Ecrit le 22 juin 2011
sécurité routière, concertation bidon
Depuis 2000 où elle fut choisie comme
« grande cause nationale », la sécurité
routière est devenue un enjeu majeur de
communication politique... et donc un
domaine
privilégié
de
l’entubage
permanent. A la suite des consignes
données par le Ministre de l’Intérieur, les
préfectures de France ont organisé des
« concertations » au sujet de l’enlèvement
des panneaux routiers annonçant les
radars. Ces concertations n’en avaient que
le nom, puisque le résultat était connu
d’avance. La FFMC (fédération française
des motards en colère), qui mène la fronde
contre les mesures annoncées y est
souvent seule représentante des usagers
de la route, face à un front de
fonctionnaires bien obligés de respecter les
consignes données, et d’associations aux
ordres, car largement subventionnées par
l’Etat. En matière de sécurité routière
comme sur bien d’autres sujets, lorsque ce
gouvernement « ouvre un dialogue », il
s’agit en fait d’un monologue destiné à faire
passer la pilule
Accidents en baisse
Les représentants de l’Etat soutiennent
mordicus que les radars "sauvent des
vies", même si la réalité statistique montre
année après année que la baisse des tués
depuis l’implantation des radars est
strictement la même qu’avant. Et surtout,
ils osent affirmer que l’argent ainsi récolté
est redistribué pour financer la sécurité
routière. Or, dans la réalité, cet argent sert
surtout à réinstaller d’autres radars, ou à
financer des aménagements routiers, via
l’agence
de
Financement
des
Infrastructures de Transport de France
(AFITF). Pour rappel, cette structure a été
pointée du doigt par la Cour des Comptes
comme étant "un organisme transparent
sans réelle valeur ajoutée" et dont elle a
recommandé la suppression. Bref, un
« machin » qui sert à recaser les copains et
dont l’utilité est plus que discutable.
Surtout, ces financements pour réaliser des
aménagements routiers sont venus en
remplacement
de
ceux
financés
habituellement par les impôts.
Autrement
dit, les radars sont bien un impôt déguisé.
Autre chose quelque peu singulière, dans
la majorité des « concertations » organisées,
les députés, représentants du peuple, ne
sont pas invités. Est-ce un moyen
supplémentaire de ne pas entendre les
plaintes des citoyens ?
La FFMC 44, qui était conviée à la
« concertation » du lundi 06 juin à la
préfecture de Loire-Atlantique, en a réalisé
un compte-rendu détaillé. Il est lisible ici :
http://www.ffmc44.org/spip.php?article1717
Nous lui empruntons une partie de son
récit.
Lors de cette rencontre, le préfet de Loire-
Atlantique réduisait tout le dossier de la
sécurité routière en un seul « maux » : la
vitesse. Un bilan d’abord sur les quatre
premiers mois de 2010 comparés à ceux
de l’année précédente :
*-16,3% de blessés,
*-9,7 % d’accidents mortels,
* -10,3% de tués
à trente jours,
*-18,1% de blessés
hospitalisés et
*-8,7% de blessés légers. Et
pour 2011, la tendance se confirme avec
des résultats en baisse sur l’ensemble des
catégories d’accidentés. Pour exemple,
*-27,3 % de tués à trente jours entre 2010 et
2011.
Et pourtant, il semble que les
usagers de la route roulent plus vite (lire
plus loin).
Vitesse en hausse
Après cette avalanche de chiffres censée
redorer le blason des forces de l’ordre
présentes dans l’assemblée et alimenter
les motivations répressives de notre
Ministre de l’Intérieur ... place aux
performances des radars !
Sur ce point, on
pourrait s’amuser à transformer en Euros
chaque PV généré par les radars... un
chiffre d’affaires à rendre jaloux n’importe
quelle PME ! Qui a dit que les radars ne
faisaient pas de bénéfices ? En Loire-
Atlantique comme ailleurs en France le
nombre des flashes ferait pâlir certaines
stars en mal de reconnaissance !
Plus
sérieusement, on observe que, en Loire-
Atlantique, plus de 95% des infractions
concernent des excès de vitesse inférieurs
à 20 km/h en majorité sur des routes
nationales limitées à 90km/h. Donc 1 point
et 68 euros pour une erreur d’inattention....
quand on sait que la majorité des accidents
a lieu à moins de 50 km/h, que plus de
35% des accidents mortels sont dus à
l’alcoolémie et que la moitié ont lieu a un
carrefour, on est en droit de douter de
l’impact de ces sanctions radaresques sur
la sécurité routière !
Les infractions sanctionnées par ces radars
sont en progression de +16,5 % sur les
quatre premiers mois de 2011 par rapport à
2010. Ce qui revient à constater que le
nombre d’accidents est inversement
proportionnel aux excès de vitesse : +16,5
% d’infractions pour excès de vitesse
constatés par des radars fixes et + 30%
d’infractions pour excès de vitesse constatés par des radars mobiles et pourtant
– 27,3% de tués à trente jours...CQFD ! Les
chiffres parlent d’eux-mêmes.
c’est ce que
ne manquera pas de faire remarquer Denis
Chaimbault, Coordinateur de la FFMC 44,
lors de son intervention.
Quant aux statistiques sur les radars fixes
feux rouges, la moyenne mensuelle de
2726 infractions sur 5 radars est alarmante
surtout quand on sait les incidences d’un
franchissement d’intersection alors que le
feu est rouge. Incidences qui sont d’ailleurs
les mêmes dans le cas d’un refus de
priorité. Pour rappel 54,3% des accidents
ont lieu à un croisement (rapport MAIDS 1
page 12) On notera donc qu’un radar au
feux rouges, à condition qu’il soit identifié
par le conducteur, est plus efficace sur
l’accidentologie qu’un radar qui flashe
bêtement les véhicules à 95 km/h sur une
route nationale à quatre voies limitée à
90km/h...
Le président de l’a.C.O. 44 (automobile-
club de l’Ouest) a considéré, lui, que la
stigmatisation de la vitesse est inquiétante
et ne résout pas les problèmes de fond que
sont l’alcoolémie et le taux de mortalité
chez les conducteurs les plus jeunes. Il a
rappelé qu’un meilleur investissement sur
la formation et la prévention serait
beaucoup plus utile que le démontage
coûteux des panneaux avertisseurs de
radar.
Quant au fléau de l’alcool (avec une
moyenne de 1,56g sur la totalité des
infractions), pour le représentant de
l’a.C.O., seule une présence plus
significative de la police et des gendarmes
sur les routes pourra faire réduire les
accidents.
Rappelons que le coût de démontage d’un
panneau d’avertissement de radar fixe
s’élève à 2316 €. Ce qui signifie, si le
gouvernement tient sa parole, que le coût
total du démontage représenterait : 4,5
millions d’’€ ! Ce à quoi il faut ajouter la
mise en décharge des dits panneaux, qui
ont coûté à l’origine, pose comprise : entre
2778 et 7178 € (source Canard Enchainé).
4,5 millions d’Euros c’est effectivement un
beau budget pour de la formation...
Alcool au volant
Denis Chaimbault, pour la FFMC, a dit que
les radars ont été implantés, à l’origine,
dans des zones dites dangereuses. Les
enlever ce serait priver les usagers d’une
information importante sur la dangerosité
de la route qu’ils empruntent. "Malgré les
35% d’accident liés à l’alcool il y a toujours
très peu de risque de se faire contrôler son
alcoolémie sur le département".
Pierre
Papucci, de la FFMC ajoute : "En
cinquante ans de conduite je ne peux pas
compter le nombre de fois où j’ai été
contrôlé pour la vitesse alors que dans les
mêmes cinquante ans de conduite le
nombre des contrôles d’alcoolémie que j’ai
subis est de zéro..."
prévention et questions
Pour occuper l’opinion publique, et donner
le sentiment d’une action d’importance, le
gouvernement joue les Père Fouettard
plutôt que de privilégier la prévention. C’st
net en matière d’alcoolisme où les préfets
et Sous-préfets font poster des gendarmes
en certains lieux bien connus (par exemple
à la sortie d’une boite de nuit) tout en
négligeant des pans entiers de l’activité
humaine : les entreprises.
Il existe encore
des entreprises à Châteaubriant, notamment du bâtiment et des travaux publics,
où les salariés boivent beaucoup sur le
temps de travail (Ã la grande désolation de
leur épouse d’ailleurs) : le patron le sait et
laisse faire. La Sous-préfecture, il y a
quelques temps, avait réuni les chefs
d’entreprise au sujet de l’alcool, mais sans
grand succès. Il est vrai que, des salariés,
il y en a : un de perdu, dix en attente, alors
pourquoi s’en faire ?
Mais si les patrons ne se déplacent pas
pour une réunion, pourquoi n’est-ce pas le
Sous-préfet qui se déplacerait pour aller
voir les plus « sensibles », ceux qui ne
mènent pas d’action spécifique dans leur
boite ?
Face au mépris exprimé par le
gouvernement envers les usagers de la
route, la FFMC avec l’Union des Usagers
de la Route a mobilisé le 18 juin dans tout
le pays pour rappeler aux responsables
politiques que la répression à outrance a
atteint ses limites et que la sécurité routière
ne peut se faire contre les usagers,
premiers concernés, mais doit se faire avec
eux