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le 17 octobre 2020
Ce crime insupportable visait à frapper le droit à la caricature, la liberté d’expression, la laïcité
Ce vendredi 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty a été assassiné devant le collège où il enseignait l’histoire et la géographie. Victime d’un attentat perpétré au nom d’une conception dévoyée de l’Islam, il était depuis plusieurs jours la cible d’une vindicte publique. Pourquoi cette vindicte ? Parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet dans l’une de ses classes où il étudiait avec ses élèves la liberté d’expression. Comme tout enseignant, il cherchait ainsi à préparer des jeunes à l’exercice de l’esprit critique, condition essentielle à une pleine citoyenneté.
Face à cette horreur, nous appelons les citoyennes et les citoyens à se rassembler pour dire des choses simples et importantes :
- Que nous pensons à Samuel Paty ainsi qu’Ã ses proches endeuillés.
- Que les enseignants doivent être soutenus dans l’exercice de leur métier.
- Que nous sommes attachés à la liberté d’expression et que nous refusons les logiques extrémistes et obscurantistes. Que nous sommes attachés à la laïcité, qui garantit la liberté de conscience.
- Que ça n’est pas par la haine que nous répondrons à la haine qui a coûté la vie à Samuel Paty mais par la promotion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Premiers signataires : SOS Racisme, FSU, Sgen-CFDT, Unsa-Education, SNALC, FCPE , FIDL : syndicat lycéen, Fage, UEJF, « Dessinez Créez Liberté », LDH, Mrap, CIFORDOM, Uniopss et fédération léo Lagrange.
« Je suis prof » : l’hommage de dizaines de milliers de personnes à Samuel Paty
Des milliers de personnes étaient rassemblées ce dimanche à Paris place de la République pour rendre hommage à Samuel Paty, le professeur d’histoire décapité vendredi dans les Yvelines. Brandissant des pancartes « non au totalitarisme de la pensée » ou « je suis prof », ils saluaient dans le calme la mémoire de cet enseignant assassiné après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. De l’extrême gauche à quelques représentants de la droite, plusieurs responsables politiques, comme Yannick Jadot et Olivier Faure à gauche, ont participé dimanche aux rassemblements organisés au surlendemain de la décapitation d’un enseignant dans les Yvelines, mais pas toujours dans un climat d’union.
Sur place, Jean-Luc mélenchon était accompagné d’Adrien Quatennens, Danièle Obono ou encore Eric Coquerel. Le leader de la France insoumise a appelé à « l’unité nationale ». « On oublie tout, toutes les autres batailles et on se concentre sur la nécessité d’être ensemble. Parce que c’est marquer le poing contre l’ennemi, ils font ça dans l’intention de terroriser et de diviser. C’est un échec, on n’a ni peur et ni on est divisés », a-t-il déclaré. « Il faut savoir se regrouper, le but des assassins c’est de nous diviser », a-t-il poursuivi. Une minute de silence a été observée en présence du Premier ministre Jean Castex. « Nous n’avons pas peur. Vous ne nous diviserez pas », a lancé sur Twitter le Premier ministre Jean Castex. « Nous sommes la France ! » a ajouté le chef du gouvernement, aux côtés du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, de la ministre déléguée en charge de la Citoyenneté Marlène Schiappa et de milliers de personnes.
Jean Castex se tenait aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo et de la présidente de la région Ile-de-France Valérie pécresse (ex-LR). « Quelles que soient nos différences politiques, syndicales ou autres, il faut manifester l’unité et montrer que nous n’avons pas peur face aux ennemis de la République. L’unité est la condition de la réussite », a déclaré à la presse Jean-Michel Blanquer. Autour de la statue de la place de la République, qui continuait à se remplir, certains brandissaient des drapeaux tricolores, d’autres des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « il fait sombre au pays des lumières » « je suis musulman, je suis contre la violence, je suis pour la liberté d’expression », « je suis enfant de prof » ou encore « je suis prof ». Un homme a joué la chanson de Hugues Auffray « Adieu Monsieur le professeur » à la guitare, que chantaient de nombreuses personnes réunies autour de lui. Des Marseillaise étaient également entonnées.
Certains manifestants portaient des pancartes où étaient affichées des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. La Une du journal satirique « Tout ça pour ça », publiée début septembre à l’occasion de l’ouverture du procès des attentats de 2015 et qui reprenait les caricatures, était également brandie par certains. « Je suis là comme prof, comme maman, comme française et comme républicaine », a affirmé Virginie, professeure de musique en région parisienne. Partout en France, d’autres manifestations ont été organisées, notamment à Lyon, Lille, Nantes ou encore Marseille pour rendre hommage à leur tour à Samuel Paty. A Lyon, la place Bellecour était noire de 12 000 personnes, selon la préfecture. Ils étaient plus de 3000 à Strasbourg, 1500 à Lille, 2500 à Marseille et 2000 à Montpellier.
Quelque 5000 personnes, selon la FSU, se sont rassemblées place du Capitole à Toulouse à l’appel des syndicats enseignants. « C’est toute la communauté éducative qui est atteinte et, au-delà , l’ensemble de la société », a notamment déclaré Bernard Deswarte, l’un des responsables de la FSU 31 lors d’une courte allocution avant d’appeler à une minute d’applaudissements. « Je suis là pour trois raisons : l’hommage au collègue, la lâcheté et le racisme des réseaux sociaux et le manque de courage, voire l’incapacité du gouvernement à traiter ces questions-là », a affirmé Anne-Marie Gaussens, une CPe à la retraite.
Communiqué CNCDH
Profondément marqués et révoltés par cet assassinat, les membres de la CNCDH souhaitent témoigner de leur solidarité avec les proches de la victime, tous les élèves, et rendre hommage à la communauté éducative dans son ensemble, qui, inlassablement, transmet les valeurs fondamentales de la République.
Engagée dans l’éducation aux droits humains, la CNCDH apporte son soutien à toutes les femmes et tous les hommes qui s’efforcent de lutter contre l’obscurantisme et de développer l’esprit critique.
En cette heure tragique, plus que jamais la devise inscrite au frontispice de notre République : liberté, égalité, fraternité - prend tout son sens, affirme Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH. Le terrorisme islamiste ne doit en aucun cas conduire à la censure, individuelle ou collective. Ce drame rappelle à chacun son devoir de promouvoir et défendre la liberté d’expression, et plus généralement les droits de l’Homme qui sont, au cœur de notre histoire, le socle de la République.
Ecrit le 22 octobre 2020
Entre horreur, tristesse et colère
Après le lâche assassinat du professeur d’Histoire-géographie Samuel Paty, toute la communauté éducative est désormais plongée dans la colère, la tristesse et le désarroi. La réponse doit être en premier la cohésion autour des enseignants car l’Ecole doit rester le lieu du « vivre ensemble », de l’émancipation et doit former des citoyens libres et éclairés.
Il y a urgence à se dresser contre l’obscurantisme qui n’aura jamais raison de la République. Exercer le métier d’enseignant sous pression fanatique ou dogmatique est inacceptable.
L’Amicale laïque Castelbriantaise soutient le monde enseignant dans cette période douloureuse, ainsi que nos compatriotes musulmans sur qui nous pouvons compter dans ce débat, car nous devons tous nous mobiliser pour renforcer considérablement les fondements d’une République sociale, laïque et démocratique, fidèle à ses principes.
(communiqué du Bureau de l’A.L.C.)
Ecrit le 21 octobre 2020
Une société unie et fraternelle
Face à l’obscurantisme, faisons grandir une société unie et fraternelle
Communiqué commun dont la LDH est signataire
Une fois encore, le visage horrible du terrorisme nous met au défi.
Assassiner et décapiter un enseignant, un professeur d’histoire-géographie en charge de l’enseignement moral et civique, c’est s’attaquer au cœur de notre société.
c’est s’attaquer à ces hommes et ces femmes qui se chargent sur tout le territoire national d’enseigner les savoirs, d’initier au débat argumenté, d’éveiller l’esprit critique et d’assurer la liberté de conscience.
c’est s’attaquer à l’ambition d’une école commune donnant à tous les jeunes les moyens de maîtriser leur avenir.
Dans toutes nos écoles, en exerçant leur métier, les professeurs et l’ensemble des personnels font vivre les valeurs républicaines, la liberté, la laïcité, en leur donnant sens. Chaque jour, par leur action patiente, enseignantes et enseignants, personnels de l’éducation nationale contribuent à construire une République unie et fraternelle, diverse et respectueuse, éclairée et apte au débat démocratique.
Face à l’obscurantisme qui a massacré l’un des nôtres et nous meurtrit, notre réponse doit être ferme et résolue. Cet acte a été commis au nom de l’islamisme intégriste. c’est bien cette idéologie et celles et ceux qui la portent qui doivent être combattu.es sans relâche.
Par ailleurs, la stigmatisation des musulman.es dans laquelle certaines forces politiques veulent entraîner le pays depuis bien des années ne peut que renforcer des clivages délétères et alimenter les machines de haine.
c’est par une politique ambitieuse d’éducation dans le cadre de l’École publique et laïque avec l’implication des mouvements d’éducation populaire complémentaire de l’enseignement public et des collectivités territoriales, pour transmettre et faire vivre les valeurs de la République, par une politique de justice sociale que nous ferons reculer les périls obscurantistes et garantirons nos libertés.
Parce que c’est le devenir même de la République, de son École publique et laïque et de notre Nation qui est en jeu et, avec elles, une part de celui du monde, nous appelons toute la population à construire cette réponse avec nous.
Signataires : Ligue de l’enseignement, LDH, Mrap, France nature environnement, CGT, CGT Educ’action, FSU, Sgen CFDT, Union syndicale Solidaires, Sud Education, Unef, UNL, Unsa Education, Unsa
Paris, le 21 octobre 2020