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Ecrit le 20 janvier 2021
Hervé, l’ancêtre de Montbert, 90 ans, revient sur les environnements et ambiances qui l’ont façonné.
" Dans ma petite commune rurale de 1.000 habitants du pays nantais, l’univers tournait autour de deux pôles qui dominaient tout le paysage : le château et son châtelain, l’église et son curé. Le château possédait les terres, donc l’argent, donc les corps des vivants ; l’église possédait le ciel dont le curé avait les clefs et les âmes des humains à faire entrer et préparer à l’au-delà . Derrière, des fermiers ou métayers, des servantes du château ou bonnes de cure, des jardiniers du château et du presbytère, des vachers et des précepteurs.
Ces deux réalités structuraient en profondeur les enfances et les vies d’adulte : respect, dévotion, embrigadement, soumission : un univers de contraintes permanentes, entretenues par des lectures pieuses ou chevaleresques faisant évoluer parmi les Comtes et les Comtesses, les rites religieux, les vies de Saints et les almanachs paroissiaux. Occupations centrées sur l’église ou le château : enfants de chœur pour les garçons, enfants de Marie pour les filles, décorations des autels par les femmes, rassemblements autour des autels pour les marguillers, les chantres, les cliques et les pompiers.
Je m’aperçois que dès que j’ai eu des pinceaux, de l’encre et des couleurs, j’ai représenté des églises et des châteaux ; ils dominent encore mon bureau et me rappellent l’histoire de toutes mes familles nées, élevées, commandées par des châtelains et surveillées par des curés. Les alliances étaient fortes entre les deux forces en présence : premières places dans les églises pour les nobles ; premières places dans les banquets seigneuriaux pour les curés ! Les séminaristes étaient les réserves de précepteurs, comme l’a bien montré Stendhal dans « le rouge et le noir » et comme on me l’a proposé encore en 1953 ; parce que les châtelains jouaient les bienfaiteurs pour les enfants pauvres que les curés recrutaient.
Ces fonctionnements de dissymétrie sociale, sous de nombreuses formes et d’autres contextes, je les vois toujours aussi répandus et assumés : l’argent d’un côté, l’éducation, la culture de l’autre ; la toute-puissance sur les corps, la domination sur les esprits ! Les contre-pouvoirs étaient faibles : l’école laïque réservée aux enfants de l’assistance Publique, la petite-bourgeoisie commerçante ou artisanale inféodée aux mastodontes ! Les journaux de gauche inexistants ; les bibliothèques, paroissiales !
Croyances
Le message de Noë l d’un beau-frère missionnaire en Afrique, resté dans les croyances traditionnelles et toujours officielles de l’église catholique me décide à répondre et faire le point sur ce qui est devenu insupportable et ce qui est bien expliqué et revendiqué par les théologiens progressistes.
Les croyances persistantes à l’existence d’un Satan maléfique, incitant les humains au mal ; d’un péché Originel de révolte contre un dieu créateur, offensant un maître qui demande obéissance et soumission totale, à la manière d’un despote oriental ; croyance à la valeur du sang humain versé pour venger un honneur bafoué, un outrage qualifié ; autant de croyances païennes dont le judaïsme a essayé de se débarrasser peu à peu ; voir l’épisode d’Abraham à qui Yahweh demande le sacrifice de son fils et qui au dernier moment le fait remplacer par des animaux .
Pourquoi le doux Jésus de Nazareth, ou plutôt ses amis qui ont écrit sur lui, nous replongent-ils dans ce monde dépassé ? c’est que chaque être humain naît dans un univers déjà construit où pensée, sentiment, imagination, vision du monde, de son histoire, de son avenir s’imposent, imprègnent tout l’être et permettent peu d’échappées vers un ailleurs, vers un meilleur ; la culture judaïque et gréco-romaine baigne les juifs du début de l’ère chrétienne, nourrit la littérature, obligeant le nouveau à se situer dans l’ancien, expliquant les événements par les répétitions, les avancées par la rétro-activité.
l’approche scientifique possible actuellement des textes et productions artistiques de nos devanciers dégage le probable de l’anachronisme, l’essentiel de l’habillage, l’authentique du rapporté.
Selon « Après Jésus, l’invention du christianisme » , 2020, Albin Michel, 700 pages, intro de Joseph Doré, ex-archevêque de Strasbourg et une centaine d’articles de théologiens, les trois premiers siècles du christianisme n’étaient pas encombrés de dogmes, de liturgies, de bâtiments religieux, de papes, d’évêques et de curés impétueux ; des familles ou de petits groupes partageaient le Message fondamental : « aimez-vous les uns, les autres : même les étrangers et ceux qui ne vous aiment pas » et le rite du banquet fraternel dans un cadre familial en souvenir de Jésus que l’on considère comme toujours Vivant symboliquement .
Il faut attendre le troisième siècle pour que ces croyances primitives s’organisent et récupèrent, sous la pression de certains évêques amateurs de pouvoir et de commandement, un corps dogmatique, un sacerdoce gardien des rites et des temples nécessaires, une logomachie sacrificielle (tout le monde doit porter sa croix et souffrir, verser son sang pour racheter ses péchés) à la place d’une idéologie de la libération joyeuse et communicative.
Ceux qui réclament actuellement de garder le pire des croyances et prescriptions de l’église catholique : des chefs et des curés qui prêchent et dirigent et surtout quêtent pour se dispenser de gagner leur vie comme tout le monde, des croyances païennes aux anges et démons, des prosternements et adorations devant des images ou des matières symboliques, des exaltations des souffrances rédemptrices ; je considère tout cela comme des comportements sectaires indignes de notre condition humaine raisonnable.
Reste la question fondamentale : pourquoi l’homme débarrassé des peurs ancestrales de l’avenir, de l’enfer, de la punition se replonge-t-il dans des croyances irrationnelles : la magie, les illusions médiatiques, les mantras hypnotiques, les promesses mythiques, les fourches Caudines à passer et repasser ? Signes de la fragilité humaine, de son inachèvement, incomplétude ou inaptitude au bonheur ?
Signé : Hervé
Ecrit le 20 janvier 2021
Après Jésus
Jésus n’a laissé aucun écrit, il se référait aux Ecritures juives. Il n’a institué ni religion, ni credo, ni clergé, ni rite, hormis un repas « en mémoire de lui », et une prière, le « notre Père ». Comment ses disciples ont-ils donc fait pour exprimer et mettre en pratique leur foi en lui ? Comment ont-ils prié, communiqué entre eux, interagi avec les peuples qu’ils cô-toyaient ? Tout cela restait à inventer
Le tout premier christianisme était sans image, sans « Nouveau Testament », sans prêtres, sans pape... et pendant plus de deux siècles il y eut des communautés chrétiennes très diverses, voire divergentes, certaines proches du judaïsme, d’autres le rejetant absolument. Il faudra beaucoup de temps pour qu’émerge une Eglise unifiée autour d’un début d’orthodoxie. C’est alors, en 250, que les chrétiens subiront la première persécution générale dans un Empire en pleine crise.
Ce temps des commencements encore trop peu connu, ce temps tumultueux de tous les possibles est ici reconstitué de façon accessible et vivante par 80 des meilleurs spécialistes des premiers siècles de notre ère.
L’invention dont il est question en sous-titre, est un mot provocateur et problématique : au sens latin « Invenire » : venir dans, revenir dans une expérience passée et découvrir des nouveautés et voir comment cet événement s’invente au quotidien dans des lieux différents. Dans le livre, tous les témoignages directs (Nouveau Testament, les Pères de l’Eglise) et les témoignages indirects (les hellénistes, les juifs) sont rassemblés et permettent une approche renouvelée. Quelques sources nouvelles sont présentes tels les apocryphes et l’archéologie
600 pages : 49 €