors, des morts subites, donc suspectes. Les Juifs sont accusés d’avoir empoisonné l’eau alors qu’il s’agit d’une épidémie de peste noire qui fera 25 millions de morts en Europe. Cette maladie donne l’occasion de se débarrasser des Juifs, d’autant plus que les Chrétiens, endettés, sont devenus dépendants de leurs créanciers.
A partir du milieu du XIVe siècle, commencent des persécutions effroyables. A Strasbourg on massacre les Juifs et, dans les villes de la Vallée du Rhin, on entreprend leur anéantissement. Une grande partie des Juifs périssent sur des bûchers.
Procès aux Juifs
Dans la Bretagne du XIIIe, les Juifs n’échappent pas à la persécution. En voici une illustration.
En 1235 eut lieu un procès à Nantes, entre Geoffroy, prieur de Donges d’une part et Creisson et Bonastra, Juifs de Guérande, ses créanciers, d’autre part. Le procès fut « arrangé » entre eux de cette façon : « le Prieur, ses cautions et toutes les propriétés du prieuré demeurent libres et affranchies de toutes dettes envers les Juifs susdits et leurs héritiers à tout jamais. Les dits Juifs les en tiennent quittes et ont donné quittance, en présence des seigneurs de Derval, de Bonabes de Rougé ». A la suite de ce procès, les Juifs furent maltraités dans le Comté nantais.
Bannissement
Quand, en 1236, le pape Grégoire IX fait publier une nouvelle croisade, le duc Mauclerc part une nouvelle fois avec St Louis. Il remet le duché à son fils Jean le Roux
Le nouveau duc s’en prend alors aux Juifs. Il fait publier et approuver une ordonnance par les Etats assemblés à Ploë rmel. Extrait : « Sachez que nous, sur la demande des Evêques, des Abbés, des Barons et vassaux de Bretagne, ayant examiné avec soin l’intérêt du pays, nous chassons de la Bretagne tous les Juifs ; nous n’en tiendrons jamais un seul sur nos terres et nous ne souffrirons pas qu’aucun de nos sujets en ait sur les siennes nous remettons entièrement toutes les dettes contractées envers les Juifs établis en Bretagne et nous en donnons quittance. Personne ne sera jamais accusé ni traduit en jugement pour avoir tué un Juif ». Ploë rmel, le 10 avril 1240
Une infinité de Juifs furent massacrés. Selon les historiens, la persécution des Juifs, en Bretagne comme en France, s’inscrit dans la logique des Croisades : « peuple déicide ». (Source A. Le Moyne de la Borderie : médiathèque de Nantes).
Supplique au peuple d’Israë l !
Peuple juif, peuple d’Isaë l, tout au long de ton histoire tu as eu beaucoup à souffrir.. Au XXe siècle, tu as connu l’horreur et l’abomination de la Shoah dont certains, aujourd’hui encore, font un « détail » de l’histoire. L’Eglise elle-même, sauf cas d’exceptions, n’a pas eu une attitude posi-
tive durant cette période, ô combien douloureuse pour vous. Nos dirigeants de l’époque portent aussi une lourde responsabilité dans le processus qui a conduit à la Shoah et trop peu de Catholiques se sont sentis responsables, la plupart, il est vrai, par ignorance des faits.
De retour sur la terre de vos Pères, en 1948, et avec le soutien de l’ONU, l’Etat d’Israë l a été créé ; mais contre l’accord des Etats arabes voisins. Depuis ce temps vous engagez guerre sur guerre Il est juste que vous vous défendiez mais, vous qui avez tant souffert, vous devez savoir qu’on ne construit pas une paix durable sur l’injustice et contre le droit. Les Palestiniens ont, eux aussi, ce droit : celui de vivre sur ce territoire.
Certes, la paix n’est pas chose aisée à construire. Pour nous, en Europe, il nous a fallu deux guerres mondiales avec les horreurs que vous connaissez pour qu’enfin la voix des Sages se fasse entendre et qu’on se tende la main par delà les frontièresVous devez savoir aussi que ce n’est pas en rendant cent, mille coups pour un que vous obtiendrez votre sécurité ! Votre puissance de destruction est telle qu’en retour vous ne récoltez que de la haine. Alors ne faites plus le jeu des extrémistes de cette région, votre survie en dépend et peut être même celle d’une partie du monde.
Alors vous aussi faites le pari de la paix, osez tendre la main à vos adversaires. Ainsi vous obtiendrez le soutien des démocraties.
Inch Allah !