Écrit le 24 février 2016
L’État cachottier
leMonde.fr du 19/02 : Contredisant les discours officiels sur l’impossibilité d’agrandir l’actuel aéroport de Nantes Atlantique et la nécessité de le transférer vers Notre-Dame-des-Landes, ce document a été tenu secret par le préfet de la région Pays de la Loire.
Rédigée le 9/09/2014 par le chef du service « ressources naturelles et paysages » de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, cette note précise que « l’allongement de la piste de l’aéroport de Nantes Atlantique ne présente pas de risque pour la faune de la réserve naturelle et n’augmente pas le péril aviaire ». [] « Les contraintes d’urbanisme autour de l’aéroport entretiennent une ceinture verte constituée d’un bocage ancien et de nombreuses prairies humides entre l’agglomération nantaise et la réserve, qui fait office de zone tampon ».
Ce document entache encore un peu plus la gestion du dossier. D’abord parce que sa dissimulation montre que le débat autour de la construction de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est marqué d’irrégularités. Ensuite, parce que l’un des arguments pour légitimer le transfert, écologique de surcroît, n’a pas lieu d’être. []
L’association Des ailes pour l’Ouest qui milite pour le transfert vers Notre-Dame-des-Landes ne cesse de répéter que l’extension de l’actuel aéroport est « inaccep-table pour les (vrais) défenseurs de l’environnement qui ont à cœur de préserver le lac de Grand-Lieu ». []
Irrité par cet argument « écologique », le directeur de la Réserve naturelle du lac de Grand-Lieu, « pendant vingt-trois ans depuis sa création », Loïc Marion, a écrit au premier ministre le 28 octobre 2015 : « Je n’ai jamais constaté la moindre gêne des oiseaux de ce lac due aux avions utilisant l’aéroport actuel de Nantes Atlantique (). Tout au contraire, l’abandon de Nantes Atlantique constitue une menace bien réelle pour le lac de Grand-Lieu, dans la mesure où ses périmètres de protection (réserve naturelle, site classé Natura 2000) ont été définis au plus juste près du lac, en tenant compte de la protection de fait assurée par le périmètre de protection antibruit de l’aéroport. Le déplacement de l’aéroport mettrait fin à cette protection, et des élus locaux n’attendent d’ailleurs que cette issue pour pouvoir urbaniser tout ou partie de ce corridor ».
La possible récupération d’une partie de l’emprise territoriale de Nantes Atlantique pour étendre l’agglomération nantaise est un enjeu du dossier. La publication de cette note relance le débat autour des alternatives possibles au transfert. Les organisations de défense de l’environnement dénoncent « les dissimulations inacceptables de l’État », []
C’est justement la tâche confiée par la ministre de l’environnement, ségolène Royal, à une mission dont le rapport est attendu pour la fin mars : tout mettre à plat. En attendant, le premier ministre accélère la mise en œuvre du référendum local annoncé par François Hollande, le 11 février. []
XVIe arrondissement
Liberation.fr du 19/02 : Le XVIe arrondissement de Paris est entré en « résistance ». « La mairie de Paris veut emmerder, fesser, punir le bourgeois », s’emporte Claude Goasguen, le maire et député de l’arrondissement (Les Républicains) au cours d’une réunion publique sur le projet d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, d’installer un centre d’hébergement d’urgence en bordure du bois de Boulogne. Une décision qui ne passe pas auprès des habitants de ce très chic quartier du sud de la capitale, où un foyer sur dix paie l’impôt sur la fortune.
Chauffée à blanc, la salle dénonce ce centre d’hébergement, censé ouvrir ses portes fin mars à 200 personnes orientées par le 115. Goasguen redoute de voir affluer des « migrants, réfugiés, SDF, Roms en rupture de ban », bref, « des gens que nous ne connaissons pas ». [] Et de tonner son refus de voir son quartier devenir le « dépotoir » de la ville de Paris. [...]
Rappelant son CV militant chargé (il fut membre du mouvement d’extrême droite Occident), Goasguen affirme qu’il manifestera « avec plaisir » avec ses électeurs. Pour lui, il ne faut pas s’y tromper : si le XVIe « cède » sur ce dossier, c’est la porte ouverte aux pires aventures. []
Un élu socialiste du XVIe tente de prendre la parole : huées de la foule, qui le congédie avec ces mots : « Menteur ! Baratin ! Collabo ! ». Belle ambiance.
Pièce à conviction
Lexpress.fr du 13/02 : Il était six heures du matin, ce 11 février, lorsque les policiers du commissariat de Churhat, au nord de l’Inde, ont reçu une plainte tristement banale mais dans des conditions pour le moins atypique. Une mère de famille s’est en effet présentée avec le pénis tranché de son beau-frère qu’elle accuse de viol.
La police a alors tenté de venir en aide à l’homme en question. Sans succès, puisqu’il s’est suicidé à proximité de la maison. A en croire cette femme de 32 ans, son beau-frère la violait depuis plusieurs jours, profitant de l’absence de son mari, parti travailler à des milliers de kilomètres du domicile conjugal.
« Lorsqu’il m’a violée, j’ai fait semblant d’être consentante, ensuite, j’ai tranché ses organes génitaux avec une faucille », a-t-elle raconté à la police. Depuis, elle a été inculpée pour tentative de meurtre.
La police a indiqué que cette femme ne souffrait pas de troubles psychologiques et n’éprouvait aucun regret. Le viol reste un fléau en Inde. En 2014, 36 735 cas de viol ont été recensés, mais les experts estiment que ces chiffres ne reflètent qu’une infime partie de la réalité. En moyenne, un viol est signalé aux autorités toutes les vingt minutes.
Ikea roi du montage fiscal
Marianne.net du 15/02 : Un rapport de députés européens du groupe Verts/ALE livre la notice des montages fiscaux du fabricant de meubles suédois. Il montre « comment l’entreprise multinationale suédoise s’est structurée pour soustraire à l’impôt plus d’un milliard d’euros ces six dernières années au détriment de divers États européens ». « Ikea a essentiellement utilisé des échappatoires fiscales qu’offrent les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg », précisent les eurodéputés verts, dénonçant une « stratégie de planification fiscale agressive » du numéro un mondial de l’ameublement.
Chaque magasin de la chaîne suédoise procède au paiement de redevances à une filiale basée aux Pays-Bas qui joue seulement un rôle de « conduit ». Les redevances entrent et sortent des Pays-Bas non taxées et aboutissent en grande partie au Liechtenstein. « Rien que pour l’année 2014 », le rapport d’enquête évalue « les pertes fiscales à 35 millions d’euros pour l’Allemagne, 24 millions d’euros pour la France et 7,5 millions d’euros pour la Belgique ».
Invité à réagir, Ikea a affirmé dans un courrier électronique « payer ses impôts conformément aux législations nationales et internationales ». « Au cours de l’exercice financier 2015, Ikea Group a payé des impôts pour un montant total de plus de 1,5 milliard d’euros, et sur les cinq dernières années (entre 2011 et 2015), le total s’élève à environ 7,5 milliards d’euros », détaille l’enseigne. Avant de renvoyer subtilement la balle au mic-mac des systèmes fiscaux, notamment européens. []
L’éclatement du scandale LuxLeaks en novembre 2014 avait mis en lumière un système d’évasion fiscale à grande échelle des multinationales et particulièrement le rôle joué par certains États, comme le Luxembourg, à une époque où Juncker était à la fois Premier ministre et ministre des Finances. En octobre 2015, la Commission a fait adopter par les 28 États membres le principe de l’échange automatique d’informations sur les accords fiscaux passés entre États et multinationales. Et fin janvier, elle a lancé une vaste offensive contre l’optimisation fiscale des multinationales qui prive chaque année les États de l’Union Européenne de dizaines de milliards d’euros.