Ecrit le 10 septembre 2014.
périscolaire payant
NouvelObs.com du 02/09 : c’est l’un des aspects importants de la réforme des rythmes scolaires, qui est généralisée cette rentrée à tous les enfants de la maternelle et du primaire public : la possibilité de bénéficier de trois heures hebdomadaires d’activités périscolaires. Des moments culturels, ludiques, sportifs en priorité destinés aux enfants des familles les moins bien loties socialement, qui ne bénéficient pas forcément d’activités extrascolaires de qualité.
Mais voilà : la loi ne peut pas contraindre les communes à rendre ces activités gratuites, puisqu’elles n’entrent pas stricto sensu dans le cadre de la scolarité. Du coup, un certain nombre de villes - soit pour des raisons budgétaires, soit par choix politique : demandent une participation aux familles qui peut s’avérer fort onéreuse : plus d’une centaine d’euros par an et par enfant ! De quoi faire fuir les familles modestes.
Un « scandale » selon Paul Raoult, président de la FCPE . Interview :
Que pensez-vous de ces communes qui demandent une participation aux familles pour les activités périscolaires ?
- - c’est un scandale ! Il y a très souvent, derrière cette mauvaise volonté, un geste idéologique : faire râler les citoyens contre la réforme des rythmes scolaires. Mais il faut dire aux gens que c’est un choix opéré par la mairie, qui n’est pas nécessairement en rapport avec l’état des finances de la commune.
Prenez l’exemple de Lyon : ne me dites pas que le maire gérard Collomb n’a pas les moyens d’offrir aux petits Lyonnais des activités périscolaires, c’est un mensonge ! Nous sommes d’ailleurs tellement remontés contre la ville de Lyon que, pour la première fois, notre conférence de rentrée des présidents de la FCPE se tiendra là -bas, en signe de protestation.
c’est donc un refus politique ? - - Oui, mais qui n’est pas réductible au clivage gauche-droite. On voit des villes socialistes, comme Lyon, faire preuve d’une mauvaise volonté honteuse, alors que d’autres, classées à droite comme Epinal, se montrer exemplaires en la matière. Surtout, ne mentons pas aux parents : le périscolaire ne coûte pas forcément cher. Pour 25.000 euros, il est tout à fait possible de financer de bonnes choses.
Tout de même, les activités de qualité ont un prix - - Ce n’est pas exact. L’idée initiale de la réforme était d’offrir aux enfants trois heures hebdomadaires de repos, qui permettent de faire autre chose que ce qu’ils font habituellement à l’école. Des jeux de société, des cartes, de la lecture L’objectif était de se retrouver, de partager des choses, d’apprendre à vivre ensemble. Personne n’a dit qu’il était indispensable de se lancer dans une surenchère d’activités onéreuses.
Cela ne ressemble-t-il pas un peu à de la garderie, votre projet ? - - Pas du tout. La garderie, ce sont des enfants surveillés par des adultes, point. Dans le périscolaire, les animateurs sont formés, justement, pour créer du lien entre les enfants, faire en sorte que le petit gamin timide ne reste pas dans son coin et se joigne à une bande d’autres gamins dans les activités, que personne ne soit sur le carreau.
Quand un enfant pratique une activité extra-scolaire - du piano, du théâtre ou du judo - il ne fréquente presque que des enfants de son milieu social. Il serait formidable que le périscolaire soit, pour lui, l’occasion supplémentaire de s’ouvrir à d’autres, ceux qu’ils ne côtoient pas forcément dans la classe.
La France polluée
leMonde.fr du 05/09 : le 04/09, la France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne, une nouvelle fois pour son incapacité à améliorer la qualité de ses eaux. Elle fait face à deux contentieux pour n’être jamais parvenue à res-pecter la directive de 1991 sur les nitrates et les pollutions d’origine agricole.
La Commission européenne, qui a fini par saisir la justice de Luxembourg après moult avertissements, estime que Paris a sous-estimé le problème en ne prenant pas la mesure des zones vulnérables, ces régions sérieusement polluées par les effluents agricoles où il serait urgent d’agir. Ce qui lui a valu une première condamnation en 2013. L’autre manquement de l’État : la mollesse de son action.
L’essentiel du problème des nitrates résulte de l’excès d’azote qui ruisselle sur les terres agricoles vers les rivières. La réglementation française est jugée bien trop laxiste sur les dates et les durées d’épandage de lisier et autres fertilisants azotés. Elle permet de traiter des champs très pentus ou gelés et se contente d’imposer des capacités de stockage insuffisantes.
La pollution rend l’eau de plus en plus difficile à traiter et donc de plus en plus chère. Un rapport interministériel sur la protection des captages d’eau potable, rendu public fin août, laisse entrevoir l’ampleur des difficultés. Les données relevées au printemps et analysées par quatre ingénieurs généraux révèlent qu’après quatre plans d’action successifs, « aucun progrès réellement décisif n’a été observé en l’absence de solution à la hauteur du problème ».
Sur 35 392 captages, 8,5 % ne respectent pas les seuils autorisés : soit ils dépassent 40 milligrammes de nitrates par litre, soit leurs taux de pesticides excèdent 0,4 microgramme par litre. Comment le problème se règle-t-il ? En abandonnant tout simplement les sources trop polluées. En quinze ans, plus de 2 000 points d’alimentation ont ainsi été fermés.
Quant aux 500 captages à protéger en priorité : une initiative inscrite dans la loi depuis 2009 : près de la moitié d’entre eux disposent d’un plan d’action pour leur sauvegarde, mais seuls 17 % sont validés par un arrêté préfectoral. La ministre de l’écologie, ségolène Royal, a proposé fin juillet de revoir le classement des zones vulnérables : 3 800 communes supplémentaires devraient rejoindre cette catégorie peu reluisante, soit 23 000 communes au total. 70 % du territoire français est concerné.
Le donneur de leçons qui aurait dû s’écouter
NouvelObs.com du 05/09 : Faites ce que je dis mais pas ce que je fais... Celui qui aura tour à tour dénoncé la fraude fiscale et défendu la responsabilité en politique, se retrouve lui-même débarqué du gouvernement pour ce qu’il dit être « des retards de déclaration et de paiement au fisc ». Thomas Thévenoud, secrétaire d’État au Commerce extérieur, a ainsi démissionné jeudi 4 septembre.
Le vice-président de la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac et actif contributeur de la loi sur la transparence de la vie publique avait à l’Assemblée livré plusieurs discours afin de défendre le consentement à l’impôt, l’exemplarité - « difficile et parfois chaotique » - ou le renforcement des sanctions pénales « pour ceux qui fraudent et qui ne remplissent pas leur devoir fiscal » :
15 octobre 2013 : Le consentement à l’impôt, c’est la justice fiscale, c’est demander à nos concitoyens des efforts justes et faire en sorte que ces efforts soient partagés."
17 juin 2013 : La République exemplaire, c’est la justice qui passe, sur toutes les affaires, sans intervention du pouvoir politique. La République exemplaire, ce sont les ministres qui rendent public leur patrimoine. "
22 juillet 2013 : La transparence n’est pas un objectif en soi, elle est un moyen. c’est la seule solution pour renouer un lien de confiance avec nos concitoyens."
22 janvier 2014 : Il faut que certains industriels, sportifs ou anciens rockers comprennent qu’ils ne peuvent pas venir se faire soigner en France et payer leurs impôts à l’étranger. Chaque citoyen français doit contribuer au financement du modèle social."
Ndlr : nous vivons une époque fort minable !