Ecrit le 20 novembre 2013
Le pape et la mafia
leFigaro.fr du 13/11 : Le nettoyage que veut faire le pape François au sein des instances financières de l’Église ne serait pas du goût de la mafia calabraise Ndrangheta. C’est Nicola Gratteri, le procureur adjoint de la ville de Reggio de Calabre, qui l’affirme dans une interview reprise par plusieurs journaux italiens. Ce grand juge antimafia, coauteur d’un récent ouvrage sur les liens ambigus entre la Mafia et le Vatican (Acqua Santissima), est sous constante protection policière. « Tous ceux qui se nourrissent du pouvoir et de la richesse qui proviennent directement de Eglise sont nerveux, agités, estime Nicola Gratteri. Le pape Bergoglio est en train de démanteler les centres de pouvoir économique du Vatican. Si les patrons de la Mafia pouvaient lui faire un croche-patte, ils n’hésiteraient pas ».
En juin dernier, le Pape avait annoncé la création d’une commission spéciale chargée de passer en revue les activités de la banque du Vatican, l’opaque Institut pour les œuvres de religion. Créé en 1942 par Pie XII, l’IOR est au centre de nombreux scandales financiers qui embarrassent l’Église depuis des décennies, les magistrats soupçonnant notamment plusieurs opérations de recyclage d’argent sale. []
La Ndrangheta est devenue la plus puissante et la plus dangereuse des mafias italiennes. Elle est aussi l’un des groupes mafieux les plus secrets au monde, grâce à une structure fondée sur des clans familiaux. Spécialisée notamment dans le trafic de drogue, en particulier la cocaïne, l’organisation a des ramifications dans le monde entier, notamment en Allemagne, au Canada, en Suisse et en Australie. Selon une étude de l’institut italien spécialisé Eurispes parue l’an dernier, le chiffre d’affaires de la Ndrangheta atteint environ 44 milliards d’euros.
Elle ne partage donc sans doute pas les chevaux de bataille du pape François que sont la lutte pour la transparence et contre la corruption. De son côté, le Souverain Pontife a lui-même dénoncé en mai dernier les organisations mafieuses italiennes, appelant leurs membres à faire acte de contrition.
Le prix des médicaments
Le Point.fr : selon une enquête de France 3, « des médicaments de laboratoires français sont achetés à l’étranger là où ils sont le moins cher pour être revendus en France ». « la facture des laboratoires français est plus salée pour la France que pour l’Italie ou les Pays-Bas, plus offensifs sur le prix des médicaments. Le Plavix est vendu 37,11 € en France, 18,23 € en Italie. Le prix des génériques varie lui aussi fortement d’un pays à l’autre. Ceux cités par l’enquête (un anti-cholestérol et un anti-ulcère) coûtent 50 centimes aux Pays-Bas contre une dizaine d’euros en France ».
L’hebdomadaire relève que « les médecins français ont davantage tendance que leurs voisins européens à prescrire les dernières molécules, plus onéreuses sans être forcément plus performantes. Il en va ainsi pour la rosuvastatine, la seule molécule anti-cholestérol n’ayant pas d’équivalent générique et vendue sous le nom commercial de Crestor, du laboratoire AstraZeneca ». « L’Assurance maladie avait indiqué en mai que le Crestor était prescrit 3 fois sur 10 en France en 2012, une proportion largement supérieure à celle de l’Allemagne ou du Royaume-Uni », observe le magazine.
Selon cette enquête, « l’industrie pharmaceutique est reine en France. Les efforts du gouvernement sur le coût des médicaments - 960 millions d’économies prévues dans le budget de la sécurité sociale pour 2014 via des baisses de prix et le développement des génériques - sont modérés par la volonté de préserver l’emploi dans l’industrie pharmaceutique ».
Une « Une » pourrie, dessin de Leplacide.com
Une réalité persistante
Le Point.fr du 13/11 : Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d’État des gouvernements Cresson et Bérégovoy, a estimé que « les langues se sont déliées », après la une de l’hebdomadaire Minute comparant Christiane Taubira à un singe. « La France n’est pas devenue raciste, la France a toujours été raciste. Sauf qu’il y a eu un moment où le racisme en France sous la République n’étant pas une opinion, mais un délit, les gens en avaient honte, ils en parlaient sous le manteau. Aujourd’hui, les langues se sont déliées parce qu’il y a eu quelques événements graves », a déclaré Kofi Yamgnane sur France Info.
« En particulier, je peux vous citer le discours de Sarkozy à Dakar qui dit : L’homme noir n’est pas rentré dans l’histoire. Ça veut dire que l’homme noir est resté un animal, l’homme noir est un sin-ge ! Aujourd’hui, les Français se sentent libres de pouvoir dire : Les Noirs sont des singes, Christiane Taubira est une guenon », a poursuivi l’ancien secrétaire d’État aux Affaires sociales et à l’Intégration (1991-1992), puis à l’Intégration (1992-1993), par la suite député PS du Finistère de 1997 à 2002.
Une enquête préliminaire pour injure publique à caractère racial a été ouverte sur la une de Minute. Cette une a suscité l’indignation du monde politique, à droite comme à gauche. « Moi, j’ai connu ça quand j’étais au gouvernement. Il n’y a pas eu d’attaques aussi violentes, mais il y en a eu. Elles étaient anonymes. (...) Les choses n’ont pas fondamentalement changé sauf qu’à ce moment-là ils se cachaient, ils avaient honte et aujourd’hui, ils ont pignon sur rue. La République française est en danger », a conclu Kofi Yamgnane, natif du Togo.
Le 15/11 Le Haut-Commissariat des droits de l’homme, une agence de l’ONU, a fermement condamné les attaques racistes contre Christiane Taubira
Huées « décalées »
Lexpress.fr du 13/11 : Le CSA va examiner les images diffusées par TF1 de François Hollande à Oyonnax, le 11 novembre dernier.
Le son d’origine des huées à l’arrivée du président Hollande à Oyonnax le 11 novembre, a été « maladroitement décalé de 4 secondes » sur les images au journal de 20h de TF1, a reconnu mercredi Catherine Nayl, directrice de l’Information de la chaîne. Il s’agit « d’une erreur regrettable sans volonté de déformation de la réalité », a-t-elle ajouté. [...]
Mardi soir, Le Petit Journal de Canal+ avait montré, images et bandes-son à l’appui, que des huées avaient été déplacées et ajoutées juste au moment où le chef de l’État sortait de sa voiture. A cet instant précis, les huées semblaient pourtant avoir cessé, d’après les images et le son bruts mis à disposition des chaînes de télévision ce jour-là .
Droits de l’homme
LeMonde.fr du 13/11 : à l’ONU, la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite et Cuba se retrouvent, depuis mardi 12 novembre, sur une même liste. Pas une liste noire. Ces quatre pays ont été élus pour siéger pendant trois ans au Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies, basé à Genève. Une quarantaine d’organisations non gouvernementales ont eu beau crier au loup, qualifiant ces États des « pires violateurs des droits fondamentaux de l’homme », ils ont tous reçu une très large majorité des voix.
Amnésiques, les 193 pays membres de l’Assemblée générale de l’ONU ? La Russie et la Chine ont chacune recueilli 176 suffrages. En octobre, devant cette même instance que les quatre heureux élus s’apprêtent à intégrer en janvier 2014, l’Arabie saoudite avait été rappelée à l’ordre par Human Rights Watch (HRW), qui avait déclaré : « Le royaume se signale par le niveau extraordinairement élevé de sa répression. » []
Selon HRW, la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, mais aussi le Vietnam et l’Algérie, également élus, refusent depuis plusieurs années la visite d’enquêteurs de l’ONU. Comme chaque année, un tiers des sièges du Conseil étaient à pourvoir, soit 14 sur 47. Et seuls 4 des 16 candidats, insiste UN Watch, répondaient aux critères exigés pour siéger en termes de respect des droits de l’homme : la Grande-Bretagne, la France, la Macédoine et le Mexique.