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Ecrit le 24 juin 2015
De la fuite dans les idées
les Echos.fr du 19/06 : devant les militants du Val d’Oise réunis à l’Isle-Adam, le président des Républicains a critiqué la manière dont Bruxelles traite le problème de l’immigration en des termes très imagés. Assimilant l’exécutif européen à un plombier et l’afflux d’immigrant à une fuite d’eau dans une cuisine.
« »‰Il n’y a plus d’argent, plus d’emplois, plus de logements, mais ils ont trouvé un truc [...] ils ont considéré que la solution au problème d’immigration c’était pas de réduire, c’était de répartir« ‰ », a déclaré l’ancien chef de l’État. Et d’illustrer ses critiques par une comparaison : dans « »‰une maison, il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine« ‰ Le réparateur arrive et dit, j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants ».
« Quand il s’agit de personnes, d’êtres humains, quand il y a des sujets aussi graves, je crois que ça vaut pour tout le monde, il faut les aborder et les évoquer avec gravité et donc avec maîtrise », a déclaré François Hollande à la suite des propos de son prédécesseur.
Le mur du çon
Le Canard enchaîné du 17/06 : il a été franchi en jet privé par Christian Estrosi, le maire « les Républicains » de Nice, député « les Républicains » des Alpes maritimes et candidat « les Républicains » aux régionales en PACA.
Christian Estrosi ne craint pas d’apporter ce commentaire sur l’escapade berlinoise du Premier Ministre : « Je suis sidéré par la désinvolture de Valls ». Et cet expert sait de quoi il parle : en 2008, alors ministre de l’Outre-mer, Estrosi, juste pour assister à un cocktail à l’Élysée, avait annulé son vol régulier pour Washington et commandé à la place un jet privé, ce qui avait coûté la bagatelle de 138 000 euros au contribuable.
Sidérant, mais pas du tout désinvolte !
Cours de Lego
Le Monde.fr du 16/06 : Les Lego se préparent au grand saut. Les briquettes multicolores douloureusement piétinées par des milliers de parents mal réveillés s’en vont conquérir le monde universitaire. Grâce à un généreux don de la Fondation Lego, il fera l’objet d’un cours académique très sérieux à compter de la rentrée 2015, à la prestigieuse Université de Cambridge, en Grande-Bretagne.
Un sobre « professeur de Lego », indiquent les recommandations du comité général de l’université, s’annonce beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraît puisque cet enseignant sera aussi le directeur d’un nouveau centre de recher-che, sur « Le jeu dans l’éducation, le développement et l’apprentissage ».
La Fondation Lego a déboursé un total de 5,52 millions d’euros pour financer ce programme. Elle se donne pour objectif de « construire un futur dans lequel l’apprentissage par le jeu permettra aux enfants d’être plus créatifs, impliqués, et ouverts à la connaissance tout au long de leur vie ».
Reste à savoir si les étudiants de Cambridge devront s’asseoir sur un tapis multicolore et faire jouer leur imagination avec force briquettes, ou s’ils en resteront à la théorie pure et dure.
féministes chinoises
Le Monde.fr du 15/06 : Leur détention, du 7 mars au 13 avril, avait jeté un froid dans les milieux associatifs chinois et provoqué l’indignation à l’étranger : deux mois après leur libération surprise, les « cinq de pékin » : comme furent désignées alors ces jeunes militantes féministes subite-ment incarcérées : repartent doucement en croisade malgré la surveillance policière.
Trois d’entre elles, Li Tingting, Wei Tingting et Zheng Churan, ont défrayé la chronique en participant à une compétition lancée sur Weibo, le microblog chinois, pour faire la promotion des poils sous les aisselles chez les femmes, retrouvant leur humour grinçant et provocateur. Une arme déjà utilisée à Canton, lorsqu’elles avaient occupé des toilettes pour hommes, au nom du manque d’espace dans celles des femmes, ou à pékin, quand elles avaient défilé à pékin avec des robes de mariée maculées de sang pour protester contre la violence conjugale. A Shanghaï, elles avaient débarqué dans le métro en minijupe et soutien-gorge cadenassés pour décourager les « mains bala-deuses ». []
L’incarcération synchronisée des cinq jeunes femmes, âgées de 25 à 32 ans, dans trois villes différentes (pékin, Canton et Hangzhou), était survenue juste avant la journée internationale des femmes, le 8 mars, au cours de laquelle elles prévoyaient de distribuer, dans plusieurs villes du pays, des tracts et des autocollants contre le harcèlement sexuel dans les transports publics. Le prétexte de l’arrestation était la « provocation de querelles et de troubles ». []
Les « cinq de pékin » savent que leur sort reste suspendu au bon vouloir des autorités : libérées sous caution, elles demeurent des « suspectes », et la police peut les arrêter de nouveau à tout moment. L’une d’elles, Wu Rongrong, directrice de l’ONG Weizhiming, à Hangzhou, a annoncé, dans un communiqué daté du 29 mai, que son ONG était forcée de mettre la clef sous la porte. Créée il y a moins d’un an, Weizhiming avait notamment facilité la première action en justice victorieuse pour discrimination à l’embauche envers une femme. Or, l’arrestation des cinq mili-tantes : dont deux étaient employées à temps plein par Weizhiming, les trois autres étant des « partenaires de travail » : et les interrogatoires policiers subis par de nombreuses bénévoles ont paralysé son fonctionnement. []
Selon Chinese Human Rights Defenders (CHRD), l’observatoire des défenseurs des droits de l’homme basé à Hongkong, l’offensive contre les milieux associatifs menée par l’appareil de sécu-rité au nom d’une prétendue infiltration par les « forces hostiles » occidentales « s’intensifie » : CHRD vient d’annoncer l’arrestation, le 12 juin, à Shenzhen, de Guo Bin, directeur d’une ONG de défense des droits des handicapés, et à Huizhou, de Yang Zhangqing, impliqué dans des actions contre les discriminations.
Le retour du bâillon
De jefklak du18/06 : Doucement mais sûrement, en France, la liberté d’expression est en passe d’être réduite à peau de chagrin. De la loi anti-terrorisme de 2014 à la multiplication des procédures pour outrage ou provocation à la commission d’actes délictueux, les mots mènent de plus en plus en prison. Quant au droit de la presse, il est lui aussi attaqué par des procureurs nostalgiques des lois scélérates de la fin du XIXe siècle. Avec le procès du 29 juin 2015 contre une personne soupçonnée d’être directrice de publication du site d’information Iaata à Toulouse, on voit clairement s’affirmer le retour du délit d’opinion : contrairement aux grands discours sur la liberté d’expression de ces derniers temps.
Pendant ce temps, à l’assemblée nationale, les débats ne portent pas sur la liberté d’expression mais plutôt sur les moyens d’améliorer la collusion entre police et médias de masse. c’est ce qu’on lit dans un rapport remis à l’assemblée nationale en mai 2015 : « Journalistes et forces de l’ordre ont tout à la fois un intérêt commun et un devoir de travailler ensemble et, à tout le moins, de ne pas nuire à l’exercice du métier de l’autre. En effet, la transparence sur leur professionnalisme et sur l’attitude violente et/ou délictueuse de certains manifestants ne peut que servir les missions des forces mobiles »
Bref, un bâillon généralisé se met en place en France, s’inscrivant dans une logique générale de prévention des critiques portant sur un pouvoir de plus en plus policier.