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(écrit le 30 octobre 2002)
Gazpoutine et les Tchétchènes
Plus de 800 personnes ont été prises en otages par un commando tchétchène, mercredi 23 octobre 2002, alors qu’elles assistaient à une comédie musicale dans un théâtre de Moscou. On ne peut que condamner le drame vécu par ces centaines d’innocents. Mais faut-il comme les maîtres du monde crier au « terrorisme international » ? S’il est vrai qu’une telle prise d’otages est inadmissible, s’il est vrai que ses auteurs et ses commanditaires s’inspirent de l’islamisme fanatique et de son mépris de la vie, il est vrai aussi, comme dit l’Humanité du 25 octobre, que :
« Aucune réflexion sérieuse sur cette irruption de la terreur et de la guerre au centre de la capitale russe ne peut ignorer le sort que subissent la Tchétchénie et le peuple Tchétchène depuis près de huit ans : leur anéantissement a été froidement programmé dans les bureaux du Kremlin. Grozny, la principale ville, est devenue une capitale des ruines et de la douleur, et plusieurs dizaines de milliers de soldats russes soumettent le peuple tchétchène à la violence la plus barbare. En Tchétchénie, on tue, on torture, on frappe, on brûle, on enferme, on viole. Personne n’a oublié la cynique apostrophe de Poutine : » Il faut buter les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes « ! Le président russe a touché les dividendes de la boucherie : aujourd’hui, le sang lui retombe sur la tête. ».
dénouement : Les forces spéciales russes y ont mis fin samedi matin 26 octobre en lançant un assaut avec gaz incapacitants.
On estime qu’il y a eu plus de 120 morts, et quelque 540 otages dans un état grave dû aux gaz. 50 membres du commando tchétchène, 18 femmes et 32 hommes, dont le chef Movsar Baraïev, ont été tués et au moins trois autres preneurs d’otages ont été arrêtés.
De nombreux otages sont traités dans les hôpitaux, certains dans un coma profond et les médecins ont interdiction absolue de révéler la nature des gaz utilisés
Le drame des otages est terminé. Le drame des Tchétchènes, dans leur propre pays, continue et toute atteinte au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne peut qu’engendrer d’autres actes insensés car désespérés.
(écrit le 3 novembre 2002) :
Les otages sont morts
On sait maintenant que les otages sont morts, non pas sous les bombes des terroristes tchétchènes, mais par les gaz (d’origine secrète) envoyés par le président Russe Poutine (qui peut bien désormais prendre le surnom de Gaz-Poutine)
Voici une opinion à ce sujet :
En 1999 des bombes aveugles avaient tué 300 personnes à Moscou. Ariel Poutine a prétendu que c’étaient des bombes tchétchènes (alors qu’une émission sur Arte a montré il y a environ un an que c’était l’État russe lui-même qui les avait posées !) Prenant ce prétexte, l’armée russe a envahi une fois de plus la Tchétchénie. Amnesty International vient de dénoncer à nouveau que le comportement de l’armée russe en Tchétchénie, c’est : viole-pille-tue et... torture. Ariel Poutine est tout simplement en train de génocider le peuple Tchétchène.
Sur la 5e chaine, le commandant Prouteau a parfaitement démontré que les bombes des preneurs d’otages du théatre de Moscou n’étaient pas des vraies bombes. Elles étaient aussi fausses que des jouets pour enfants ! Elles étaient là juste pour impressionner. Dans la même emission, l’on nous a dit que quelque soit le gaz employé, ses effets ne sont jamais instantanés, et que si les preneurs d’otages avaient eu de vraies bombes et s’ils avaient voulu tuer tout le monde, ils auraient eu suffisamment de temps pour le faire !
Ce sont les forces russes qui ont assassiné les otages.
Les preneurs d’otages voulaient seulement lancer un appel au secours !
Source : do : http://mai68.org
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Ecrit le 17 novembre 2004 :
civils martyrisés, impunité généralisée
La Tchétchénie, vous connaissez ? Vous n’en entendez parler que lorsqu’il y a des attentats terroristes, que rien ne peut justifier : 90 morts le 24 août 2004 dans l’explosion de deux avions, 10 morts le 31 août 2004 lors d’un attentat suicide en plein cœur de Moscou, et au moins 300 morts dans l’école de Beslan en Ossétie le 3 septembre 2004.
Mais savez-vous ce qui se passe réellement à l’intérieur du pays pour la grande partie de la population depuis début 1994 ? Rafles massives, tortures, viols, disparitions, exécutions de civils (hommes, femmes et enfants). Une population terrorisée et désespérée qui n’attend plus rien de personne.
Pourquoi ?
Avec le silence complice des instances internationales, de la majorité des chefs
d’Etat et de l’indifférence générale, les responsables des exactions savent qu’ils peuvent agir en toute impunité.
De plus, le président russe, M.Poutine, a fait en sorte que cette guerre se déroule à huis clos : aucun
journaliste, aucune ONG ne peuvent travailler librement en Tchétchénie sans risquer sa vie.
Les exactions commises sont telles qu’Amnesty International s’alarme aujourd’hui plus que jamais du risque de disparition de la population tchétchène. Et a lancé une campagne de sensibilisation depuis le 6 novembre 2004
Civils cibles
Le deuxième conflit armé en République tchétchène depuis l’effondrement de l’Union soviétique se poursuit depuis presque cinq ans, en dépit d’affirmations répétées de responsables russes et tchétchènes favorables à Moscou qui disent que la situation est en train de se « normaliser ». Pour Amnesty International, le conflit et son cortège d’atteintes aux droits humains sont loin de correspondre à une situation « normale ».
Les forces de sécurité et les forces fédérales russes continuent de commettre, chaque jour, des exactions massives et rares sont les civils épargnés par ces violences : « disparitions », détentions arbitraires et exécutions extrajudiciaires, actes de torture et viols.
De leur côté les groupes armés d’opposition prennent pour cible des membres civils de l’administration tchétchène pro-russe.
D’un côté comme de l’autre les civils sont otages d’un conflit aggravé par une impunité généralisée : les auteurs des exactions sont rarement identifiés et traduits en justice, les enquêtes entreprises aboutissent au mieux à des conclusions incertaines, et des représailles frappent les plaignants surtout ceux qui ont porté leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme.
L’implication russe
Les choses se compliquent encore lorsqu’on sait que l’enquête menée autour du drame de Beslan a révélé que les armes et les explosifs utilisées par le commando tchétchène provenaient des stocks du ministère de l’intérieur russe et que l’un des 32 terroristes (20 ont pu être identifiés), un certain Bachir Pliev, 27 ans, travaillait pour la « police des polices » russe (révélation du quotidien russe Gazeta)
Depuis l’éclatement du conflit en 1999, le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la Russie est l’un des membres permanents, n’a adopté aucune résolution spécifique concernant la conduite des forces russes au cours du conflit armé en Tchétchénie.
A la veille de chaque sommet Russie-Union Européenne, l’entourage de Vladimir Poutine met les dirigeants européens au pied du mur, leur enjoignant d’éviter les sujets qui irritent le chef de l’Etat russe : la Tchétchénie et l’affaire Ioukos. Vladimir Poutine mise sur la force. Marqué par son passé au KGB, il pense qu’il est possible de gagner en réprimant durement et longuement. A l’heure actuelle, les spécialistes du Caucase qui ont l’oreille du Kremlin étudient de très près les méthodes employées au XIXe siècle par le général Ermolov" (connu pour sa cruauté légendaire)
Manifestation
Le 6 novembre 2004 Amnesty International et quelques ONG (le Secours catholique, médecins du monde, la fédération internationale des droits de l’homme et d’autres) ont appelé à une manifestation en faveur de la Tchétchénie, dans les jardins du Trocadéro, à Paris
Consulter le site http://www.amnesty.org
Ecrit le 4 janvier 2006
Tchétchénie : une issue ?
La situation mondiale n’a jamais été aussi dure. Partout se multiplient le atteintes aux Droits de l’Homme, que ce soit pour des raisons idéologiques ou économiques. Depuis le nazisme, le monde a fait du chemin, niant, plus que jamais, la dignité d’hommes à des millions d’êtres humains.
Un exemple : la Tchétchénie. Ce qui se passe là -bas est proche du génocide. Mais le monde entier se tait.
A la mi-décembre, pourtant, quelque 1500 russes, démocrates, libéraux et défenseurs des Droits de l’Homme ont manifesté à Moscou contre « le fascisme », le racisme et la guerre en Tchétchénie. Ils ont marché au son des chansons de l’époque de la Seconde guerre mondiale scandant « le fascisme ne passera pas » et brandissant des slogans tels « Stop à la guerre en Tchétchénie », « Gardons la liberté pour nos descendants » ou encore « Hitler kaputt » écrit sous des portraits de nationalistes russes comme Dmitri Rogozine ou Vladimir Jirinovski.
Mais qui s’intéresse à la Tchétchénie ? Des associations comme Amnesty International, ou la Ligue des Droits de l’Homme, tentent pourtant régulièrement de réveiller l’opinion publique.
C’est ainsi qu’un café-citoyen a eu lieu à Châteaubriant le 8 décembre 2005, sur le thème « Silence on tue ».
Poutine et les droits de l’homme
Le président Poutine assumera prochainement la Présidence du Conseil de l’Europe et sera garant, à ce titre, de la « Convention Européenne des Droits de l’Homme ». Or, en Russie, se multiplient de nouvelles formes d’atteinte aux libertés : des personnes arrêtées arbitrairement, des prisons secrètes, des tortures, et une loi, votée au Parlement Russe, visant à empêcher la présence des ONG (organisations gouvernementales).
Le « laboratoire » de la Russie, c’est la Tchétchénie. Pour Gaë lle LASTENET (ci-dessous en photo), les tensions dans ce pays remontent au moins au 16e siècle, quand les Russes ont mené une guerre coloniale dans le Caucase. Les Tchétchènes n’ont cessé de rêver à la décolonisation, ce qui les a amenés à faire alliance avec Hitler contre les Russes. (un certain nombre de Bretons, dans un désir d’indépendance, se sont aussi rapprochés d’Hitler pendant la Seconde Guerre Mondiale)
déportation
En 1944, Staline a déporté massivement les Tchétchènes (et les Ingouches). Sous un prétexte fallacieux, toute la population, hommes, femmes, enfants, a été réunie et envoyée vers la Sibérie et le Kazakhstan, sans aucune préparation, sans aucune mesure de protection. La mortalité fut effrayante.
En 1957, Kroutchev permit le retour des survivants dans leur pays. Mais la déportation engendra un fort ressentiment et une unité nationale forgée dans l’épreuve. Les Tchétchènes, déjà ulcérés de la colonisation imposée par la colonisation, ressentent maintenant une « haine culturelle » envers les Russes .... qui la leur rendent bien.
« On a dit que les Tchétchènes sont des islamistes fanatiques » commente Gaë lle Lastenet. « En fait, ce sont plutôt des musulmans modérés, mais qui se radicalisent par force. Quand 80 % des habitants sont chômeurs, quand les mouvements islamistes, comme ceux d’Arabie Saoudite, leur donnent de l’argent pour combattre ... eh bien ils combattent ». D’autant plus que l’opinion publique internationale ferme les yeux
Pour Gaë lle LASTENET, les Tchétchènes sont « prisonniers dans leur pays ». « Les médias pourraient jouer un rôle important mais il est interdit d’aller sur une zone de combat. Souvent la Russie réalise elle-même les voyages de presse dans les zones de combat, et ... les reportages ! Elle fait tout pour éviter de rendre les Tchétchènes sympathiques. La loi russe interdit de reproduire les propos des dirigeants tchétchènes. De leur côté les combattants tchétchènes considèrent les journalistes, s’ils peuvent en kidnapper, comme une source de revenus financiers ! ».
La presse, dans les pays occidentaux, emboîte le pas à la Russie en parlant de « criminels, bandits, terroristes, islamistes », en faisant croire qu’il s’agit d’une guerre de religion, alors qu’il s’agit d’une guerre d’indépendance.
La Tchétchénie est un trop petit pays (1 million d’habitants, comme le Grand Lyon) pour intéresser les puissances mondiales qui cherchent au contraire à cajoler le géant russe (143 millions d’habitants).
Y a-t-il une issue en Tchétchénie ? sans doute que non, pas plus qu’en Palestine ou en Irak.
MOSCOU, 7 décembre. ( article de Tatiana Sinitsyna, commentatrice de RIA Novosti).
Les Tchétchènes sont persuadés qu’historiquement leurs racines remontent au royaume des Choumeris (30e siècle avant Jésus-Christ). Ils se considèrent également comme des descendants des Urartis (9-6e siècles avant Jésus-Christ). En tout cas, l’écriture cunéiforme déchiffrée de ces civilisations révèle que de nombreux termes d’origine se sont conservés dans la langue tchétchène.
Etat ?
Les choses ont voulu que pendant toute leur histoire les Tchétchènes n’ont pas disposé de leur propre Etat. La seule tentative faite au XIVe siècle pour créer le royaume Sinsir s’était avérée prématurée puisque la cavalerie de Tamerlan l’avait écrasée peu après avoir vu le jour. Après avoir perdu deux tiers de leurs compatriotes au cours des combats livrés aux conquérants orientaux, les Tchétchènes ont quitté les plaines fertiles pour se réfugier dans la montagne, où il était plus commode de poursuivre la lutte. Pour les Tchétchènes la montagne fait depuis office de refuge, de contrée natale et même de sanctuaire.
Aux conquérants étrangers il fallait aussi ajouter les ennemis locaux qui ne manquaient pas : des détachements belliqueux d’autres ethnies caucasiennes s’agressaient mutuellement à intervalles plus ou moins réguliers, tel était le mode de vie. Il fallait en permanence se tenir sur le pied de guerre. Pour protéger sûrement leurs foyers, leurs localités, les montagnards formaient des détachements de milices armées, aménageaient des lignes de défense. Dans les régions alpines du Caucase on trouve encore les vestiges de centaines de tours de défense, érigées avec des pierres. De là on suivait les déplacements des ennemis et quand ceux-ci se faisaient menaçants, on allumait des feux et la fumée annonçait le danger. L’attente permanente des attaques, la nécessité de se tenir toujours prêt au combat avaient bien sûrmilitarisé les esprits mais aussi forgé la bravoure et le mépris de la mort.
Valeurs guerrières
Dans les batailles un seul sabre pouvait faire la décision, c’est pourquoi les valeurs guerrières étaient inculquées aux garçons dès leur plus tendre enfance. Selon l’ethnologue Galina Zaourbekova, mère de quatre enfants, aujourd’hui encore l’éthique tchétchène interdit de les bercer et de les gâter, de satisfaire leurs caprices. De nos jours il est de tradition de chanter près des berceaux des chansons anciennes glorifiant la vaillance militaire, la bravoure, le coursier rapide, l’arme redoutable.
Le pic Tebolous-Mta (4.512 mètres) est le plus haut du Caucase oriental. Les ascensions de cette montagne par le peuple tchétchène, les batailles héroïques livrées aux ennemis poursuivis sont les thèmes de nombreuses croyances populaires. Le caractère montagneux du paysage caucasien avait « morcelé » le peuple tchétchène, celui-ci s’était réparti de manière autonome, par défilé, sa différenciation s’était faite non pas territorialement, mais selon le principe tribal, donnant naissance aux clans tchétchènes, constitués de familles regroupées, chacun d’entre eux étant dirigé par un chef élu. Les clans les plus vénérés et respectés sont les clans de souche, les clans anciens. Les autres, ayant une généalogie plus courte, constitués au fil de processus migratoires, sont qualifiés de « cadets ». A l’heure actuelle 63 clans sont recensés en Tchétchénie. Le clan assure la défense des us séculaires et aussi celle de chacun de ses membres.
La vie dans la montagne a défini tout un ensemble de rapports sociaux. Les Tchétchènes ont progressivement abandonné l’agriculture pour l’élevage, ils ont exclu le principe de gestion féodale permettant l’emploi de salariés, ce qui a obligé tout un chacun à travailler. On a vu aussi disparaître les conditions propices au développement fédéral, la nécessité d’une hiérarchie. La démocratie montagnarde s’est affirmée. Tous étaient égaux mais il n’était donné à personne de remettre la loi en question. Et si un individu « arborait un autre plumage », il était tout simplement exclu de la communauté. Après avoir quitté son clan, le « banni » tentait de s’assimiler au sein d’autres peuples.
Esprit de liberté
L’esprit de la liberté et de la démocratie montagnardes s’est transformé en culte du sens de la dignité personnelle. C’est sur cette base que la mentalité tchétchène a pris corps. Les paroles échangées par les Tchétchènes pour se saluer traduisent leur indépendance personnelle : « Viens, homme libre ! ».
« Il est difficile d’être Tchétchène » est une autre expression usitée. C’est probablement malaisé en effet. Parce que la nature fière et libre du Tchétchène est littéralement prisonnière du carcan des adats (lois) érigés en us. Ne pas les observer c’est se soumettre à la honte, au mépris et à la mort.
Les adats sont nombreuses, mais les plus importantes sont celles qui concernent l’honneur masculin et les règles de conduite pour l’homme, qui exhortent la vaillance, la noblesse, l’honneur et le sang froid. Selon ces règles de conduite un Tchétchène doit être conciliant car les sentiers alpins sont étroits. Il doit savoir bâtir ses rapports avec les gens sans jamais faire montre de sa supériorité, ce qui permet d’éviter les conflits inutiles. Si un cavalier croise un piéton, il doit le premier prononcer les paroles de salutation requises. S’il rencontre un vieillard, le cavalier doit descendre de sa monture et seulement ensuite le saluer. Il est interdit aux hommes de « perdre la face » dans les situations déterminantes, de se retrouver dans des situations humiliantes, comiques.
Peur de l’offense
Les Tchétchènes ont une peur héréditaire de l’offense. Surtout si cette offense concerne la famille et le clan et si elle résulte d’un manquement aux adats. Si un clan tchétchène s’est couvert de honte, la communauté lui tourne le dos. « Je redoute la honte, c’est pourquoi je suis toujours prudent », avait dit un montagnard qui avait été compagnon de route d’Alexandre Pouchkine dans son voyage à Erzeroum. De nos jours aussi les règles intérieures et extérieures de conduite contraignent le Tchétchène à se montrer dans la société extrêmement réservé, discret et bienveillant.
Les adats comportent des règles remarquables. Par exemple, la fraternisation, l’entraide, quand la communauté tout entière construit une maison à celui qui n’en a pas. Ou encore l’hospitalité : celui qui franchit le seuil d’une maison - même un ennemi - y trouvera toujours gîte, nourriture et protection. Alors, quand il s’agit d’amis...
Mais il y a aussi des us destructeurs, la vengeance par le sang, par exemple. La société tchétchène actuelle lutte contre cet archaïsme, des procédures de réconciliation des « ennemis jurés » ont été élaborées. Seulement rien n’est possible ici sans la bonne volonté réciproque.
Un Tchétchène n’exposera jamais une femme au danger, il la protégera : sur les routes alpines les risques sont nombreux sous forme d’éboulement, de bête sauvage, etc. Et puis on ne tire jamais dans le dos. Les femmes jouent un rôle particulier dans l’étiquette monta-gnarde. Elles sont en premier lieu les gardiennes du foyer. Dans les temps anciens cette métaphore avait un sens direct : les femmes avaient pour mission de veiller à ce que le fourneau soit en permanence allumé pour pouvoir préparer le repas. De nos jours cette expression a un sens figuré, mais elle conserve un sens très profond. Aujourd’hui encore pour les Tchétchènes la plus terrible des malédictions est celle-ci : « Que le feu s’éteigne dans ton foyer ! ».
Les familles tchétchènes sont très soudées et les adats veillent à ce qu’il en soit ainsi. Le format et le style de vie sont stables et prédéterminés. Le mari n’intervient jamais dans les affaires ménagères, c’est là un domaine exclusivement réservé à la femme. Manquer de respect à sa femme, l’humilier et la battre est inacceptable et impossible. Seulement si l’épouse est coupable de manquements, le mari peut la bannir en prononçant à trois reprises : « Tu n’es plus ma femme ». Le divorce est inévitable aussi quand l’épouse manque de respect à l’égard de parents de son mari. Les femmes tchétchènes ont donc dû s’initier à l’art d’entretenir de bons rapports avec la lignés de leurs époux.
Si les adats interdisent toute « extra-vagance pleine de superbe », les Tchétchènes se risquent quand même à se livrer au « rapt » de la fiancée. Selon Galina Zaourbekova dans l’ancien temps le plus souvent la fiancée était enlevée parce que sa famille l’avait refusée à celui qui avait demandé sa main, ce qui était considéré comme un affront personnel. Affront qui était lavé par l’enlèvement. Parfois le rapt de la fiancée avait pour origine l’absence de la dot qui devait être versée à la famille de la jeune fille. Il arrivait aussi que les passions amoureuses interviennent. Cependant, ces histoires connaissaient deux aboutissements : soit le ravisseur était pardonné et le mariage était célébré, soit le coupable risquait toute sa vie d’être victime d’une vengeance par le sang. Le premier aboutissement était fort heureusement le plus fréquent.
Mariage
Le mariage figure parmi les plus grandes fêtes célébrées par les Tchétchènes. Son rituel est pratiquement resté inchangé depuis des siècles. Les réjouissances durent trois jours et les soirées se terminent obligatoirement par des danses. La danse tchétchène est pleine de tempérament et de grâce. Au XXe siècle ce peuple peu nombreux a eu l’heureuse possibilité de montrer toute la beauté de cette danse nationale au monde entier : le grand danseur Makhmoud Essambaev a été applaudi dans tous les pays. Sur le plan de la plastique, la danse tchétchène recèle des motifs appartenant aux grandes valeurs éthiques et esthétiques : les hommes sont audacieux et fiers, les femmes apparaissent humbles et magnifiques.
(source : http://fr.rian.ru/analysis/20051207/42353826.html)