Accueil > Thèmes généraux > Grappillages et Mée-disances > Mée-Disances du 1er juin 2016
Écrit le 01 juin 2016
Le rêve américain
Latribune.fr du 26/05 : « 22 % des travailleurs jonglent avec deux emplois ou plus » a souligné la gouverneure de la Réserve fédérale américaine. Un rapport de la (Fed) examine le bien-être économique des habitants des États-Unis. Si le niveau de vie des Américains s’est un peu amélioré en 2015, l’étude pointe la précarité qui persiste pour de nombreux ménages.
Un Américain sur deux n’a pas de quoi faire face à des dépenses imprévues de 400 dollars selon l’enquête de la banque centrale publiée le 25 mai dernier. Parmi les 5.700 personnes interrogés, 69% affirment vivre « confortablement » ou « correctement », contre 65% en 2014 et 62% en 2013. Une amélioration à nuancer car 31% déclarent qu’ils « peinent à joindre les deux bouts ». Les Américains se disent moins optimistes sur leurs futurs revenus : 23%, pour 29% en 2014, s’attendent à gagner davantage l’année prochaine.
Concernant la retraite, comme en 2014, presque un tiers des interrogés n’ont ni économies, ni plan de retraite privée auquel l’employeur contribue. Un manque d’épargne particulièrement criant chez les populations noires-américaines (60 %) et hispaniques (57 %). Au cours de l’année 2015, plus d’un Américain sur cinq a eu d’importantes dépenses de santé à honorer de sa poche qui ont engendré des dettes pour 46 % d’entre-eux.
Selon le rapport, un grand nombre de familles, particulièrement les moins aisées et celles issues des minorités, se sentent « exclues du progrès économique ». Ainsi 43 % de ceux qui gagnent en dessous de 40.000 dollars par an ne sont pas bancarisés ou utilisent d’autres formes de services financiers comme les comptoirs d’encaissement de chèques. Un tiers des interrogés rapportent que leurs revenus varient d’un mois sur l’autre. Pour 42 % d’entre eux, la volatilité des rémunérations entraîne des difficultés financières.
Un noir devient Chinois
Slate.fr du 26/05 : c’est une publicité pour la lessive Qiaobi diffusée à la télévision et dans certains cinémas en ce mois de mai en Chine, selon le site Shangaiist. On y voit une femme se préparer à faire une lessive et un homme, apparemment peintre en bâtiment, la regarder de manière très insistante et la siffler. Sur une musique proche de celle d’un mauvais film érotique, ce qui commence comme du harcèlement bascule lorsque la femme attire l’homme vers elle faisant mine qu’elle va l’embrasser... pour mieux le mettre dans la machine à laver. Non sans avoir pris le temps de lui mettre une dose de lessive dans la bouche. Elle s’assoit ensuite sur la machine, on entend l’homme crier puis, lorsqu’elle rouvre la machine, en sort un beau T-shirt blanc sur le corps d’un homme souriant et aux traits asiatiques, une dose de lessive à la main, qui gratifiera ensuite la jeune femme d’un clin d’Å“il.
Le racisme envers les noirs en Chine n’est pas rare. Le pays a connu plusieurs « crises racistes » avec l’immigration de populations du sénégal, de Côte d’Ivoire, de République du Congo : « Depuis que le gouvernement chinois a décidé d’offrir des bourses et d’accueillir des étudiants africains dans ses universités, en 1961, les tensions se sont multipliées. »
Mais cette publicité raciste n’est pas propre à la Chine. Car elle est en fait une adaptation très fidèle d’une publicité italienne, raciste aussi. A la différence que la version italienne remplace un Italien par un noir au corps musclé, et non l’inverse.
Les antidouleurs tuent
Le Monde.fr du 27/05 : Aux États-Unis, les surdoses d’antidouleurs tuent plus que l’héroïne. En 2014, 10 500 personnes ont succombé à une surdose d’héroïne, selon une étude des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Dans le même temps, 19 000 personnes sont mortes d’une prise non maîtrisée d’antidouleurs puissants. Soit cinquante personnes par jour dans le pays.
Selon des chiffres officiels, 1,9 million d’Américains sont aujourd’hui dépendants aux traitements antidouleur, délivrés en toute légalité par des médecins, tandis que 580 000 personnes le seraient à l’héroïne. Ce chiffre est en constante augmentation, [] Des études ont montré que quatre consommateurs d’héroïne sur cinq sont devenus dépendants, après avoir pris des traitements antidouleur.
En annonçant sa volonté de consacrer un milliard de dollars à la lutte contre ce fléau dans le budget 2017, le président Barack Obama a insisté sur la nécessité de le considérer comme « un problème de santé publique ». Le phénomène frappe tous les milieux sociaux, toutes les communautés ethniques, tous les États, et il a même révélé une surmortalité chez les femmes, blanches et en milieu rural.
Les initiatives législatives soutenues par les élus des deux camps tendent à montrer que la prévention et le soin ont pris le pas sur la répression. [] Le programme, que le président américain souhaite voir mis en œuvre sur deux ans, consisterait notamment à faciliter la prescription de buprénorphine, un médicament qui diminue l’effet de manque aux opioïdes. Un accès plus large au naloxone, un antidote aux overdoses, devrait être encouragé. Ces recommandations doivent encore être discutées au Congrès. Elles prévoient de multiplier le nombre de places dans les centres de désintoxication et une meilleure prise en charge financière des patients éligibles aux traitements antidouleur.
Certaines mesures ont déjà été prises, notamment sur le suivi des prescriptions, afin qu’un patient ne puisse pas multiplier les ordonnances. Les pratiques médicales sont par ailleurs pointées du doigt par les autorités. Selon des données collectées par les CDC, il apparaît qu’en 2012, médecins et dentistes ont prescrit 259 millions d’ordonnances pour des anti-douleurs. Les CDC ont publié un guide de bonne conduite pour les professionnels de santé, leur recommandant de ne délivrer des opioïdes que dans les cas les plus graves (cancers, soins palliatifs).
Disparition prématurée
Le Monde.fr du 27/05 : La Grande Barrière de corail, dans les eaux territoriales du nord-est de l’australie, est menacée par le changement climatique. Alors on peut s’étonner qu’elle n’apparaisse pas dans un rapport intitulé « Patrimoine mondial et tourisme dans le contexte des changements climatiques » publié jeudi 26 mai par l’Unesco, le Programme des Nations unies pour l’environnement et l’ONG Union of Concerned Scientists.
Des médias australiens ont révélé qu’un chapitre consacré à la Grande Barrière de corail et des passages sur deux autres sites du pays (Kakadu et les forêts de Tasmanie) avaient été supprimés, après l’intervention de Canberra. Will Stephen, professeur à l’Australian National University, et responsable de l’association Climate Council, a participé au rapport. Il a été « très surpris » en découvrant que l’australie ne figurait pas dans le document, alors que la Grande Barrière était l’un des principaux cas étudiés.
Le ministère de l’environnement australien précise avoir expliqué à l’Unesco qu’il « n’était pas favorable au fait que des sites australiens classés au Patrimoine mondial figurent » dans le rapport. « L’expérience récente en Australie a montré que des commentaires négatifs sur le statut des sites inscrits au Patrimoine mondial avaient un impact négatif sur le tourisme . » Le communiqué se termine de manière laconique : « Le ministère n’a pas informé le ministre de cette affaire. »
Le Guardian Australia a publié des éléments qui auraient dû figurer dans le rapport : le tourisme sur la Grande Barrière, environ 64 000 emplois, a rapporté 5,2 milliards de dollars à l’australie en 2012. Mais il est également écrit que l’état de la Grande Barrière a été jugé « pauvre et en voie de détérioration » et que la moitié de la couverture corallienne a été perdue en trois décennies.
« On ne peut pas cacher ça sous le tapis ! », a réagi Will Stephen.